Les arts et les artistes, témoins de l’histoire du monde contemporain (1890-1945) Problématique : Comment l’art rend-il compte des événements historiques et de « l’air du temps »? Comment les artistes comprennent-ils l’époque dans laquelle ils vivent? Source : http://www.herodote.net/articles/article.php?ID=1360&classe=3#haut Entre 1870 et 1914, la France et l'Europe connaissent une période de relative prospérité et de paix. Cette « Belle Époque » s’exprime dans un art optimisme et plein de fureur de vivre : l’«Art Nouveau» en France. Ce mouvement d’avant-garde, associe étroitement beaux-arts et arts appliqués. Il révolutionne l’architecture comme le mobilier et les arts décoratifs. Les artistes puisent leurs principales sources d’inspiration dans la féminité et le monde végétal dont ils donnent une représentation épurée et souvent symbolique. Pendentif « Nymphe » Georges Le Saché, 1900, France © Hancocks http://www.notesprecieuses.com/lemagazine station de métro, Hector Guimard, Paris http://cultureartistique-histoiredesarts.fr/lart-nouveau/

Alphonse Mucha (1860-1939) peintre tchèque est particulièrement représentatif de l’Art nouveau. Il réalise de nombreuses affiches et des lithographies comme la série des saisons (1896). Il conçoit aussi des affiches de Théâtre pour Sarah Bernhardt et de nombreuses publicités, pour une société européenne qui découvre la consommation. Chocolat Ideal, 1897, Mucha, inv. 12578 © ADAGP, Paris Affiche publicitaire : F. Champenois Imprimeur-Editeur (1897) fr.wikipedia.org http://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/b/b4/Alfons_Mucha_-_1896_-_La_Dame_aux_Cam%C3%A9lias_-_Sarah_Bernhardt.png

I- Fauvisme, Cubisme et Abstraction (avant 1914) Dès avant la Première Guerre mondiale se profilent de grands bouleversements. La peinture n’est pas épargnée : les «Fauves», dont les chefs de file sont Henri Matisse, André Derain et Maurice de Vlaminck, veulent s’affranchir du rôle descriptif de la couleur. Ils dissocient celle-ci de l’objet représenté. L’Angelus, Maurice de Vlaminck, 1905 http://masmoulin.blog.lemonde.fr/2013/07/09/maurice-de-vlaminck-au-musee-de-lannonciade-de-saint-tropez Big Ben, André DERAIN, 1905, http://www.impressionism-art.org/img421.htm

Ce tableau de Pablo Picasso est le point de départ de l'art moderne. Parallèlement survient la révolution du «cubisme» avec Georges Braque et Pablo Picasso qui modifie en profondeur la représentation artistique. Il ne s’agit plus de transposer le réel mais de créer un langage pictural autonome. L’œuvre devient un assemblage de formes ou de volumes avec un dessin très apparent et des effets de perspective. Ce tableau de Pablo Picasso est le point de départ de l'art moderne. La toile représente cinq prostituées qui hèlent le client dans un bordel de la rue Avinyò, à Barcelone. Les deux visages de droite sont des masques africains. Ils font suite à la découverte de l'art nègre par Pablo Picasso et son ami Georges Braque. Le peintre n'a pas hésité à désarticuler les corps pour mieux les représenter dans l'espace. Pablo Picasso, Les demoiselles d'Avignon, 1907 : histoireetcivilisation.com Les demoiselles d'Avignon peint en 1907 après un énorme travail préparatoire (700 croquis et 20 esquisses).

À force de décomposer le réel, Vassily Kandinsky et Piet Mondrian, en viennent à se demander s’il est encore nécessaire d’avoir un sujet. Ils entrent dans l’abstraction pure. Vassily Kandinsky , Composition n°6 : Huile sur toile, 1913 Musée de l'Ermitage, Saint-Pétersbourg, Russie, http://www.eternels-eclairs.fr/tableaux-kandinsky.php Piet Mondrian, Composition en rouge, jaune et bleu, 1926 Gemeentemuseum, La Haye http://www.productionmyarts.com/arts-en-profondeur/20e-siecle

A la veille de la Première Guerre mondiale, l’optimisme du début du siècle est déjà abimé par les tensions internationales, et quelques désillusions : défaites coloniales, naufrage du Titanic… Mais l’«École de Paris» continue d’attirer à Montmartre et Montparnasse des peintres du monde entier, tel le Japonais Foujita, qui débarque dans la Ville-Lumière en 1913. https://www.youtube.com/watch?v=_Chq1Ty0nyE Pablo Picasso, Rideau de scène du ballet "Parade", (1917) http://mediation.centrepompidou.fr/education/ressources/ENS-festival2009/festival2009/festival2009_01.html Deux enfants, Foujita, 1918 http://www.fondation-foujita.org/maitre-leonard-foujita/panorama-de-loeuvre/ La «Belle Époque» se termine avec le ballet Parade, créé par les Ballets russes de Diaghilev au théâtre du Châtelet, en pleine guerre, le 18 mai 1917, (décors de Picasso, musique d’Erik Satie et livret de Jean Cocteau).

II- «Orages d’acier» (1914-1919) Dès le déclenchement de la «Grande Guerre», les contemporains ont conscience que plus rien ne sera comme avant. En littérature comme en peinture, l’introspection et le rêve cèdent le pas au souvenir oppressant des tranchées. L’allemand Ernst Jünger raconte son expérience des tranchées dans Orages d’acier (1920) et le français Roland Dorgelès dans Les Croix de bois. Les peintres expressionnistes allemands et autrichiens, tel Otto Dix, traduisent sur la toile l’horreur de la guerre et les misères de l’après-guerre. passioncompassion1418.com fr.wikisource.org Chez les artistes, dont beaucoup sont blessés et se font tuer, s’installe le sentiment d’un monde devenu absurde. Certains tentent d’échapper à cette folie par la dérision. C’est ainsi que le 8 février 1916, dans un cabaret de Zurich, le poète Tristan Tzara et ses amis proclament l'avènement du mouvement Dada ou «dadaïsme». Ce mouvement à la fois artistique et littéraire est un pied de nez à l’art officiel, une remise en cause de toutes les conventions et contraintes. Francis PICABIA. L'Oeil cacodylate, 1921, Paris, Musée national d'art moderne http://dadasurr.blogspot.fr/2010/02/francis-picabia-i.html

Otto Dix et Tristan Tzara http://lewebpedagogique.com/lapasserelle/tag/marc-dugain/ Le » logo » du mouvement Dada http://www.le-dadaisme.com/tristan-tzara.html Tristan Tzara peint par Delaunay en 1923 http://surrealisme.skynetblogs.be/archive/2009/03/13/tristan-tzara.html MAN RAY. The Rope Dancer Accompanies Herself with Her Shadows, 1916. New York, The Museum of Modern Art; http://dadasurr.blogspot.fr/2010/02/man-ray-i.html Otto Dix,(1891-1969) Die Skatspieler , 1920 Staatliche Museen zu Berlin, Nationalgalerie © 2006 Nationalgalerie. Staatliche Museen zu Berlin-Preussischer Kulturbesitz Voir aussi pour compléments : http://lyc-honnorat.ac-aix-marseille.fr/spip/IMG/pdf/art_moderne-2.pdf

L’émergence du surréalisme L’artiste surréaliste scrute et remet en question les rapports entre l’image et la réalité, en privilégiant l’imaginaire, l’inconscient, mis en évidence dans les premières années du XXe siècle par le médecin autrichien Sigmund Freud, et le rêve, tel que le définit André Breton dans son Manifeste du surréalisme (1925). Il s’agit de «changer la vie» d’une manière provocante, radicale et révolutionnaire : turbulence, désordre et absurde deviennent la conséquence légitime de l’effondrement de l’Europe d’avant-guerre. Le surréalisme s’exprime dans la peinture avec Marcel Duchamp, Fernand Léger, Max Ernst, René Magritte, Giorgio Chirico, Man Ray, Joan Miro, Salvador Dali… Dans la littérature avec André Breton et plus tard dans le cinéma avec Luis Buñuel.  Salvador Dali : The Persistence of Memory (1931), Museum of Modern Art à New York http://fr.wikipedia.org/wiki/Salvador_Dal%C3%AD

Magritte et De Chirico, http://lecoffreauximages.centerblog.net/rub-peintures-de-rene-magritte-.html?ii=1 « La grande famille » de René Magritte, (1898 -1967), peintre surréaliste belge. http://surrealisme.skynetblogs.be/archive/2008/11/04/giorgio-de-chirico.html « Chant d’amour » de Giorgio De Chirico, (1888 - 1978) peintre, sculpteur et écrivain italien.

Saint-Brice-sous-Forêt, haut lieu du surréalisme Derrière : Man Ray, Jean Arp, Yves Tanguy et André Breton. Devant : Tristan Tzara, Salvador Dalí, Paul Éluard, Max Ernst et René Crevel. (Photo Man Ray 1930) http://www.dadart.com/dadaisme/dada/024-dada-paris.html « Maison Éluard en péril Dans les années 1920, le village abrite le poète Paul Éluard et Gala… Sa demeure accueillera les futurs surréalistes, André Breton, Robert Desnos ou Max Ernst, qui devient l’amant de Gala...Une maison d’artistes célèbres dans le monde entier … L’équipe des surréalistes s’y retrouve régulièrement. Un jour, Desnos, après une séance d’écriture automatique, poursuit Éluard dans le jardin, un couteau à la main. Max Ernst est souvent à Saint-Brice. Il immortalise le groupe dans son tableau Au rendez-vous des amis. » http://www.terresdecrivains.com/Paul-ELUARD et http://www.cotevaldoise.fr/saint-brice-le-passe-oublie http://artsy.net/artwork/max-ernst-au-rendez-vous-des-amis-1922-aragon-breton-baargeld-de-chirico-eluard-desnos-soupault-dostoyevsky-paulhan-perst-arp-ernst-morise-fraenkel-raphael4 Max Ernst, peintre français d'origine allemande, (1891- 1976) .En 1922, arrive à Paris, sans papiers, sans travail, il s'embauche dans une fabrique. Installé à Saint-Brice, près de Montmorency.

III- «Années folles» (1919-1929) Le cinéma, un nouveau mode d’expression né à l’aube du XXe siècle, s’épanouit à Hollywood, près de Los Angeles. Les Américains ont pris de l’avance face aux Européens à la faveur de la Grande Guerre. En peu de temps se développe, tout ce qui fait la séduction du grand écran : la magie des salles obscures, le «star system», le reflet sur écran du monde réel et du monde rêvé… L'affiche du film Naissance d'une nation (1915) http://fr.wikipedia.org https://www.youtube.com/watch?v=e5mcW4woXWk Louise Brooks, star américaine des Années 20 « Loulou » 1929 Il était un 7 octobre 1925… Joséphine Baker … à Paris. http://www.franceinfo.fr Jackie Coogan au côté de Charlie Chaplin dans Le Kid (1921) http://fr.wikipedia.org Les «Années folles» sont exubérantes et joyeuses , à l’image de ce cinéma ou du jazz, genre musical né chez les anciens esclaves afro-américains : une touche d’effroi face à un monde vide de sens.

L’Allemagne des années 20 Nosferatu, adapté du roman Dracula, par Friedrich Wilhelm Murnau en 1922 et Metropolis, de Fritz Lang en 1927 (https://www.youtube.com/watch?v=554Giq05qZo) , sont les films majeurs de l’expressionnisme allemand. Ils traduisent cet effroi…    À Poissy, la villa Savoye, maison manifeste de la modernité signée Le Corbusier. http://www.bc.edu/bc_org/avp/cas/fnart/Corbu/savoye1.jpg http://villa-savoye.monuments-nationaux.fr/ Affiche du Film phylacterium.wordpress.com L'avant-garde du Bauhaus : affiche de 1923 orgone-design.com …Et la prodigieuse créativité allemande des années 1920, sous la République de Weimar, tout comme, en architecture, le mouvement Bauhaus, né en 1919 à l’initiative de Walter Gropius. Il participe de la naissance de nouvelles formes architecturales avec, en France et aux États-Unis, Le Corbusier, Auguste Perret ou encore Franck Lloyd Wright.

La fin des Années 20 en URSS et en Amérique On observe aussi une certaine fébrilité artistique et intellectuelle en URSS avec le cinéaste Serguei Mikhaïlovitch Eisenstein (1898-1948) ou encore le musicien Prokofiev, avant que le pays ne plonge dans le cauchemar stalinien. Autrement plus tristes sont les années 1930, avec la crise économique et la montée des totalitarismes et de la guerre. Florence Owens Thompson photographiée par Dorothea Lange, (titre de la photo -Migrant Mother) en 1936. Cette photographie restera comme l’image la plus expressive de la grande crise de 1929 aux Etats-Unis. http://fr.wikipedia.org/wiki/Dorothea_Lange « Le Cuirassé « Potemkine » film soviétique muet d’Eisenstein, en 1925 sur la mutinerie du cuirassé Potemkine dans le port d’Odessa en 1905. L’un des plus grands films de propagande de tous les temps »http://fr.wikipedia.org/wiki/Le_Cuirass%C3%A9_Potemkine

Art et totalitarismes Dans l’Italie fasciste, Alfredo Gauro Ambrosi peint Aeroritratto di Benito Mussolini aviatore, tableau futuriste de 1930. Mussolini, en homme de pierre, surimposé sur un plan de la Rome antique. http://www.ac-grenoble.fr/lycee/diois/Latin/spip.php?article7315 L’ouvrier et la kolkhozienne , sculpture monumentale réalisée à Paris pour l’Exposition Internationale de 1937 par Véra Moukhina. A la Gloire de L’Union Soviétique http://www.expositions-universelles.fr/1937-exposition-internationale-urss.html Arno Breker (1900-1991) - le protecteur, 1940 pour la nouvelle capitale - Germania - voulue par Hitler et pensée par Albert Speer. http://www.pedagogie.ac-nantes.fr/1354701939704/0/f

La Guerre avant la Guerre : La guerre civile espagnole Le peintre espagnol Pablo Picasso peint le tableau Guernica pour illustrer l’horreur du bombardement de la petite ville basque par des avions allemands et italiens qui fit plus de 1200 victimes, en juillet 1937. https://www.youtube.com/watch?v=vQe9x1W5Ns8 Guernica, Pablo Picasso, 1937, Huile sur toile 349 X 777, Madrid, Musée Reina Sofia http://lewebpedagogique.com/doc58insitu/2012/03/27/lenfant-de-guernica-guy-jimenes/

Peintures de guerre Pendant la guerre, Pablo Picasso s’enferme dans son atelier parisien. Il est menacé par la Gestapo, surveillé. Pour lui, peindre c’est résister. Alors il résiste en peignant de toutes ses forces. Nature morte à la tête de mort, poireaux, pot devant la fenêtre, 1945. © Collection particulière © Succession Picasso 2012 http://culturebox.francetvinfo.fr/lart-dans-la-deuxieme-guerre-mondiale-oeuvres-choisies-127 Bien que menacé par la Gestapo, Otto Dix reste en Allemagne. Mobilisé en 1944, il est fait prisonnier par les Français et détenu près de Colmar, où on lui permet de peindre. Portrait d'un prisonnier de guerre, 1945 © Musée Unterlinden, Colmar © ADAGP, Paris 2012 http://culturebox.francetvinfo.fr/lart-et-la-guerre-en-france-au-musee-dart-moderne-de-la-ville-de-paris-127717

Felix Nussbaum, le Triomphe de la mort Dernier tableau peint clandestinement à Bruxelles, 2 mois avant son arrestation et sa déportation à Auschwitz. Triomphe de la mort (Les squelettes jouent une danse) 18 avril 1944. Huile sur toile, H. 100 – L. 150 cm. Osnabrück http://www.mahj.org/documents/Felix-Nussbaum-Dix-fiches-oeuvres.pdf http://fr.wikipedia.org/wiki/Felix_Nussbaum

« La Shoah dessinée par une enfant » A 12 ans, Helga Weissová est internée dans le ghetto juif de Terezín, puis déportée à Auschwitz et à Mauthausen. Son Journal illustré paraît enfin. Publié le 16-11-2013 à 18h26 -Didier Jacob http://bibliobs.nouvelobs.com/documents/20131115.OBS5586/la-shoah-dessinee-par-une-enfant.html?xtor=RSS-15 "L’ARRIVÉE À TEREZÍN (1942). CHAQUE DÉPORTÉ AVAIT DROIT À 50 KG DE BAGAGES. ON POUVAIT EXPÉDIER UNE VALISE, MAIS IL FALLAIT PORTER SOI-MÊME TOUT LE RESTE." (Extrait du "Journal d'Helga", par Helga Weissová, traduit du tchèque par Erika Abrams, Belfond.) (©DR - Belfond) HELGA WEISSOVA, le premier jour de l'école, en 1936. Née en 1929 à Prague, cette rescapée des camps d'extermination est devenue peintre. (©DR) Voir aussi http://d-d.natanson.pagesperso-orange.fr/art_et_camps.htm

conclusion Au débouché de ce long tunnel, qui se conclut en 1945 par la révélation de la Shoah et l’apocalypse nucléaire, surgit un monde définitivement revenu de ses illusions mais avide de revivre.  Jackson Pollock: Number 8, 1949 (detail) Oil, enamel, and aluminum paint on canvas; Neuberger Museum, State University of New York

Les mouvements picturaux XIXe siècle-début XXe siècle