Comment mesurer les inégalités ?
Les déciles et le rapport interdécile La dispersion d’une série statistique s’intéresse à l’étendue des écarts entre les valeurs extrêmes de cette série ou entre une valeur et sa valeur médiane. La dispersion se mesure à l’aide des déciles. La population est divisée en 10 parties égales. Le premier décile (D1) en matière de niveau de vie comprend donc les 10% des personnes les plus pauvres. Le dernier décile (D10) regroupe en revanche les 10% des ménages les plus riches. On distingue deux types de décile : Le décile pointé ou borné correspond au revenu qui délimite les tranches ; Le décile moyen correspond au revenu moyen de chaque tranche de 10% de la population. On peut aussi diviser la population en tranche de 1% (les centiles), de 20% (les quintiles) ou de 25% (les quartiles).
Le revenu le plus faible - le rapport interdécile : Il établit le rapport entre le dernier décile (le 9ème ou le 10ème) et le 1er décile. Le 1er décile délimite les 10% des ménages disposant du niveau le plus faible et le dernier décile les 10% de ménages disposant du niveau le plus élevé Le revenu le plus élevé des 10% les plus pauvres Le revenu le plus faible des 10% les plus riches D 1 D 2 D 3 D 4 D 5 D 6 D 7 D 8 D 9 D 10 Le revenu médian Le revenu moyen des 10% les plus pauvres Le revenu moyen des 10% les plus riches
Soit une population constituée de 30 individus Soit une population constituée de 30 individus. Dont les revenus du travail salarié sont les suivants : 250 620 900 620 780 960 800 610 420 810 320 910 630 720 200 640 300 1000 820 670 450 600 890 870 950 850 350 400 500 510 Classement des salariés du moins bien payé au mieux payé Moyenne par décile Lecture Salaire limite par décile D1 D2 D3 456,6 500 D4 573,3 610 D5 623,3 630 * D6 676,6 720 D7 796,6 810 D8 846,6 870 D9 900 910 D10 970 1000 Rapport interdécile D10/D1 3,88 3,33 Classement des salariés du moins bien payé au mieux payé Moyenne par décile Lecture Salaire limite par décile 200 D1 250 300 320 D2 350 400 420 D3 450 500 510 D4 600 610 620 D5 * 630 640 D6 670 720 780 D7 800 810 820 D8 850 870 89 D9 900 910 950 D10 960 1000 Rapport interdécile D10/D1
Classement des salariés du moins bien payé au mieux payé Moyenne par décile Lecture Salaire limite par décile 200 D1 * 250 300 320 D2 350 400 420 D3 456,6 500 450 510 D4 573,3 610 600 620 D5 623,3 630 640 D6 676,6 720 670 780 D7 796,6 810 800 820 D8 846,6 870 850 890 D9 900 910 950 D10 970 1000 960 Rapport interdécile D10/D1 3,88 3,33 250 300 356,6 400 D3 D4
Limite supérieure du décile Revenus moyens par décile La dispersion des niveaux de vie mensuels en France en 2009 en euros Déciles Limite supérieure du décile Revenus moyens par décile D1 866 659 D2 1 084 983 D3 1 263 1 175 D4 1 421 1 341 D5 1 590 1 504 D6 1 776 1 682 D7 2 008 1 888 D8 2 348 2 166 D9 2 987 2 619 D10 - 4 435 Ensemble 1 845 Le niveau de vie mensuel du plus riche des 10% les plus pauvres est de …………………… Le niveau de vie mensuel moyen des 10% les plus pauvres est de ……………………….. Le niveau de vie mensuel du plus pauvre des 10% les plus riches est de ……………………….. Le niveau de vie mensuel moyen des 10% les plus riches est de ……………………….. En France en 2009, 50% des ménages disposent d’un revenu mensuel inférieur à ………………… tandis que 50% des ménages disposent d’un revenu mensuel supérieur à ……………………… En moyenne en France en 2009 les ménages disposent d’un niveau de vie mensuel de ………………………… 866 € 659 € 2 987 € 4 435 € 1 590 € 1 590 € 1 845 € par UC
Limite supérieure du décile Revenus moyens par décile La dispersion des niveaux de vie mensuels en France en 2009 en euros Déciles Limite supérieure du décile Revenus moyens par décile D1 866 659 D2 1 084 983 D3 1 263 1 175 D4 1 421 1 341 D5 1 590 1 504 D6 1 776 1 682 D7 2 008 1 888 D8 2 348 2 166 D9 2 987 2 619 D10 - 4 435 Ensemble 1 845 9 Le coefficient de dispersion pointé D……../D1 = Ce qui signifie qu’en France en 2009 Le coefficient de dispersion moyen D……../D1 = 3,4 Le niveau de vie mensuel du ménage le plus riche des 10% les plus pauvres est 3,4 fois inférieur au niveau de vie du ménage le plus pauvre des 10% les plus riches 10 6,7 En France en 2009, les 10% des ménages les plus pauvres disposent d’un niveau de vie moyen par UC 6,7 fois plus faible que les 10% les plus riches
Limite supérieure du décile Revenus moyens par décile La dispersion des niveaux de vie mensuels en France en 2009 en euros Déciles Limite supérieure du décile Revenus moyens par décile % du revenu total % cumulé du revenu D1 866 659 3,6 D2 1 084 983 5,3 8,9 D3 1 263 1 175 6,4 15,3 D4 1 421 1 341 7,2 22,5 D5 1 590 1 504 8,2 30,7 D6 1 776 1 682 9,1 39,8 D7 2 008 1 888 10,2 50,0 D8 2 348 2 166 11,8 61,8 D9 2 987 2 619 14,2 76,0 D10 - 4 435 24,0 100 Ensemble 1 845 En France en 2009, les 10% des ménages les plus pauvres se partagent …………………………. du revenu total, les 50% des ménages les plus pauvres se partagent …………..% du revenu total, les 50% des ménages les plus riches se partagent …………………. % du revenu total, les 20% des ménages les plus riches se partagent ………………. % du revenu total et les 10% des ménages les plus riches se partagent ……………….. % du revenu total. 3,6% 8,2 69,3 38,2 24,0
La courbe de Lorentz
Répartition du RDB entre les ménages Déciles de revenu disponible Exemple Répartition du RDB entre les ménages en France en 2004 Déciles de revenu disponible Part du décile en % % cumulés D1 3,0 D2 4,0 D3 5,5 D4 6,7 D5 7,9 D6 9,2 D7 10,7 D8 12,5 D9 15,3 D10 24,7 3,0 7,5 13,0 19,7 27,6 Droite d’équirépartition 36,8 0 10 20 30 40 50 60 70 80 90 100 47,5 60,0 75,3 100,0 0 10 20 30 40 50 60 70 80 90 100
Les strobiloïdes
Exemple n°1 En % Montant de revenu 3 Deux fois le revenu médian 9 Entre deux fois et 1,75 fois le revenu médian 9 Entre 1,75 et 1,5 fois le revenu médian 8 Entre 1,5 et 1,25 fois le revenu médian 10 Entre 1,25 et 1 fois le revenu médian 20 Entre 1 fois et 0,75 fois le revenu médian Entre 0,75 et 0,5 fois le revenu médian 22 Entre 0,5 fois et 0,25 fois le revenu médian 13 Entre 0,25 fois et 0 fois le revenu médian 7 0 25 50 100 125 150 175 200
Exemple n°2 En % Montant de revenu 12 Deux fois le revenu médian 10 Entre deux fois et 1,75 fois le revenu médian 10 Entre 1,75 et 1,5 fois le revenu médian 8 Entre 1,5 et 1,25 fois le revenu médian Entre 1,25 et 1 fois le revenu médian Entre 1 fois et 0,75 fois le revenu médian 6 Entre 0,75 et 0,5 fois le revenu médian Entre 0,5 fois et 0,25 fois le revenu médian 15 Entre 0,25 fois et 0 fois le revenu médian 17 0 25 50 100 125 150 175 200
Exemple n° 1 et n°2 0 25 50 100 125 150 175 200
d) Des indicateurs synthètiques Le BIP 40 ou baromètre des inégalités et de la pauvreté est un indicateur synthétique des inégalités et de la pauvreté créé en 2002 par une équipe de militants syndicalistes, économistes, et statisticiens regroupés à l'origine dans le collectif Réseau d’alerte sur les inégalités. Le BIP 40 a été créé suite à une polémique sur l’utilisation du taux de pauvreté relative comme indicateur de mesure de la pauvreté et des inégalités. Il y a également l’indicateur de pauvreté humaine (IPH) élaboré par le PNUD ou encore, l’Indicateur global de santé social (ISS) aux Etats-Unis
L'indice emploi et travail est construit à l'aide de vingt-quatre indicateurs répartis en quatre groupes : - un indice relatif aux conditions de travail mesuré par la part du travail le dimanche, part du travail de nuit, taux de fréquence des accidents du travail avec arrêt, durée moyenne des arrêts de travail pour accident, taux de fréquence des accidents mortels, nombre de maladies professionnelles reconnues, pénibilité, travail répétitif, - un indice de chômage mesuré par le taux de chômage BIT, taux de chômage « complémentaire » au chômage officiel, ratio taux de chômage Homme/Femme, ratio taux de chômage <25 ans/25-49 ans, ratio taux de chômage cadres/employés, ratio taux de chômage cadres/ouvriers, part des chômeurs de longue-durée dans les chômeurs, part des chômeurs indemnisés, - un indice de précarité mesuré par le taux de temps partiel, taux d’intérim, taux de contrat à durée déterminée (CDD), part des femmes dans le temps partiel et taux de sous-emploi, - un indice portant sur les relations professionnelles mesuré par le nombre de journées de grève rapportées à la population salariée occupée, la part des votes aux comités d'entreprises allant à des candidats non-syndiqués et la part des salariés protégés licenciés dans les salariés licenciés. L'indice revenus est construit à l'aide de quinze indicateurs répartis en quatre groupes : - un indice de salaires mesuré par l'écart inter-déciles, ratios de salaires hommes-femmes et ratio 26-30 ans par rapport aux 41-50 ans, part des salaires dans l’ensemble des salariés, SMIC mensuel net par rapport au salaire moyen à temps complet, un indice de la consommation mesuré par l'indice de pouvoir d’achat, taux de surendettement des ménages, taux d’incidents de crédits, - un indice des inégalités de revenus et de fiscalité mesuré par la part des revenus financiers dans le revenu disponible brut des ménages, part des salaires dans la valeur ajoutée, part des foyers soumis à l’impôt sur la fortune dans les foyers déclarant l’impôt sur le revenu et part de l’impôt sur le revenu dans les recettes fiscales. - et un indice de la pauvreté mesuré par le revenu garanti moyen (défini par la moyenne pondérée des minima sociaux existants) rapporté au revenu disponible moyen, nombre d’allocataires de minima sur le nombre de ménages, part de la population vivant des minima sociaux, part des prestations sociales dans le revenu disponible brut des ménages. L'indice santé est construit à l'aide de cinq indicateurs : l’espérance de vie à la naissance, la différence d’espérance de vie entre cadres et ouvriers, la part des dépenses de santé dans le produit intérieur brut, la part des dépenses de santé prise en charge par les ménages et la disparité des densités médicales régionales. L'indice éducation est construit à l'aide de cinq indicateurs : l’accès au baccalauréat, les sorties du système éducatif, les inégalités de niveau en Français et en mathématiques, la proportion d’enfants de cadres par rapport aux enfants d’employés dans les CPGE. L'indice logement est construit à l'aide de cinq indicateurs: le poids des dépenses de logement dans la consommation des ménages, l’indice du prix des loyers rapportés à l’indice des prix à la consommation, la part des mises en chantier aidées (PLA) dans les mises en chantier, la part du montant d’aides personnelles au logement dans la consommation de logement et le nombre de plaintes en justice des bailleurs pour impayés de loyers. L'indice justice est construit à l'aide de quatre indicateurs : le taux d’incarcération, le taux de détention provisoire, la part des condamnés à des peines de plus de cinq ans et le taux de reconnaissance des demandes de statut de réfugiés. Source : WIKIPEDIA
2) Les limites des indicateurs de mesure a) Quelles inégalités comparer ? Le choix des inégalités à étudier n’est jamais neutre. Privilégier l’examen de la distribution de telle ou telle ressource, repose donc toujours sur un jugement normatif. Par exemple, pourquoi s’intéresser davantage aux taux de fréquentation des musées qu’aux taux de fréquentation des stades sportifs ? Par ailleurs, le choix d’une variable par rapport à une autre peut conduire à donner à une représentation totalement différente de l’évolution d’une inégalité. Dans le cadre des inégalités économiques, selon que l’attention se porte sur les revenus ou sur le patrimoine on considèrera que les inégalités s’estompent ou bien qu’elles s’accroissent.
b) Quelles populations comparer ? Dans l’étude des phénomènes inégalitaires, toute partition de la population correspond à un parti pris méthodologique qui n’offre pas la même représentation des inégalités. Analyser les inégalités de revenu par unité de consommation offre certainement une vision plus exacte que si on procède uniquement à partir des ménages. Pourtant, cette méthode comporte des insuffisances, notamment pour les familles monoparentales avec des enfants à bas âge dont on minore la charge. De la même façon, une analyse des inégalités selon les catégories socioprofessionnelles ne donne qu’une vision incomplète. D’une part, on sous-évalue les écarts entre les catégories les plus riches (éclatées dans plusieurs groupes : cadres et professions intellectuelles supérieures, artisans commerçants et chefs d’entreprise, inactifs dans le cas des rentiers) et les plus pauvres (eux-mêmes répartis parmi les employés, ouvriers et autres inactifs). D’autre part, on reste aveugle aux inégalités intra-catégorielles.