Alphonse de Lamartine Les esprits des fleurs Par Nanou et Stan
Voyez-vous de l'or de ces urnes S'échapper ces esprits des fleurs, Tout trempés de parfums nocturnes, Tout vêtus de fraîches couleurs ?
Ce ne sont pas de vains fantômes Créés par un art décevant, Pour donner un corps aux arômes Que nos gazons livrent au vent.
Non : chaque atome de matière Par un esprit est habité ; Tout sent, et la nature entière N'est que douleur et volupté !
Chaque rayon d'humide flamme Qui jaillit de vos yeux si doux ; Chaque soupir qui de mon âme S'élance et palpite vers vous ;
Chaque parole réprimée Qui meurt sur mes lèvres de feu, N'osant même à la fleur aimée D'un nom chéri livrer l'aveu ;
Ces songes que la nuit fait naître Comme pour nous venger du jour, Tout prend un corps, une âme, un être, Visibles, mais au seul amour !
Cet ange flottant des prairies, Pâle et penché comme ses lis, C'est une de mes rêveries Restée aux fleurs que je cueillis.
Et sur ses ailes renversées Celui qui jouit d'expirer, Ce n'est qu'une de mes pensées Que vos lèvres vont respirer.
Alphonse de Lamartine Alphonse Marie Louis de Prat de Lamartine dit Alphonse de Lamartine, né à Mâcon le 21 octobre 1790 et mort à Paris le 28 février 1869, est un poète, romancier, dramaturge et prosateur en même temps qu'un homme politique français, l'orateur d'exception qui fut l'âme de la révolution de février 1848 et qui proclama la Deuxième République. Il est l'une des plus grandes figures du romantisme en France. Alphonse de Lamartine naît à Mâcon dans une famille de petite noblesse attachée au roi et à la religion catholique ; il passe son enfance en Bourgogne du sud, en particulier à Milly. Un temps en collège à Lyon, il poursuit son éducation à Belley, où il rencontre Aymond de Virieu. Après son retour à Mâcon, une aventure sentimentale avec une adolescente incite ses parents à le divertir de cette liaison précoce. « Une diversion naturelle [lui] était nécessaire » : ce fut un voyage en Italie, effectué en compagnie de Virieu et évoqué plus tard dans le roman Graziella. Après son voyage en Italie et une éphémère fonction militaire auprès de Louis XVIII, il revient en Bourgogne, où il mène une vie de jeune homme oisif et séducteur. En octobre 1816, il rencontre Julie Charles à Aix-les-Bains et vit avec elle un amour tragique puisque Julie meurt en décembre 1817. Il écrit alors les poèmes des Méditations dont le recueil est publié en 1820 et obtient un grand succès. Alphonse épouse Marianne-Elisa Birch, une jeune Anglaise, en 1820, et occupe des fonctions de secrétaire d'ambassade en Italie avant de démissionner en 1830. Il publie alors d'autres poèmes comme, en 1823, les Nouvelles Méditations poétiques et La Mort de Socrate, ou, en juin 1830, les Harmonies poétiques et religieuses après avoir été élu à l’Académie française en 1829. En 1830, il entre en politique et se rallie à la Monarchie de juillet mais échoue à la députation. Il voyage alors en Orient visite la Grèce, le Liban et les lieux saints du christianisme. En 1833, il est élu député et le restera jusqu'en 1851 : il évolue du royalisme au républicanisme et prononce des discours remarqués. Il joue un rôle important au moment de la Révolution de 1848, proclamant la République ; il est pendant trois mois chef du gouvernement provisoire, mais se retire de la politique après sa lourde défaite, n'obtenant que 0,26 % des suffrages, lors de l'élection présidentielle qui porte au pouvoir Louis-Napoléon Bonaparte en décembre 1848. …../…..
Lourdement endetté, il doit vendre Milly en 1860 et écrire des œuvres alimentaires comme de nombreuses compilations historiques (peu solides aux yeux des historiens d'aujourd'hui) ou son Cours familier de littérature (1856-1869) à côté de textes plus réussis mais mineurs comme Le Tailleur de pierre de Saint-Point (1851). Son dernier grand poème La Vigne et la Maison est écrit en 1857. Alphonse de Lamartine meurt en 1869 presque octogénaire et repose dans le caveau familial au cimetière communal, le long du mur du parc du château de Saint-Point qu'il a habité et transformé depuis 1820. Le lyrisme associé à une expression harmonieuse fait la qualité des meilleurs poèmes de Lamartine, la partie la plus marquante de son œuvre étant constituée par les poèmes pleins de sensibilité inspirés par Julie Charles, avec les thèmes romantiques de la nature, de la mort, de l'amour (Le Lac, L'Isolement, L'Automne...) mais l'œuvre - immense : 127 volumes - est parfois, dans sa forme, considérée comme vieillie . Admiré et salué par toute la génération romantique (Victor Hugo, Nodier, Sainte-Beuve), Lamartine est parfois jugé plus sévèrement par les générations suivantes : Flaubert parle de « lyrisme poitrinaire » et Rimbaud écrit : « Lamartine est quelquefois voyant, mais étranglé par la forme vieille » (Lettre du voyant). Il reste cependant largement - et légitimement - admiré pour la puissance de son génie poétique et compte indiscutablement parmi les plus grands poètes français du XIXème siècle. Nanou et Stan le 31/03/2017