Elle est pas belle ma France…. Voici cinq trésors méconnus du patrimoine français Par Nanou et Stan-Progression manuelle
L’été, les touristes affluent au Mont-Saint-Michel ou au château de Versailles. Pour éviter la foule, voici d’autres sites hexagonaux classés mais plus discrets. LA LISTE DE NOS ENVIES La chaîne des Puys et son chapelet de 80 volcans devront encore attendre leur inscription au Patrimoine mondial de l’humanité. Le jury réuni dimanche 17juillet, à Istanbul (Turquie), lors d’une session écourtée en raison de la tentative de putsch, a plutôt choisi de classer l’œuvre architecturale de Le Corbusier. La France peut s’enorgueillir de compter 43 sites classés, dont les plus connus sont le Mont-Saint-Michel (Manche) et sa baie, le pont du Gard, le château de Versailles ou encore le canal du Midi. Mais d’autres n’ont pas cette notoriété. En voici cinq, tous surprenants, qui n’ont pas à rougir face aux grands classiques du tourisme estival.
Le plus iodé: la saline royale d’Arc-et-Senans
L’appellation exacte retenue par l’Unesco est complexe: «De la grande saline de Salins-les-Bains à la saline royale d’Arc-et-Senans, la production de sel ignigène». «Ignigène» veut dire né du feu… et, accessoirement, ne s’emploie que pour qualifier le sel. Ces deux sites de Franche-Comté, à proximité de Besançon, ne sont consacrés qu’à l’or blanc, comme on appelait le sel au Moyen Age. Salins-les-Bains (Jura) se trouve dans une «reculée», une étroite vallée jurassienne traversée par la rivière Furieuse. Sa saline fut en activité pendant douze siècles, jusqu’en1962. L’eau salée était acheminée sur une distance de 21 kilomètres par des saumoducs jusqu’à la saline royale d’Arc-et-Senans (Doubs), imaginée par Claude-Nicolas Ledoux, dix ans avant la Révolution, sur ordre de Louis XV. Cette saline a été pensée comme une «cité idéale»: pour la première fois, les bâtiments regroupaient à la fois l’unité de production du sel (l’évaporation créée de façon artificielle par le feu, d’où ignigène…) et les logements des ouvriers.
Le plus pictural: l’abbatiale de Saint-Savin-sur-Gartempe
L’abbaye de Saint-Savin-sur-Gartempe (Vienne) n’est pas une nouvelle venue sur la liste de l’Unesco. Elle y est inscrite depuis 1983. André Malraux l’avait surnommée, dit-on, la «Sixtine de l’époque romane». Un surnom mérité pour ce haut lieu de l’art roman situé à une quarantaine de kilomètres de Poitiers. Ses fresques, de l’époque médiévale, réalisées à l’initiative des moines bénédictins du X eme siècle, sont exceptionnelles et constituent le plus grand ensemble de peintures murales romanes d’Europe. Récemment restaurées, elles sont valorisées par un éclairage par fibre optique. Un hôtel trois étoiles de 21 chambres du groupe Hôtel et Patrimoine devrait ouvrir prochainement ainsi qu’un restaurant gastronomique – qui surplombera la Gartempe. Une brasserie donnera sur les jardins de l’abbaye. www.abbaye-saint-savin.fr
Le plus sauvage: le mont Perdu
La France ne manque pas de sommets connus et reconnus… Alors pourquoi aller choisir un mont, Perdu de surcroît, pour l’inscrire sur la liste du Patrimoine mondial? Parce que ce paysage de montagne, qui rayonne des deux côtés des frontières nationales de la France et de l’Espagne, est exceptionnel. Le site de plus de 30000 hectares englobe deux des canyons les plus grands et les plus profonds d’Europe sur le versant sud, du côté espagnol, et trois cirques importants sur le versant nord, du côté français. L’Unesco relève que ce « site présente des témoignages inestimables sur la société européenne d’autrefois à travers son paysage de villages, de fermes, de champs, de hauts pâturages et de routes de montagne»… Mieux vaut être bon marcheur pour se lancer dans l’aventure d’une randonnée.
Le plus émouvant: le bassin minier du Nord-Pas-de-Calais
«Au Nord, c’était les corons…», chantait Pierre Bachelet. Ces quartiers ouvriers avaient été construits par les entreprises minières pour y loger leurs salariés. En 2012, l’Unesco a choisi de les inscrire, ainsi que la totalité du bassin minier, sur sa liste au titre de «paysage culturel, évolutif et vivant». Sur 120 kilomètres et 120000 hectares, du Nord au Pas-de-Calais, on trouve tous les témoignages de ce passé désormais révolu: des fosses, dont la plus ancienne date de 1850, des chevalements, ces édifices métalliques qui portent les ascenseurs, des terrils aux dimensions impressionnantes, dont certains dépassent les 140 mètres de haut pour une surface à la base de plus de 90 hectares… Pendant trois siècles, on y a extrait le charbon, mais loin de devenir des friches industrielles, ces sites s’ouvrent désormais au tourisme. Le centre historique minier de Lewarde (Nord), situé à 8 kilomètres de Douai, accueille chaque année plus de 150000 visiteurs. La fosse Delloye n’est plus exploitée depuis 1971. Au plus fort de son activité, 800 mineurs, à 480 mètres de profondeur, y extrayaient 1000 tonnes de charbon par jour. Tout est resté en l’état: de la salle de bains à la lampisterie où les lampes sont alignées par centaines, jusqu’à l’écurie où des haut-parleurs diffusent une ambiance où le hennissement du cheval se mêle au marteau du maréchal-ferrant…
Le plus secret: les sites palafittiques des Alpes
Classer des sites dont la majorité n’est pas visible du public peut paraître une idée saugrenue… Mais pas plus que de classer les climats du vignoble de Bourgogne. «Palafittique»: derrière ce nom compliqué, une définition simple, celle de sites préhistoriques sur pilotis, datant de 5000 à 500 avant J.-C. Pourquoi ne sont-ils pas visibles? Parce qu’un grand nombre d’entre eux sont soit enfouis dans le sol, soit submergés. Ils sont situés sur le lac du Bourget, la baie de Châtillon, Hautecombe, le littoral de Tresserve ainsi que le site de Beau-Phare, sur le lac d’ Aiguebelette. Certains pilotis émergent de la vase. Le reste se trouve surtout au Musée savoisien de Chambéry, qui regroupe tout ce qui a pu être collecté au fil des recherches archéologiques qui ont débuté au milieu du XIX è siècle.
Nanou et Stan le18/09/2018 http://www.nanouetstan226.fr