4-3-3 Le post-impressionnisme Paul Cézanne (1839-1906) Georges Seurat (1859-1891) Vincent Van Gogh (1853-1890) Paul Gauguin (1848-1903) Henri de Toulouse Lautrec (1864-1901)

Le postimpressionnisme de Van Gogh et de Gauguin Exprimer les émotions, la vérité spirituelle, « le quelque chose d’éternel » Le Symbolisme, le Synthétisme: créer, synthétiser ses propres symboles accedant aux symboles universels

Vincent Van Gogh (1853-1890): un mythe Alors que Cézanne et Seurat tachaient de faire de l’impressionnisme un style plus méthodique, Vincent Van Gogh prend la direction opposée: il trouvait que l’impressionnisme n’attachait pas suffisamment d’importance à l’expression de l’émotion de l’artiste, ce qui fut sa principale préoccupation. Une vie brève et tourmentée terminée par un suicide à 37 ans, laissant un nombre impressionnant de toiles exécutées en 10 années de carrière autodidacte, et un nombre aussi impressionnant de lettres à son frère Théo, ainsi que l’intensité exceptionnelle de son œuvre confèrent à Van Gogh une place mythique dans l’histoire de l’art.

Débuts: Période pré-impressionniste (1885-86) Intéressé par la religion, mais trop instable pour faire des études de théologie, Vincent travaille comme prêcheur laïque dans le bassin minier du Borinage, en Belgique. Le contact avec la misère humaine le métamorphose. Là, il fait de nombreux dessins et peintures décrivant les scènes de la vie paysannes, comme ses Mangeurs de pommes de terre (1885), ou ses Chaussures… Heidegger, L’origine de l’œuvre d’art, Mayer Shapiro, Derrida…

Vincent Van Gogh, Les Mangeurs de pommes de terre (1885) Van Gogh, très sensible, comprenant la foi de façon abstraite, comme conception générale du monde, à travers ses toiles veut partager ses émotions et rendre « la réalité spirituelle » de ses sujets.. . Vincent Van Gogh, Les Mangeurs de pommes de terre (1885)

L’Arlésienne (Mme Ginaux), 1889 « Je désire peindre les hommes et les femmes avec ce quelque chose d’éternel que l’auréole servait à symboliser »,  dira-t-il dans une des nombreuses lettres à son frère, Théo. L’Arlésienne (Mme Ginaux), 1889

Vincent Van Gogh, Les chaussures, 1885 Les couleurs de cette période sont sombres… Y apparait déjà l’écriture personnelle de Van Gogh, avec le trait apparent, incisif et la couleur qui déborde… Heidegger, L’origine de l’œuvre d’art, Mayer Shapiro, Derrida… Vincent Van Gogh, Les chaussures, 1885

Paris et les influences impressionnistes, pointillistes et japonistes (1886-87) En 1886, Vincent rejoint à Paris son frère Théo, qui gère une galerie à Montmartre. Pendant deux ans, il fréquente les musées et les expositions, y rencontre des artistes impressionnistes et postimpressionnistes. Sa palette s’éclaircit. Il s'inspire tout particulièrement du pointillisme de Seurat . Il est aussi touché par l’art japonais, très à la mode à l’époque, et devenu accessible aux occidentaux par les gravures (estampes)… Van Gogh les collectionne et en subit l’influence. la galerie Goupil L’exposition universelle de Paris en 1867 consacre la photographie, mais aussi présente les estampes japonaises (l’école « Ukyo-e » = peinture d’un monde en mouvement, un style datant du 17ème siècle)

Influences impressionnistes et post-impressionnistes (pointilliste): Vincent Van Gogh, Boulevard de Clichy, 1887

Hiroshige, L’averse sur le pont Ohashi /Van Gogh après Hiroshige Influences du japonisme: Hiroshige/ Van Gogh Hiroshige, L’averse sur le pont Ohashi /Van Gogh après Hiroshige

Les chaussures, avant et après l’influence impressionniste, 1885 -1887 Cette phase impressionniste va durer moins de deux ans, mais va porter des fruits étonnant une fois intégrée dans le style de ses premières peintures... Les chaussures, avant et après l’influence impressionniste, 1885 -1887

Période postimpressionniste (1888-90): rendre les émotions, la réalité spirituelle En février 1888, Van Gogh part pour Arles, en Provence, où il va, entre 1888 et 1890, réaliser ses plus grandes œuvres. C’est à partir de cette période que Van Gogh intègre le nouveau langage pictural acquis pendant son séjour à Paris à son écriture personnelle et à son désir de rendre ses émotions et la réalité spirituelle dont il investit ses sujets.. Il peint inlassablement les paysages méditerranéen, essayant d’y trouver non pas une stabilité architecturale comme Cézanne, mais un reflet de sa foi mystique. Il entame lui aussi des séries de peintures:

Dans le Midi, Van Gogh entame des séries de peintures: les tournesols, les arbres en fleurs, les champs, les cyprès. Aussi les portraits, et les célèbres autoportraits… Les tournesols, série entamée à Paris, acquiert un vase à Arles Les tournesols…

Les séries: les tournesols, 1888-1889 Mais Van Gogh ne recherche pas la lumière du moment et l’aspect changeant de son sujet comme les impressionnistes, ni les volumes rendant la forme éternelle du motif comme Cézanne, mais toujours plus de vérité émotionnelle et d’intensité expressive dans ses toiles. Les séries: les tournesols, 1888-1889

Les autoportraits, 1888/89

Les portraits… 1889, Joseph-Etienne Roulin /L’Arlésienne (Mme Ginaux) Le facteur (Joseph-Etienne Roulin) Docteur Gachet, Auvers sur Oise, 1890

L’Arlésienne (Mme Ginaux), 1889 « Je désire peindre les hommes et les femmes avec ce quelque chose d’éternel que l’auréole servait à symboliser »,  « la réalité spirituelle » de ses modèles… L’Arlésienne (Mme Ginaux), 1889

Van Gogh et la couleur Pour Van Gogh, c’est la couleur et non la forme qui détermine le contenu émotionnel de la toile. Dans les lettres qu’il écrit à son frère, Van Gogh explique son choix de couleurs, et de la signification émotionnelle qu’il leur donne. Dans L’intérieur du café à Arles, 1888, les tons rouges et verts expriment « les basses et terribles passions de l’homme »…

Alors que dans les peintures de sa Chambre à Arles (1888), les tons bleu et jaunes « expriment la tranquillité et le repos  »…

1888, La terrasse du café à Arles La couleur, même si exagérée, reste liée au monde visible Dans ses paysages nocturnes où les couleurs éclatent d’autant plus, nous voyons que les couleurs, même si exagérées, restent liées au monde visible. 1888, La terrasse du café à Arles

La couleur chez Van Gogh, même si exagérée, reste toutefois liée au monde visible… La récolte, 1888

Nous reconnaissons « l’écriture personnelle » de Van Gogh: la couleur est intense, le trait visible, incisifs, la couleur déborde… 1888 1888

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Remous et spirales De santé mentale fragile, Van Gogh a des crises. Après une violente dispute avec Gauguin, l’oreille tranché, il est admis à l’asile Saint-Rémy-de-Provence, qu’il rejoindra par la suite à nouveau en mai 1889, pour y rester un an. Il y est donné un atelier, et peint entre ses crises, surtout les champs de blé qu’il voit de sa fenêtre. Les peintures de cette période sont souvent caractérisées par des remous et des spirales.

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Remous , spirales, cercles concentriques… 1889, Nuit étoilée

Les cyprès (1889), une des série les plus connues de Van Gogh

1889, Nuit étoilée, Champs de blé et cyprès « Les cyprès me préoccupent toujours ». Son tableau La Nuit étoilée — qu'il peint lorsqu'il est à Saint-Rémy-de-Provence — fait partie de cette série, une des plus connues de Van Gogh. 1889, Nuit étoilée, Champs de blé et cyprès

Les dernières peintures: les paysages à Auvers, 1890 Van Gogh passe les derniers mois de sa vie à Auvers, où il peint ses ultimes paysages…

Nous retrouvons son écriture, sa sensibilité poussée à l’extrême dans cette toile: le trait incisif, la couleur intense qui déborde, les remous, le noir qui vient assombrir le ciel… Le drame est imminent… 1890

Se rattache au symbolisme, annonce le fauvisme, l’expressionnisme… Si les peintures de Van Gogh nous touchent toujours tant, c’est qu’il a réussi à sa tache: trouver un langage pictural apte à exprimer la vérité émotionnelle de tout être, objet, paysage qu’il peint. Son sentiment de la réalité spirituelle, le quelque chose d’éternel… L’œuvre de Van Gogh se rattache au symbolisme, car il cherche à « vêtir l'idée d'une forme sensible », a trouver des symboles pour permettent d'atteindre une « réalité supérieure » , et annonce le fauvisme et l’expressionnisme…

Le Symbolisme, le Synthétisme… Le mot « symbolisme » (« symbole », « jeter ensemble ») désigne l'analogie entre l’idée abstraite et l’image chargée de l'exprimer. De nombreux peintres de cette période se rattachent à ce mouvement: Van Gogh, Paul Gauguin,Edvard Munch… Le symbolisme est une autre réaction contre le naturalisme de la tradition occidentale, qui accorde trop d’importance à l’observation de la nature, qui fait appel à la vision subjective pour créer les symboles permettant d'atteindre la réalité supérieure de la sensibilité. Le symbolisme a pour idéal la synthèse des différents arts, d’où son autre appellation, le synthétisme… Le terme de synthétisme se rapporte aussi à l’idée de synthétiser (créer) ses propres symboles. du grec sumbolon, « objet coupé en deux constituant un signe de reconnaissance quand les porteurs pouvaient assembler les deux morceaux » Alors que Manet et les impressionnistes cherchent une nouvelle technique de peindre, (quittant l’aspect soigné, privilégiant la rapidité apte à capter l’impression du moment, laissant le trait apparent…),

Le symbolisme est contemporain de l’impressionnisme mais renoue avec certains aspects du Romantisme. À la différence du romantisme toutefois, le symbolisme en peinture est un style statique, hiératique, hermétique aussi, chaque artiste développant, synthétisant ses propres symboles, quand l'art romantique est impulsif, tourmenté, rebelle... 1883, Symbolisme: Pierre Puvis de Chavannes (1824-1898), Jeunes filles au bord de la mer, 1879

Odilon Redon (1840-1916) (illustration des Histoires fantastiques d’Édgar Allan Poe) 1903 Portrait de Paul gauguin 1914, Le Cyclope 1903-05, Portrait de Paul Gauguin Odilon Redon, L’oeil ballon, 1878 1885, Beatrice

Le précurseur du symbolisme est un peintre plus âgé, Gustave Moreau (1826-1898). D’inspiration romantique, accordant plus d’importance à la vision subjective qu’à l’observation de la nature, il va trouver la notoriété vers la fin de sa vie, ses idées s’accordant à nouveau avec le goût de l’époque. L’Apparition (La danse de Salomé), 1874-1876

Le postimpressionnisme de Paul Gauguin: le symbolisme, le synthétisme

Paul Gauguin (1848-1903) Croyant la civilisation occidentale « déréglée », imposant à l’homme une vie incomplète consacrée à la recherche de bénéfices matériels au détriment de sa vie spirituelle, Gauguin, à l’âge de 35 ans, quitte une prospère carrière d’agent de change, amateur d’arts dans son temps libre, pour se consacrer entièrement à la peinture. Gauguin quitte Paris et se rend en Bretagne, va travailler au Panama, puis en Martinique, tout à la recherche d’une vie plus simple, plus naturelle… Malade, désargenté, de retour en France, Gauguin s’installe en Bretagne, à Pont Aven, déjà fréquenté par les peintres. Parmi les paysans bretons, à la foi simple, très présente dans leur vie quotidienne, Gauguin crée, synthétise son propre langage pictural s’inspirant de l’art populaire, indigène et de l’art médiéval. (il possédait la Coupe de fruits, verre et pommes de Cézanne) (des vitraux des cathédrales)

Évolution du style: d’abord amateur d’arts dans son temps libre, admirateur de Cézanne (il possédait la Coupe de fruits, verre et pommes de Cézanne) à l’apparition de son propre style… 1880, Étude de nu, Suzanne cousant 1886, Nature morte avec profil de Laval Paysage de Martinique, 1887

La vision après le sermon (Jacob luttant avec l’ange), 1888 En Bretagne, parmi les paysans bretons, à la foi très présente dans leur vie quotidienne, Gauguin peint sa Vision après le sermon où il tente de recréer à la fois la réalité imaginée de la vision et l’extase des paysannes… à Pont Aven, fréquenté par les peintres, où sa forte personnalité s’impose bientôt (École de Pont Aven). La vision après le sermon (Jacob luttant avec l’ange), 1888

Les caractéristiques essentielles du style de Gauguin sont désormais établies et ne changeront pas beaucoup: les formes sont plates, simplifiés, soulignées de noir (« le cloisonnisme » des vitraux des cathédrales), les couleurs brillantes ne sont pas tout à fait naturelles. modelé et la perspective cèdent le pas à des Gauguin, La vision après le sermon (Jacob luttant avec l’ange), 1888

La couleur chez Gauguin n’est pas tout à fait naturelle: « Comment voyez-vous cet arbre? Vert? Mettez-donc le plus beau vert de votre palette! Et cette ombre? Plutôt bleue? Ne craignez pas de la peindre aussi bleue que possible! ». 1888, Arbres bleus

Dans une lettre de 1888, Paul Gauguin exprime son credo artistique: « Un conseil, ne copiez pas trop d'après nature, l'art est une abstraction, tirez là de la nature en rêvant devant, et pensez plus à la création qu'au résultat. C'est le seul moyen de monter vers Dieu en faisant comme notre divin Maître, créer ». à Pont Aven, fréquenté par les peintres, où sa forte personnalité s’impose bientôt (École de Pont Aven). La vision après le sermon (Jacob luttant avec l’ange), 1888, Le Christ jaune, 1889

Gauguin rejoint Van Gogh à Arles en 1888, où ils peignent ensemble, souvent un même motif, ce qui se termine deux mois après avec l’épisode de l’oreille coupée de Van Gogh. Van Gogh: La chaise de Gauguin Gauguin, 1888, Van Gogh peignant les tournesols

Gauguin, Le Christ jaune, 1889 En 1891, ruiné, il habite un temps à Paris, puis s'embarque pour la Polynésie, grâce à une vente de ses œuvres soutenue par deux articles enthousiastes, publiés par ses amis dans la presse. Gauguin, Le Christ jaune, 1889 Gauguin, 1889-90, Autoportrait avec le Christ jaune

Gauguin, Les Tahitiennes Il s'installe à Tahiti où il espère fuir la civilisation occidentale et tout ce qui est artificiel et conventionnel. Il passera désormais toute sa vie dans les régions tropicales, d'abord à Tahiti puis dans l'île de Hiva Oa. Gauguin, Les Tahitiennes Gauguin, Manao tupapau (The Spirit of the Dead Keeps Watch), 1897

C’est là, influencé par l'environnement tropical et la culture polynésienne, qu’il peint ses plus beaux tableaux, accédant aux symboles universels de la vie et de la mort… Gauguin, Ia Orana Maria (Je vous salue Marie), 1891-92

Gauguin, Mahana no atua (Day of the Gods), 1894

Gauguin, D’où venons nous? Que sommes nous? Où allons nous?, 1898 C’est là qu’il peint notamment son œuvre majeure « D'où venons-nous ? Que sommes-nous ? Où allons-nous ? », qu'il considère lui-même comme son testament pictural, accédant aux symboles universels … il réalise aussi des sculptures sur bois Gauguin, D’où venons nous? Que sommes nous? Où allons nous?, 1898

Dégager l’essentiel: Paul Gauguin (1848-1903) Gauguin fuit la civilisation occidentale et puise dans différentes traditions pour créer, synthétiser son langage personnel (synthétisme, symbolisme). Les formes sont simplifiées, plates, cernées de noir (le cloisonnisme des vitraux médiévaux), les couleurs brillantes ne sont pas tout à fait naturelles: « ne copiez pas trop d'après nature, l'art est une abstraction, tirez là de la nature en rêvant devant ». Gauguin, Ia Orana Maria (Je vous salue Marie), 1891-92 La vision après le sermon (Jacob luttant avec l’ange), 1888/ Mahana no atua (Day of the Gods), 1894

Dégager l’essentiel: Van Gogh (1853-1890) Pour Van Gogh, le but de la peinture c’est l’expression de l’émotion de l’artiste. Il cherche à rendre un maximum d’intensité expressive de ses toiles, et la réalité spirituelle des personnages dans ses portraits, à « vêtir l'idée d'une forme sensible ». Pour Van Gogh, c’est la couleur qui détermine le contenu émotionnel de la toile. Il lui attribue une signification symbolique., se rattachant au symbolisme. Mais les couleurs chez Van Gogh, même si intenses, exagérées, vont rester liées au monde visible. Nous parlons « d’écriture personnelle » de Van Gogh: traits visibles, incisifs, avec les couleurs intenses qui débordent. Dans les toiles peintes dans la période précédant son suicide, apparaissent les remous et les spirales caractéristiques (La nuit étoilée).

Je peux: Expliquez ce qui est considéré être « l’écriture personnelle » de Van Gogh et le but de sa peinture. Expliquez son utilisation de la couleur, le rattachant au symbolisme. Van Gogh, Champ de blé, 1890

Je peux: Expliquer le style de Gauguin (formes simplifiées, cloisonnées comme des vitraux, couleurs brillantes, pas forcement naturelles, en applats, choix de thèmes s’inspirant des traditions primitives à la recherche de syboles universels)(le symbolisme , le synthétisme= synthèse des arts mais aussi synthétiser, créer, ses propres symboles) Gauguin, Ia Orana Maria (Je vous salue Marie), 1891-92 La vision après le sermon (Jacob luttant avec l’ange), 1888/ Mahana no atua (Day of the Gods), 1894