Aires protégées Twenke 2005 Alexis TIOUKA – Secrétaire régional de lAlliance Internationale des Peuples Autochtones et des Forêts Tropicales.

Slides:



Advertisements
Présentations similaires
GESTION DU RISQUE LOCAL: PARAMÈTRES & PRATIQUES Allan Lavell, Ph.D.
Advertisements

CCPAWA Inception meeting – Banjul 30 march-01 April 2011
Partenariat entre les secteurs public, privé et la société civile
Un agenda de réforme foncière
LES SOINS DE SANTE PRIMAIRES
Contexte de la GAR L’aide au développement est souvent offerte de façon ponctuelle ne correspondant pas toujours aux priorités établies par les pays. Les.
Yacine DIAGNE GUEYE ENDA ENERGIE
Synergies entre les Conventions: Contribution du FEM
Peuples indigènes et tribaux | | Peuples indigènes : consultation et participation.
Identification des peuples indigènes et tribaux
Groupe de Travail Deux Structure et Culture: créer un environnement pour la transparence Le groupe a échangé sur lenvironnement structurel nécessaire pour.
Programme dappui aux pays (PAP) du FEM Atelier sous-régional pour les points focaux des Caraïbes La Havane (Cuba) Juillet 2008 LE RÔLE DE LA SOCIÉTÉ CIVILE.
Principaux repères du processus 1. Epoque coloniale (1933) 2. Convention dAlger (1968) 3. Régionalisation et transfert des compétences (1996) 4. Avènement.
- Garantir une gouvernance de qualité - Connaître pour agir - Favoriser le lien Terre – Mer et la combinaison des échelles territoriales - Mieux prendre.
Natural Resources Management and Environment Department FOOD AND AGRICULTURE ORGANIZATION OF THE UNITED NATIONS Yaoundé, 11 juin 2013 PRESENTÉ PAR: Achille.
Cadre juridique et réglementaire pour la mise en oeuvre de la GIRE
Cadre juridique et réglementaire pour la mise en oeuvre de la GIRE Chapitre 7 Gouvernance et institutions.
Cadre juridique et réglementaire pour la mise en oeuvre de la GIRE
Instruments économiques et financiers de la GIRE
Atelier sur lexécution des projets et programmes du FIDA Recommandations générales liées au Plan daction Bamako le 11 mars 2005.
Stratégie de la FAO pour le Renforcement des Capacités (RC) A Core Function of FAO included in MTP under Functional Objective X Une vue densemble.
Principes de base de la négociation collective
Les Acteurs Non Étatiques et la dimension participation dans laccord ACP-UE de Cotonou Par Siméon DOSSOU.
Introduction au Développement Local Inclusif
Éducation à la solidarité internationale Formation de formateurs Pontivy Jeudi 15 mars 2007.
Comité Scientifique de lANCLI Les CLI sont des structures dinformation de la population Dans le domaine scientifique, comme dans beaucoup dautres domaines,
(recommandation de Johanesburg)
ATELIER REGIONAL ACRN 2013 « Utiliser les processus REDD et FLEGT pour garantir les droits communautaires aux forêts et à la terre en Afrique : leçons.
ISO POUR ENTREPRISES AGROALIMENTAIRES
Dynamiques de déforestation dans le bassin du Congo
LAUDIT DE LA GESTION DES FONDS PUBLICS MME R. BELALAMI.
Programme NOU-R de lutte contre la corruption. Piliers de lutte contre la gouvernance Pilier 1 - Élaborer une organisation efficace et transparente du.
Tous les droits de l’Homme pour toutes les personnes handicapées
Le développement durable : approche historique
PAA-NIGERIA PRISE DE DÉCISIONS ÉCLAIRÉE Leçons, livrables et options durables CONFÉRENCE PAYS DU PAA « CÉLÉBRER NOS RÉUSSITES » DU 12 AU 16 NOVEMBRE 2012.
LE DEVELOPPEMENT DURABLE Nous sommes les passagers de la terre.
RAPPORT DU GROUPE IV EFFICACITE DE LAIDE DANS LES SITUATIONS FRAGILES ET DE CONFLITS KIGALI, le 30 avril 2008.
Réseau nord-américain daires marines protégées Commission de coopération environnementale Groupe de travail sur la conservation de la biodiversité Session.
Composantes dune approche fondée Composantes dune approche fondée sur les droits de la personne sur les droits de la personne EQUITAS – Centre international.
Vers une gouvernance efficace dans la communauté sportive nationale du Canada Juin 2011.
par : Rachid NAFTI, Consultant Environnementaliste
Gouvernance par les populations autochtones et les communautés locales: les APAC (Aires du patrimoine autochtone et communautaire)
Page 1 Alger, 28 et 29 Mai 2012 TRESMED 4 Séminaire sur FEMME ET DIALOGUE SOCIAL : Groupe de travail 3 : Le rôle des CES dans la promotion de légalité
Grandes tendances Pierre Blais Jacques Boivin 28 février 2003 Conception des plans durbanisme.
Présentation: Le comité décole consultatif Bref historique.
Caritas in veritate Encyclique de Benoît XVI 29 juin 2009 Développement.
Encyclique Veritas in caritate Benoist XVI 29 juin 2009 Ecologie.
1 La participation du public dans la prise de décision en matière denvironnement au Québec : de la pratique à loptimisation Par : Claudette Journault,
COORDINATION NATIONALE DES ACTIVITÉS DU FEM AU BURKINA FASO Présenté par le Point Focal Opérationnel du Burkina Faso Atelier de Dialogue National sur le.
Introduction Les années 1960 et 70 ont été marquées, au plan international, par l’émergence des mouvements sociaux issus des droits de la personne. Ceci.
Droits de l'homme n'ont pas de définition spécifique , mais il existe de nombreuses définitions peuvent varier notion d'une communauté à l'autre ou d'une.
La Protection des Connaissances Traditionnelles associées aux Ressources Génétiques Olivier Rukundo.
Compétences des enseignants
Manuel de formation PNUEThème 2 Diapo 1 Le processus d ’ ÉIE Etapes du processus d’ÉIE :  étude préalable – décider s ’ il convient d ’ appliquer une.
Recommandation pour renforcer le rôle des SPE dans la prévention de la pauvreté Recommandation pour renforcer le rôle des SPE dans la prévention de la.
SOMMETS INTERNATIONAUX SUR L'ENVIRONNEMENT.
L’autodétermination autour du monde Pages 180 à 201
Les contextes mondiaux
Pourquoi un Agenda 21 scolaire ?
Quelle est l’influence de la notion de développement durable
Le Maintient De La Biodiversité
relative aux peuples indigènes et tribaux
L’Organisation des Nations-Unis (ONU)
GOUVERNANCE RESPONSABLE DES RÉGIMES FONCIERS APPLICABLES AUX TERRES, AUX PÊCHES ET AUX FORÊTS ORGANISATION DES NATIONS UNIES POUR L’ALIMENTATION ET L’AGRICULTURE.
Les caractéristiques de Leader L’approche par zone : Zone locale Entre et habitants Pas de limites prédéfinies Besoins et attentes partagés.
Quel dispositif institutionnel de mise en œuvre de APA au Burkina Faso
Préparé par les Co-gestionnaires du CHM Togo Et présenté par le Cdt AGBETI.
ACTRAV/CIF-OIT Cours (A902576) Formation syndicale sur la réponse par le travail décent à la crise économique mondiale: le Pacte mondial pour l’emploi.
IMPLICATION DES ACTEURS DE LA SOCIETE CIVILE DANS LE PROCESSUS ET LA DISSEMINATION DES RAPPORTS ITIE AU NIGER.
Politiques d’extension de la couverture de sécurité sociale Discussion récurrente sur l’objectif stratégique de la protection sociale (sécurité sociale):
Transcription de la présentation:

Aires protégées Twenke 2005 Alexis TIOUKA – Secrétaire régional de lAlliance Internationale des Peuples Autochtones et des Forêts Tropicales

Les aires protégées : un débat Depuis le début du Xxe siècle, la création des aires protégées a toujours fait débat. Les peuples autochtones ont eu des attitudes différentes selon les cas : -Acceptation -Refus de ce qui est perçu comme quelque chose dimposé qui va à lencontre du droit à la terre et aux ressources naturelles. De plus la mise en place daires protégées a souvent eu pour conséquences : -les déplacement de peuples autochtones -La spoliation de leurs ressources naturelles

Aires protégées et écologistes Dans les années 90, le point de vue sur les aires protégées a commencé à évoluer. Avant cela, les écologistes considéraient les aires protégées comme : -Des zones où il ne doit y avoir que des animaux et des plantes; -Des zones où toute présence humaine doit être proscrite. Ceci avait provoqué de nombreux conflits entre : -Peuples autochtones; -Écologistes; -Responsables des aires protégées. Les peuples autochtones nétaient jamais pris en compte dans la mise en place des aires protégées.

Les peuples autochtones ont donc commencé à demander quavant toute mise en place dune aire protégée : -On reconnaisse les droits territoriaux des peuples autochtones qui y habitent; -Que cette mise en place se fasse avec leur consentement libre et informé. Cela ne signifie pas que lon met la protection de la biodiversité au second plan. Cela signifie simplement que la protection de la biodiversité sinscrit dans le respect des droits de lhomme et des droits des peuples autochtones.

Les années 90 On commence à voir une évolution avec : -Le congrès mondial de la nature (Montréal, 1996) -Le IVe congrès des Parcs (Caracas, 1992)

Le Congrès Mondial de la Nature Montréal, 1996 Dans ce Congrès, la Résolution 1.53 adopte une directive concernant les peuples autochtones et les aires protégées. Elle incite les responsables des aires protégées « à mettre en place une politique claire concernant les aires protégées établies sur les terres et territoires des peuples autochtones. »

Le IVe Congrès Mondial des Parcs Caracas, 1992 Lors de ce Congrès un appel est fait pour le développement dune politique sur les aires protégées qui protégerait les intérêts des peuples autochtones. Le Ve Congrès consolidera cette idée en déclarant que la question autochtone est transversale à toute discussion concernant les aires protégées.

Une reconnaissance mondiale Progressivement les principes de base de la mise en place des aires protégées dans le respect des droits des peuples autochtones se dégagent.

Principes Toutes les aires protégées existantes et futures doivent être gérées par et établies avec le plein respect des droits des peuples autochtones et des peuples nomades. Les comités de gestion des aires protégées doivent contenir des représentants élus par les peuples autochtones.

Une reconnaissance des compétences autochtones Progressivement, les institutions internationales vont reconnaître les compétences autochtones en la matière. Les systèmes autochtones garantissent la conservation de la biodiversité. Dans certains pays (Inde, Colombie, Bolivie) des aires gérées par des autochtones – non reconnues officiellement – sont en bien meilleur état que celles qui ont été créées par le gouvernement. On doit reconnaître cette manière ancestrale traditionnelle et collective de gérer les terres et territoires autochtones.

Conventions Internationales Une reconnaissance progressive de la nécessité de la participation des peuples autochtones dans les processus de création des aires protégées

Déclaration de Rio (1992) Le principe numéro 15 de la Déclaration de Rio de 1992 reconnaît que : La meilleure manière de traiter les questions environnementales est de permettre la participation des peuples autochtones concernés.

Convention sur la biodiversité Elle reconnaît dans son préambule Le rôle des peuples autochtones qui entretiennent des modes de vie traditionnels en adéquation avec la protection de lenvironnement, son utilisation durable. Elle reconnaît en outre que Un partage équitable des bénéfices qui découlent de lutilisation de leurs ressources naturelles est nécessaire. Depuis cette convention, de nombreux textes officiels renforcent ces idées On en trouve notamment la trace dans le Programme de Travail sur les aires protégées qui a été récemment approuvé par la Conférence des Parties.

La Convention relative aux Zones Humides Ramsar (Iran) Elle insiste sur lidée selon laquelle il faut assurer lutilisation équilibrée des ressources naturelles des zones humides car Il sagit là de zones essentielles à la survie des peuples autochtones qui y vivent.

Conférences des Parties Kuala Lumpur Elle insiste sur le fait que Les peuples autochtones doivent participer à la gestion des aires protégées. Lobjectif 2.1. de cette Convention précise quil faut avant lannée 2008 Établir des programmes qui favorisent une distribution équitable des bénéfices issus des aires protégées afin que les peuples autochtones puissent en bénéficier.

Reconnaissance de la diversité des modes de gestion des aires protégées Progressivement dans les rencontres internationales on voit poindre lidée quil existe diverses manières de gérer les aires protégées. Les modes de gestion des peuples autochtones en font partie. On propose que les aires sur lesquelles vivent les peuples autochtones soient : -Reconnues légalement en tant quaires protégées; -Mais en en laissant la gestion aux peuples autochtones.

Le refus de certains autochtones Certains peuples autochtones refusent que la gestion leur soit « attribuée ». Ils considèrent quon na pas à leur « accorder » la gestion dun territoire quils occupent et gèrent de toute façon de manière ancestrale. Pour eux ce qui important cest la restitution de leurs terres dans le respect du droit à la terre et aux territoires.

Des principes reconnus au niveau international Les Nations Unies ont aujourdhui établi un certain nombre de principes pour la gestion des aires protégées. Ces principes ont été inclus dans la recommandation de Durban : Ve Congrès des Parcs de la UICN, 8 au 17 septembre 2003.

PrincipePrincipes sur lesquels se basent les Nations Unies Gestion des aires protégées 1. LégitimitéParticipation Tous les hommes et les femmes doivent avoir le droit de sexprimer dans la prise de décision que ce soit de manière directe ou au travers dune institution intermédiaire légitime qui représente leurs souhaits. Consensus La bonne gestion apparaît lorsque les intérêts de tous sont pris en compte, lorsquil y a consensus entre toutes les parties. Pas de discrimination de genre, dethnie, de classe sociale, etc. Dialogue Transparence Clarté des règles

PrincipePrincipes sur lesquels se basent les Nations Unies Gestion des aires protégées 2. Information et vérification des résultats Information et vérification des résultats Les preneurs de décision sont garant de la crédibilité des actions menées. Transparence Les aires protégées se mettent en place dans le cadre dun véritable système dinformation. Les processus institutionnels et linformation sont directement accessibles à toute personne impliquée dune manière ou dune autre. Les informations sont données en quantité suffisante. Connaissances sur les prises de décision. Les modes de vérification des résultats sont accessibles Les formes de sanction sont connues.

PrincipePrincipes sur lesquels se basent les Nations Unies Gestion des aires protégées 3. CompétenceResponsabilité Les institutions doivent être à la disposition de tous les acteurs. Efficacité Les institutions produisent des résultats qui vont dans le sens dun usage adéquat des ressources. Une administration compétente. Des capacités humaines et institutionnelles. Capacité à gérer les obstacles et une grande expérience dans ce domaine. 4. JusticeEquité, égalité Les hommes et les femmes ont les mêmes opportunités pour améliorer et maintenir leur qualité de vie. Application de la loi Les cadres légaux sont justes et sappliquent de manière impartiale. Dignité. Distribution juste et équitable des bénéfices. Application consciencieuse de la loi. Gestion alternative des conflits.

PrincipePrincipes sur lesquels se basent les Nations Unies Gestion des aires protégées 5. DirectionVision stratégique Les leaders et la population ont une perspective large sur la gouvernance et le développement humain. Il existe une compréhension des facteurs sociaux, culturels et historiques qui influent sur le développement. Un leadership efficace qui génère et appuie les idées et les processus novateurs. Un modèle de bonne conduite qui est cohérent tant dans ce quil dit que dans ce quil fait.

Conclusion Les principes énoncés doivent être à la base de toute gestion des aires protégées dans le futur. Avant la mise en place des aires protégées on doit systématiquement se poser les questions suivantes : Par qui ? Pour qui ? Pourquoi ? Comment se construit la collaboration entre peuples autochtones et écologistes ?

Aires protégées et droits à la terre La mise en place des aires protégées suppose que les peuples autochtones soient propriétaires de manière coutumière ou légale de la terre

Principes pour toute mise en place daires protégées dans le futur Dans le futur, toute mise en place dune aire protégée devra se faire dans le respect des principes suivants : -Reconnaissance du droit des communautés à participer à la gestion et à ladministration de leurs ressources naturelles et de leurs territoires; -Distribution juste et équitable des bénéfices tirés de lexploitation des ressources se situant sur les aires protégées; -Mise en place de cadres permettant de prévenir et de gérer les conflits qui dérivent de lutilisation des ressources naturelles des autochtones; -Reconnaissance de la nécessité que les peuples autochtones soient propriétaire de manière coutumière ou légale des terres et territoires sur lesquels se trouvent les aires protégées.