Thème 3 : Puissance et tensions dans le monde Le Proche et le Moyen-Orient, un foyer de conflits depuis la fin de la Première Guerre mondiale Thème 3 : Puissance et tensions dans le monde La photo montre 3 aspects qui peuvent caractériser dans l’imaginaire le Moyen orient : la guerre (soldat en arme de dos …anonyme), le désert (étendue de sable sans végétation) le pétrole (champs qui brulent et ressources dont sont largement pourvus les pays du golfe) Un soldat iranien, en 1980, devant les raffineries d’Abadan (Iran), l’un des fronts de la guerre Iran-Irak (1980-1988). Avec près d’un million de morts, ce conflit est le plus meurtrier de l’histoire du Moyen-Orient, loin devant le conflit israélo-arabe.
Introduction Le Proche-Orient (expression employée par les diplomates français dès la fin du XIXème) désigne les régions orientales du bassin méditerranéen, de la Turquie à l’Egypte. Cet espace était aussi désigné par l’expression « Levant ». Le Moyen-Orient (expression employée et imposée par les Anglo-saxons -Middle East- dès le début du Xxème) désigne une zone médiane entre Proche et Extrême-Orient, centrée sur le Golfe persique. C’est un espace géographique limité par le Levant à l’ouest, l’Iran et parfois le Pakistan et l’Afghanistan à l’Est. Il s’étend du sud du Caucase à la péninsule arabique. L’Egypte est incluse dans cette région. L’expression de Moyen-Orient est de nature géopolitique. Situé au cœur de "l’arc des crises", le Proche et le Moyen Orient (PMO) représentent les principaux foyers de conflits dans le monde. Les rapports de forces, de rivalités entre États s’y expriment à l’échelle locale comme à l’échelle internationale. Ces conflits sont liés à plusieurs facteurs (politiques, religieux, ethniques, rivalités pour les ressources naturelles…) qui se superposent parfois, ce qui rend la géopolitique de cet espace complexe. Egypte Quels sont les origines et les facteurs des conflits qui secouent le PMO aujourd’hui ? Pourquoi le Moyen Orient est-il une région clé au sein de l’espace géopolitique et économique mondial ?
Progression I. Une région qui concentre de multiples et puissants enjeux A. Un carrefour géostratégique. B. Une mosaïque de peuples et de religions. C. Des ressources convoitées. II. Une histoire politique et diplomatique complexe A. Un espace largement influencé par les grandes puissances. B. Les racines politiques et territoriales des tensions et conflits. C. Israël et la question palestinienne. III. La montée de l’islamisme politique A. L’émergence de l’islamisme politique. B. La diffusion de l’islamisme au Moyen-Orient. C. Le tournant du 11 septembre 2001.
I. Une région qui concentre de multiples et puissants enjeux A. Un carrefour géostratégique Le Proche et le Moyen-Orient forment un espace ouvert au climat semi-aride (unité climatique), formé de déserts chauds ou froids, de hauts plateaux et de montagnes. Cette région occupe une position de carrefour entre l’Afrique, la Méditerranée orientale et l’Asie occidentale. Depuis l’Antiquité, cet espace est un lieu de contacts traversé par de nombreux flux essentiellement : humains : migrations de populations (ex : croisades, traite orientale, déplacements dus aux guerres et aux répressions…) économiques : routes et échanges commerciaux (ex : Route de la Soie, creusement du canal de Suez en 1869 qui évite le contournement par voie maritime de l’Afrique…) EUROPE ASIE La Route de la Soie est un réseau ancien de routes commerciales entre l'Asie et l'Europe. La route de la soie était un faisceau de pistes par lesquelles transitaient de nombreuses marchandises, et qui monopolisa les échanges Est-Ouest pendant des siècles, avant d'être supplantée par la voie maritime. AFRIQUE Situés au Nord de l’Iran, les monts Elbourz sont une chaîne de montagnes qui s’étend des frontières de l'Arménie au nord-ouest, à la mer Caspienne au nord, jusqu'à l'est aux frontières du Turkménistan. C'est au sud de la chaîne qu'est situé le plus haut sommet d'Iran, le mont Damavand (5671 m) et la ville de Téhéran, (1300 m d'altitude). Réfugiés Kurdes en Turquie (1991) : après la guerre du Golfe, les Kurdes se révoltent contre le régime de Saddam Hussein. Victimes d’une violente répression, ils sont près de 250 000 à chercher refuge en Turquie Les Croisés devant Jérusalem libérée (tableau d’Emile Signol) : à l’arrière plan, on distingue le Saint-Sépulcre, vaste bâtiment recouvrant la tombe présumée du Christ ainsi que le Dôme du Rocher, bâtiment ommeyade qui fut construit sur le rocher d'où Mahomet aurait fait son voyage céleste. L'inauguration du Canal de Suez, 17 novembre 1869 (tableau Edouard Riou) : relier la mer Méditerranée à la mer Rouge en perçant l’isthme de Suez est une idée qui remonte à la plus haute Antiquité. C’est aux techniciens du XIXème siècle qu’il appartiendra de ressusciter cette vieille ambition en creusant un canal maritime sur le sol égyptien. Le marché aux esclaves à Alexandrie (tableau d’Hector Horeau) : illustration de la traite orientale en Egypte. Situé au Proche-Orient, le désert du Wadi Rum se trouve au sud de la Jordanie, à la frontière avec l'Arabie Saoudite. C’est dans ce désert qu’a été bâtie la cité de Petra.
I. Une région qui concentre de multiples et puissants enjeux B. Une mosaïque de peuples et de religions Cet espace abrite aussi plusieurs lieux saints : - Jérusalem, ville trois fois sainte car elle contient les lieux les plus sacrés des religions juive (Le Mur des Lamentations, vestige du Temple de Salomon) et chrétienne (l’Eglise du Saint Sépulcre) et le troisième lieu saint de l'islam (le Dôme du Rocher et la Mosquée Al-Aqsa) - La Mecque (lieu de naissance de Mahomet, elle abrite la Kaaba au cœur de la Mosquée sacrée) et Médine (lieu de mort et tombeau du prophète). - Qom, Nadjaf et Karbala sont des lieux saints chiites qui accueillent centres théologiques (hawza) et lieux de culte (ex : mausolée de Fatima Masoumeh, sœur d’Ali à Qom) Sur le plan religieux, la diversité est également de mise. L’Islam est la religion majoritairement pratiquée. Les musulmans sont divisés entre sunnites majoritaires et chiites et comptent aussi un certain nombre de groupes minoritaires. Les chrétiens (environ 10 millions) sont dispersés en plusieurs communautés dont les unes reconnaissent l’autorité de Rome (comme les maronites du Liban) et les autres forment des Eglises autonomes de rite orthodoxe (comme les coptes en Egypte). Les juifs, autrefois dispersés dans le Moyen-Orient, sont désormais réunis dans les frontières d’Israël. La Kaaba Trois grands peuples composent l’essentiel de la région : les Turcs (60 millions) les Arabes (190 millions) les Perses (65 millions) Ils ont successivement imposé leur domination sur le territoire, ce qui nourrit des visions antagonistes du passé. Les Kurdes (25 à 30 millions) forment une minorité présente dans quatre pays mais sans Etat propre. Ils sont régulièrement victimes de discriminations et de persécutions. La présence des Juifs (5,5 millions) résulte d’une immigration récente en Palestine, qui commence au début du XXème siècle et qui se heurte aux populations arabes de la région. Dôme du Rocher Minaret de la mosquée Al-Aqsa Sunnisme : courant majoritaire de l’islam (90 % environ des croyants) qui s’appuie sur la « sunna » c’est-à-dire la « tradition » (ensemble des paroles, des actions et des jugements du Prophète). Les sunnites considèrent que le Calife doit commander les hommes. Il ne doit pas forcément être un héritier de Mahomet. Chiisme : courant de l'islam (9 % environ des croyants) qui considère que seuls les descendants de Mahomet et de son gendre Ali peuvent interpréter le Coran et diriger « l’Umma » (la communauté des croyants). Mur des Lamentations Rassemblement de pratiquants venus écouter un discours de l’Ayatollah Khamenei (2010). En arrière plan, le mausolée de Fatima Masoumeh, sœur d’Ali (lieu saint Chiite) La mosquée du Prophète (Médine) Eglise du Saint Sépulcre
I. Une région qui concentre de multiples et puissants enjeux C. Des ressources convoitées Questions : Quels sont les principaux pays pétroliers de la région ? Comment l’exploitation des hydrocarbures s’organise-t-elle au Moyen Orient ? Le pétrole, facteur et enjeu de l’équilibre géopolitique au Moyen-Orient En 1973, plus de 40% du pétrole mondial est extrait au Moyen Orient. Le prix du baril passe de 3 à 12 dollars. Le 16 octobre 1973, les ministres du Pétrole des six pays du Golfe membres de l’OPEP…décidaient pour la première fois dans l’histoire de leurs pays, que les prix du pétrole seraient désormais fixés unilatéralement par les pays exportateurs, et non par les compagnies concessionnaires…Le 17 octobre, les ministres arabes du Pétrole décidaient pour la première fois également…l’utilisation du pétrole comme arme politique dans le conflit israélo-palestinien. Les mesures d’embargo et de réduction de la production, prises après la guerre d’octobre [Kippour] en ont ajouté un autre non moins important. Il s’agit de l’aggravation du problème de la sécurité des ravitaillements avec pour conséquence la volonté de plus en plus manifestée par le Japon et les pays d’Europe occidentale de se rapprocher des pays fournisseurs… En fait, le mot « arme » pétrolière prête à confusion dans la mesure où il est conçu exclusivement en terme d’embargo ou de réduction des importations. [Le pétrole est] pour eux une monnaie d’échange qu’ils peuvent utiliser dans leurs rapports aux autres nations pour acheter des biens de consommation, pour s’industrialiser, pour se faire des amis et pour améliorer le niveau de vie des peuples de la région. Nicolas Sarkis1, « le pétrole à l’heure arabe », Paris, Stock, 1975 1. L'auteur, professeur d'économie pétrolière à Beyrouth, fut aussi conseiller de l'Organisation des Pays Exportateurs de Pétrole. Il a donc vécu de l'intérieur les nombreuses négociations pétrolières. L’eau, une ressource rare et inégalement répartie Questions/recherche : Que décide l’OPEP en 1973 ? Pour quelle raison ? Pourquoi peut-on dire que le pétrole du Moyen-Orient est à la fois une arme et une monnaie d’échange ? L’exploitation des hydrocarbures au Proche et Moyen Orient Questions : Pourquoi peut-on parler d’inégalité des hommes par rapport à l’accès à l’eau ? Quels sont les facteurs de crises et de conflits liés à la gestion de l’eau dans la région ? Comment certains pays gèrent-ils l’absence d’eau douce ? La principale zone d’hydrocarbure se situe dans la région du Golfe persique. Plus de 60 % des réserves mondiales estimées de pétrole et 40 % du gaz se trouvent dans cet espace ce qui en fait un lieu de production et un acteur majeurs dans l’approvisionnement mondial. Si les premiers gisements ont été découverts au début du XXème siècle, l’exploitation massive ne débute qu’après 1945. Aujourd’hui, les principaux pays exportateurs sont l’Arabie Saoudite (22,5% des réserves mondiales), l’Iran (11,5%), l’Irak (9,5%), le Koweït (8,5%), les E-A-U (8%), le Qatar qui, en 1960 créèrent l’OPEP (Organisation des pays exportateurs de pétrole). C’est au moyen d’oléoducs et de gazoducs que les pays du golfe persique exportent leurs ressources sous la surveillance des Etats-Unis qui contrôlent militairement la route du pétrole qui passe par les détroits d’Ormuz et de Bab-el-Mandeb et par le canal de Suez. En 1973, suite à la guerre du Kippour (appelée guerre du Ramadan ou d’octobre dans le monde arabe : elle opposa en octobre 1973, Israël, à une alliance menée par l’Égypte et la Syrie et comprenant la plupart des Etats arabes. La guerre cesse à la suite d'un cessez-le-feu imposé par le Conseil de Sécurité de l'ONU sur les pressions des États-Unis et de l'Union soviétique) qui marque une nouvelle crise dans le conflit israélo-palestinien, les pays de l’OPEP vont quadrupler le prix du baril de pétrole. Cette ressource devient alors une arme politique puisque son rationnement et l’augmentation de son prix vont entrainer une désorganisation internationale de l’économie : la crise, régionale à la base, va s’étendre sur le monde. Parallèlement, la manne financière dégagée par la vente du pétrole permet aussi aux pays du Golfe : de moderniser leur économie de développer le niveau de vie de leur population de nouer des relations commerciales fortes (ex : EUA/Arabie Saoudite) En ce sens, cette ressource est aussi une monnaie d’échange. Au Proche et Moyen-Orient, la répartition de l’eau est inégale. Les conditions climatiques ainsi que les prélèvements grandissants (croissance démographique, développement économique…) entrainent des crises entre les pays dans lesquels coulent les fleuves. Les pays en amont sont privilégiés et souvent abusent d’une eau difficile à partager. C’est le cas de la Turquie qui a construit sur l’Euphrate et le Tigre des barrages multiples, détournant une partie des eaux des fleuves d’où des relations tendues avec la Syrie. C’est aussi pour s’approvisionner en eau douce dans le lac Tibériade qu’Israël a annexé le plateau du Golan (conquis en 1967 sur la Syrie). Certains pays dépourvus en eau construisent des usines de désalinisation d’eau de mer. C’est le cas des pays du golfe persique. Ces installations demandent cependant des financements importants (ce qui explique par exemple que le Yemen, PMA, n’en possède pas). 1945 : rencontre entre le président F.D. Roosevelt et le roi Abdelaziz Ibn Saoud 2002 : Rencontre entre G.W Bush et le Roi Abdallah d’Arabie Saoudite Objectif principal de l’OPEP : jusque dans les années 1950-1970, les compagnies pétrolières étrangères avaient les pleins pouvoirs sur le cours du pétrole et imposaient leurs prix aux pays producteurs. C'est pourquoi les principaux pays producteurs décidèrent de se regrouper de manière à pouvoir influer sur le cours du pétrole. La prise de contrôle de la production de pétrole se fit par une politique de nationalisation. Étant maîtres de leur production, les pays producteurs pouvaient ainsi influencer le cours du baril de pétrole et ainsi augmenter leurs revenus. Le Pacte du Quincy : alliance stratégique qui en échange d'un accès au pétrole, engage les États-Unis à protéger militairement la dynastie des Saoud. Ce pacte se poursuit toujours aujourd'hui. 2010 : Obama et le Roi Abdallah d’Arabie Saoudite
II. Une histoire politique et diplomatique complexe A. Un espace largement influencé par les grandes puissances Contexte historique Depuis le XIXème siècle, les grandes puissances européennes ont renforcé leur présence dans la région au détriment de l’Empire ottoman. La France se veut la protectrice des communautés chrétiennes du Levant. La Grande-Bretagne veut protéger sa route des Indes. Elle exerce un protectorat sur l’Egypte et contrôle tous les émirats du Golfe persique. Conjointement, les deux puissances possèdent le canal de Suez. En 1914, l’Empire ottoman entre en guerre aux côtés de l’Allemagne. Dès 1916, les Français et Anglais signent les accords Sykes-Picot qui prévoient le démantèlement du territoire, entériné par le traité de Sèvres en 1920. La SDN confie sous forme de mandats l’administration des provinces arabes de l’Empire ottoman : à la France : la Syrie et le Liban (créé en 1920) à la Grande Bretagne : la Palestine, l’Irak et la Transjordanie La France s’appuie en Syrie sur la minorité chrétienne au nom de sa protection et dans une logique impériale. Elle favorise rapidement la création d’un territoire où ils sont majoritaires : le Liban. La Grande Bretagne souhaite la création d’un foyer national juif en Palestine. Elle encourage le sionisme (mouvement nationaliste fondé en 1896 à Vienne par Théodor Herzl, visant à créer par l’immigration un Etat juif en Palestine) Texte 1 : La France soutient les minorités chrétiennes de Syrie En 1920, la France reçoit de la SDN un mandat sur la Syrie. Elle en détache, en 1921, le Liban où les communautés chrétiennes, qui lui sont favorables, sont majoritaires. « Les groupes minoritaires sont un peu pour nous en Syrie, ce qu’est en Afrique la masse de plus d’un million d’Européens qui nous donnent un appui et une raison d’être durables. Ils ont l’avantage de se prêter à l’application du mandat en même temps qu’à la constitution de gouvernements indigènes dociles à notre direction, tandis que le gouvernement d’une Syrie unitaire, constituée au profit des nationalistes, nous mettrait en présence d’un pouvoir indigène le moins maniable auquel nous pourrions avoir affaire. » Robert de Caix, secrétaire général du mandat, 1923. Le démembrement de l'Empire ottoman en 1920 Le Moyen orient en 1914 1920 : Traité de Sèvre Territoires sous mandats F GB Texte 2 : La déclaration Balfour Le ministre des Affaires étrangères britanniques, Arthur Balfour, écrit à un membre de la Fédération sioniste pour favoriser la réalisation d’un foyer juif en Palestine ottomane. « J’ai le grand plaisir de vous adresser de la part du gouvernement de Sa Majesté, la déclaration suivante de sympathie pour les aspirations sionistes des Juifs, déclaration qui, soumise au cabinet, a été approuvée par lui : Le gouvernement de Sa Majesté envisage favorablement l’établissement d’un foyer national [National Home] pour le peuple juif, et emploiera tous ses efforts pour faciliter la réalisation de cet objectif, étant clairement entendu que rien ne sera fait qui pourrait porter préjudice aux droits civils et religieux des collectivités non juives en Palestine, ainsi qu’aux droits et au statut politique dont les Juifs pourraient jouir dans tout autre pays. Je vous serais reconnaissant de porter cette déclaration à la connaissance de la Fédération sioniste. » Lettre de Lord Balfour à Lord Rothschild, Londres, novembre 1917. Complément Au final, les jeunes Etats du Moyen Orient s’organisent autour de groupes humains soutenus par les puissances occidentales. Certains territoires acquièrent leur indépendance dans l’entre-deux-guerres : c’est le cas de l’Irak en 1932 et l’Egypte en 1936. Bien que dominants, Français et Britanniques sont contraints d’associer des compagnies américaines à l’exploitation du pétrole. Questions texte 1 : Quel groupe humain soutient la France en Syrie ? A quoi va aboutir ce choix ? Questions texte 2 : Qu’annonce la Grande Bretagne dès 1917 (déclaration Balfour) ? Définissez le sionisme.
II. Une histoire politique et diplomatique complexe A. Un espace largement influencé par les grandes puissances Questions/Recherches Quels sont les alliés des Etats-Unis dans la région ? Quels sont les alliés de l’Union soviétique dans la région ? Pour quels motifs le Moyen-Orient est une région d’affrontement durant la Guerre froide ? Quels sont les pays qui ont changé de camps ? En quelle année ? Pourquoi ? Le Contexte historique de l’Après guerre (1945-1947) La Seconde Guerre mondiale modifie la situation au Proche et au Moyen-Orient. En 1945, les Etats arabes créent la Ligue Arabe (organisation des Etats arabes fondée au Caire avec le soutien de la Grande Bretagne). En 1946, la France évacue la Syrie et le Liban qui deviennent indépendants. En 1947, l’ONU vote difficilement un plan de partage de la Palestine entre un Etat juif et un Etat arabe. Les Britanniques se retirent de la zone en 1948. Le retrait des Européens correspond à l’arrivée, dans la région, des deux grandes puissances de la Guerre froide : Etats-Unis et URSS. Complément Depuis 1991, l’influence des Etats-Unis perdure dans la région : - Soit par le soutien privilégié à certains régimes : Israël, Arabie saoudite… - Soit par des interventions directes en Afghanistan (2001) et en Irak (2003). Le Moyen-Orient divisé durant la guerre froide. La Turquie, le Liban, Israël, l’Iran, l’Arabie saoudite et les émirats du Golfe sont intégrés au bloc occidental. L’Egypte, la Syrie, l’Irak et le Yémen du sud sont intégrés au bloc soviétique. Le Moyen-Orient devient une zone de tension extrême durant la Guerre Froide car l’URSS est territorialement très proche des gigantesques réserves de pétrole de la région. C’est pourquoi, les Etats-Unis en font une zone stratégique dans leur politique du containment. En 1972, l’Egypte abandonne le socialisme et entre dans le bloc occidental. L’Iran quitte le bloc américain en 1979 (révolution islamique) sans intégrer le bloc soviétique. 2001 : les Etats-Unis interviennent militairement en Afghanistan, fief d’Oussama Ben Laden et renverse en quelques semaines le gouvernement Taliban. Aujourd’hui, le pays n’est toujours pas pacifié. (Soldats américains de la compagnie A du 2ème Bataillon, 22ème Régiment d'infanterie, 10ème division de montagne. photo du sergent Kyle Davis) Mars 2013 : rencontre entre Benyamin Nétanyahou (premier ministre israélien) et Barack Obama. Israël fut le premier voyage officiel du président américain lors de son nouveau mandat. 2003 : les Etats-Unis interviennent militairement en Irak, dont le dirigeant, Saddam Hussein est soupçonné d’entretenir des relations avec Oussama Ben Laden. Aujourd’hui, le pays n’est toujours pas pacifié. Ici, la destruction d’une statue de Saddam Hussein sous le regard d’un soldat américain et de la population locale. En arrière plan, une mosquée.
II. Une histoire politique et diplomatique complexe B. Les racines politiques des tensions et des conflits régionaux. L’exemple Libanais Des frontières instables Héritées de la période de domination européenne, ces frontières ont été érigées sans tenir compte des réalités humaines, économiques ou historiques. Modifiées à de nombreuses reprises depuis leur création, elles morcellent la région et sont souvent discutées, voire niées. Les litiges frontaliers libano-syriens : l’exemple de Sheeba Plusieurs litiges frontaliers entre Syrie et Liban sont apparus à la suite du retrait israélien du Liban Sud (2000), puis à l’occasion du retrait de l’armée syrienne en 2005. Ces problèmes sont une illustration concrète des difficultés du Liban à cerner les limites de son territoire. Le problème de Shebaa a émergé dans l’actualité géopolitique au moment du retrait israélien (mai 2000). Il s’agit d’une région quasiment déserte … plus connue sous le nom biblique de mont Hermon. Lorsque l’armée israélienne s’est retirée, la zone des fermes de Shebaa (25 km2) n'a pas fait partie du périmètre évacué. Pour Israël, il s’agissait d’un territoire occupé en 19671. De surcroît, les cartes des armées libanaise comme syrienne la situaient en Syrie. En réalité, l’affaire de Shebaa est ancienne et a fait l’objet de nombreuses discussions entre la Syrie et le Liban dans les années 1950 et 1960. Alors que la Syrie affirmait sa souveraineté sur cette zone, le Liban mettait en avant le fait que les terres relevaient du village de Shebaa. Un chercheur israélien qui a eu accès aux archives du Mandat français signale des erreurs et des négligences du Service cartographique de l’armée française qui expliqueraient que les tracés établis à l’époque excluent les fermes de Shebaa du territoire libanais. Cependant, en l’absence d’un bornage établi par une commission et approuvé par les deux parties, jamais un accord officiel n’a mis un terme au litige. Et, de ce fait, le problème de Shebaa a refait surface après 2000. http://mappemonde.mgm.fr/num6/lieux/lieux05201.html 1. La guerre des six jours : en juin 1967, Israël attaque l’Egypte. A la suite d’une guerre éclair de six jours, l’Etat hébreu occupe le Sinaï, le Golan, la Cisjordanie, Gaza et Jérusalem-Est. Repères chronologiques En 1920, la France crée le Liban, région à majorité chrétienne qu’elle détache de la Syrie. Le Liban obtient son indépendance en 1943 et adopte un « Pacte National » qui répartit les pouvoirs entre chrétiens, sunnites et chiites. En 1970, les combattants palestiniens de l’OLP (Organisation de Libération de la Palestine) se réfugient au Liban. A partir de 1975, le Liban est en proie à une sanglante guerre civile qui va opposer chrétiens et musulmans et autoriser l’ingérence de ses pays voisins : la Syrie et Israël. Cette guerre ne prendra fin qu’en 1989 (accord de Taëf) Questions Comment qualifier le Liban au niveau confessionnel ? Quel problème majeur cette situation engendre-t-elle ? Utilisez les repères chronologiques pour étayer votre argumentaire. En 1978, Israël occupe militairement le Sud-Liban, où l’OLP avait trouvé refuge. En 1982, l’opération « Paix en Galilée » est lancée pour contrer les attaques de l’OLP depuis de Liban : l’OLP quitte le Liban. Ce n’est qu’en 2000 que l’armée Israélienne se retire du pays. Le Liban se présente comme une mosaïque religieuse puisque chrétiens (maronites, orthodoxes...) partagent le territoire avec des musulmans de différents courants (sunnites, chiites, druzes…). Cette diversité religieuse, ajoutée au motif premier de création du Liban (protection des chrétiens) est source de tensions cycliques : elle débouchera en 1975 sur une guerre civile qui durera 13 ans, qui affaiblira le pays au point d’en faire un front israélo-syrien. Questions Quel problème frontalier est évoqué dans le texte ? Quels acteurs met-il en jeu ? Quelle est la cause principale du problème ? Le problème évoqué dans le texte concerne un territoire exigu (les fermes de Sheeba : 25 km²) revendiqué à la fois par le Liban, la Syrie et plus récemment Israël (territoire occupé depuis la guerre des six jours). Les frontières établies lorsque la France a créé le Liban ont été mal bornées ce qui fait de ce territoire, aux limites floues une source de conflit. La Syrie n’a jamais accepté la partition du pays. Elle nomme d’ailleurs le Liban « la petite Syrie ». En 1976, elle intervient pour mettre fin à la guerre civile. Elle se battra ensuite contre l’armée israélienne et ne quittera le Liban qu’en 2005.
II. Une histoire politique et diplomatique complexe B. Les racines politiques et territoriales des tensions et conflits. La fragilité de la notion d’Etat La plupart des pays de la région demeurent marqués par l’absence de réelle tradition démocratique. La domination de chaque Etat est assurée en général par un groupe communautaire religieux, ethnique ou tribal. Seul Israël fait exception à la règle : elle se considère comme une démocratie en guerre. Un pays affiche une certaine originalité par rapport à ses voisins : La Turquie, seul Etat du Moyen-Orient a n’avoir pas connu la domination directe des Européens. Un Contre-exemple : la Turquie de Mustapha Kemal La Turquie d’Atatürk Mustapha Kemal a fait de la Turquie le premier pays musulman à choisir un régime républicain et laïc. Il en fut aussi le premier président. En un peu plus d'une décennie (le sultanat est aboli en novembre 1922, la République proclamée en octobre 1923), il entreprend de moderniser une société encore largement rurale et influencée par les valeurs religieuses. Inspirées du modèle occidental, les réformes qu'il mène à un train d'enfer bouleversent profondément le quotidien des Turcs : l'enseignement passe sous le contrôle de l'État, les tribunaux religieux sont supprimés, des changements vestimentaires sont imposés (interdiction du fez1), le calendrier musulman fait place au calendrier grégorien, le code civil abolit la polygamie et instaure l'égalité entre les hommes et les femmes, ces dernières se voyant par ailleurs accorder le droit de vote. L'une des ruptures les plus radicales consiste, en 1928, à remplacer l'alphabet arabe par le latin, marquant ainsi l'orientation de la Turquie vers l'Occident. Ne souffrant aucune forme de contestation, Mustapha Kemal donne, dans le même temps, un tour de plus en plus autoritaire à son régime : parti unique, interdiction de l'opposition, culte de la personnalité, réécriture de l'histoire... Modernisateur mais pas démocrate, celui qui se fit surnommer Atatürk (père des Turcs) fut-il un despote éclairé ? À l'heure où la Turquie frappe à la porte de l'Union européenne, le kémalisme demeure en tout cas le ciment d'une société divisée entre une classe urbaine occidentalisée et des secteurs de la population séduits par l'islamisme. http://www.arte.tv/fr/programme/966512.html 1. Chapeau traditionnel à la base grec et adopté par de nombreux groupes ethniques et religieux dans l’empire Ottoman Consignes Atatürk entreprend une modernisation rapide de la Turquie. Soulignez : en rouge les réformes entreprises pour moderniser la société en vert celles montrant sa laïcisation en bleu les éléments du texte montrant que le kémalisme repose sur un Etat autoritaire et centralisé. Repères chronologiques Dès 1916, les Anglais encouragent les Arabes de la région à se révolter contre le pouvoir ottoman, de plus en plus faible. Vaincu, l’Empire signe un armistice en 1918 qui sera suivi de son démantèlement en 1920 (Traité de Sèvres). Née de ses décombres, la République Turque verra le jour en 1923, à l’initiative de Mustapha Kemal qui prendra le nom d’« Atatürk », le « père des Turcs » en 1934. Mustapha Kemal a lancé la Turquie dans une modernisation et une laïcisation à marche forcée. Le kémalisme entend porter le changement au cœur de la société, sur la base d’un système politique centralisé et autoritaire, avec un parti unique. La politique de laïcisation, conduite dès les années 1920 (abolition du Califat en 1924, Constitution de 1928 qui ne reconnaît plus l’islam comme religion d’Etat, revendication de la laïcité comme principe de l’Etat turc en 1937), est restée sans équivalent dans le monde jusqu’à aujourd’hui dans un Etat musulman. Atatürk (Père -ancien- des Turcs) de son vrai nom Mustapha Kemal (1881-1838) est un militaire de carrière qui refuse le démantèlement de l'Empire ottoman par le traité de Sèvres. Accompagné de partisans, il se révolte contre le gouvernement impérial et crée un deuxième pouvoir politique à Ankara. C’est de cette ville qu’il mène à la tête de la résistance turque, la guerre contre les armées arméniennes, françaises, italiennes et grecques. Juin 2013 : Manifestation populaire à Istanbul (place Taksim) contre les dérives autoritaires et islamistes du gouvernement en place. Un drapeau turc à l’effigie d’Atatürk est brandi par un étudiant.
II. Une histoire politique et diplomatique complexe B. Les racines politiques et territoriales des tensions et conflits. Un exemple : la guerre Iran-Irak (1980-1988) De profondes rivalités entre Etats Depuis le retrait des puissances occidentales, les principaux États du Proche et Moyen Orient se livrent une lutte d’influence dans la région, qui prend souvent la forme de nationalismes actifs. Questions Quelles sont raisons invoquées par Saddam Hussein pour justifier d’une guerre ? En quoi cette déclaration illustre-t-elle les rivalités existant à l’échelle régionale ? La déclaration de guerre à l’Iran de Saddam Hussein Le statut juridique du Chatt-al-Arab doit redevenir celui d’avant le 6 Mars 1975…[il] doit être irakien et arabe de nom et de fait, et jouir de tous les droits qui découlent de la pleine souveraineté de l’Irak. Nous avons pris la décision de recouvrer notre pleine souveraineté sur nos territoires et nos eaux. Nous réagirons avec fermeté aux tentatives de contrecarrer cette décision légitime… Nous déclarons au monde et à la nation arabe que avons levé le masque que porte la clique au pouvoir en Iran. Cette clique a fallacieusement utilisé la religion pour assurer son expansion aux dépens de la souveraineté et des intérêts supérieurs de la nation arabe, pour provoquer des conflits et diviser les fils de la nation, sans se soucier des conditions difficiles que connait la nation arabe ni la lutte que celle-ci mène contre les agresseurs sionistes et les forces impérialistes. La religion n’est qu’un voile pour dissimuler le racisme et la haine millénaire des Persans à l’égard des Arabes. Elle est brandie pour attiser le fanatisme et la haine et dresser les peuples de la région les uns contre les autres, servant ainsi consciemment ou non les plans mondiaux du sionisme. Saddam Hussein, discours devant l’Assemblée nationale irakienne, le 17 Septembre 1980. Saddam Hussein justifie d’une guerre en utilisant : - les oppositions entre groupes humains (Arabes contre Perses) - les oppositions religieuses (sunnites contre chiites) Des motifs territoriaux (litige frontalier qui dure depuis 1975 = Chatt Al-Arab) - Des motifs politiques (les Iraniens sont accusés de faire le jeu du « sionisme »). Saddam Hussein, pour contrecarrer la puissance grandissante de l’Ayatollah Khomeiny, s’érige comme le défenseur, le chef de file du monde arabe. Contexte historique En 1979, le pouvoir iranien aux mains du Shah (pro-américain) est renversé par la révolution islamique qui porte au pouvoir l'ayatollah Khomeiny. Ce dernier proclame la république islamique et appelle dès 1980 les Irakiens à renverser le régime de Saddam Hussein arrivé au pouvoir un an plus tôt. Son objectif est de promouvoir le mouvement islamique à travers tout le Proche-Orient. C'est pourquoi, Saddam Hussein redoutant l'ascension de Khomeiny attaque l'Iran le 22 septembre 1980. Arabes Perses Sunnites Chiites Le « Chatt al-Arab » forme le delta du Tigre et de l’Euphrate. Cette région est riche en pétrole. Depuis l’accord d’Alger de 1975, la frontière entre l’Irak et l’Iran suit la ligne du fleuve mais l’Irak revendique sa souveraineté unique sur la circulation fluviale.