Quelle vision de l’amour et des passions dans les deux œuvres au programme? « Elle mourut peu de jours après, dans la fleur de son âge, une des plus belles princesses du monde, et qui aurait été sans doute la plus heureuse si la vertu et la prudence eussent conduit toutes ses actions. » Je voulais gommer cette dimension de thèse, cette volonté moralisatrice. Et en corollaire, j’ai refusé de faire mourir Marie à la fin. En fait, je conteste la formulation de la dernière phrase de la nouvelle : « Elle mourut peu de jours après, dans la fleur de son âge, une des plus belles princesses du monde, et qui aurait été sans doute la plus heureuse si la vertu et la prudence eussent conduit toutes ses actions. »
Eros, agapé, philia, désir, passion L’amour Quelle vision de l’amour et des passions dans les deux œuvres au programme? Eros, agapé, philia, désir, passion
Agapé : le mot grec pour l'amour « divin » et « inconditionnel » Eros : Amour physique Philia : amour de l’esprit
Désir < du latin desiderare, « regretter » et sidus,« l'étoile » Passion provient du latin patior, pati, et homonyme grec pathos, signifiant la souffrance, le supplice, état de celui qui subit, passivité .
Dans son Dictionnaire universel ( 1690 ,Furetière définit ainsi la passion : « Se dit des différentes agitations de l’âme, selon les objets qui se présentent à ses sens (…)la volupté et la douleur, la cupidité et la fuite (= aversion), l’amour et la haine »
23 occurrences du terme « passion » 18 du mot « amour »
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Au XVIIe siècle, comme à toutes les époques, on débat du rapport de la passion et de la raison. Et comme à toutes les époques, s’impose l’idée que la passion, source d’aveuglement, perturbant les facultés de discernement, est néfaste à l’usage de la raison Un esprit saisi par la passion serait dès lors inapte à prendre des décisions satisfaisant aux critères de la raison
La lecture de textes philosophiques a exercé sur l’écriture de Mme de lafayette une influence déterminante, concernant surtout le thème de l'amour. Le Traité des passions (1649) de René Descartes, ainsi que le Discours sur les passions de l’amour (1653) Les Pensées (1670) de Blaise Pascal traduisent l’intérêt sur le sujet de l’amour, des passions et le la vertu au XVIIème siècle
Les passions de l’âme, ou, Traité des passions de l’âme, Descartes, 1649 Art. 148. Que l’exercice de la vertu est un souverain remède contre les passions. Or, d’autant que ces émotions intérieures nous touchent de plus près et ont, par conséquent, beaucoup (442) plus de pouvoir sur nous que les passions, dont elles diffèrent, qui se rencontrent avec elles, il est certain que, pourvu que notre âme ait toujours de quoi se contenter en son intérieur, tous les troubles qui viennent d’ailleurs n’ont aucun pouvoir de lui nuire ; mais plutôt ils servent à augmenter sa joie, en ce que, voyant qu’elle ne peut être offensée par eux, cela lui fait connaître sa perfection. Et afin que notre âme ait ainsi de quoi être contente, elle n’a besoin que de suivre exactement la vertu. Car quiconque a vécu en telle sorte que sa conscience ne lui peut reprocher qu’il n’ait jamais manqué à faire toutes les choses qu’il a jugées être les meilleures (qui est ce que je nomme ici suivre la vertu), il en reçoit une satisfaction qui est si puissante pour le rendre heureux, que les plus violents efforts des passions n’ont jamais assez de pouvoir pour troubler la tranquillité de son âme.
»Contrariétés étonnantes qui se trouvent dans la nature de l’homme à l’égard de la vérité, du bonheur, et de plusieurs autres choses », Les pensées , Pascal, 1669 Pascal ne croit pas que la raison puisse réprimer ou même gouverner efficacement les passions. Il discerne plutôt entre les deux ennemies une lutte sans merci et sans trêve. "Cette guerre intérieure de la raison contre les passions a fait que ceux qui ont voulu avoir la paix se sont partagés en deux sectes. Les uns ont voulu renoncer aux passions et devenir dieux, les autres ont voulu renoncer à la raison et devenir bête brute . Mais ils ne l'ont pu ni les uns ni les autres, et la raison demeure toujours qui accuse la bassesse et l'injustice des passions et qui trouble le repos de ceux qui s'y abandonnent. Et les passions sont toujours vivantes dans ceux qui y veulent renoncer. [...] Guerre intestine de l'homme entre la raison et les passions. S'il n'y avait que la raison sans passions. S'il n'y avait que les passions sans raison. Mais ayant l'un et l'autre il ne peut être sans guerre, ne pouvant avoir paix avec l'un qu'ayant guerre avec l'autre. Aussi il est toujours divisé et contraire à lui-même".
Les troubles de la passion Raison et passion La naissance de l’amour Pascal : «les passions naissent dés les premiéres années, et elles subsistent bien souvent jusquau tombeau» La faiblesse de la raison La faiblesse de la volonté
Les vertiges de la passion L’interdit La jalousie « Il y a dans la jalousie plus d' amour-propre que d' amour. » La Rochefoucauld. La jalousie, constitue une passion particulièrement puissante, puisqu’elle a trait aux marques de la possession — et tout particulièrement de la possession amoureuse. Le jaloux, est un être déséquilibré, proie facile pour les passions. Telles sont les conceptions émanant du milieu qui gravite autour de Madeleine de Scudéry Dans la conversation de 1686, la jalousie est accusée de : « renverser la raison déjà affaiblie par l’amour, de pervertir même les sens, et de causer des illusions chimériques La tyrannie « Il est des gens si remplis d'eux-mêmes que, lorsqu'ils sont amoureux, ils trouvent moyen d'être occupés de leur passion sans l'être de la personne qu'ils aiment. » La Rochefoucauld “Quand on aime une dame sans égalité de condition, l'ambition peut accompagner le commencement de l'amour ; mais en peu de temps il devient le maître. C'est un tyran qui ne souffre point de compagnon ; il veut être seul ; il faut que toutes les passions ploient et lui obéissent.”pascal
Les délices de la passion Le bonheur de rêver Le bonheur de partager Le bonheur d’avoir aimé?
Conclusion Les expériences de la princesse de Montpensier et de Mme de Lafayette conduisent à une seule conclusion: les passions sont mauvaises, sont un fléau la raison est faible, le cœur difficile à manier; une vision négative et tragique de la vie humaine rapportée de l’attitude pessimiste devant l’amour; ce à quoi il faut ajouter l’amour comme étant le seul ressort des actions humaines. Une morale rapprochée du Jansénisme : Aimer ( autre que Dieu) c’est souffrir. La faiblesse de la nature humaine produit la dégénération de l’être, dont la conséquence serait le désespoir.