Culture, sciences et pouvoir au XVIIIe siècle Soizic Croguennec MASTER MEEF – Histoire moderne CM8
Bibliographie indicative COTTRET M., Culture et politique de la France des Lumières, Armand Colin, 2002. FARGE A., Dire et mal dire. L’opinion publique au XVIIIe siècle, Paris, Seuil, 2013. ROCHE D., Les Républicains des lettres : Gens de culture et Lumières au XVIIIe siècle, Paris, Fayard, 1988. ROCHE D., La France des Lumières, Paris, Fayard, 1993. SOUPEL S. (dir.), La Grande-Bretagne et l’Europe des Lumières, Rennes, PUR, 1996. http://www.caricaturesetcaricature.com/article- 14929932.html
« 1. Que le prétendu pouvoir de l'autorité royale de suspendre les lois ou l'exécution des lois sans le consentement du Parlement est illégal ; 2. Que le prétendu pouvoir de l'autorité royale de dispenser des lois ou de l'exécution des lois, comme il a été usurpé et exercé par le passé, est illégal ; 4.Qu'une levée d'argent pour la Couronne ou à son usage, sous prétexte de prérogative, sans le consentement du Parlement, pour un temps plus long et d'une manière autre qu'elle n'est ou ne sera consentie par le Parlement, est illégale ; 5. Que c'est un droit des sujets de présenter des pétitions au roi, et que tous emprisonnements et poursuites à raison de ces pétitions sont illégaux ; 6. Que la levée et l'entretien d'une armée dans le royaume, en temps de paix, sans le consentement du Parlement, est contraire à la loi ; 8. Que les élections des membres du Parlement doivent être libres ; 9. Que la liberté de la parole, ni celle des débats ou procédure dans le sein du Parlement, ne peut être entravée ou mise en discussion en aucune cour ou lieu quelconque autre que le Parlement lui- même ; 13. Qu'enfin, pour remédier à tous griefs, et pour l'amendement, l'affermissement et l'observation des lois, le Parlement devra être fréquemment réuni. » Bill of Rights 1689
Essor de la presse politique en Angleterre Liberté de la presse 1695 premier journal provincial Norwich Post 1701 premier quotidien Daily Courant 1702 premier journal du soir Evening Post 1706 12 journaux à Londres 1712 Stamp Act à taxe sur les journaux 2, 5 millions exemplaires vendus en Angleterre 1713 24 journaux provinciaux 1723 10, 7 millions exemplaires vendus 1756 premier quotidien français Journal de Paris 1777
William Hogarth, 1697-1764
Fénelon, Télémaque (1699) « Les rois qui ne songent qu’à se faire craindre et qu’à abattre leurs sujets pour les rendre plus soumis sont les fléaux du genre humain. Ils sont craints comme ils veulent l’être; mais ils sont haïs, détestés, et ils ont encore plus à craindre de leurs sujets que leurs sujets n’ont à craindre d’eux. »
Voltaire, Lettres Philosophiques, 1734 Lettre VIII, Sur le Parlement Lettre IX, Sur le Gouvernement Lettre XIII, Sur M. Locke Lettre XIV, Sur Descartes et Newton « La nation anglaise est la seule de la terre qui soit parvenue à régler le pouvoir des rois en leur résistant, et qui d’efforts en efforts ait enfin établi ce gouvernement sage, où le prince, tout- puissant pour faire du bien, a les mains liées pour faire le mal, où les seigneurs sont grands sans insolence et sans vassaux, et où le peuple partage le gouvernement sans confusion » (Lettre VIII)
Les trois phases des Lumières françaises Date Acteurs Œuvres Avant 1750 Montesquieu (1689-1755) Lettres persanes (1721) De l’Esprit des Lois (1748) Voltaire (1694-1778) Séjour en Angleterre 1726-29 Candide (1759) Mi XVIIIe Diderot (1713-1784) L’Encyclopédie (1750-1772) D’Alembert (1717-1784) Rousseau (1712-1778) Discours sur l’origine et le fondement de l’inégalité parmi les hommes (1754) Le Contrat social (1762) Fin XVIIIe Condorcet (1743-1794) Esquisse historique des progrès de l’esprit humain (1794)
Première page de l’Encyclopédie de Diderot et d’Alembert
Jean-Jacques ROUSSEAU, Citoyen de Genève, Émile ou de l’éducation, Amsterdam, 1762, liv. III (éd. Londres, 1774, t. I, p. 245). Jusqu’ici, je n’ai point distingué les états, les rangs, les fortunes, et je ne les distinguerai guère plus dans la suite, parce que l’homme est le même dans tous les états ; que le riche n’a pas l’estomac plus grand que le pauvre et ne digère pas mieux que lui ; que le maître n’a pas les bras plus longs ni plus forts que ceux de son esclave ; qu’un grand n’est pas plus grand qu’un homme du peuple, et qu’enfin les besoins naturels étant partout les mêmes, les moyens d’y pourvoir doivent être partout égaux […] Vous vous fiez à l’ordre actuel de la société sans songer que cet ordre est sujet à des révolutions inévitables… Le grand devient petit, le riche devient pauvre, le monarque devient sujet : les coups du sort sont-ils si rares que vous puissiez compter d’en être exempt ? Nous approchons de l’état de crise et du siècle des révolutions*… [* ici note de Rousseau : Je tiens pour impossible que les grandes monarchies de l’Europe aient encore longtemps à durer : toutes ont brillé, et tout état qui brille est sur son déclin. J’ai de mon opinion des raisons plus particulières que cette maxime ; mais il n’est pas à propos de le dire, et chacun ne les voit que trop.]
Rousseau, Du contrat social, 1762
David HUME, Traité de la nature humaine (1764), trad. D’A David HUME, Traité de la nature humaine (1764), trad. D’A. LEROY, Paris, Aubier, 1946, livre III, p. 663-679. « Le premier des principes, que je noterai comme fondement du droit de la magistrature, est celui qui donne autorité à tous les gouvernements les mieux établis du monde, sans exception : je veux dire la longue possession pour toute forme de gouvernement ou toute succession de princes. Il est certain que si nous remontons à la première origine de chaque nation, nous trouverons qu’il est rare de rencontrer une race de rois ou une forme de république qui ne se fonde pas primitivement sur l’usurpation et sur la rébellion et dont les titres ne soient pas en premier pires que douteux et incertains. Le temps seul donne de la solidité à leurs droits ; par son action graduelle sur les esprits des hommes, il les réconcilie avec toute autorité, qu’il fait paraître juste et raisonnable […] Quand il n’y a pas de forme de gouvernement établie par une longue possession, la possession présente suffit à la remplacer et on peut la regarder comme la seconde source de toute autorité publique. Le droit à l’autorité n’est rien que la possession constante de l’autorité, soutenue par les lois de la société et les intérêts de l’humanité […] Un homme qui, trouvant impossible d’expliquer le droit du possesseur présent par un système reçu de morale, se résoudrait à nier absolument ce droit et affirmerait que la morale ne l’autorise pas, soutiendrait, pourrait-on justement penser, un paradoxe tout à fait extravagant et il heurterait le sens commun et le jugement courant de l’humanité. Il n’y a pas de maxime plus conforme à la fois à la prudence et à la morale que de se soumettre paisiblement au gouvernement que nous trouvons établi dans le pays où il nous arrive de vivre, sans enquêter trop curieusement sur son origine et son premier établissement. Peu de gouvernements supporteront un examen aussi rigoureux. Combien de royaumes y a-t-il actuellement dans le monde et combien en trouvons-nous dans l’histoire, dont les gouvernants n’ont pas de meilleurs fondements pour leur autorité que celui de la possession présente ! »
Louis-Sébastien Mercier, Tableau de Paris « J’ai vu le même Roi, qui avait été adoré, ne pas faire couler beaucoup de larmes à sa mort. (…) Q’était-il donc, cet homme, tour à tour adoré et vu avec indifférence? » (sur Louis XV)
Samuel Sorbière, 1660 « Si le hazard, & l’estude de quelques particuliers a avancé nos arts & nos sciences jusques où nous en sommes; que ne fera point la bonne conduite de tant d’habiles gens, la despence de plusieurs grands seigneurs, l’autorité publique, & la magnifiscence d’un puissant Monarque. »
Louvois, 1686 Abandon des recherches « curieuses » et du « divertissement du chimiste » Retour à « une recherche utile qui ait quelque lien avec le service du Roi et de l’Etat » Interruption des projets botanistes pour une réorientation pratique ou médicale (cf Alice Stroup, 1990)
Expéditions scientifiques XVIIIe siècle Expédition de La Condamine en Equateur 1735–1747 Découverte par Vitus Béring du détroit qui porte son nom. 1741 tour du monde par Louis Antoine de Bougainville 1766–1769 voyages de James Cook notamment dans l'océan Pacifique 1768–1779 voyage de Jean-François de La Pérouse dans l'océan Pacifique (découverte du Détroit de La Pérouse). Naufrage à Vanikoro (Nouvelles Hébrides) 1785–1788 première ascension du mont Blanc (Jacques Balmat et Michel Paccard) 1786 Expédition d'Entrecasteaux dans l'océan Pacifique à la recherche de Jean-François de La Pérouse 1791–1794 expédition de Mungo Park sur les fleuves Sénégal et Niger 1795