Hermès fabrique sa première lyre Après qu’il eut jailli des flancs immortels de sa mère, il ne devait pas rester longtemps dans son berceau sacré : au contraire, cet enfant-là, franchissant le seuil de l’antre élevé, se mettait déjà à la recherche des vaches d’Apollon. En ce lieu il trouva une tortue [...] ; d’un pas nonchalant, elle paissait devant la demeure l’herbe fleurie. Le fils bienfaisant de Zeus la considéra, se mit à rire et lui tint aussitôt ce langage : «La riche aubaine que me voilà ! Je ne la dédaigne pas. Salut, beauté charmante qui rythmes la danse, compagne des festins ! Que j’ai de plaisir à te voir paraître ! D’où vient ce beau jouet ? Tu es carapace aux reflets changeants, une tortue qui vit dans la montagne. Hé bien ! je vais te prendre et t’emporter dans ma maison.»[...] La prenant à deux mains, il rentra avec cet aimable jouet. Alors retournant la bête, avec un burin de fer mat il arracha la moelle de vie à la tortue des montagnes. Comme une pensée rapide traverse le cœur d’un homme que hantent de pressants soucis, ou comme on voit tourner les feux d’un regard, ainsi le glorieux Hermès méditait à la fois des paroles et des actes. Il tailla des tiges de roseau à la juste mesure, et les fixa en traversant dans le dos l’écaille de la tortue. Puis, avec l’intelligence qui est la sienne, il étendit sur le pourtour une peau de bœuf, adapta deux bras joints par une traverse, et tendit sept cordes harmonieuses en boyau de brebis. Après avoir si vite construit l’aimable jouet, il en éprouvait les cordes tout à tour, avec un plectre ; et sous ses doigts la cithare rendait un son formidable. Homère, Hymne à Hermès, v. 20-54 Hermès offre la cithare à Apollon " Eh bien puisque ton coeur te pousse à jouer de la cithare, chante, joues-en, sois tout à ce plaisir que tu reçois de moi : [...] Prends en main cette compagne harmonieuse, et chante. Avec un coeur serein, apporte aux festins fleuris, aux danses gracieuses et aux fêtes bruyantes la joie du jour et de la nuit." [...] A ces mots, il lui tendit la cithare ; Phoïbos Apollon l'accepta, puis il donna à Hermès un fouet brillant, et lui confia la garde du troupeau [...] Tenant la cithare à sa gauche, le noble fils de Léto, Apollon, le Seigneur Archer, en éprouvait les cordes avec un plectre, selon la mélodie : et la lyre, sous ses doigts, rendit un son formidable, cependant que le dieu chantait doucement de sa belle voix. Homère, Hymne à Hermès, I, 475-502. Descente aux enfers et chants Ovide, Métamorphoses, X, 12-48 (traduction des vers 12-18 et 40-48) Après avoir longtemps imploré par ses pleurs les divinités de l'Olympe, le chantre du Rhodope osa franchir les portes du Ténare, et passer les noirs torrents du Styx, pour fléchir les dieux du royaume des morts. Il arrive au pied du trône de Proserpine et de Pluton, souverains de ce triste et ténébreux empire. Là, unissant sa voix plaintive aux accords de sa lyre, il fait entendre ces chants. Aux tristes accents de sa voix, accompagnés des sons plaintifs de sa lyre, les ombres et les mânes pleurent attendris. Ni le dieu de l'empire des morts, ni son épouse, ne peuvent résister aux accords puissants du chantre de la Thrace. Ils appellent Eurydice. Orphée charmant les animaux Jeune fille thrace portant la tête d'Orphée, Gustave Moreau, 1865 Orphée et les Sirènes. Sénèque, Médée, 335-360. "Et quand les terribles créatures charmèrent de leur voix harmonieuse la mer d'Ausonie, le Thrace Orphée chanta sur la lyre de Piérie et peu s'en fallut qu'il ne força la Sirène qui retient d'ordinaire les vaisseaux par son chant à suivre celui-là. »
Orphée à la lyre dans la barque de Charon Inspiration du poète Nicolas Poussin, vers 1630 Hermès offre la cithare à Apollon " Eh bien puisque ton coeur te pousse à jouer de la cithare, chante, joues-en, sois tout à ce plaisir que tu reçois de moi : [...] Prends en main cette compagne harmonieuse, et chante. Avec un coeur serein, apporte aux festins fleuris, aux danses gracieuses et aux fêtes bruyantes la joie du jour et de la nuit." [...] A ces mots, il lui tendit la cithare ; Phoïbos Apollon l'accepta, puis il donna à Hermès un fouet brillant, et lui confia la garde du troupeau [...] Tenant la cithare à sa gauche, le noble fils de Léto, Apollon, le Seigneur Archer, en éprouvait les cordes avec un plectre, selon la mélodie : et la lyre, sous ses doigts, rendit un son formidable, cependant que le dieu chantait doucement de sa belle voix. Homère, Hymne à Hermès, I, 475-502. Orphée à la lyre dans la barque de Charon Mosaïque Apollon à la lyre, père d’Orphée Figurine en terre cuite anonyme Louvre