L’âge d’or de l’Inde classique

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Transcription de la présentation:

L’âge d’or de l’Inde classique L’INDE DES GUPTA L’âge d’or de l’Inde classique Patricia RAZE et Marion BEILLARD

L’usage de ce diaporama Ce diaporama n’est pas destiné à l’usage direct en classe Ce diaporama est : Une approche personnelle de l’Inde des Gupta Une boîte à idées pour découvrir le thème… y compris avec des éléments qui sortent du programme

Bibliographie sommaire (1) Ouvrages généraux : L’art de l’Asie du Sud-Est, « L’art et les grandes civilisations », Citadelles et Mazenod, Paris, 1994 A. Basham, La Civilisation de l’Inde classique, Paris, Arthaud, 1988 J. Auboyer, La Vie quotidienne dans l’Inde ancienne : du IIème siècle av JC au VIIème siècle, Paris, Hachette, 1961 J. Filliozat, Les Philosophies de l’Inde, « que sais-je ? », PUF, paris, 1987 L. Renou et J. Filliozat, l’Inde classique, Paris, Maisonneuve, 1985

Bibliographie sommaire (2) Ouvrages spécifiques : A. Okada et T. Zéphir, L’âge d’or de l’Inde classique, Paris, Découvertes Gallimard, Réunion des Musées Nationaux, 2007 M. C. Joshi, L’Age d’or de l’Inde classique, l’Empire des Gupta, catalogue de l’exposition (Grand Palais, printemps 2007), Editions de la RMN, avril 2007 Site du musée Guimet, très riche sur le bouddhisme – www.guimet.fr

I. UNE TENTATIVE D’UNIFICATION POLITIQUE L’Inde avant les Gupta L’empire des Gupta Un empire puissant II. LE RAYONNEMENT CULTUREL : UNE CIVILISATION BRILLANTE A SON APOGEE Une époque novatrice pour les sciences Une littérature sanscrite brillante Le rayonnement d’un art raffiné

III. UN EMPIRE POLYTHEISTE ET TOLERANT Un jaïnisme minoritaire Un bouddhisme en recul Le renouveau de l’hindouisme IV. UN EXEMPLE DE MYTHE HINDOU : GANESH

Intérêt du sujet : C’est l’époque des empereurs Gupta, du IVème au VIème siècle (après JC), qui marque l’apogée de la civilisation indienne classique Délimitation du sujet : en 320, un clan venu du nord (Uttar Pradesh ou Bihâr occidental) prend le pouvoir : début de la dynastie Gupta au début du VIème siècle, disparition du pouvoir Gupta liée aux attaques des Huns et à des troubles intérieurs Les contemporains : En 316 prend fin la dynastie Han (Chine), en 324 Constantin devient empereur et vers 300 débute la civilisation maya classique. Au début du VIème siècle, Justinien (527-565) dirige l’empire byzantin et l’Ostrogoth Théodoric (493-526) fonde son royaume en Italie

I. UNE TENTATIVE D’UNIFICATION POLITIQUE I1 – L’Inde avant les Gupta Vers 1500 av JC, les Aryens s’installent dans la péninsule indienne : ils apportent leur organisation sociale et religieuse et leur langue Représentation aryenne du dieu Brahma

Le Macédonien Alexandre – le - Grand remporte en 326 av JC une bataille contre le roi indien que les Grecs nomment Poros, après avoir passé l’Indus. Monnaie grecque montrant Alexandre coiffé d’une dépouille d’éléphant après la victoire sur Poros.

L’Inde a connu avant les Gupta la grandeur et la décadence de deux grands empires, celui des Maurya (IVème au IIème siècle av JC) et celui des Kushana (du Ier au IIIème siècle après JC) L’empire des Maurya

I2– L’empire des Gupta Une nouvelle dynastie Un clan venu du nord de l’Inde s’empare du pouvoir et constitue un immense empire à la fin du Vème siècle : les Gupta. Après un siècle de désordres, l’avènement de cette dynastie apparaît comme le point de départ d’une nouvelle ère. Un empire au nord de l’Inde

Les principaux souverains Le fondateur : Chandragupta Ier (320-335). Il marque le début de la lignée des Gupta impériaux en devenant maître de la vallée du Gange et fonde une nouvelle ère. Il prend le titre de roi des rois. Le conquérant : Samudragupta (335-376). Il étend territorialement l’empire, en vassalisant des souverains locaux L’empereur de l’apogée : Chandragupta II (376-415). Il hérite des qualités diplomatiques et politiques de son grand-père et de la valeur militaire de son père. Sous son règne, l’empire atteint sa plus grande extension et connaît un grand rayonnement culture

Pièce commémorant le sacrifice du cheval I3 – Un empire puissant Le sacrifice du cheval Le sacrifice védique du cheval est le plus important : avant d’être sacrifié, l’animal pouvait déambuler librement pendant un an ; les territoires traversés étaient alors considérés comme appartenant au roi. Pièce commémorant le sacrifice du cheval *Véda : savoir, recueil de textes sacrés

Le développement de l’administration Le sceau royal, gravé d’un texte sanscrit, indique la succession dynastique. On y voit Garuda, monture de Vishnu. Sceau royal à la fin de la période gupta

La diffusion d’une monnaie en or Monnaie d’or du règne de Chandragupta II (l’apogée des Gupta) Représentation de la déesse Lakshmi * Lakshmi : déesse de la Fortune, épouse de Vishnu

L’unification du sanscrit Manuscrit sanscrit Le sanscrit s’impose dans la culture à l’époque Gupta comme la parole correcte. Il devient la langue universelle dans l’univers indien, comme langue diplomatique pour les relations intérieures et extérieures.

Instauration du système décimal avec le zéro II. LE RAYONNEMENT CULTUREL II1 – Une époque novatrice pour les sciences Instauration du système décimal avec le zéro

II2 – Une littérature sanscrite brillante La Cour est le creuset où s’exprime le talent de poètes comme Kalidasa - associé au règne de Chandragupta II - qui fut aussi un dramaturge Il existe différents moments d’expression littéraire : fêtes, discussions philosophiques, déclamation de vers. Fleur jamais respirée Bourgeon que n’a coupé nul ongle Perle jamais percée Nectar nouveau dont nul n’a goûté la saveur Fruit préservé des mérites passés Telle est sa beauté sans défaut J’ignore qui sera l’élu du créateur Pour en jouir en ce monde Description de Shakuntala par le roi, extrait de la pièce du même nom écrite par Kalidasa

L’Inde attire des hôtes prestigieux L’Inde attire des hôtes prestigieux. Les étudiants de l’Inde mais aussi des pays bouddhistes fréquentent l’empire des Gupta, attirés par la Cour ou par les universités monastiques comme celle de Nalanda. De retour à Nankin au terme d’un long périple dans les lieux saints du bouddhisme, le pèlerin chinois Faxian (ou Fa-Hien) rédige au début du Vème siècle sa Relation des royaumes bouddhiques. « Les habitants sont nombreux et heureux. Ils n’ont pas à déclarer leurs biens, ou à se soumettre à des magistrats et à leurs règlements. Seuls ceux qui cultivent les terres royales doivent verser une part des gains qu’ils en retirent. S’ils veulent partir, ils partent ; s’ils veulent rester, ils restent. Le Roi gouverne sans trancher les têtes ou recourir aux châtiments corporels. Les coupables reçoivent simplement une amende, plus ou moins lourde, selon la gravité de leurs délits. »

II3 – Le rayonnement d’un art raffiné Danseuses et musiciennes, souvent figurées dans l’art gupta (sculpture sur un linteau de Pawaya)

Deux centres majeurs pour la sculpture Bouddha de Sarnath Bouddha de Mathura

III. UN EMPIRE POLYTHEISTE ET TOLERANT III1 – un jaïnisme minoritaire A l’époque Gupta, les spécificités du jaïnisme s’affirment, ce qui le rend identifiable, tandis que cette religion décline * jaïnisme provient de la racine sanskrite ji (”conquérir”). Il renvoie au combat que le moine jaïn doit mener contre ses passions afin d’accéder à l’omniscience et à la complète purification de son âme. Le Tîrthankara (”passeur de gué”) ou Jina (”vainqueur”) est le sauveur qui a réussi à passer tous les cycles de renaissance et a établi un passage pour les adeptes. Mahâvîra (VIè siècle avant notre ère) était le dernier des 24 Tîrthankara. Temple jaïniste de Khajuraho

III2 – un bouddhisme en recul Fils de roi, le Bouddha historique, Gautama (563-484 ? av JC) appartient à une famille princière du Gange. Il prêche en Inde du nord. Sarnath est le lieu de son premier sermon, où le bouddhisme se maintient. Il décline vite dans le reste de l’empire. Le stupa de Sarnath * Stupa - Tumulus funéraires édifiés sur les cendres de rois défunts, les premiers stûpa ne furent pas religieux. Bientôt construits sur les cendres ou les reliques du Bouddha historique ou sur celles de grands saints, les stupa sont devenus les monuments vénérés par excellence dans le bouddhisme.

Le Bouddha de Katra, au Vème siècle Sculpté à Mathura (un des deux centres de production artistique avec Sarnath), il présente toutes les caractéristiques des représentations canoniques de Bouddha. Le Bouddha de Katra, au Vème siècle

Le site de Nalanda, haut lieu du bouddhisme Il reste des ruines impressionnantes (temples, monastères, sanctuaires, stupas) de la cité monastique et universitaire qui accueillait par milliers maîtres et étudiants de tout le monde bouddhique. Le site de Nalanda, haut lieu du bouddhisme

III3 – Le renouveau de l’hindouisme Dédié au dieu Vishnu et datant du VIème siècle, ce temple témoigne du renouveau de l’hindouisme sous les Gupta. Parmi la triade brahmanique, Vishnu devient pour la dynastie la divinité tutélaire et son culte connaît un essor considérable. Le temple de Deogarh * triade brahmanique : les trois principales divinités : Brahma, Vishnu et Shiva

Une religion polythéiste et complexe Vishnu est ici représenté de manière classique, allongé sur le serpent infini (Ananta) dont les têtes lui servent de dais. A ses pieds, son épouse la déesse Lakshmi. Le sommeil de Vishnu *Vishnu : dieu bienfaiteur, conservateur du monde et protecteur de la vie.

Avatar de Vishnu : Vahara Le sommeil de Vishnu Outre la déesse Terre, suspendue à une de ses défenses, le Sanglier porte sur son corps la multitude des sages et divinités qui ne sont qu’une infime partie de lui-même. * Avatar : incarnation d’un dieu, qui intervient dans la vie des hommes

Avatar de Vishnu : Vahara Le sommeil de Vishnu Le shivaïsme conserve une certaine vigueur sous les Gupta. Parmi ses dévots se compte par exemple le poète Kalidasa Représentation de Shiva (à Khoh) sous forme de pilier * Shiva est le dieu de la destruction, de la mort mais aussi de la procréation. Il provoque le changement

Avatar de Vishnu : Vahara Le sommeil de Vishnu Représentation de Shiva (à Khoh) sous forme de pilier Divinité purificatrice à l’entrée d’un temple dont elle garde le seuil. Terre cuite, déesse fluviale Ganga

IV – UNE EXEMPLE DE MYTHE HINDOU : GANESH Un gros personnage à tête d’éléphant avec une défense brisée et une hache, ainsi que le décrivent les purana * les purana sont les textes sacrés les plus récents (à partir du IVème siècle après JC). Les textes sacrés de l’hindouisme les plus anciens sont les veda. Représentation de Ganesh au Vème siècle

Effigie de Shiva androgyne La mère et son époux : Parvati et Shiva. Cette sculpture gupta montre la fusion, en un seul et même être du dieu Shiva et de son épouse Parvati Effigie de Shiva androgyne * Parvati : déesse dont le nom signifie « fille de la montagne »

Une première version du mythe La belle déesse Parvatî épouse Shiva et donne naissance à son premier enfant Skanda (dieu de la guerre). Elle en éprouve une telle joie qu'un lait sacré jaillit de ses seins. Mélangeant ce divin nectar avec la pâte de santal dont elle s'enduit le corps, la déesse façonne son deuxième enfant : Ganesh, un enfant d'une beauté inégalable. Agacée d'être dérangée lorsqu'elle prend son bain, Parvatî décide de lui confier la garde de sa porte. Lorsque Shiva veut entrer dans la salle d'eau, Ganesh lui en refuse l'accès. Furieux, le dieu lance les Gana (génies formant l'armée des dieux, spécialement de Shiva) contre Ganesh. Dans la lutte, ce dernier a la tête tranchée. Parvatî est inconsolable. Pour réparer sa faute, Shiva redonne vie à Ganesh en lui donnant la tête du premier être vivant qu'il rencontre, un éléphant, et le reconnaît comme son fils. Ainsi, Ganesh devient Ganapati, le maître des Gana.

Une deuxième version du mythe Un autre Purana dit que Parvati brûlant du désir d'avoir un enfant en fait part à Shiva. Il lui demande de suivre une période d'austérité pendant un an, et elle le se plie à cette exigence. Un sage fait subir à Parvati diverses épreuves pour s'assurer de l'intensité de son souhait. Après quoi, une voix lui dit d'aller dans sa chambre chercher son enfant nouveau-né. Elle court, le voit et ne peut en croire ses yeux car il est plus beau que tous les Dieux réunis. Toutes les divinités se précipitent pour contempler cet enfant ; elles lui présentent leurs hommages et s'émerveillent de sa beauté. L'une d'elles, Shani, ne veut pas lever les yeux vers l'enfant et demande que ce soit lui qui baisse la tête. Shani explique que sa femme, jalouse, a prédit que toute personne qu'il regarderait avec admiration serait détruite ! Parvati ne veut pas le croire et exige que Shani fasse comme tous et admire le bébé. Il s'exécute et instantanément la tête de Ganesh est séparée de son corps et s'envole dans l'espace jusqu'au monde de Krishna. Parvati pleure, se lamente. Shiva, comprenant le drame, part aussitôt à la recherche d'une tête. Il rencontre un troupeau d'éléphants endormis. Choisissant un animal couché dont la tête est tournée vers le nord, il la lui tranche et la rapporte. Selon une version, cet éléphant est en fait un Gandharva qui espère être libéré de sa vie terrestre ; une autre version dit qu'il s'agit de la tête du véhicule du dieu Indra. Shiva place cette tête d'éléphant sur le cou de l'enfant Ganesh. Et soufflant la vie dans le corps inanimé, il le présente à Parvati qui est ravie d'avoir un enfant doté de la sagesse et de la puissance d'un éléphant.

Une troisième version du mythe Dans un autre purana, Ganesh est dépeint comme un jeune homme merveilleusement beau naissant de l'éclat du front de Shiva absorbé dans une profonde méditation. Ce fils-né-de-l'esprit de Shiva, est un garçon humain éblouissant. Parvati, contrariée que ce garçon soit né sans son intervention, souhaite que sa tête soit changée en celle d'un éléphant. Cependant, quand elle voit l'enfant à tête d'éléphant, elle ressent un grand amour pour lui, et déclare qu'aucune entreprise, humaine ou divine, ne réussirait sans une prière à Ganapati, que Shiva avait fait Chef des Gana.

La diversité des versions Le rôle de Shiva : si Ganesh a été créé par Parvati sans l'intervention de Shiva, ce dernier joue cependant un rôle puisqu'il permet à Ganesh d'avoir une tête d'éléphant; il le reconnaît comme son fils aîné, mais seulement après cet incident qui l'a transformé. L’origine pré-védique : Parvati déesse pré-védique autochtone, est l'expression de la Mère Divine qui tient une place prééminente. Avant les Aryens, la société dravidienne était matriarcale et les gens vénéraient une forme féminine de la déité, la Mère Divine. L'opération qui dote Ganesh d'une tête d'éléphant fait d'un garçon impétueux et irascible un être de sagesse et de spiritualité. Et c'est Shiva, Seigneur du Yoga, qui préside à cette transformation. Pour découvrir cette tête d'éléphant, Shiva l'envoie chercher vers le nord, une direction bénéfique car le voyage vers le nord est synonyme de voyage vers l'illumination. => Le mythe de Ganesh est issu d’une tradition ancienne, remaniée, au sein d’un territoire gigantesque

La défense brisée et la sagesse de Ganesh Ganesh est souvent représenté avec une défense brisée. De même que pour sa naissance, plusieurs versions existent quant à la perte de cet attribut. On raconte qu'il l'aurait coupée pour remplacer la plume qu'il avait cassée en écrivant le Mahabharata. Pour illustrer la sagesse de Ganesh, on évoque cette légende : Shiva et Parvati ont acquis le fruit qui contient le nectar de la Connaissance et de l'Immortalité. Ganesh et son frère, Skanda, se disputent le fruit. Le couple divin décide que le premier ayant effectué trois fois le tour de l'univers posséderait le nectar. Ganesh sait qu'il est plus lourd et que sa monture (la souris) ne l'aidera pas dans sa course. Il fait alors trois fois le tour de ses parents en déclarant : « Mes parents Shiva et Parvati sont la totalité du monde. En eux se trouve l'univers entier. Je n'ai pas besoin d'aller plus loin ». * Le Mahabharata est le plus grand et un des plus anciens livres du monde (il compte près de douze mille pages et plus de 100 000 vers). Il est à la base même des mythes, de la religion, de l'Histoire, de la pensée indiennes. La toile de fond en est la guerre entre deux clans rivaux pour l'accession au pouvoir.