Histoire de la Psychologie Scientifique Le XXme sciècle

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Transcription de la présentation:

Histoire de la Psychologie Scientifique Le XXme sciècle Pr. Claude Bonnet Université Louis Pasteur (Strasbourg 1) Faculté de Psychologie et des Sciences de l’Education bonnet@ipb.u-strasbg.fr

2.1 Etat des lieux A l’aube du XXme siècle, la psychologie scientifique s’est installée en se séparant de la philosophie et en adoptant les méthodes des sciences naturelles (expérimentation). Cependant, de vifs débats concernent l’utilisation de l’introspection comme méthode expérimentale : toute activité mentale est consciente, ce qu’admettait Descartes l’introspection nous donne une connaissance vraie de ce qui se passe en nous aussi vraie que la connaissance qui nous vient des sens (perception) l’introspection fonde une connaissance vraie du moi comme la perception fonde une connaissance vraie du monde extérieur. Les résultats des expérimentations avec cette méthode sont peu concordants. Elle ne permet pas d’étudier les mécanismes psychologiques des êtres sans langage (jeunes enfants, animaux).

La psychologie change d’objet A l’aube du XXme siècle, tout un courant de la psychologie scientifique va abandonner l’étude de la conscience. Seul le comportement est observable de l’extérieur et la science ne peut s’occuper que des évènements observables et publics. Les modèles mécanistes construits sur la base de l’arc réflexe peuvent expliquer l’activité humaine. La critique de l’introspection comme méthode expérimentale est à l’origine d’une nouvelle doctrine: le béhaviorisme.

Edward L. Thorndike (1874-1949) Animal intelligence : Experimental studies (1898-1901) Américain, ancien élève de Wundt, se détourne de l’étude de la conscience. Etudie la manière dont un animal sort d’une boite à problème : - Établissement de connexions stimulus-réponse. - Loi de l’effet : force des connexions renforcée si satisfaction. - La récompense est le facteur principal de l’apprentissage. - Loi de l’exercice : plus l’animal fait l’expérience d’une connexion stimulus-réponse, plus forte elle devient. Thorndike est un des précurseurs du béhaviorisme.

2.2 Le béhaviorisme redéfinition de l’objet de la psychologie L’objet de la psychologie sera le comportement (Ivan P. Pavlov (1849-1936), Henri Piéron (1881-1964), John B. Watson (1878-1958). Sechenov (1829-1905), russe: la psychologie doit être étudiée avec les méthodes objectives de la physiologie (les réflexes). Pavlov I. russe, spécialiste de la digestion, découvre les réflexes conditionnés vers 1897. Présentation internationale, Madrid 1903. Piéron H. (1908) L’évolution du psychisme et l’étude objective du comportement. (cf. Psychologie Française, 2000, vol. 45). Watson J.B. (1913) Psychology as the behaviorist views it. Psychological Review. Spécialiste du comportement animal, il assigne à la psychologie le but de prédire et contrôler le comportement observable.

Principes du béhaviorisme Seul le comportement est observable. “Pour le béhavioriste, la psychologie est une science naturelle purement objective” (Watson). Le but de la psychologie est de dégager les relations stimulus- réponse (S-R) sans faire appel à des concepts mentalistes. Permet l’étude du psychisme des enfants avant l’apparition du langage et des animaux. Développement de méthodes expérimentales objectives (rejet de l’introspection). Applications possibles principalement dans la pédagogie. Les apports principaux concernent l’apprentissage et le conditionnement Edward Thorndike (1874-1949) loi de l’effet, Ivan P. Pavlov (1849-1936) conditionnement répondant, Burrhus F. Skinner (1904-1989 ) conditionnement opérant.

Ivan P. Pavlov (1849-1936) conditionnement répondant Etudiant les mécanismes de la digestion, Pavlov découvre que ses chiens ne salivent pas qu’à la vue de la nourriture (réflexe inconditionnel), mais aussi pour d’autres stimuli associés à la nourriture. Il parlera de réflexe psychique et plus tard de réflexe conditionné.

Déroulement d’un conditionnement Avant Conditionnement nourriture entraîne salivation Stimulus Inconditionnel (SI) Réponse Inconditionnelle (RI) Habituation n’entraîne pas de salivation Stimulus Conditionnel (neutre) Aucune réponse cloche Pendant le Conditionnement suivie de la nourriture entraîne salivation Stimulus Conditionnel(SC) Stimulus Inconditionnel Réponse Inconditionnelle cloche Après Conditionnement entraîne salivation Stimulus Conditionnel Réponse Conditionnée (RC) cloche

Caractéristiques du Conditionnement Le conditionnement va sa manifester par une phase d’acquisition (apprentissage) pendant les couplages SC + SI. Lorsque SI cesse d’être présenté, il y a diminution progressive de la RC (extinction). L’extinction est un phénomène actif (inhibition) et non un oubli passif comme le montrent les récupérations spontanées de la RC. Généralisation des stimuli proches du SC non présentés pendant l’acquisition évoquent la RC. Si ces stimuli généralisés ne sont jamais renforcés par la présentation du SI, il y a discrimination.

Burrhus F. Skinner (1904-1989) conditionnement opérant En 1928, Jerzy Konorski (1903-1973) en Pologne décrit une autre forme de conditionnement : le conditionnement instrumental (Conditioned Reflexes and Neuron Organization, 1948) notion déjà présente chez Thorndike Dans cette lignée, B. Skinner va développer ce conditionnement et l’appeler conditionnement opérant. Le renforcement (nourriture) est fourni seulement si l’animal presse une clef réponse dans certaines conditions. Boites de Skinner

Conditionnement opérant 1) une réponse  Renforcement (ou stimulus inconditionnel) 2) Stimulus discriminatif (=Conditionnel)  Renforcement Programmes de Renforcement - Rapport Fixe (fixed ratio) : seules les réponses apparaissant après n réponses successives sont renforcées (ex/ FR15). - Intervalle Fixe (fixed interval) : le renforcement n’est disponible qu’après un intervalle temporel fixe après la présentation du stimulus discriminatif (ex. FI20). Rapport Variable (variable ratio) ressemble à RF, mais le nombre de réponse est ici une moyenne VR15 peut varier de 3 à 22. Intervalle Variable (variable interval) ressemble à FI, mais l’intervalle temporel est une moyenne.

Plusieurs béhavioristes avérés ont cependant transgressé le ‘dogme’ (S→R) en introduisant des concepts mentalistes.

Force de la réponse E = (H x D) – (SIR + IR) Clark Hull (1884-1952) Considérait qu'entre S et R il fallait prendre en compte des variables intermédiaires (ou theoretical constructs) en nombre limité (principe d'économie) telles que la force de l'habitude (habit strength) ou le niveau de besoin (drive level) que l'on peut inférer à partir des observations S-R. Hull a formalisé sa théorie (Principles of behavior, 1943) sous une forme mathématique. Récupération d’une habitude positive (H) Récupération d’une inhibition conditionnée (SIR) Multiplie H par motivation (D) Ajouter la fatigue (IR) Calcul de la différence Seuil stimulus conditionnel Trace interne du stimulus Vitesse Amplitude R Force de la réponse E = (H x D) – (SIR + IR)

Edward C. Tolman (1887-1955) Edward C. Tolman (1889-1959) (Purposive behavior in animal and men, 1932). Propose une théorie intentionnelle (purposive) faisant appel à de nombreux concepts cognitifs comme connaissances, pensée, planification, inférence etc. Connaissance de l'environnement organisée en cartes cognitives. L’apprentissage est fonction de la motivation (faim) et de la récompense.

Carte mentale BUT Temps 1 : le rat explore librement le labyrinthe. Temps 2 apprentissage : toutes les allées sont libres, le rat choisit l’allée 1. Temps 3 l’allée 1 est fermée, le rat choisit de passer par l’allée 2. Temps 4 les allées 1 et 2 sont fermées, le rat passe par l’allée 3. BUT Chambre de départ Conclusion : pendant le temps 1, le rat a appris une carte du labyrinthe qui lui permet de changer de chemin lorsque le plus court n’est plus disponible.

Renforcement Pour Thorndike (1874-1949) c'est l'effet de la réponse, la satisfaction qui l'accompagne qui renforce la connexion S-R. Pour Ewin R. Guthrie (1886-1959) c'est la simple contiguïté temporelle qui renforce la probabilité de la RC. Skinner qui est un des béhavioriste les plus orthodoxes a une position originale. Il distingue deux types de réponses : celles qui sont contrôlées par les stimuli (dans le conditionnement répondant, pavlovien) et celles qui sont contrôlées par leurs conséquences (dans le conditionnement opérant). Pour Skinner, les deux types de conditionnements correspondent à des principes différents. Dans le conditionnement répondant, c'est bien la contiguïté qui est responsable du conditionnement. Dans le conditionnement opérant la probabilité d'émission de la réponse augmente compte tenu de ses conséquences. Ce dernier principe ressemble à celui qui est en cause dans la sélection des membres d'une espèce dans la phylogenèse.

Applications des théories du conditionnement Dressage des animaux Pédagogie, exemple enseignement programmé Thérapies désensibilisation (phobies)

Gestalttheorie Une tradition phénoménologique de la psychologie s’est développée en Autriche, en Allemagne, puis aux USA où beaucoup de ses membres ont émigré au moment de la montée du nazisme. Pour la Gestalttheorie, ce qui compte c’est la structure des phénomènes. Il s’agit d’une approche holistique opposée à l’approche analytique (associationiste ou béhavioriste). La Gestalttheorie ou Théorie de la Forme est une réaction contre l’associationnisme : le tout est différent de la somme des parties. La perception n’est donc pas une combinaison de sensations. Max Wertheimer, Kurt Koffka et Wolfgang Köhler vont développer les conceptions d'Ehrenfels en affirmant la prééminence du tout, de la structure, sur les parties. La structure que nous percevons est due à la structure de la stimulation. Il en est ainsi parce que il existe un isomorphisme entre la structure du monde physique et la structure du monde psychologique. La perception est immédiate et ne se décompose pas phénoménalement.

Théorie de la Forme Max Wertheimer(1880-1943) Über Gestalttheorie 1925. développe les principes de la théorie à partir de l’étude du mouvement apparent (pas association de sensations). Kurt Koffka (1886-1941) Principles of Gestalt Psychology 1935 décrit les principales lois de la forme (groupement). proximité similarité continuité fermeture

Gestalttheorie et apprentissage Wolfgang Köhler (1887-1967) Gestalt Psychology (1929) Devenu directeur de la station de primatologie de Ténérife, il étudie l’apprentissage chez le chimpanzé dans des situations complexes. S’oppose aux conceptions de Thordike (apprentissage progressif par essai et erreur). Découverte soudaine de la solution (insight) par restructuration des données.

Le gestaltisme s’oppose aux conceptions analytiques (élémentaristes) de la psychologie de la conscience (Wundt) tout autant qu’à celles du béhaviorisme. C’est une phénoménologie. Son postulat de base est celui d’un isomorphisme entre la structure du monde physique et celui de la perception. Il se préoccupe des lois d’organisation des formes et non des mécanismes d’association des éléments. Il adopte une position nativiste à l’opposé des conceptions empiristes qui prédominent en psychologie : les structures sont données et non construites.