Chapitre 3 Indicateurs macroéconomiques

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Chapitre 3 Indicateurs macroéconomiques Mario Fortin MBA pour cadres Université de Sherbrooke Automne 2011

3.1 Le schéma de base de la macroéconomie Le flux réel des B+S et des facteurs circule en sens horaire. Le flux monétaire circule en sens anti-horaire. Ménages Biens et services Travail, terre, capital B&S Impôts nets Marché des produits lois Marché des facteurs lois Gouvernement Dépenses en biens et services B&S Salaires, rente, intérêt Impôts nets Entreprises

La mesure de la production agrégée sur le marché des biens et sur le marché des facteurs Puisque les ménages sont propriétaires des entreprises, ils possèdent tous les facteurs de production. Ils louent sur le marché des facteurs le capital pour un intérêt (ou un profit), le travail pour un salaire et la terre pour un loyer. Ceci leur permet d’obtenir un revenu qu’ils dépensent sur le marché des produits pour obtenir des biens et services. Le gouvernement intervient en déterminant les règles par les lois. Ils prend aussi une part des revenus par ses impôts et taxes. Avec ces revenus fiscaux il peut effectuer des transferts ou encore acheter des produits qui fourniront des services publics. Puisque le profit est ultimement distribué aux ménages, la valeur de la production mesurée sur le marché des biens est identique à la valeur des revenus gagnés sur le marché des facteurs. Cette identité de résultat découle du fait que la dépense de A est le revenu de B.

La valeur agrégée de la production Le produit intérieur brut (PIB) nominal est la valeur au marché de tous les biens et services (B&S) finis produits dans un territoire (pays, province) au cours d’une période donnée (un an, un trimestre). Trois termes importants : nominal, intérieur et biens finaux. Le PIB nominal mesure la valeur courante des B&S et reflète les changements de quantité aussi bien que les changements de prix. (Opposé : PIB réel enlève l’effet des variations de prix) Il est intérieur car il mesure la valeur de la production sur le territoire. (Opposé : Produit national brut qui mesure la valeur des B&S finaux produits par des ressources de propriété canadienne) Seuls les biens finaux comptent, c’est-à-dire que les biens intermédiaires qui sont incorporés dans un bien final (Ex. la farine dans le pain) ne sont pas comptabilisés. Sur le principe que les revenus d’une personne proviennent des dépenses d’une autre, on calcule le PIB de deux manières qui donnent le même résultat : 1. La somme des dépenses finales qui donnent lieu à une production ; 2. La somme des revenus découlant de la production.

La méthode par les dépenses La comptabilité nationale définit quatre catégories d’agents : les ménages les administrations publiques les entreprises le reste du monde La consommation (C) vient des achats des ménages. Les entreprises investissent (I) dans la formation brute de capital fixe et faisant varier les stocks de produits. Le gouvernement achète des biens et services (G) Le reste du monde achète les exportations (EX) et vend les importations (IM). On a donc l’identité PIB ≡ C + I + G + (EX – IM) Notez que l’identité est respectée car si un bien est produit mais n’est pas vendu, il s’accumule dans les stocks des entreprises, donnant lieu à un investissement.

Combien vaut le PIB canadien ? Les valeurs qui suivent indiquent la valeur de la demande finale pour la période de 4 trimestres terminée au second trimestre de 2010. Types de dépenses Millions Pourcentage Consommation des ménages 919 480$ 58,5% Investissement des entreprises 270 702$ 17,2% Achats de biens et services par les gouvernements 405 962$ 25,8% Exportations de biens et services 456 792$ 29,0% Importations de biens et services -481 367$ -30,6% Divergence statistique 1 264$ 0,1% Produit intérieur brut 1 572 833$ 100,0% Source : http://www.statcan.gc.ca/nea-cen/list-liste/gdp-pib-fra.htm

Les limites du PIB comme mesure du niveau de vie et du bien être On reconnaît les limites suivantes au PIB Les activités hors marché (travail domestique, travail au noir et activités illégales) ne sont pas incluses. La dégradation environnementale n’est pas prise en compte. De même la disparition de ressources naturelles n’est pas soustraite. Ainsi, dans les années 70, grâce à l’exploitation de mines de phosphate, les quelques milliers d’habitants de Nauru avaient le deuxième plus haut PIB par habitant de la planète. L’épuisement de la ressource a laissé l’ile à nu, sans terre arable et avec un très faible revenu. Le PIB valorise des activités nuisibles comme la production d'armes, de cigarettes, etc. De même la lutte aux nuisances (services de sécurité, reconstruction après un tsunami) fait augmenter le PIB alors que la destruction n’est pas soustraite. L'objectif du PIB est de mesurer la production, non pas le bien être ou le bonheur. D'autres indicateurs ont été créés pour tenter de mesurer le niveau de développement comme l‘indice de développement humain.

Quelques remarques sur la mesure Comme on veut mesurer la production courante les ventes de biens usagés (Ex. maison déjà construite, voiture usagée) ne sont pas incluses. Par contre le travail des vendeurs et courtiers (les activités ayant permis la transaction) est inclus. Les activités hors marché (travail domestique, travail au noir et activités illégales) ne sont pas incluses. La dégradation environnementale n’est pas prise en compte et on peut même augmenter le PIB en nettoyant la pollution …et couper une forêt pour produire du papier ajoute au PIB car on valorise la papier mais on ne déduit pas la perte de la forêt. La construction d’une nouvelle maison est considérée comme un investissement et fait partie de la demande finale d’une entreprise. La construction terminée, il y a transfert d’actif à l’acheteur, transaction qui n’est pas comptabilisée. Par contre les ventes de véhicules neufs font partie de C, I ou G, selon la catégorie d’acheteur.

Le calcul du PIB réel Si le PIB nominal double parce que tous les prix ont doublé, la population ne peut pas accéder à davantage de biens et services. On appelle PIB réel la mesure du volume de production (alors que le PIB nominal mesure la valeur de la production). Pour l’obtenir on ajuste le PIB en terme de dépenses pour éliminer l’effet des variations de prix. On estime la variation moyenne des prix à l’aide d’un indice enchaîné. C’est une méthode qui produit les résultats les plus justes lorsque les quantités et les prix changent dans des proportions différentes. La valeur moyenne des prix de la production par rapport aux prix lors d’une année arbitraire (présentement 2002) est appelé l’indice implicite des prix du PIB (IIPPIB). Le PIB réel est obtenu en divisant le PIB nominal par l’indice implicite des prix, soit PIB réel = 100*PIB/IIPPIB. Puisque les prix tendent à augmenter dans le temps, le PIB réel augmente moins vite que le PIB nominal.

Produit intérieur brut du Canada (milliards de $)

Calcul de l’indice des prix du PIB Supposez qu’un pays ne produise que des autos et des camions tel que décrit sur le tableau suivant et qu’entre 2002 et 2003 le prix des autos demeure stable tandis que celui des camions augmente de 50%. Toujours entre 2002 et 2003, la quantité de voitures produites baisse de 100 à 50 et celle de camions augmente de 50 à 100 unités. Le PIB nominal augmente de 3,5 à 4,5 millions de dollars, une hausse de 57%. Mais quelle est la hausse moyenne de prix? Année QAutos QCamions PAutos PCamions PIB 2002 100 50 20 000 30 000 3 500 000 2003 45 000 5 500 000

Un indice enchaîné mesure la croissance de l’IIPPIB Selon les quantités produites en 2002, la hausse moyenne des prix est de (100×0% + 50×50%)/150 = 16,7%. Par contre, selon les quantités produites en 2003, la hausse moyenne des prix est de (50×0% + 100×50%)/150 = 33,3%. Ce deuxième résultat est plus élevé car en 2003, on produisait relativement plus de camions qui ont connu une forte hausse de prix qu’en 2002. Le choix de l’année où on choisit les quantités étant arbitraire, prendre le résultat moyen des deux calculs permet d’obtenir une meilleure estimation de la croissance moyenne des prix entre 2002 et 2003, dans ce cas 25%. Si l’IIPPIB vaut 100 en 2002 (choix arbitraire) alors il vaut 125 en 2003. Le PIB réel de 2003 serait alors, en dollars enchaînés de 2002, 100×$5 500 000/125 = $4 400 000 et la croissance du PIB réel de 100×($4 400 000 - $3 500 000)/$ 3 500 000 = 25,7%. Le calcul est répété à chaque année.

L’approche par les revenus Les dépenses d’un agent créant les revenus d’un autre, on doit avoir une égalité entre la somme des revenus et des dépenses. L’approche par les revenus mesure comment les revenus se répartissent entre les grands types de revenus. La rémunération des salariés représente un peu plus de la moitié des revenus. Les profits étant très sensibles au cycle économique, leur part (14,6% en 2007) tend à fluctuer selon l’état de la conjoncture (10,8% au 3ème trimestre de 2001). C’est la rémunération des salariés qui voit alors son importance relative augmenter.

La méthode par les revenus Période de 4 trimestres terminée au second trimestre de 2010. Types de revenus Millions Pourcentage Rémunération des salariés 832 460$ 52,9% Bénéfices des sociétés avant impôts 177 428$ 11,3% Intérêts et revenus divers de placements 66 505$ 4,2% Revenu net des entreprises individuelles 104 235$ 6,6% Ajustement de la valeur des stocks 2 591$ 0,2% Impôts moins subventions sur facteurs de prod. 72 181$ 4,6% Produit intérieur net aux prix de base 1 255 401$ 79,8% Impôts moins subventions sur produits 95 054$ 6,0% Provisions pour consommation de capital 223 642$ 14,2% Divergence statistique -1 264 $ -0,1% Produit intérieur brut aux prix du marché 1 572 833$ 100,0% Source : http://www.statcan.gc.ca/nea-cen/list-liste/gdp-pib-fra.htm

Comment calculer le taux de croissance du PIB Lorsqu’on prend les valeurs annuelles du PIB, le taux de croissance en pourcentage se calcule de la manière suivante : ΔPIB en % = 100×(PIBt - PIBt-1)/PIBt-1 À partir des données trimestrielles on veut souvent calculer le taux de croissance en glissement annuel du PIB, donc savoir quelle fut la croissance depuis le trimestre correspondant de l’année précédente. On calcule alors ce taux de croissance de cette manière : ΔPIB en % = 100×(PIBt - PIBt-4)/PIBt-4

L’argent c’est le bonheur ? Même si le PIB par habitant ne vise pas à calculer le bien être, on observe une forte corrélation entre le PIB réel par habitant et la satisfaction à l’égard de la vie qu’on mesure dans les sondages. En 1974, Richard Easterlin publia une étude1 montrant qu’à l’intérieur d’un pays, les gens à haut revenu ont plus de chance de se déclarer heureux. Cependant, le niveau de « bonheur moyen » observé entre les pays ne semble pas affecté par le PIB réel moyen par habitant, une fois que les besoins de base sont satisfaits (i. e. si on exclut les pays les plus pauvres de l’échantillon). D’autres ont noté que la croissance économique ne semble pas augmenter de manière séculaire le bonheur moyen dans un pays. C’est ce qu’on appelle le paradoxe d’Easterlin, qu’on expliquait par le fait que les gens sont plus sensibles à leur revenu relatif qu’absolu. (Effet « keeping up with the Joneses » exploité dans le film La famille Jones) 1 “Does Economic Growth Improve the Human Lot?” In: David, Paul A. et Reder, Melvin W., Editors, 1974. Nations and Households in Economic Growth: Essays in Honour of Moses Abramovitz, Academic Press.

Comparaison internationale du PIB par habitant et de la satisfaction à l’égard de la vie Source : http://www.gallup.com/poll/104608/worldwide-residents-richer-nations-more-satisfied.aspx

L’argent c’est le bonheur ? (Suite) La partie gauche de la figure, qui concerne les pays ayant les revenus les plus faibles, montre une claire association entre la prospérité économique et la satisfaction à l’égard de la vie. Cependant, au-delà d’environ 10 000 $ par habitant, l’association positive est plus difficile à percevoir. Par exemple les habitants du Venezuela et de l’Arabie Saoudite déclarent une satisfaction comparable à celle des américains ou des français. Mais en fait, même à ces niveaux de revenu, les gains de PIB réel par habitant ont un effet sur le bien être déclaré lors des enquêtes. Cela ressort mieux lorsqu’on mesure la satisfaction à l’égard du logarithme du PIB réel par habitant. (Note : une échelle logarithmique signifie qu’une hausse d’un pourcentage donné du PIB a un effet constant sur l’échelle du bonheur. On constate que c’est presque vérifié sur la figure suivante). C’est ce qu’on pourrait appeler une satisfaction marginale décroissante du revenu : si on avait 1000$ par habitant à dépenser, il créerait plus de bonheur additionnel au Togo qu’aux États-Unis.

Les gains de satisfaction continuent mais à un taux décroissant http://www.economist.com/blogs/dailychart/2010/11/daily_chart_1

L’argent c’est la santé… Les pays prospères ont une population en meilleure santé. Ceci ne pourrait être mieux illustré que par l’extraordinaire vidéo de Hans Rosling intitulée “200 Countries, 200 Years in 4 Minutes - The Joy of Stats”. Cette vidéo, initialement présentée sur les ondes de la BBC, montre de manière spectaculaire comment la croissance économique des pays s’est accompagnée au cours des deux derniers siècles d’une hausse concomitante de l’espérance de vie (disponible sur Youtube à l’adresse http://www.youtube.com/watch?v=jbkSRLYSojo ). Cette présentation a été faite à partir des outils disponibles sur le site http://www.gapminder.org/ On peut visualiser par exemple la baisse tendancielle marquée de la fécondité, de la mortalité infantile, etc.

Quel taux de change permet de comparer les PIB des différents pays? Chaque pays évalue sa production dans sa monnaie nationale. Afin de permettre les comparaisons internationales les PIB doivent être exprimés dans une monnaie commune, habituellement le dollar US. Si la conversion utilise les taux de change courants, on néglige le fait que le coût de la vie n’est pas identique partout. Par exemple, si des mouvements financiers déprécient le réal de 20% cela fait diminuer d’autant le PIB du Brésil par rapport à celui des USA alors que les niveaux de vie relatifs demeurent inchangés. Afin d’obtenir une meilleure comparaison du niveau de vie des différents pays, on ajuste les taux de change par les différences de coût de la vie. Cet ajustement revient à comparer les PIB des différents pays sur la base du taux de change assurant la parité du pouvoir d’achat, désignée par PPP (Purchasing power parity), une théorie de la détermination du taux de change dictant qu’à long terme, la mobilité des biens (ou des ressources) devrait faire en sorte que les biens tendent vers un prix identique, peu importe où ils sont consommés.

L’arbitrage explique la parité des pouvoirs d’achat Le raisonnement sous-jacent à la PPP est basé sur l’arbitrage, soit les opérations visant à acheter à bas prix pour vendre à prix élevé. L’arbitrage peut se faire dans l’espace ou dans le temps. Par exemple supposons qu’au taux de change courant un bien échangeable est moins coûteux dans le pays A que dans le pays B. Il est alors avantageux d’acheter le bien dans le pays A et de l’exporter vers le pays B pour l’y vendre. Ainsi, la demande de ce bien augmente dans le pays A tandis que l’offre s’accroît dans le pays B, faisant baisser le prix dans le pays A et augmenter dans le pays B. Le mouvement s’interrompt lorsque la différence de prix est moindre que les coûts de transaction et de transport. Il y a donc tendance à l’égalisation du prix des biens échangeables entre les pays. Évidemment les taxes à la consommation locales peuvent expliquer les écarts persistants de prix (ex. l’essence se vend à des prix très différents même si le pétrole brut se vend à peu près au même prix partout).

Mais les taux de change dévient de la PPP Malgré cette théorie, on observe des différences importantes et durables entre les taux de change courants et ceux de la PPP. Globalement on observe que les pays développés ont un coût de la vie plus élevé que les pays moins développés car des écarts de prix considérables subsistent pour les biens non échangeables (ex. logement) et les services (effet Balassa-Samuelson). Ainsi, une coupe de cheveux coûte bien plus à Paris qu’à Bombay, un repas au restaurant est plus cher à Tokyo qu’à Ho Chi Minh City (Vietnam), etc. Intuitivement, l’effet Balassa-Samuelson repose sur le fait que les salaires dans les secteurs non échangeables doivent être concurrentiels avec ceux des secteurs échangeables même si des écarts de productivité sont importants entre les secteurs non échangeables des différents pays. La revue The Economist publie l’indice Big Mac, montrant la différence de prix d’un bien homogène, le Big Marc. Source : http://www.economist.com/markets/bigmac/about.cfm

Lien entre le coût de la vie et le niveau de vie Source : Garton, P. et J. Chang (2005), “The Chinese currency: how undervalued and how much does it matter?” http://www.treasury.gov.au/documents/1042/HTML/docshell.asp?URL=08_RMBundervaluation.asp

Quels pays ont le PIB le plus élevé ? Qu’on compare les PIB courants ou les PIB selon la PPP, les USA ont le PIB le plus élevé, comparable à celui de l’Union Européenne (27 pays). Sur la base de la PPP, l’ordre des 10 principaux pays est le suivant : Pays PIB en milliards de $US USA 14 624 République populaire de Chine 10 084 Japon 4 309 Inde 4 001 Allemagne 2 932 Russie 2 218 Brésil 2 182 Royaume Uni 2 181 France 2 146 Italie 1 771 Source : http://en.wikipedia.org/wiki/List_of_countries_by_future_GDP_estimates_(PPP)

Liste des pays selon le PIB par habitant (PPP)

La « densité » du PIB au kilomètre carré Source : http://holtz.org/Library/Images/KnowingHumans/GDP%20Density%20Map.gif

3.3 L’inflation

L’indice des prix à la consommation La mesure la plus connue de l’inflation est basée sur le taux de croissance de l’indice des prix à la consommation. La construction de cet indice repose sur l’Enquête sur les habitudes de consommation. Elle est conduite tous les 4 ans pour établir de quelle manière les ménages répartissent leurs dépenses entre les différents biens et services disponibles. L’enquête doit être renouvelée régulièrement car les nouveaux produits et les changements de prix modifient les habitudes. Entre chaque enquête on calcule l’inflation en supposant que le panier est fixe. Statistique Canada utilise présentement l’enquête de 2005 pour établir le panier type de consommation. Les téléphones intelligents sont certainement sous représentés.

Un panier fixe et des prix changeants Une enquête mensuelle est conduite pour mesurer les prix d’environ 600 produits dans 64 agglomérations canadiennes. Les enquêteurs doivent essayer de repérer des produits de qualité équivalente d’un mois à l’autre (Ex. vêtements). L’indice des prix à la consommation (IPC) mesure le prix actuel du panier type par rapport au coût de ce même panier pendant une année de base arbitraire (présentement 2002). Une valeur de 110 à l’indice signifie que si on attribue un coût arbitraire de 100 au panier en 2002, le prix actuel de ce même panier est maintenant de 110, soit une hausse de 10%.

La formule de calcul de l’IPC L’année de base est celle où on fixe arbitrairement la valeur de l’indice à 100. Actuellement l’année de base est 2002. Puisque l’année d’enquête est actuellement 2005 l’IPC de 2010 peut donc s’écrire par la formule :

Composantes du panier type de consommation en septembre 2006 et septembre 2007 Produits  Part du budget Prix 09/2007 09/2006 Δ en % sur 1 an Aliments 17,0% 110,9 108,8 1,9% Logements 26,6% 117,8 114,0 3,3% Habillements 5,4% 97,4 98,5 -1,1% Transports 19,9% 116,9 112,8 3,6% Santé et soins personnels 4,7% 107,6 106,0 1,5% Loisirs 12,2% 103,4 101,5 Alcools et tabac 3,1% 126,6 122,0 3,8% Autres 11,1% 103,7 102,1 1,6% Ensemble 100,0% 111,9 109,2 2,5% Source : Statistique Canada, Catalogue 62-001, septembre 2007

Biais dans la mesure de l’inflation L’IPC n’est pas une mesure du coût de la vie. En effet, certains biens sont exclus (ex. logement). De plus, les changements de dépenses ne sont pas pris en compte. On reconnaît que l’IPC surestime la vraie hausse du coût de la vie pour les raisons suivantes : 1. Biais de substitution; les gens peuvent en partie éviter la hausse du coût de la vie en remplaçant les biens devenus relativement coûteux par d’autres devenus relativement peu dispendieux. 2. Biais de qualité : malgré les tentatives de comparer des biens de qualité égale, on ne capte pas entièrement les gains de performance (Ex. qualité de la reproduction sonore). 3. Biais de nouveaux produits : lorsque des nouveaux produits apparaissent ils ne sont pas assez rapidement inclus dans le panier type et on manque souvent la période où les prix baissent le plus (peu après leur mise en marché, ex. lecteurs de DVD)

70 ans d’inflation au Canada

L’IPC au Canada depuis 1914 (2002 = 100)

Problèmes découlant de l’inflation Une façon différente de définir l’inflation consiste à dire que la valeur de la monnaie (son pouvoir d’achat) baisse avec le temps. Elle a comme conséquence que l’information donnée par les prix relatifs est moins bien perçue ce qui entraîne une allocation inefficace des ressources. Comme l’inflation élevée est aussi plus instable, elle fait en sorte que les contrats touchant le crédit (épargnants, rentiers, assurance vie, prêteurs, investissements à LT, contrats salariaux) deviennent plus risqués. En effet, il est plus difficile de savoir quel sera le pouvoir d’achat de la monnaie lors du remboursement du prêt. En réaction, on peut observer une disparition des marchés à terme et un raccourcissement des échéances moyennes de crédit. Enfin, l’inflation tend aussi à faire déprécier la monnaie sur les marchés du change.

Pouvoir d’achat du $C depuis 1914 (échelle logarithmique)

Cause de l’inflation L’inflation soutenue est causée par une expansion de la demande agrégée plus rapide que la croissance des capacités productives. Seule une croissance exagérée de la quantité de monnaie peut rendre possible une croissance trop rapide de la demande agrégée. Le vieil adage dit que l’inflation est «…too much money chasing too few goods ». C’est la politique monétaire de la banque centrale qui doit s’assurer que la quantité de monnaie n’augmente pas plus vite que les capacités productives. Cependant, presque toujours, c’est l’endettement public exagéré qui explique pourquoi la banque centrale s’est vue dans l’obligation de créer trop de monnaie. Le contexte actuel, où les crises budgétaires se multiplient, est favorable à voir s’établir une forte inflation. Les gouvernements rembourseraient leur dette…mais avec de la monnaie dévaluée. Évidemment, une telle option n’est pas disponible pour les pays n’ayant pas de monnaie nationale (Ex. Grèce).

3.4 Le chômage

Le chômage: définition L’enquête sur la population active est effectuée chaque mois par Statistique Canada. On questionne environ 50 000 ménages pour établir le statut des personnes sur le marché du travail et calculer le taux de chômage Est considérée en chômage la personne de 15 ans et plus hors institutions (POP) qui est sans emploi, est prête à travailler et satisfait à au moins une des 3 conditions suivantes: a activement cherché un emploi salarié au cours des quatre semaines, ou : a été mise à pied mais prévoit reprendre son emploi; ou va se présenter à un nouvel emploi dans les quatre semaines suivantes Notez qu’aucune de ces conditions n’est liée au fait d’être prestataire d’assurance emploi

Actif ou inactif ? Trois ratios clés sont utilisés pour étudier le marché du travail : le taux de chômage (TC), le taux d’activité (TA) et le taux d’emploi (TE). Les actifs (A) sont les personnes qui sont soit en emploi (E) soit en chômage (U). ON a donc A = E+U Le taux d’activité est la proportion de la population de 15 ans et plus qui est active, soit TA = 100×A/POP Le taux d’emploi est la proportion de la population de 15 ans et plus qui occupe un emplois, soit TE = 100×E/POP Le taux de chômage est la proportion des actifs qui est en chômage, soit TC = 100×U/A = 100×(A-E)/A

Le taux d’emploi et le taux de chômage

Le taux d’emploi et le taux d’activité

L’emploi connaît une forte saisonnalité

Différentes causes au chômage 1- Chômage frictionnel : mobilité normale de la main d’œuvre lorsqu’elle passe d’un emploi à un autre (recherche d’emploi en information imparfaite). 2- Chômage structurel :modification des structures de l’économie. Inadéquation des compétences et des lieux de travail, réglementation, 3- Chômage saisonnier : découle des emplois saisonniers 4- Chômage cyclique (conjoncturel) : partie du chômage qu’on peut éliminer si l’activité économique augmente 5- Chômage incompressible = Chômage total - chômage cyclique = Chômage frictionnel + structurel + saisonnier 6. Chômage naturel : niveau de chômage correspondant à un taux d’inflation stable et bien prévu. La France a des problèmes de chômage élevé surtout chez les jeunes car la réglementation y est très rigide. Les mises à pied étant très coûteuses, les entreprises sont réticentes à créer de l’emploi.

Le chômage naturel n’est pas fixe Le taux de chômage naturel varie pour les raisons suivantes La composition démographique : La proportion des gens plus âgés le fait baisser, l’importance relative des jeunes le fait augmenter ). Les prestations d’assurance emploi : elles le font augmenter car il abaisse le coût de chercher un emploi -> on cherche plus longtemps. Les prestations d’assistance sociale le font diminuer (car moins de gens cherchent un emploi) Le rythme auquel les emplois se gagnent ou se perdent n’est pas fixe (Structures de production) et les régions ou se créent les emplois varient selon les circonstances (Ex. : sables bitumineux).