La crise financière : bourrasque ou symptôme du capitalisme libéral ? Yamina Mathlouthi Chercheuse IRMC
Remarques préliminaires sur la crie actuelle R.Boyer « … la stupeur qui frappe la plupart des analystes de la crise actuelle contraste avec sa conformité aux théories qui étudient la croissance et ses perturbations en perspective historique ». Même enchaînement de séquences : spéculation sur les tulipes 1630-36 → explosion de la bulle Internet 1999-2000. A l’origine, impulsion due à : une nouvelle technique de production, une rupture politique, de nouveaux comportements de consommation, …,
Le Plan de cette intervention Croissance dans le monde Vs crises conjoncturelles. La forme des crise à venir. Les contradictions de l’économie dominante des E.U. L’engrenage. Le retour à la réalité. Le rôle des banques centrales. Crise financière : bourrasque ou symptôme du capitalisme ? Conclusion : crise de la monnaie internationale.
Croissance dans le monde Vs Crises conjoncturelles Selon le rapport provisoire de la « Commission on Growth and Development », présidée par Michael Spence: ● En 30 ans, le nombre des personnes vivant dans des régions à forte croissance est passé de 2 à 4 milliards. ● « Pour la première fois dans l’histoire, il existe une chance raisonnable de transformer la qualité de la vie d’une vaste majorité de l’humanité et des possibilités nouvelles d’agir en sa faveur ».
Croissance dans le monde Vs Crises conjoncturelles Sans parler des conséquences possibles de la conjoncture actuelle, à un moment où la mondialisation connaît ses premières vraies difficultés. Crises financières de la fin des années 1990 localisées (Asie, Russie et Amérique latine), et vues surtout comme propres au monde en développement. Eclatement de la bulle informatique en 2001 : avec le recul, plutôt une brève péripétie.
Croissance dans le monde Vs Crises conjoncturelles Les marchés financiers connaissent des fluctuations historiquement hors normes : Le secteur bancaire est durement atteint. On s’interroge sur l’impact combiné de: la crise des subprimes l’évolution des prix de l’énergie et des matières premières Les fluctuations du dollar. Et cela après 6 ans de croissance très forte du PIB mondial (5,2% entre 2002 et 2007).
Nouvelle Problématique Trois grands problèmes : celui de la forme des crises à venir et de la façon d’y faire face, celui de la construction sociale des marchés, celui du «découplage» (ou du «couplage») conjoncturel des économies émergentes/ en développement/ sous-développées .
La forme des crises à venir Les crises de la « première mondialisation financière » (1870-1913) concernaient des pays particuliers, sans contagion concernant les prix des actifs d’un pays à l’autre. Selon les analyses historiques ou économétriques : les mouvements du prix des actifs sont dus à des événements nationaux : sécheresses, changements et violences politiques, guerres, problèmes économiques.
La forme des crises à venir Aujourd’hui corrélation croissante des prix des actifs (diversification internationale des placements des investisseurs financiers à partir des années 1990). Question face aux crises à venir : les années 1990, un épiphénomène ? Va-t-on revenir à des crises type XIXe ? question importante car les remèdes pour stabiliser les marchés financiers seront différents selon les causes des crises à venir.
La forme des crises à venir Les années 1990 ont des chances d’avoir été un tournant durable, en partie en raison des instruments et des acteurs nouveaux (fonds spéculatifs, fonds souverains, etc.) dans un contexte économique particulier.
Les contradictions de l’économie dominante des E.U Déficit du CE US : + de 600 milliards $/an (+ 6% du PIB) Endettement extérieur : 6000 milliards $ Epargne intérieure nulle (financement épargne extérieur EU, japonaise, chinoise) Contradiction : revenus financiers payés à l’extérieur > revenus payés à l’intérieur la FED baisse le taux d’intérêt directeur août 2007, septembre 2007.
Pendant ce temps Les restructurations continuent : fusions, acquisition, rachat d’actions, etc. Leverage buy out (LBO) et effet de levier
L’engrenage Incapacité du système productif à produire une rentabilité suffisante et les marchés financiers deviennent le lieu où se fixent les nouvelles normes de rentabilité et où s’exacerbe la concurrence pour l’appropriation de la rente : Bulles financières : après l’éclatement de la bulle internet 2000 l’économie US n’a évité la récession qu’en aggravant les déséquilibres (déficits de L’État et surendettement des ménages)
L’engrenage Le crédit facilite les restructurations et la spéculation : les créances deviennent des produits financiers sur lesquels les fonds spéculent aux E.U (subprime). Surproduction immobilière + relèvement des taux d’intérêt retournement du marché immobilier (faillite des fonds et des banques car les titres deviennent invendables ; manque de liquidités et actions liquidées ).
L’engrenage La Bulle financière éclate car les actionnaires prévoient que l’activité menace de se retourner à son tour (le 15 septembre 2008 faillite de Lehman Brothers)
Retour à la réalité En période d’euphorie, une seule contrainte pèse sur le système financier mondial : capter de plus en plus de liquidités (absorption, fusions, délocalisations, …, ) Mais quand le système productif menace de ralentir sa cadence parce que l’économie dominante est proche de la récession, tous les ingrédients d’une crise globale sont réunis : crise du crédit, crise boursière, crise économique.
Que font les banques centrales ? Elles étaient sur une tendance à la hausse des taux d’intérêt depuis 2004, taux directeurs de la FED était passé de 1% à 5,25 % en 2006 Dès les premiers jours d’août 2007: BCE : 250 M € FED : 90 M $ (66 M €) B du Japon : 42,7 M €
Petit détour technique Composition de la masse monétaire M1 = billets, pièces et dépôts à vue dans les banques = moyens de paiement (monnaie parfaitement disponible) M2 = M1 + placements à vue (disponible immédiatement mais qui ne peuvent pas servir de moyen de paiement) M3 = M2 + actifs financiers négociables émis par les banques
Le mystère de la MM (zone euro)
Crise financière : bourrasque ou symptôme du capitalisme ? Auparavant les innovations financières visaient à faciliter une activité dans la sphère réelle, or les innovations financières qui sont au cœur de la crise de 2008 ont pour spécificités d’être « pures ».
Crise financière : bourrasque ou symptôme du capitalisme ? A cause de la financiarisation, la politique monétaire est confrontée à un dilemme : Si les BC baissent les taux, elles favorisent l’économie réelle et la bulle spéculative Si elles les augmentent pour empêcher l’inflation des actifs financiers, elles cassent l’économie Contrainte : affectation de la majeure partie des profits à la rente financière
Conclusion : crise de la monnaie internationale ? Les produits dérivés se démultiplient : crise d’hyperinflation des actifs financiers Défaut de confiance méthodique : le système ne reposait que sur les vertus autorégulatrices des marchés Déficit des valeurs éthiques : concurrence Vs valeurs partagées au sein de la communauté internationale Proposition de J.M. Keynes : bancor
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