Réadaptation : un nouveau concept pour la santé et le droit social. Professeur Claude Hamonet, Médecin-rééducateur, Anthropologue Faculté de Médecine de Créteil (UPEC), Hôtel-Dieu de Paris, Hôpital Raymond Poincaré (Garches) et Laboratoire d’éthique médicale et juridique, Université Paris-Descartes. Diplôme d’université Handicap, réadaptation, restauration neurologique du mouvement
Réadaptation, un mot porteur d’espérances Apparu tardivement dans la langue française (Littré, 1875, ne le mentionne pas), il s'imposera progressivement, face à l'infirmité, avec son cortège d'invalidités, comme une réponse plus avancée socialement, au handicap, que la seule solidarité nationale.
Une définition opérationnelle et positive « La réadaptation est l’ensemble des moyens médicaux, psychologiques et sociaux qui permettent à une personne, en situation de handicap ou menacée de l’être, du fait d’une ou plusieurs limitations fonctionnelles de mener une existence aussi autonome que possible » Ainsi la notion de réadaptation liée à celle d’autonomie. Se « gouverner » soi-même avec ou sans dépendance selon ses propres lois (« otos nomos ») est l’objectif éthique de la réadaptation. Il s’agit aussi de retrouver sa LIBERTE de citoyen.
Objectif de la réadaptation : Combler le fossé entre le médical et le social Les connaissances médicales représentent : « Un grand savoir sur le corps…Un piètre savoir sur l’Homme souffrant » (David Le Breton, anthropologue)
La "naissance de la Réadaptation" Elle se situe, selon l'expression de Henri-Jacques Stiker, après la première guerre mondiale, devant l'afflux des mutilés et autres victimes de la boucherie sanglante de 14-18. Ces nouveaux infirmes ont bénéficié d'un autre regard de la part de la nation qu'ils avaient défendue au prix de leur corps.
« To believe in Rehabilitation is to believe in humanity » Howard A « To believe in Rehabilitation is to believe in humanity » Howard A. Rusk
Elle permet : " le remplacement, le rétablissement de la même situation qu'auparavant, la substitution, la compensation…« (H. J. Stiker, Corps infirmes et société).
Il est lié à celui d’adaptation qui sous-tend la notion d’éducation Il est lié à celui d’adaptation qui sous-tend la notion d’éducation. Le rapport de l’Office des personnes handicapées du Québec (OPHQ) de 1984 « À parts égales » propose d’utiliser le terme « adaptation-réadaptation » qui correspond mieux à la réalité.
la réadaptation apparaît comme le moyen de re-insérer, de réaliser un objectif : l'intégration ou, comme le propose la Déclaration de Madrid de 2002, l'inclusion. La diffusion du mot s'est faite progressivement au fur et à mesure que Handicap remplaçait inadaptation.
Des piliers conceptuels pour une nouvelle démarche à partir du réseau de santé qui n’est plus seulement un « réseau de soins », selon la loi du 5 mars 2002
LE HANDICAP MODIFICATIONS DU CORPS LIMITATIONS FONCTIONNELLES OBSTACLES DANS LES SITUATIONS DE LA VIE SUBJECTIVITÉ
Méthodologie de la réadaptation en réponse aux situations de handicap La réadaptation apparaît alors comme un processus continu, parfois lent, qui nécessite une organisation complexe, transversale médicale et sociale bien intriquée et pas seulement juxtaposée.
La réadaptation donne une dimension humaine à la santé La Réadaptation introduit une nouvelle dimension que l'on peut schématiser de la façon suivante. L'approche de la maladie : Signes ---> diagnostic --->traitement--->guérison avec ou sans séquelles Celle du handicap : Handicap ---> Réadaptation ---> Autonomie avec ou sans dépendance
J’en dirai autant du mot « réadaptation » (il venait d’expliquer le sens du mot rééducation) dont la portée me paraît plus générale, impliquant aussi les démarches de la réadaptation sociale. En fait, ces deux termes nous suffisent et nous pouvons laisser réhabilitation au vocabulaire pénal » (13 mars 1968, leçon inaugurale) André Grossiord
Le Professionnel de réadaptation, doit savoir établir un mode relationnel utilisant une pédagogie qui s‘appuie autant sur ses connaissances de la Réadaptation que de son sens de l’humain. Ceci nécessite de se tourner vers l’autre avec une patience infinie, une volonté d’écoute et une capacité à trouver le mot qui, tout en exprimant de la compensation (ou compréhension), donne confiance et espoir. Un lien particulier. L’équipe de Réadaptation a en son centre la personne handicapée, sa famille et ses proches sont directement associés. Ce qui fait le succès de la réadaptation c’est précisément cette relation forte, chaleureuse et engagée.
La réadaptation s'inscrit dans un contexte sociétal général dans lequel la dissolution et l'altération du lien humain à tous les niveaux de la vie sociale (famille, travail, école) "fabriquent" de l'exclusion et de la violence. Ceci était déjà perçu par René Lenoir lorsqu'il écrivait en 1974 : « L'inadaptation sociale s'accroît comme une lèpre ; aucune classe sociale, aucun âge ne sont indemnes » René Lenoir.
La "Réadaptation communautaire" est une démarche qui a été largement développée par l'OMS qui met l'accent sur la participation du milieu de vie (famille, voisins, employés communaux etc.). Destinée aux pays pauvres en moyens de santé, elle est centrée sur la notion de recherche de ressources sur place (cannes en bambous, releveurs de pieds en tissu…), elle trouve son adaptation en Europe avec l'implication de l'environnement
La réadaptation donne une dimension humaine à la santé La Réadaptation introduit une nouvelle dimension que l'on peut schématiser de la façon suivante. L'approche de la maladie : Signes ---> diagnostic ---> traitement ---> guérison avec ou sans séquelles Celle du handicap : Handicap ---> Réadaptation ---> Autonomie avec ou sans dépendance
La santé selon René Dubos et la Réadaptation On se rapproche ainsi du concept de santé développé par René Dubos : « état physique et mental relativement exempt de gênes et de souffrances qui permet à l'individu de fonctionner aussi longtemps que possible dans le milieu où le hasard ou le choix l'ont placé. » L'adaptation réadaptation, se présente comme un remarquable indicateur de bien-être social pour tous.
Cette démarche est un progrès pour tous ainsi que le souligne la Déclaration de Madrid "Non discrimination + action positive font l'inclusion sociale".
Les supports juridiques de la réadaptation La loi du 11 février 2005 pour l’égalité des droits et des chances, la participation et la citoyenneté. Elle se substitue à la Loi du 30 juin 1975, basée sur la seule solidarité faisant de la réadaptation des personnes handicapées une « obligation nationale ». Elle définit le handicap ce qui n’était pas le cas, paradoxalement, dans la loi de 1975 ! « toute limitation d’activité ou restriction de participation à la vie en société subie par une personne dans son environnement du fait d’une altération substantielle, durable ou définitive du fait de l’altération d’une ou plusieurs fonctions physiques, sensorielles, mentales, ou psychiques. » A l’instar du droit américain, elle se veut une loi anti discrimination, y compris au travail.
Les personnes concernées Très difficile de les chiffrer (tout dépend du « curseur » et, surtout du concept : confusion entre maladie ou lésion et handicap). 800 000 personnes identifiées par les MDPH (AAH). 7/10 sont des hommes 70% ont plus de 70 ans. 95%¨de CDI 50% ont plus de 15 ans d’ancienneté.
La loi de 2005 et le travail Accessibilité généralisée Compensations (cadre de travail) ergonomie, ergothérapie.) Obligation d’emploi : 6% Reconnaissance « travailleur handicapé »
Préparer l’insertion ou la réinsertion au travail Les acteurs : La médecin du travail, le/la DRH, CHSCT la MDPH, le médecin de famille, médecin de réadaptation, le pôle emploi, les organismes spécialisés de réinsertion au travail (AFPA, AGEFIPH, CNSA, CAP emploi, ARACT…), les collègues de travail. L’objectif : les 6% (pour les entreprises de plus de 19 personnes mais quelles personnes en situation de handicap ?
Pour une éthique urbaine : accès à une salle de sport à Saint Mandé
Pour une éthique du sport pour tous : match de Basket avec handisport à Saint Mandé
Pour une éthique de la réadaptation par la mer : ARZAL (croisière de Pen Bron, Bretagne)