TENOCHTITLAN Une cité précolombienne confrontée à la conquête et à la colonisation européenne
INTRODUCTION Nous avons vu à travers l’étude des voyages de découvertes de Christophe Colomb, tout l’intérêt que les Européens portent au reste du monde, qui s’élargit au fur et à mesure qu’ils l’explorent. Parmi les nations européennes, l’Espagne est aux avant postes et elle souhaite exploiter les richesses de ces nouvelles terres. Les différentes explorations vont les mettre en contact avec des civilisations amérindiennes inconnues. Nous prendrons l’exemple de la cité de Tenochtitlan, centre de la civilisation Aztèque- Mexica. La conquête fulgurante menée par les conquistadors d’Hernan Cortés va entraîner sa disparition. Problématique: Comment l'arrivée des Espagnols provoque-t-elle l(effondrement de la civilisation Atzèque-Mexica?
Plan de TENOCHTITLAN 1524
Description de Tenochtitlan en 1519 – citation de la lettre à Sa Majesté l’Empereur Charles Quint d’Hernan Cortés « Cette ville est si grande et si belle que je n’en dirai pas la moitié de ce que je pourrais en dire […] car elle et plus grande que Grenade ; elle est mieux fortifiée ; ses maisons, ses édifices et les gens qui les habitent sont plus nombreux […] et mieux approvisionnés de toutes les choses de la terre, pain, oiseaux, gibiers, poissons des rivières, légumes, […]. On y voit des joyaux d’or, d’argent, de pierres précieuses et des ouvrages de plume d’un fini merveilleux […] Parmi (les) temples, il y en a un, le principal, dont nulle langue humaine ne pourrait dire la grandeur et la beauté ; car il est si vaste (qu’on) pourrait y installer une ville de 1500 habitants… » Comment se présente le site de la ville de Tenochtitlan ? Quelles sont les fonctions de la cité ? Quels sentiments éprouve Cortés lorsqu’il découvre cette ville ?
Le grand Montezuma était âgé d'environ quarante ans, de haute taille, bien proportionné, plutôt mince, et à la peau assez claire, contrastant avec le teint sombre habituel chez les Indiens. Il ne portait pas les cheveux longs, mais coupés courts sur les oreilles, et il avait une courte barbe noire, fine et bien taillée. Son visage était assez long et joyeux, il avait de beaux yeux, et son apparence et ses manières pouvaient exprimer l’intelligence ou, le cas échéant, une gravité calme. Sa tenue était soignée et bien ordonnée, et il prenait un bain tous les après-midi. Il avait autour de lui de nombreuses femmes, ses maîtresses, les filles des chefs et deux femmes légitimes qui étaient des Caciques . Les vêtements qu'il portait une seule journée il ne les portait pas à nouveau avant trois ou quatre jours. Il avait une garde de deux cents chefs logés dans des chambres situées à côté de la sienne, et seuls certains d'entre eux étaient autorisés à lui parler. ( Diaz del Castillo)
Temple de Tenochtitlan Le Templo Mayor se situait au nord de la place centrale de Tenochtitlan, qui coïncidait à peu près avec l'actuel Zócalo de Mexico. Ce centre religieux était fortifié par une enceinte crénelée de têtes de serpents (Coatepantli, « muraille de serpents ») de 300 mètres de large sur 400 de long, qui longeait le nord de la place centrale et le flanc du palais de l'empereur (actuelle rue de la Moneda) et dont les portes étaient protégées par une garnison d'élite.
Dans le temple de Tenochtitlan– citation d’après Bernard Diaz del Castillo : Histoire véridique de la conquête de la Nouvelle Espagne (XVIe siècle) « Sur chaque autel s’élevaient deux géants avec des corps obèses. Le premier, situé à droite était […] Huichilobos, le dieu de la guerre. Son visage était très large, les yeux énormes et épouvantables ; tout son corps, y compris la tète était recouvert de pierreries, d’or, de perles grosses et petites […]. Il tenait d’une main un arc, de l’autre des flèches […]. Non loin il y avait des petits récipients : trois coeurs d’indiens sacrifiés ce jour là même y brûlaient. Les murs et le parquet étaient baignés par le sang et il s’en exhalait une odeur repoussante. »
Sacrifice humain extrait du codex Azcatitlan, XVIème siècle
Huitzilopochtli Dieu de la mythologie aztèque au Mexique, Tezcatlipoca est à la fois le frère et le pire ennemi de Quetzalcoatl, et la plus crainte de toutes les divinités aztèques. Une fois par année, on lui réservait toujours le plus beau des captifs pour sacrifice et quatre jeunes filles pour lui servir symboliquement d'épouses.
L’une des divinités les plus importantes était Quetzalcóatl, le serpent à plumes. Les représentations de cet animal mythologique étaient associées au pouvoir et à la capacité de la nature de renouveler la vie, à partir du fluide vital qui émanait de ce personnage sacré.
L’empereur Moctezuma s’adresse à Cortés – citation de H. Cortés de Histoire de la conquête du Mexique ou de la Nouvelle Espagne. « Quelques uns nous ont assurés que vous étiez des Dieux, que vous teniez les foudres entre vos mains. D’autres nous ont dit que vous étiez méchants et emportés et que vous aviez une soif insatiable d’or. Cependant je reconnais que vous êtes des hommes de la même pâte que nous. Ces bêtes qui vous obéissent sont, à mon avis de grands cerfs que vous avez apprivoisés. Ces armes qui ressemblent à la foudre sont des tuyaux d’un métal que nous ne connaissons pas […]. Le feu que ces tuyaux jettent est un secret surnaturel. Le grand Prince à qui vous obéissez descend de notre Quetzalcóatl. Une de nos prophéties dit qu’il était sorti de ce pays – ci pour aller conquérir de nouvelles terres du côté de l’Orient et qu’il a promis que ses descendants viendraient modérer nos lois et réformer notre gouvernement »
Bataille de Tenochtitlan lithographie d’après manuscrit de 1521 Comment les indiens et Moctezuma se représentent-ils Cortés et les Espagnols et comment l’empereur les accueille t-il ? Par quoi s’explique la supériorité militaire des conquistadors ?
Carte de l’empire Aztèque
Hernan Cortés est né en Espagne en 1485, et s’est installé à Saint-Domingue en 1504, puis à Cuba. Il vient pour faire fortune : « Si j’ai fait ce long voyage, c’est pour ramasser de l’or, pas pour travailler la terre comme un paysan ». En 1518, il quitte Cuba pour explorer les côtes du Mexique. Il dispose de 400 hommes, 15 chevaux et 10 canons. Il débarque en avril 1519 au Mexique et fonde Vera Cruz. Il s’allie avec les indiens Tlaxcatèques qui vont lui fournir des porteurs et des interprètes. Il progresse sans difficultés à l’intérieur du territoire Aztèque et rencontre en novembre 1519, l’empereur Moctezuma, dans Tenochtitlan, qui se soumet sans combat. Les conquistadors et leurs alliés profitent de leur position pour massacrer en mai 1520 l’essentiel de la noblesse Mexicas (10 000 victimes). Cela entraîne une révolte des indiens qui tuent à leur tour de nombreux espagnols dans la nuit du 30 juin 1520 (Noche triste). Cortés ayant dû fuir Tenochtitlan décide de revenir l’assiéger durant trois mois. Il mène un siège très dur et la ville, victime de la famine et des épidémies tombe le 13 août 1521 malgré une résistance acharnée. La chute de Tenochtitlan entraîne l’écroulement de l’empire Aztèque. Cortès devient en 1522 gouverneur et capitaine général de la Nouvelle- Espagne dont la capitale est désormais appelée Mexico.
Cathédrale de Mexico construite à l’emplacement du principal temple aztèque
L’instruction des indiens – Citation d’après Bernard Diaz del Castillo : Histoire véridique de la conquête de la Nouvelle-Espagne (XVIe siècle) « A la place des pratiques honteuses et des idolâtries que nous avons détruites, nous autres conquistadors avons établi de bonnes coutumes et instruits ces peuples dans la sainte doctrine […]. Nous les avons instruits à se montrer obéissants envers les moines et les prêtres, (à entretenir de la nourriture), ce qu’ils ne manquent jamais de faire. Aujourd’hui, un grand nombre de bons religieux parcourent les villages pour y prêcher et baptiser toute créature. »
La résistance au christianisme : un procès devant l’Inquisition en 1537 – citation document sur l’Inquisition in S. Gruzinski « les Hommes Dieux du Mexique ». « Je m’appelle Andrés. Je suis chrétien. Un moine m’a baptisé à Texcoco il y a cinq ans […]. J’écoutais le catéchisme tous les sept jours à Texcoco chez les religieux à Saint-François […] Dans leurs sermons, ils nous disaient d’abandonner nos idoles, nos idolâtries, nos rites, de croire en Dieu et bien d’autres choses. J’avoue qu’au lieu de mettre en pratique ce qu’ils me disaient, depuis trois ans, j’ai prêché et affirmé que les sermons des frères ne valaient rien, que j’étais dieu, que les indiens devaient sacrifier devant moi et revenir aux idoles et aux sacrifices d’antan. » Pourquoi et comment les Espagnols convertissent-ils les Indiens ? En comparant les documents, peut-on dire que la conversion des Indiens est totale ?
Les causes de l’effondrement de la population indienne – citation de Bartholomé de Las Casas « Très brève relation sur la destruction des Indiens » 1542. Bartholomé de Las Casas est évêque au Mexique et il s’insurge contre la barbarie des colons. « Tous ces peuples (indiens) innombrables […], Dieu les a créé simples, sans malveillance ni duplicité : plus humbles, […], plus pacifiques […], d’une santé plus délicate […]. En quarante ans, par suite de la tyrannie et des actions infernales des chrétiens, douze millions d’âmes, hommes, femmes, enfants sont morts. Pourquoi les chrétiens ont-ils tués un pareil nombre d’âmes ? Seulement pour avoir de l’or, se gonfler de richessesen quelques jours. Jamais les habitants de toutes les Indes n’ont fait le moindre mal aux chrétiens […]. Les armes des Indiens sont plutôt faibles, peu offensives, peu résistantes. Les Chrétiens, avec leurs chevaux, leurs épées et leurs lances ont commencé les tueries et les actes cruels étrangers aux Indiens. » Comment Bartholomé de Las Casas explique l’évolution de la population indienne ?
Las Casas a été l’un des compagnons de voyage de Christophe Colomb Las Casas a été l’un des compagnons de voyage de Christophe Colomb. Il est retourné vivre sur les nouveaux territoires où il comprend très vite comment s’organise l’exploitation des richesses et des autochtones. Après être entré dans les ordres et être devenu le prêtre de Saint- Domingue, il refuse les terres qu’on lui offre pour s’opposer au système esclavagiste mis en place. Rapidement, il prend le parti des Indiens et prononce des discours contre l’attitude des Espagnols. Il faut toutefois souligner que Las Casas prend la défense des Indiens pour affirmer leur humanité; il ne prend pas la défense de leur culture qu’il juge lui-même comme barbare. Son désir est de convertir les autochtones.