L’Union Européenne et ses Nations
Introduction Au lendemain de la seconde guerre mondiale, la majeure partie des pays de l’Europe de l’Ouest s’intègre aux organisations intergouvernementales de la guerre froide non exclusivement européennes : l’OECE (organisation européenne de coopération économique, 1947), l’OTAN (l’Organisation du traité de l’atlantique nord, 1948). L’ « autre Europe » y répond par la mise en place du CAEM (conseil d’assistance économique mutuelle, 1949) et du Pacte de Varsovie (1955). A la mort de Staline des projets de Communauté politique et de communauté européenne de défense sont abandonnés et ce n’est qu’en 1957 qu’un début d’Europe communautaire voit le jour après la signature du traité de Rome. De seulement 6 Etats en 1957, l’Union européenne en compte 27 en 2007. Cet ensemble géopolitique complexe est donc soumis à des tensions permanentes liées à des divergences d’intérêts stratégiques, économiques ou d’ordre culturel.
I. Une Mosaïque de peuples et de territoires Les paradoxes européens Un espace à la superficie limitée mais aux densités de population très forte. Diagonale du vide et « banane bleue » Un élargissement à l’Est qui pose la question d’un rééquilibrage du poids politique des pays membres. Une multiplication des petits Etats qui accompagne l’élargissement de l’Union. Depuis 1989, éclatement de la Yougoslavie, indépendance des pays baltes, etc. Une ligne de fracture entre les nouveaux membres (2004-2007) et anciens du point de vue de l’ancienneté de la tradition étatique et de la taille des Etats. Une mise en cause de l’Union chez les peuples des Etats fondateurs. Traité de Maastricht (1993) et constitution européenne (finalement ratifiée par le parlement français en 2008). Un problème fondamental à partir de 2004 : la redistribution des subventions européennes (moins pour les plus anciens membres, en particuliers la France, plus pour les anciennes démocraties populaires).
II. Une Mosaïque de peuples et de territoires (2) … Ensembles culturels et ethnico-linguistiques Pays latins, germaniques, slaves, et autres…(baltes, finno-ougriens, celtes) Si l’Union Européenne (UE) ne s’est pas constituée sur la base de critères religieux, ethniques ou linguistiques (Cf : Benelux). Ceux-ci ont un poids non négligeable dans l’organisation de l’UE. Communauté européenne et « Union latine » (1957), AELE (Association Européenne de Libre Echange, 1960) et Europe du Nord (protestante et germanique). Pays catholiques, protestants, et orthodoxes (des traditions religieuses qui ont des poids différents selon les pays, question de la laïcité et du degré de pratique religieuse) Jusqu’en 2004 faible poids des religions (exceptions : Irlande, et Grèce), avec l’adhésion des anciennes démocraties populaires où il existe un puissant réveil religieux (Pologne, Slovaquie, Roumanie) le débat de la place des religions est relancé. Ces questions religieuses posent aussi celle de la reconnaissance d’un Islam européen
II. Une Mosaïque de peuples et de territoires (3) … Pays, régions et Etats Une superposition de territoires d’inégale importance: pays, villes, régions, Etats, Union européenne. Les « pays », terroirs traditionnels. Les régions : de poids inégal et plus ou moins ouvertes vers l’Europe (Auvergne/Provence-Côte d‘Azur). Une tentative de régionalisation : le programme « interreg ». Une volonté de développer la coopération transfrontalière en direction des espaces voisins de l’Europe (perspective française : l’Euroméditerranée, perspective allemande : l’Europe jusqu’à l’Oural…) Finalement des tentatives qui soufrent d’un rapport de forces inégales entre Etats et régions et Etats membres de l’Union et Etats voisins.
II. Etats et nations Symétries franco-allemandes. La France et l’Allemagne deux Etats pourtant proches ont développés chacun deux conceptions de l’Etat et de l’appartenance nationale. Ces deux conceptions ont influencés la maturation et la construction de différents Etats européens (Autriche, Tchéquie, Espagne : France ; Italie, Hongrie, Pologne : Allemagne). Des nations à géométrie variable. La nation française : tous les citoyens de la république (1791). Une conception territoriale et politique (les frontières « naturelles » de la France). Du Saint Empire romain germanique à la république fédérale allemande. Une conception ethnique et linguistique (le « génie » allemand). Les Etats-nations. Le rôle primordial des langues dans la structuration des Etats (de l’Espagne des rois catholiques à la révolution française ou l’unité allemande). La question des minorités : minorités nationales et transnationales (Tsiganes, Juifs).
III. La résistance du modèle national Des Etats-nations toujours d’actualité Survivance des rivalités géopolitiques Une Allemagne qui sort renforcée politiquement des élargissements e 2004 et 2007. Elle en a été le principal soutien pour des raisons économiques et historiques (minorités). Une France tournée traditionnellement vers la Méditerranée mais dont la position est affaiblie par la fermeture de ses frontières (Italie et Espagne profitent de cet affaiblissement). Pourtant des intérêts fortement imbriqués : La France est le premier investisseur en Allemagne, comme c’est le cas de l’Allemagne en France. Une Europe construite à la fois par et contre les Etats-nations (les révolutions de 1848 sont à la fois le signe d’un réveil nationaliste et de l’émergence de l’idée européenne…). Il existe une ambiguïté : les Etats-nations européens sont à la fois à l’origine de l’Europe et contestent son influence croissante. Une construction européenne mise à mal par les intérêts propres à chaque Etat. Les règles édictées par l’UE sont perpétuellement remises en cause par les Etats membres (exemple : déficit budgétaire des Etats…). Or, les Etats les plus puissants peuvent obtenir des dérogations mais pas les Etats les plus faibles, cela pose la question de l’égalité des Etats au sein de l’UE. L’Angleterre ou le Danemark : deux Etats membres de l’UE mais « à côté » …
III. La résistance du modèle national (2) … Les Euro-régions vont-elles se substituer aux Etats ? Cauchemar « souverainiste » ou réalité liée à la nature « décentralisatrice » de l’UE ? Une réelle demande d’autonomie de certaines régions (Catalogne, Padanie, Länder allemands, etc.) La mondialisation : un facteur d’effacement des Etats ? (cas ambigu d’Airbus, Agence spatiale européenne, etc.) Face à la Mondialisation les pays dotés d’économie fortement exportatrices, déjà très intégrées dans ce processus, pratiquent activement la coopération transfrontalière pour faire face à la concurrence internationale. Pourtant dans la plupart des cas les exemples de coopération internationale cache des intérêts nationaux stratégiques (Agence spatiale européenne basée en Guyane française et à Toulouse).
Conclusion L’Union européenne loin d’être un ensemble homogène reste très marquée par la diversité des Nations qui la composent. A l’origine et pourtant en tension permanente avec les principes européens (libre échange, décentralisation…) les Etats qui composent l’UE parviennent à préserver et à développer depuis 60 ans un espace caractérisé par sa prospérité économique. Reste à développer un véritable Etat européen…