Histoires divines: Zeus et Héra : un couple modèle ? Propositions bibliographiques : BONNARD, Jean- Baptiste, Le complexe de Zeus. Représentations de la parenté en Grèce ancienne, 2004 DASEN, Véronique, Jumeaux, jumelles dans l'antiquité grecque et romaine, 2005
I/ ZEUS et HERA : UN COUPLE HORS NORME
Jupiter enfant confié aux nymphes Jacques Courtin, XVIIIe s Arras, Musée des Beaux-Arts
Nicolas POUSSIN L'enfance de Jupiter, vers 1636 Londres, Dulwich Picture Gallery
Les unions de Zeus. Total "provisoire", 23 unions, 49 enfants ! LES UNIONS AVEC LES MORTELLES SONT INNOMBRABLES (15 relevées ci-dessous, 21 fils, 2 filles) Alcmène : Héraclès Antiopè : Amphion, Zéthos Callisto : Arcas Danaé : Persée Egine : Eaque Electre : Dardanos, Iasion, Harmonie Europe : Minos, Sarpédon, Rhadamante Io : Epaphos Laodamie: Sarpédon Léda : Hélène, les Dioscures Maia : Hermès Niobé : Argos, Pélasgos Plouto : Tantale Sémélé : Dionysos Taygète : Lacédaemon les unions avec des divinités (8 unions, 24 filles, 2 fils) 1/ première union avec Métis (ruse), fille d'Océan Métis échoue à échapper à Zeus et conçoit une fille Gaia annonce à Zeus que si l'enfant qui naîtra est une fille, elle engendrera à son tour un fils qui détrônera Zeus. Zeus avale Métis (qui prend la forme d'une goute d'eau) 2/ Zeus épouse Thémis, une des titanides enfants : les Saisons (Heures) : Eirène (paix), Eunomia (bon ordre), Dikè (justice) puis les Moires, 3 divinités féminines agents du destin. Atropos crée le fil de la vie, Clotho le déroule et Lachésis le coupe 3/ Union avec Dionè : naissance d'Aphrodite (ou née de l'écume d'Ouranos selon d'autres traditions) 4/ Union avec Eurynomé, fille d'Océan : naissance des 3 Grâces/Charites : Aglaé, Euphrosyné, Thalie 5/ Union avec Mnémosyné (mémoire), une titanide naissance des 9 Muses 6/ Union avec Léto naissance des jumeaux Apollon et Artémis 7/ mariage avec Héra (selon Hésiode), sa soeur naissance d'Hébé, Ilithye et Arès 8/ Union avec Déméter, une autre soeur naissance de Perséphone
Doc. 1 : cratère attique à figure rouge attribué au peintre de Talos, vers 400. Rome. National Etruscan Museum.
La stasis (lutte) conjugale Doc. 2 : Homère, Iliade, XIV, 314-328. Héra s'est faite belle pour séduire Zeus, qui lui déclare son amour... « Livrons-nous sur cette couche aux plaisirs de l'amour. Jamais pareil désir d'une déesse ou d'une femme n'a pénétré si fort mon âme et dominé mon cœur, non, même pas quand j'aimais l'épouse d'Ixion qui engendra Pirithos, pour le conseil égal aux dieux, ou Dané aux fines chevilles, la fille d'Acrisios, qui engendra Persée glorieux entre tous héros, ou de la fille de l'illustre Phénix qui me donna pour fils Minos et le grand Rhadamanthe, ou bien Alcmène et Sémélé dans la ville de Thèbes, Alcmène qui enfanta Héraclès aux puissants desseins, Sémélé qui donna le jour à Dionysos, joie des mortels, ou encore Déméter la reine aux belles tresses, ou bien la glorieuse Létô, ou bien toi-même enfin, tant je t'aime à cette heure et me sens fondre de désir.» Doc. 3 : Homère, Iliade, XV, 18-22, Zeus en colère s'adresse à Héra « Et si je te rouais de coups ? Tu te souviens du jour où je te laissai prendre en l'air avec deux enclumes aux pieds et les mains ligotés par une épaisse chaîne d'or ? Tu pendais en plein ciel. Les autres dieux avaient beau gronder dans le vaste Olympe, ils ne pouvaient te secourir.»
II/ "Le complexe de Zeus" : figures de la paternité Doc. 4 : les dioscures. Pseudo-Apollodore d'Athènes (anonyme du IIe siècle apr. J.-C.), Bibliothèque, III, 126, 134-137. (d'autres versions existent chez Théocrite, Idylles, XXII, 137-166; Ovide, Fastes, V, 699-702; Hygin, Fables, 80) « 126 Zeus s'unit à Léda en prenant la forme d'un cygne et, la même nuit, Tyndare s'unit aussi à elle. De Zeus, elle conçut Pollux et Hélène et, de Tyndare, Castor. (...) 134 Des deux fils de Léda, Castor s'entraînait aux exercices guerriers et Pollux à la boxe et, à cause de leur bravoure, ils étaient appelés l'un comme l'autre les Dioscures (Dios kouroi= "jeunes gens de Zeus"). Quand ils voulurent épouser les filles de Leucippos, ils allèrent les enlever à Messène et les épousèrent. De l'union de Pollux et de Phoibè nait Mnésiléos, de celle de Castor et d'Hilaira, Anogon. (Apollodore présente ensuite le conflit avec Idas et Lyncée, les fils d'Apharée) 136 Ils tendirent une embuscade à Idas et Lyncée. Mais Lyncée vit Castor et le désigna à Idas, qui le tua. Pollux se lança à leur poursuite. Il tue d'abord Lyncée d'un jet de javelot, puis, en poursuivant Idas, il est touché à la tête par une pierre et tombe sans connaissance. 137 Alors, Zeus foudroie Idas et fait monter Pollux au ciel. Mais comme Pollux ne voulait pas de l'immortalité si son frère était mort, Zeus leur accorda à l'un et à l'autre d'être un jour avec les dieux et un jour avec les mortels.»
Léda au cygne, un thème d’art Léda et le cygne sur une lampe du iiie siècle ap. J.-C., Musée de l'Agora antique d'Athènes Léda spiridon. Léonard de Vinci, 1505-1515, Musée des Offices, Florence Léda au cygne, un thème d’art
Titien Enlèvement d'Europe, détail vers1560 Boston, Isabelle Stewart Gardner Museum
Rembrandt, 1632 L’enlèvement d'Europe. Paul Getty Museum. New York
Doc. 6 : la naissance d'Athéna. Hymne homérique à Athéna, 27 (trad Doc. 6 : la naissance d'Athéna. Hymne homérique à Athéna, 27 (trad. Leconte de Lisle, 1868) « Je commence par chanter Pallas Athènaiè, Déesse illustre, aux yeux clairs, très sage, au cœur indomptable, vierge vénérable, protectrice des villes, vigoureuse, que le prévoyant Zeus enfanta lui- même de sa tête auguste, couverte d'armes guerrières d'or et resplendissantes, et que tous les Immortels contemplèrent avec admiration. Devant Zeus, elle jaillit impétueusement de la tête immortelle, brandissant sa lance aiguë, et le grand Olympos fut ébranlé sous le bond de la Déesse aux yeux clairs, et, autour, la terre retentit horriblement, et la mer fut ébranlée, bouleversant ses eaux pourprées ; mais l'abîme salé s'apaisa aussitôt, et l'illustre fils de Hypériôn arrêta ses chevaux aux pieds rapides jusqu'à ce que la Vierge Pallas Athènaiè eût enlevé ses armes divines de ses épaules immortelles, et le très sage Zeus s'en réjouit. Et je te salue ainsi, fille de Zeus tempétueux ! Je me souviendrai de toi et des autres chants.»
Eschyle, Euménides, v. 658-668 et 736-740 (drame joué à Athènes, 458 av. J.-C.), trad. P. Mazon, CUF APOLLON : - Ce n’est pas la mère qui enfante celui qu’on appelle son enfant : elle n’est que la nourrice du germe en elle semé. Celui qui enfante, c’est l’homme qui la féconde ; elle, comme une étrangère, sauvegarde la jeune pousse, quand du moins les dieux n’y portent point atteinte. Et de cela je te donnerai pour preuve qu’on peut être père sans l’aide d’une mère. En voici près de nous un garant, fille de Zeus Olympien et qui n’a point été nourrie dans la nuit du sein maternel : quelle déesse pourtant saurait produire un pareil rejeton ? Pour moi, Pallas, ma sagesse saura par ailleurs faire grands ton peuple et ta ville (…). ATHENA : - Je n’ai point eu de mère pour me mettre au monde. Mon cœur toujours – jusqu’au mariage du moins – est tout acquis à l’homme : sans réserve je suis pour le père. Dès lors, je n’aurai pas d’égard particulier pour la mort d’une femme qui avait tué l’époux gardien de son foyer*. *Athéna évoque Clytemnestre, qui a tué son époux Agamemnon.
La naissance d'Athéna Exaleiptron tripode attique à figures noires Vers 570-560 av.JC Musée du Louvre
Doc. 5 : la naissance d'Athéna Doc. 5 : la naissance d'Athéna. Amphore attique à figure noire, vers 540 av. J.-C. Museum of Fine Arts, Boston
La naissance d’Athéna. Mythe et ésotérisme L'album de gravures ésotériques Atalanta fugiens est publié en 1617 par Michael Maier (1569-1622), physicien de l'empereur Rodolphe II.