Chapitre 14 La Justice s’en mêle – Bonjour ! Je suis le sergent-détective Brunet et j’aimerais voir le propriétaire de cette maison, s’il te plaît, petite ! lance cet homme imposant à la jeune Margaret, la pensionnaire chargée de répondre à la porte du foyer, le «Children’s Refuge of Shaneville». – Un instant, je vous prie ! répond-elle tout en courant vers le bureau de monsieur David… – Il y a un monsieur à la porte qui veut te voir. David se lève et se dirige vers l’entrée de la maison. Saluant le détective poliment, il l’invite à le suivre dans son bureau. Le sergent lui remet sa carte d’identification et après lui avoir montré son badge le suit pas à pas. – Assoyez-vous, je vous en prie ! Qu’est-ce que je peux faire pour vous ? dit-il hypocritement. David, ayant de la difficulté à dissimuler sa crainte, devient très nerveux et tente de démontrer malgré tout qu’il est bien à l’aise, assis là, dans son fauteuil de cuir derrière son grand bureau de chêne.
– Dites-moi, monsieur David… heu… Wilson, si je ne me trompe, vous êtes le gérant ici ? – Oui, monsieur et j’en suis le propriétaire également. – Votre enseigne à l’entrée dit que c’est un foyer d’accueil. C’est bien ça ? – Un foyer pour enfants abandonnés… des fillettes… et j’œuvre dans la complète légalité… j’ai tous les papiers ! répond David en fouillant nerveusement dans les tiroirs de son bureau pour en ressortir un document qui, de toute apparence, semble conforme. – Je ne suis pas ici pour ça, monsieur Wilson. Je suis à la recherche d’informations concernant une de vos pensionnaires. Oui, en effet… son prénom est Édith. – Oh ! Elle n’est plus ici depuis quelques mois maintenant. Elle a fui…, heu, mon employé est justement parti à sa recherche.
- Qu’est-ce que j’entends-là - Qu’est-ce que j’entends-là ? Elle est disparue depuis des mois et vous n’avez jamais averti les autorités ? Et, votre employé est parti à sa recherche, si j’ai bien compris ? Devant cette situation, pourquoi n’avez-vous pas alerté les autorités ? C’est la procédure, vous savez. On ne laisse pas un enfant fuir comme ça, sans en faire rapport à la police. N’oubliez pas que c’est vous qui en aviez la charge et, la responsabilité de voir à sa sécurité vous incombe ! De plus en plus embarrassé, il essaie de trouver l’explication qui saura convenir : - Heu… bien, mon employé s’occupe de la retrouver, vous savez, et il va nous la ramener ici sous peu, j’en suis persuadé. De par son expérience de policier et profitant de la nervosité qu’il a su repérer chez le propriétaire, il avise : – Ce n’est pas du tout la façon de procéder, monsieur Wilson ! C’est à nous, la police, de la trouver.
Et tout en notant dans son calepin ce que David vient de lui dire, il exige : – Je veux visiter vos installations maintenant ! – Pourquoi donc ? Il n’y a pas lieu ! Tout est adéquat ici ! Je tiens une bonne maison ! - Alors, qu’avez-vous donc à craindre ? Si tout est bien comme vous l’affirmez, pourquoi êtes-vous si réticent ? David se sent dans des petits souliers tout à coup et ose jouer le tout pour le tout afin de se donner du temps pour remédier à la situation : – Vous avez un mandat de perquisition ? – Ah, si c’est cela qui vous préoccupe, j’en aurai un et je reviendrai. Je trouve votre comportement très bizarre, monsieur, et je gage que vous ne me dites pas tout ! Mais, soyez-en assuré, je n’oublierai pas ; je reviendrai avec un mandat et mes agents, si c’est ça que vous voulez ! Nous procéderons alors à une fouille en règle, monsieur ! C’est promis !
Fort contrarié par ce refus, l’agent détective Brunet n’a plus rien à foutre dans cette maison. Il se lève et demande qu’on le raccompagne à la sortie ; ce que fait David avec empressement. Juste avant qu’on lui ferme la porte dans le dos, le détective se retourne vivement et demande d’un ton hautain : – Incidemment, quel est le nom de famille de la petite, monsieur Wilson ? – Stuart ! Et la porte claque avec fracas. Se dirigeant vers sa voiture, monsieur Brunet marmonne… – Mon Dieu ! Quelle boîte de Pandore je viens d’ouvrir, moi, là ! Ouais, je pense que ça promet des révélations étonnantes ! Remettant son petit calepin de notes dans la poche de son veston, comme pour annoncer sa prochaine visite : – À bientôt monsieur David, à très bientôt ! Fin du Chapitre 14 - À suivre…
20 Photos de Pierrette Beaulieu Trame musical de Michel Cusson Tous droits réservés - 2006 Photos de Pierrette Beaulieu Trame musical de Michel Cusson Silence Maudit