CONTE DE FEES Poème de Catherine Oelhoffen Diaporama de Jacky Questel
«Miroir, gentil miroir, dis moi que je suis belle» Implorait la Princesse aux yeux privés de ciel.
Mais le miroir têtu, obstinément muet, Refusait de répondre à ces yeux sans reflet.
A quoi bon pensait-il user de mes pouvoirs Pour quelqu’un d’inconnu et qui ne peut rien voir…
Ce serait pur gâchis ! Mieux vaut rester discret, Sur cette anomalie gardons notre secret.
La Princesse angoissée par ce troublant silence, Reposa sa question aux eaux du lac immense.
Mais le lac à son tour ignora la demande. A quoi bon pensait-il rejouer la légende…
Jadis mon beau Narcisse épris de son image Vînt me rejoindre au creux du lit de mes rivages,
Tandis que l’étrangère aux yeux couleur de paille, Proie dépourvue d’appât ne me dit rien qui vaille.
Ne sachant vers quel Saint tourner son désespoir S’en remit au Seigneur qui ne fut plus bavard.
La pauvresse abattue par tant d’indifférence Alla cacher au loin sa peur et sa souffrance.
A jamais convaincue d’un disgracieux paraître Puisque nul ne voulait lui faire rien connaître,
Ecrasée par le doute, allongée sans mot dire, Attendit que la mort vienne enfin la cueillir.
C’est alors que survint un beau Prince Charmant. Relevant la Princesse il lui dit tendrement :
- «Je t’ai cherchée ma douce à travers l’Univers, Pourquoi sur cette mousse es-tu couchée par terre ?
Que vois-je ici ma Mie: des yeux emplis de larmes… A-t-on droit de pleurer quand on a tant de charme ?
- Tu ne me connais pas répondit la meurtrie, Tu le vois je suis laide et mes yeux sont sans vie.
- «Les miens sont des miroirs où tu te réfléchis. Si tu pouvais te voir, je te le certifie,
Tu saurais à quel point mon regard éperdu Renvoie de toi les traits d’une Reine attendue.
- Comment peux-tu m’attendre alors que tu ignores Et mon nom et mon âge et mon bien triste sort…»
- «Depuis longtemps séduit, pour moi tu m’étais chère. Mais n’osais t’aborder ne sachant comment faire.
Moi, Roi de ce Royaume où régnait sans partage La plus jolie Princesse au plus joli visage,
J’étais le plus nigaud de tous les Souverains. J’aurais donné tout l’or pour obtenir ta main !
Mais je perdis ta trace et mon cœur était lourd. Partout je te cherchais et crus mourir d’amour.»
Depuis lors la Princesse aux yeux privés de ciel, Eblouie par ce Roi au doux baiser de miel,
Ne chercha plus jamais auprès d’aucun miroir Ce que désormais n’avait plus à savoir.
Quand le regard de l’autre est un puits de tendresse Où noyer ses chagrins, quand il n’est que caresse,
Point n’est besoin de voir pour se sentir aimé. Au travers de ses yeux tout n’est plus que beauté.
Poème de Catherine Oelhoffen Texte lu par Jacky dans les studios de la RCF de Nevers Diaporama de Jacky Questel, ambassadrice de la Paix Jacky.questel@gmail.com http://jackydubearn.over-blog.com/ http://www.jackydubearn.fr/