La peinture de la Renaissance en France. Les écoles de Fontainebleau
La première école de Fontainebleau L’essor se poursuit de 1530 à 1570, couvrant quatre règnes : ▪ François Ier ▪ Henri II ▪ François II ▪ Charles IX Le style se caractérise par l’italianisme, le goût pour des références symboliques et des motifs récurrents, ainsi que par une sensualité. François Ier décide de modifier le château médiéval pour en faire une résidence royale. Pour orner les intérieurs, il fait appel à des décorateurs et artistes italiens : ▪ Giovanni Battista di Iacopo surnommé Rosso Fiorentino (« le rouquin florentin ») ▪ Francesco Primaticcio, dit Le Primatice.
Rosso Fiorentino (1495-1540) devient le premier peintre de François Ier. L’artiste réalise également des dessins de costumes, d’orfèvrerie et imagine le grand escalier à l’antique de la cour ovale. Le plus célèbre témoignage de son travail à la cour de France est le décor de la galerie de François Ier: les fresques sont encadrées de grandes figures de stuc en haut relief. L’iconographie de cette œuvre capitale à la gloire du roi est inspirée par la mythologie et l’histoire antique. Elle a une influence considérable sur tous les arts décoratifs. la galerie de François Ier Vénus Frustrée
« Apollon et les Muses au Parnasse » 1550,Fresque (la Salle de Bal ) Le Primatice (Bologne, 1504 - Paris, 1570) formé sur le chantier du palais du Té en Italie, rejoint Rosso en France en 1532. Après la mort de Rosso, Le Primatice dirigera le chantier des décors du château. En 1552 il est également appelé à Fontainebleau par Henri II. Le roi devient le « second » de Primatice et collabore avec lui à la décoration du château, en particulier pour le décor de la Salle de Bal et de la Galerie d’Ulysse (voûte ornée de scènes antiques, vie d’Ulysse et grotesques). « Ulysse protégé par Mercure des charmes de Circé » (la Galerie d’Ulysse ) « Retrouvaille de Pénélope et d’Ulysse » (la Galerie d’Ulysse )
La seconde école de Fontainebleau Elle désigne la période d’activité des peintres du règne d’Henri IV : ▪ Toussaint Dubreuil ▪ Martin Fréminet ▪ Ambroise Dubois dit Bosschaert Ces artistes travaillent au décor des maisons royales ▪ à Fontainebleau ▪ au château neuf de Saint- Germain-en-Laye ▪ au Louvre et aux Tuileries. L’influence italienne s’imposait encore, mêlée d’apports nordiques provoquant un changement stylistique.
Toussaint Dubreuil (vers 1561-1602) semble avoir eut un style plus personnel que ses prédécesseurs. Il ne reste rien de sa contribution aux scènes de " l'Histoire d'Hercule" au pavillon des Poêles de Fontainebleau, en collaboration avec Ruggiero Ruggieri, qui dirigeait le chantier. En revanche, du Château neuf de Saint-Germain-en-Laye, où il peignit un cycle de la "Franciade" et un autre d'après Ovide - immense ensemble de soixante-huit tableaux, il subsiste quelques toiles intéressantes, littérales et descriptives, avec des trouvailles poétiques de mise en page, comme dans le "Lever de Hyante et Climène" (Louvre). "Lever de Hyante et Climène"
Martin Fréminet reçoit sa première formation dans l’atelier de son père en même temps que Toussaint Dubreuil, qu’il remplace en 1602 en tant que peintre du roi. Henri IV lui confie la décoration de la chapelle de la Trinité. Le thème de la voûte est consacré à l’histoire de la rédemption de l’homme, du Déluge aux Evangiles. « La chute des anges rebelles », fresque, 1608 (Château de Fontainebleau, chapelle de la Trinité). L'ordonnance étudiée et habilement variée dont le peintre avait soumis le projet au Roi. Les sujets mettent en concordance l'Ancien et le Nouveau Testament, alternant avec des figures allégoriques ou sacrées. L'ambitieuse décoration, comparée aux rythmes harmonieux prodigués par la première Ecole de Fontainebleau, manque de charme, mais pas de style.
Ambroise Dubois reçoit d’importantes commandes de cycles décoratifs pour le château de Fontainebleau à partir de 1600. Il est nommé peintre de la reine Marie de Médicis en 1606. On retrouve dans son style la grâce linéaire de Primatice et le maniérisme de Spranger. Il décore le cabinet de la reine de huit scènes de l’histoire de Clorinde (six conservées), la galerie de Diane de sujets mythologiques et de la vie d’HenriIV. Il œuvre aussi au décor du cabinet du roi. « Le baptême de Clorinde » « Henri IV en Mars » Allégorie du Mariage d'Henri IV et Marie de Médicis
L’Ecole allie la fraîcheur des couleurs, le goût décoratif, l’allongement des formes, la grâce des nus, et l’équilibre harmonieux de la composition. On y utilise volontiers la technique du trompe l’oeil. Le célèbre portrait de Gabrielle d’Estrées du musée du Louvre présente deux figures peintes avec sensualité, et de manière identique. L’effet de trompe-l’oeil y est encore accentué par la présence d’une seconde scène, se déroulant en arrière-plan de la première.