L’État colonial, 1870-1930 (22 février) L’Algérie des colons La Tunisie et le Maroc sous protectorat HIS 4668 Histoire du Maghreb Stefan Winter Hiver 2007
L’Algérie des colons, 1848-1914 La politique française La population européenne L’ « indigénat » Notre-Dame-d’Afrique (Alger)
1. La politique française annexion à la France, 1848 tous les privilèges aux colons Européens éradication de la société autochtone rébellions locales (1848-49, 1852-54, 1864) 1851-52 invasion de la Grande Kabylie destruction systématique de villages par les Français 1871 : insurrection Mokriyani (Kabylie) contre la confiscation de terres dernière révolte importante
Napoléon III méfiance de la colonisation en tant que projet républicain visite en Algérie, 1860 nouvelle politique à partir de 1863 défense de la société indigène musulmane ralliement aux bureaux arabes préférence aux grandes compagnies d’exploitation (minière, agricole) colons perdent le droit d’élire des représentants à la Chambre des députés souhaite un « royaume arabe » ?
l’opposition des colons craignent un statut de minorité impériale Cardinal Lavigerie : conversion des indigènes 1870 : la chute de l’Empire la fin du « régime du sabre » rébellion des « Algériens » : réaffirmation de l’annexion 6 députés à être élus à la Chambre soumission des bureaux arabes au contrôle civil de « royaume arabe » à une « Irlande musulmane » ?
2. La population européenne en chiffres : 1840 – 28 000 1847 – 109 000 1860 – 218 000 1886 – 423 000 50 % Français, 50 % autre (Espagnols, Italiens) accélération de la colonisation après 1870 1889 : naturalisation automatique des enfants européens création de villages (1922)
la colonisation les colons : la terre : aventuriers, légitimistes, idéologues prisonniers politiques, réfugiés alsaciens paysans pauvres (du Sud de la France) la terre : concessions gratuites de terre période d’épreuve de 10 / 3 ans maisons, semence, matériel gratuit construction de villages vente de terres aux enchères
l’algérianisation et la « crise algérienne » décret Crémieux (1870) : citoyenneté française à tous les juifs 1896 : majorité des « Algériens » nés en Algérie « mariages croisés », métissage identité franco-algérienne, « pied-noir » tension identitaire avec la France métropolitaine sécessionniste ou « fille fidèle et soumise »
Alger (tiré de Michel Levallois, Ismaÿl Urbain (1812-1884) : une autre conquête de l'Algérie (Maisonneuve et Larose, 2001).
3. L’ « indigénat » statut d’infériorité pour les Algériens 9/10 de la population pas (ou peu) de représentation politique contrôle et planification de la transhumance commercialisation, dépendance sur les villes destruction du nomadisme, des tribus résultats : exode rural massif, bidonvilles, chômage politique d’assimilation totale après 1870 application du droit musulman par les juges français projet de codification de la shari’a !
l’oppression fiscale 1844 : expropriation de 60 % des terres habous, 20 % des terres d’usage commun délimitation de propriété privée expropriation accélérée après 1870 « impôts arabes » impôts traditionnels, impôts agricoles 38 % de la fortune, 71 % des impôts ! + travail de corvée, prestations, amendes...
II. La Tunisie et le Maroc sous protectorat souveraineté théorique des beys husaynides pouvoir réel du résident-général Paul Cambon préside le conseil de ministres ; affaires étrangères résiste au desseins annexionnistes des Algériens ‘Ali Bey, 1882-1902
l’administration « directeurs » français contrôlent les ministères « contrôleurs civils » dirigent les caïds responsables au résident-général travaux publiques création d’une cour de propriété franco- tunisienne marginalisation de la shari’a préservée uniquement dans le droit civil
la colonisation peu de terres purement tribales « échange » (vente) de terres habous permis, 1898 mais pas d’expropriation terre vendue aux colons capitalisation de l’agriculture immigration relativement faible 1901 : 71 000 Italiens, 24 000 Français
l’esprit réformateur... politique français pragmatique ; peu de résistance « Jeunes Tunisiens » : les disciples de Khayr al-Din formés à la Sadiqiyya fondent des collèges, des journaux progressifs éducation des femmes ; anti-soufisme demandent des postes dans l’administration …
2. Le Maroc (1912-1956) monarchie traditionaliste profondes racines locales importance du soufisme avancée de la pensée salafite division makhzen / siba très marquée division ethnique arabe / berbère makhzen vu comme le « Maroc utile » haut niveau d’urbanisation intérêts espagnols protectorat dans le Nord et Sahara Tanger - zone internationale (1923) Moulay Youssef 1912-1927
Source : Jean Sellier, Atlas des peuples d’Afrique (La Découverte, 2003).
Hubert Lyautey (m. 1934) résident général, 1912-1925 militaire, conservateur, pragmatique veut garder la société marocaine intacte politique de séparation des groupes tribaux contrôle indirecte des régions berbères du Nord refoulement de l’invasion jihadiste de Hiba, prince mauritanien, en 1912 dépendance sur les Berbères glawi dans l’administration, défense du Sud
la politique berbère 40 % de la population (surtout Sanhaja) dahir (décret) berbère de 1914 : reconnaissance des jama’a, conseils tribaux autonomes (gouvernement local, juridiction) fondation d’écoles franco-berbères, 1923
le gouvernement gouvernement par dahir sultanien initiative du résident général dépendance sur les caïds dans les villes et villages 9 départements pour le développement de l’infrastructure, éducation, etc. ... sous l’autorité de « contrôleurs civils » département d’ « Affaires indigènes »
les campagnes forte activité de colonisation après 1919 régions côtières ; Fès, Miknasa population de 325 000 en 1951 surtout Français ; grandes propriétés agricoles 80 000 étrangers ; niveau de vie plus bas fort lobby colon ; contrôlent les chambres de commerce, d’agriculture, d’industrie construction d’un grand réseau de chemin de fer 48 000 km en 1956 creusement du port de Casablanca, autres projets hydro-électriques, irrigation
la guerre du Rif Abdelkrim (‘Abd al-Karim al-Khattabi) idées salafistes, Jeune-Turcs résiste aux Espagnols dans la région de Melilla unification des tribus du Rif guerre ouverte en 1921 13 000 – 19 000 morts du côté espagnol instaure la « république » du Rif, 1923 écrasé par les Français (Pétain), 1926
conclusions… la « mission civilisatrice » : mission accomplie ? « Maghreb utile » vs. « Maghreb ingrat » de quel côté viendra la résistance anti- coloniale ?