4e leçon : Généalogie de la modernité
Généalogie de la modernité « Occident » >< « Orient » < occidere : tuer, achever « choc des civilisations »
Samuel Huntington (1927- 2003) Le choc des civilisations (1993)
Edward Said (1935- 2003) L’orientalisme. L’Orient créé par l’Occident (1978)
Généalogie de la modernité « Europe » civilisation avec une conscience commune pas d’unification politique (« Empire ») Union Européenne
Généalogie de la modernité « Europe » : entité géographique floue
Généalogie de la modernité dynamique historique: déclin de la tradition et accélération de l’histoire « progrès » technoscience >< désastres écologiques droits de l’homme >< colonialisme, etc. démocratie >< totalitarisme
Généalogie de la modernité démarre en Europe mais est devenue universelle personne n’a le monopole de la modernité pas de nécessité historique mais bifurcation, contingence
Généalogie de la modernité = effondrement de l’ordre théologico-politique -> émergence de l’ordre marchand
Généalogie de la modernité Ordre rituel: pouvoir religieux -> « sociétés premières » Ordre théologico-politique: pouvoir militaire -> « grandes civilisations » (- 5 000 AJC) Ordre marchand: pouvoir économique -> « société moderne » (13e)
Généalogie de la modernité dans les Empires le P théologico-politique se méfie du P marchand Europe : le P politique et P théologique sont en concurrence -> le P marchand s’autonomise
querelle entre le Pape et l’Empereur Pape Grégoire VII Empereur Henri IV Canossa
Villes-Etats : Venise
Etats monarchiques suzerains = propriété; allégeance rois = appareil d’Etat centralisé P législatif P administratif P judiciaire
Généalogie de la modernité 2 scénarios modernité = autonomie (>< hétéronomie) accent sur le citoyen = acteur engagé, émancipé des appartenances communautaires modernité = individualisme (>< holisme) accent sur l’homme = entité singulière ayant sa valeur propre
autonomie individualisme Athènes : raison Jérusalem : révélation
Cornélius Castoriadis (1922-1997) philosophe & psychanalyste la base de la société n’est pas matérielle (économique), mais imaginaire L’institution imaginaire de la société (1974)
Cornélius Castoriadis imaginaire de l’hétéronomie : sociétés qui s’imaginent instituées par un « Autre » (Dieux ou Dieu) pas de mise en question des fondements de la société imaginaire de l’autonomie : sociétés qui s’assument comme auto-instituées mise en question des fondements de la société
Cornélius Castoriadis Athènes = « germe » d’autonomie a permis à la société moderne de devenir une société de l’autonomie ; autonomie = menacée par le capitalisme individualisme + technique La montée de l’insignifiance (1996)
Cornélius Castoriadis Critiques ED la civilisation grecque = asiatique Europe : redécouvre tardivement la culture grecque ce que l’Europe hérite de la Grèce: la philosophie, pas la démocratie autonomie politique ≠ autonomie philosophique
Louis Dumont (1911-1998) anthropologue Homo hierarchicus 1971 castes Inde = sociétés holistes Essais sur l’individualisme 1983 civilisation européenne = société individualiste
Louis Dumont anthropologue la source de l’individualisme moderne = la religion chrétienne Christ = être singulier - humain + divin
Louis Dumont anthropologue « moine » (< monos = seul) : valorisation de la conscience intérieure
Louis Dumont anthropologue engagement militant du fidèle
Louis Dumont anthropologue individualisme : base de la démocratie mais tentation holiste moderne non plus holisme religieux, mais politique nationalisme nazisme communisme stalinisme
éthique biblique judaïsme / christianisme / islam Loi de Dieu accessible intérieurement 2. les hommes désobéissent : péché => les H sont responsables du Mal 3. Dieu pardonne => les H peuvent se sauver espérance : temps linéaire, histoire prophètes
Jérusalem la justice ≠ ordre, équilibre = don infini à Dieu le salut ≠ vivre heureux dans une Cité = combattre la misère morale du monde
Athènes Jérusalem éthique naturaliste prudence, raison la justice = harmonie du Tout l’injustice =démesure, ignorance éthique impérative charité, compassion la justice = la Loi de Dieu l’injustice = péché, désobéissance
christianisme rapport compliqué entre religion et politique base antipolitique et anti-juridique Judaïsme et islam Moïse / Mahomet = chefs politiques
Calife < khalîfa = « successeur » (du Prophète Islam : le califat Calife < khalîfa = « successeur » (du Prophète chef politique => chef religieux « Commandeur des Croyants » 632 -> 1924 (aboli par Atatürk) le religieux sous le contrôle du politique
Jésus-Christ < christos = oint Messie = envoyé de Dieu Fin du Monde = Royaume de Dieu
Jésus-Christ pas roi d’Israël Fils de Dieu sacrifice Royaume spirituel incarnation sacrifice Passion
« Préparer l’avènement du Royaume de Dieu » eschatologie < eschaton : dernier
Quel rapport au pouvoir politique ? « Mon Royaume n’est pas de ce monde »
Quel rapport au pouvoir politique ? « Rendez à César ce qui est à César, et à Dieu ce qui est à Dieu »
« Entrée à Jérusalem » Rembrandt (17e)
anti-juridisme chrétien Loi des Romains Loi des Rabbins
ambiguïté du pouvoir théologico-politique chrétien : autonomie du pouvoir politique maintien des hiérarchies sociales et politiques christianisme ≠ mouvement de libération politique
v° révolte des paysans Allemagne 1525 Martin Luther >< Thomas Müntzer
v° théologie de la libération Gustavo Gutiérrez, Théologie de la libération (1972) « cette conception d'un Jésus politique, révolutionnaire, du dissident de Nazareth, n'est pas en harmonie avec l'enseignement de l'Église » (Jean-Paul II)
ambiguïté du pouvoir théologico-politique chrétien : supériorité du pouvoir spirituel « tout pouvoir vient de Dieu » Saint Paul, Romains, 13,1
ambiguïté du pouvoir théologico-politique chrétien : autonomie du pouvoir politique supériorité du pouvoir spirituel
Saint Augustin 354 / 430
Saint Augustin Hippone Confessions La Cité de Dieu
Saint Augustin « misère de l’homme sans Dieu » péché originel prédestination
Saint Augustin La Cité de Dieu Sac de Rome (410) Alaric
Saint Augustin Cité terrestre « l’amour de soi jusqu’au mépris de Dieu» Cité céleste « l’amour de Dieu jusqu’au mépris de soi »
Saint Augustin Cité céleste Cité terrestre
« Sans la justice, en effet, les royaumes sont-ils autre chose que de grandes troupes de brigands ? Et qu’est-ce qu’une troupe de brigands, sinon un petit royaume ? Car c’est une réunion d’hommes où un chef commande, où un pacte social est reconnu, où certaines conventions règlent le partage du butin. Si cette troupe funeste, en se recrutant de malfaiteurs, grossit au point d’occuper des villes, de subjuguer des peuples, alors elle s’arroge ouvertement le titre de royaume, titre qui lui assure non pas le renoncement à la cupidité, mais la conquête de l’impunité. C’est une spirituelle et juste réponse que fit à Alexandre le Grand ce pirate tombé en son pouvoir. “— quoi penses-tu, lui dit le roi, d’infester la mer ?” “— quoi penses-tu d’infester la terre ?” répond le pirate avec une audacieuse liberté. Mais parce que je n’ai qu’un frêle navire, on m’appelle corsaire, et parce que tu as une grande flotte, on te nomme conquérant » (La Cité de Dieu, Livre IV, 4).
Saint Augustin quasi-juspositivisme le fondement du droit ≠ la Nature = Dieu base de toute légitimité : Evangile le Prince chrétien met « sa puissance au service de la Majesté divine pour étendre le plus possible le culte de Dieu »
« révolution papale » Pape Grégoire VII 1073
« seul le Pape est universel » tentation impériale Grégoire VII (1073) « seul le Pape est universel » 3e scénario « catholique » modernité : Rome ?
renaissance du droit Grégoire fait réétudier le droit romain Irnérius compilations de Justinien (6e) Corpus juris civilis Bologne : 1ère Université (1080)
renaissance du droit l’Eglise veut contrôler la vie sociale à travers le droit naissances, éducation, mariage, héritages, contrats échanges, etc. le P politique va reprendre l’instrument et supplanter l’Eglise -> Etats monarchiques
renaissance du droit Rois / marchands juristes (« légistes ») magistrats avocats (13e) Louis IX (13e) rend la justice sous un chêne
Généalogie de la modernité Rome = synthèse de la Raison grecque : Athènes l’individualisme chrétien : Jérusalem ?
Généalogie de la modernité autre hypothèse : modernité : déviation, subversion monastères, universités: redécouverte souterraine de la liberté de pensée
Généalogie de la modernité subversion du grand récit théologique par la raison philosophique subversion du rationalisme philosophique par la compassion chrétienne double subversion de Dieu / Nature -> espace libre pour l’Homme
Le nominalisme « via moderna » franciscanisme St François d’Assise (13e) Ordre des frères mineurs
François d’Assise (1181-1226) conflit avec la Papauté résistance politique et intellectuelle errants, mendiants
François d’Assise (1181-1226) pauvreté « non-droit » partisans de l’Empereur « rendez à César »
Guillaume d’Occam (1285-1347) Court traité du pouvoir tyrannique Traité des pouvoirs impérial et pontifical
Guillaume d’Occam (1285-1347) Umberto Eco Le nom de la rose Guillaume de Baskerville
la « querelle des universaux » les « réalistes » Platon : Idées Aristote : Formes les Idées ne sont pas des constructions mentales, elles sont réelles
La voie naturaliste Saint Thomas d’Aquin 1225-1274 Somme théologique
Saint Thomas d’Aquin éthique impérative Christ éthique naturaliste Aristote droit naturel objectif
la « querelle des universaux » les « nominalistes » seuls les individus existent les idées = constructions = noms
la « querelle des universaux » la pensée est langage « le rasoir d’Occam » : = ne pas multiplier les entités explicatives au-delà de ce qui est nécessaire
Guillaume d’Occam (1285-1347) il n’y a de réalité qu’individuelle ≠ holisme du droit naturel = individualisme individu = volonté
Guillaume d’Occam (1285-1347) le droit d’un individu : droit romain : la part qui lui revient dans l’ordre objectif des choses > primat du droit objectif via moderna : sa volonté (besoins, désirs, intérêts > primat du droit subjectif