Les régences ottomanes (8 février) L’établissement des Ottomans dans le Maghreb Le métissage ethnique et politique, 16e-17e siècles Les régences sous l’autonomie, 18e siècle HIS 4668 Histoire du Maghreb Stefan Winter Hiver 2007
I. L’établissement des Ottomans dans le Maghreb L’Empire ottoman : arrière-plan Le défi espagnol La fondation de la « régence » d’Alger Tunis et Tripoli « Tuğra » du sultan Süleyman (m. 1566)
1. L’Empire ottoman migrations turques en Anatolie byzantine, XIe-XIIIe siècles établissement de l’émirat ottoman vers 1300 1re expansion en Europe, 1354 conquête du Balkan, 1389-1463 prise de Constantinople, 1453 nouvelle capitale de l’Empire ottoman (Istanbul)
L’État ottoman idéologie de guerre sainte, mais … intégration des populations « romaines » (chrétiens grecs) émirat tribal -- > sultanat impérial loyauté envers la famille ottomane corps d’armée, gouverneurs et fonctionnaires compose d’esclaves ( kul ) structure d’État musulmane, pluriethnique
2. Le défi espagnol chute de Grenade, 1492 expulsion des juifs ; plus tard des musulmans continuation de la reconquista en Afrique ? établissement de presidios (garnisons) sur la côte Oran (1509), Bougie, Tripoli (1510)
3. La fondation de la régence d’Alger Barbaros Hayreddin (Barberousse) corsaire grec-ottoman basé à La Goulette, Jerba (domaines hafsides) guerres contres les Espagnols frère Örüç installé à Alger, Tlemcen, 1516-17 succédé par Hayreddin reconnaît la suzeraineté ottomane, 1519 Alger devient beylerbeylik (province ottomane ; « régence »)
Hayreddin Paşa (m. 1546) Alger principalement base d’opérations corsaires province tributaire autonome ; pas intégré dans l’administration militaire ottomane Hayreddin (Paşa) devient grand amiral ottoman (kapudan) en 1534 occupation de Tunis, 1534-1536 alliance anti-espagnole avec la France, 1538-1544
Alger – Porte Azoun
La province d’Alger beylerbeylik héréditaire au début intégré dans l’administration ottomane, 1587 grande réforme administrative impériale armée, système fiscal campagnes contre Tlemcen (Zayyanides, Espagnols) résistance au Maroc (Saadiens) prise de Tunis, 1574
4. Tunis ... ... et Tripoli dynastie hafside sous protectorat espagnol défaite des Ottomans à Lépante, 1571 conquête depuis Alger, 1574 grand vizir Sinan Paşa Muhammad Hafs amené à Istanbul ... et Tripoli aucune identité politique avant les Ottomans tribus de la Cyrénaïque reconnaissent la suzeraineté des Mamluks d’Égypte Tripoli / Tripolitaine annexée à l’Ifriqiya contrôle normand (indirect), 1146-1160 attachement nominal aux Almohades, Hafsides
la grande guerre du 16e siècle… occupation de Tripoli par les Espagnols (Navarro), 1510 chassent la population, construit un presidio remise à l’ordre des chevaliers de Saint-Jean, 1535 base navale ottomane à Taguire (20 km a l’est) conquête ottomane, 1551 devient beylerbeylik, base de corsaires
II. Le métissage ethnique et politique, 16e-17e siècles L’armée et le pouvoir (le makhzen) Les campagnes (bilad al-siba) Les villes
1. L’armée et le pouvoir paşa : gouverneur nommé par Istanbul s’appuie sur une milice janissaire (ocak) province tributaire ; pas divisée en fiefs assisté (collecte d’impôts, liaison avec les tribus) par un bey capitaines corsaires (reis) armée de renégats chrétiens
c) les janissaires (16e-17e siècle) Alger : 12 000 Tunis : 4 000 janissaires : infanterie d’élite du sultan statut d’esclaves ; séparation de la population plus tard : intégration dans la société locale caste de kuloğlı (fils d’esclaves)
Tunis sous les dey-s révolte janissaire contre le gouvernement civil, 1591 le vrai pouvoir exercé par les dey (officiers des janissaires) consolidation de l’emprise militaire sur la province construction d’aqueducs, mosquées, forteresses…
… et le contrepoids des bey-s bey : le gouverneur ottoman pour l’intérieur responsable pour la levée des impôts, contrôle des campagnes, relations avec tribus propre force armée ; rivalité avec le dey dynastie des bey Murad, 1631-1702 vue comme dynastie locale ; s’imposent contre les militaires “turcs” paix et prospérité dans les campagnes
Alger sous les dey-s Tripoli révolte des ocak janissaires, 1659 après 1671 : élection du dey par les capitaines corsaires, plus tard par les ocak « république militaire » économie basée sur le piratage capitaine-corsaire Dragut, gouv. 1541-1565 consolidation du pouvoir dans les campagnes conseil militaire (diwan) factionnalisme, alliances tribales Tripoli
2. Les campagnes (bilad al-siba) Alger : agriculture, pastoralisme dans l’intérieur contrôle du makhzen uniquement autour des villes leadership local : chefs de tribus ; marabouts Tripoli : grand pouvoir des tribus (arabes) autonomie du Fazzan sous les Banu Muhammad contrôle du commerce caravanier avec le Soudan esclaves, or
3. Les villes Tripoli : construction de mosquées, forteresses terminus trans-saharien ; comptoirs occidentaux
Tunis - ville ancienne société musulmane, complexe les dey représentant du pouvoir ottoman ; instituent le mezheb (école juridique) hanéfite (cadi, mufti hanéfites) abaissement des ouléma et de la tradition malikites...
Algérie – villes population d’Alger au 17e siècle : 100 000 dont 25 000 esclaves / captives économie basée sur le piratage Constantine, Tlemcen : commerce caravanier Oran : centre local d’artisanat, commerce moins développé qu’au Maroc, en Tunisie
Alger - société ouléma appuient le pouvoir ottoman plus d’autonomie par rapport au hanéfisme plus d’argent / fondation pieuses (habous) trois provinces tributaires sous des bey : Constantine (est), Midya (centre), Mu’askar (ouest ; plus tard Oran) impôts livrés tous les 3 ans par le bey
III. Les régences sous l’autonomie, 18e siècle Alger – la république pirate Tunis et la dynastie husaynide Tripoli et la dynastie Karamanlı
1. Alger – la république pirate pas de flotte marchande algérienne navires musulmans interdits dans les ports européens harcèlement par les chevaliers de Saint-Jean jusqu’à la suppression de l’ordre en 1798 wakil al-kharj : le ministère de piratage principale source de revenus de l’ocak vente des biens saisis au profit de l’État rançonnement de prisonniers racket de protection de navires étrangers esclaves
le déclin du piratage au 18e siècle 1600 : 75 navires 1750 : < 20 navires guerre avec l’Espagne en 1770 libération de 10,000 Espagnols (sur 18,000 prisonniers total) politique américaine de conciliation (1785) représailles européennes courte reprise durant les guerres napoléoniennes
la déconfiture revenus de l’ocak réduits --» oppression fiscale exportation de blé ver l’Europe organisée par des familles juives proches au pouvoir disettes --» pogroms contre les Juifs (1805) anarchie : 7 deys assassinés entre 1805-1816 révoltes des ordres soufies dans la province d’Oran (affiliés à la confrérie Qadiriyya) guerre contre les « Turcs » jusqu’en 1789 nouvelle alliance tribale forgée par Muhammad al-Kabir ; tué en 1827 origines de l’émir ‘Abd al-Qadir
2. Tunis et la dynastie husaynide polarisation du pouvoir politique entre les deys et les beys dynastie des bey Murad, 1631-1702 invasions par le deys algériens, e.g. 1705 repoussé par le nouveau bey Husayn ibn ‘Ali « Turc » (grec) d’origine, mère tunisienne s’empare de Tunis, 1706 « monarchie nationale », jusqu’en 1957...
l’armée armée mixte (1750) : 5000 « turcs » et kuloğlı (fils de soldats et fonctionnaires 3000 cavaliers de la tribu algérienne zuwawa ( « zouaves » ) campagne militaire mahalla 2 fois par dans les provinces collection d’impôts, représentation du pouvoir
l’administration système juridique hanéfite (ottoman), mais... préférence donnée aux institutions religieuses malékites habous publiques, privés dépendance sur les caïds (notables ; oulémas, chefs de clans, etc.) dans la gouvernance
groupes sociaux Kharijites (île de Jerba) réfugiés andalous Juifs main d’oeuvre dans les villes réfugiés andalous dernière vague en 1609 développement de l’agriculture Juifs population ancienne ; réfugiés andalous ; diaspora de commerçants population : 1 000 000 (15 % urbaine, 35 % paysanne, 50 % tribale)
un « âge d’or » tunisien ? disputes de succession et intervention algérienne en 1756 paiement d’un tribut à l’Algérie jusqu’en 1821 Hammuda Bey (1782-1814) prospérité par l’agriculture et le commerce réduction d’impôts agricoles ; meilleures condition de métayage pour les paysans appuie des leaders religieux armée turque disciplinée
Hammuda Bey (m. 1814) guerre contre l’Algérie en 1806-1811 pour mettre fin à l’exploitation économique pas de tribut annuel à Istanbul avant 1835 protectionnisme commercial en face de la pénétration du marché par les Européens
3. Tripoli et la dynastie Karamanlı importance comme carrefour commercial Sahara – Méditerranée comptoirs commerciaux européens révolte kuloğlı en 1711 massacre de janissaires instauration de la dynastie de paşas Karamanlı, jusqu’en 1835 développement du piratage forteresse ottomane de Tripoli
la principauté Karamanlı : le déclin disputes de succession factions appuyées par les ottomans règne oppressif de ‘Ali Burghul, 1793-1795 Yusuf Karamanlı restauré avec l’aide des Tunisiens guerre contre les États-Unis, 1801-1805 disputes sur les termes d’un traité sur la course blocus naval de Tripoli inefficace la course interdite par les Européens, 1818
la fin de l’autonomie monopole d’approvisionnement de la flotte anglaise révoqué en 1810 plan de conquérir Bornou empêché par le consul britannique (1821-1824) dépendance croissante sur des créanciers et sur les consuls européens révolte locale contre de nouveaux impôts expédition ottomane pour rétablir le contrôle du gouvernement impérial en 1835