Il était une fois, donc… Comme chaque fois quon commence une histoire de fées, et pourtant, tout débutait bien mal pour cet enfant. « Il était une fois… » Pourquoi toujours commencer ainsi ? Il y avait tant de misère autour de lui ! Il vivait dans un bidonville, dans une favella, ou dans une cité HLM de banlieue, cest selon, cest comme vous voulez. Imaginez-le croupissant dans des ordures nauséabondes, vivant parmi les rats et chiens décharnés prêts à jouer du croc pour lui voler la maigre pitance quil peut trouver afin de se nourrir et nourrir ses frères et sœurs.
Peut-être sont-ils avec lui sur le même tas dordures ? Ou cireurs de rue ? Viol, violence, sont le lot quotidien de sa vie. Drogue, alcool, tout pour bien faire, tout pour se défoncer, quoi ! Tout pour sévader… Oh ! ces évasions ne sont pas ces images de paradis artificiels dont on nous abreuve les yeux, nous qui croulons sous la surconsommation de choses inutiles et désuètes.
Ces paradis artificiels sont souvent à côté de chez lui, mais les touristes sont enfermés dans leurs prisons dorées, et ne voient rien de cette situation, qui, pour lui, est une offense à la vie. Il a envie de crier, il a envie de gueuler, il a envie de chialer, le morveux ! ( Cest comme ça quon lappelle : une humiliation de plus… )
Mais, si vous aviez un cœur, vous verriez cette étincelle qui est dans son regard… Ce nest pas de la pitié, ce nest pas de la violence – du moins, pas encore. Il est trop jeune pour être embrigadé, mais son tour va venir. On va en faire un enfant tueur, tout simplement parce que vous navez pas daigné poser sur lui ce regard dAmour quil demande.
Oui, létincelle qui est dans son regard est une étincelle de vie, létincelle de Vie, dirais-je. Cette vie malheureusement étouffée. Changez votre regard, vous y reconnaîtrez cet enfant déporté vers la ville de ses ancêtres pour y être recensé, cet enfant né dans une étable, au milieu des envahisseurs.
Lui aussi a connu lexil, lui aussi a été fils démigré pour sauver sa tête. Ce nest que lorsque le tyran est mort quil a pu rentrer chez lui. Oui, si seulement vous aviez ce regard damour, vous verriez que son cœur est du côté du bonheur, du côté de la Paix. Ce quil veut, cest vivre dans un minimum de reconnaissance. Ce quil veut, cest quon pose sur lui ce regard qui dit : « Viens ! Lève-toi et marche ! »
Cest cette étoile qui scintille dans son regard, rien dautre. Alors, regardez-le : il va vous transformer, il va vous aimer. Il est beau, cet ange aux ailes ternies par notre bêtise. Il est beau, cet ange qui nous annonce la venue du roi dAmour. Il est beau, cet ange venu du ciel pour nous dire que Dieu donne sa Paix aux hommes de bonne volonté.
Il est beau, cet Ange ce Lumière, lui dont les trompettes annoncent la victoire de lAmour. Il est beau ce visage dange couvert de la boue des immondices quil piétine à longueur de journée. Cest le messager de Noël. Cest le messager de Dieu. Cest le messager du Dieu fait homme. Aurélie Connoir, La Ferrière, le
Texte : Aurélie Connoir Photos : prises sur le Net. Musique : air traditionnel de Noël ( groupe celte breton ) Jacky Questel – décembre 2006