Histoire des arts: arts du son, arts du langage Ecouter une chanson dans une perspective historique (Colonies, esclavage, racisme) Un livre : L’esclave.

Slides:



Advertisements
Présentations similaires
Comme n'importe quelle bonne maman, quand Karen a su qu'elle attendait un bébé, elle a fait tout ce qu'elle pouvait pour aider son fils Michael de trois.
Advertisements

Les Économies au cours de l'histoire
Jean Pierre Colas Tu es parti ce vendredi 11 février 2009 !
TU ES LA AU COEUR DE NOS VIES.
RENCONTRE SUR LE PARDON
Seul le silence est grand tout le reste n’est que faiblesse
PROVERBES AFRICAINS Des proverbes qui respirent
MODULE DE LECTURE N°2 « La canne de grand-père » Projet de classe
CRITERES ET COMPREHENSION
Pourquoi les parents ne peuvent-ils pas envoyer Filomena au collège ? J’observe : la page de couverture la quatrième de couverture Qui sont les trois.
Je ne vais pas t'écrire 1 millions de mots
Le fils perdu… et retrouvé
Un moment délicieux avec un vrai Artiste ....
Un long dimanche de fiançaille de Sébastien Japrisot
D'après l'évangile de Mt 18,21-35
Un(e) ami(e) Un(e ) ami(e ) vrai(e ) est notre miroir qui se reflète. Ce sont deux histoires séparées, mais qui se ressemblent avec un vécu similaire.
Un beau conte de Noël !.
Vous vivrez peut-être vos samedis différemment...
Les gens et les trois couleurs.
À une Maman exceptionnelle
La légende du sirop d’érable Banque d’images: Le grand monde du préscolaire (Un écrit collectif des élèves de la classe de Martine)
Pierre PERRET L I L Y.
III. L'Europe et le Monde :
Personne ne peut revenir en arrière
Lettre d'une femme au Seigneur Diapo à déroulement automatique
Lettre de Jésus.
Des colonies aux états nouvellement indépendants.
Ce n’est pas ce qui t’arrive qui détermine qui tu es, mais ta façon
Séverine Mares Naomi Rameaux Marion Aglaor
Seul le silence est grand Tout le reste n’est que faiblesse
Diaporama de Gi Le Souffle
JE LUI AI PARLE Déroulement automatique, laisser continuer le diaporama jusqu’à l’extinction totale.
Jolie histoire   Un homme et son chien marchaient le long d'une route.  
Cliquez Vue sur pps-humour.
Comment s ’est effectuée l ’expansion coloniale?
Un Noël sans retour.
Il était une fois 3 arbres...
COMMENT UTILISER LES ALBUMS DE LITTERATURE DE JEUNESSE EN CLASSE?
RT Mai 2007.
Le “Notre Père” By Martina Ciabatti.
Vous présente L’Histoire Mon Lac Qu'il est beau à regarder depuis mon balcon ! Ses couleurs changent chaque jour et même plusieurs fois dans la journée;
Un peu d’air….
Des carottes, des oeufs et du café...
Le rire du Sergent Loin Le livre du Temps 1 clic sur la pochette
CHANT L’enfant perdu et retrouvé Evangile de St Luc 15/11-31
Le foetus Cliquez pour débuter.
Les Murs Porteur Vieillir avec toi Combien de Gens.
Si je vais tout au fond de moi Je trouverai le Père
14 novembre e dimanche ordinaire Il vient, le Seigneur, gouverner le monde avec justice.
A quoi ça sert Poème de Pierre Coutreau 1985 Images Jim Warren
Mon Pays Par Faudel Cate Allen.
Florence Fontel Terre lointaine Par Nanou et Stan.
Cliquez pour débuter L’accueil se fait toujours dans les deux sens. Pour être réussi, l’accueil doit être réciproque: une main tendue vers une autre.
Le Petit Prince Chapitre XV Bonnye and Sofie.
LITURGIE DU DIMANCHE 25 SEPTEMBRE 2014
Les plus belles cartes postales de poilus. Les plus belles cartes postales de poilus.
LES ENFANTS SAUVAGES ET LA FÉE DES MARAIS
Monte le son, et relaxe toi. Laisse moi te montrer comment vivrons nos enfants et les enfants de nos enfants. Bienvenue dans le monde de demain.
Les histoires narratives
DIMANCHE ordinaire année B
Cliquez pour faire défiler
Lettre de Jésus.
Cliquez.
Mon humeur Est la tienne... Inspiré par Vdb29 Pps automatique,musical
Dans mon pays, y a un printemps plus beau que n’importe quel autre Dans mon pays, cordes au vent, il y a tout plein d’ enfants qui sautent.
Les moyens de l’école des Pareuses
Qu’est-ce que c’est que le racisme?
Comprendre ce que je lis et enrichir sa culture littéraire : Faire des connexions CM
Un peu d’air… Depuis quelque temps, Je me sentais comme étouffée Entre la vaisselle, les repas et le ménage; Il me semblait que je manquais d’air… J’avais.
Le vrai sens de quelques mots en images Par Dede-Francis 29/03/2010.
Transcription de la présentation:

Histoire des arts: arts du son, arts du langage Ecouter une chanson dans une perspective historique (Colonies, esclavage, racisme) Un livre : L’esclave qui parlait aux oiseaux (il y a 150 ans l’esclavage était aboli...) Auteur : Yves Pinguilly Illustrateur : Zaü Ed : rue du monde Une chanson: Lily (1977) Auteur /compositeur / interprète: Pierre Perret

Résumé : Un petit enfant blanc demande à un camarade noir de lui raconter son pays. Alors Mariama se met à conter à Alexandre l’histoire de l’Afrique. Mais un jour, l’homme blanc est arrivé, arrogant et dominant, et il a entassé dans ses bateaux hommes, femmes et enfants d’Afrique pour d’épuisants voyages vers des terres de douleur. Un ancêtre de Mariama réussit à s’échapper du bateau, regagna l’Afrique et raconta aux Africains le malheur de leurs frères devenus esclaves. Un jour, l’esclavage fut aboli. Mais, de nos jours, malgré la loi, des hommes ne sont-ils pas les esclaves d’autres hommes?

1. Découverte de l’album : premières anticipations 1.1. Etude du titre : émissions d’hypothèses L’esclave qui parlait aux oiseaux L’esclavage à travers un conte soutenu par des illustrations puissantes et abondantes 1.2. Etude de l’illustration de la 1ère de couverture Personnages, objets, lieu et époque, procédés et couleurs, taille de l’album… 1.3. Les horizons d’attente du lecteur : Découvrir l’esclavage à travers un conte émaillé d’apports historiques : résumés, dessins, schéma...

2. Lecture des premières pages ou du premier chapitre : situation initiale 2.1. Ce qu’on apprend sur le personnage principal : C’est un enfant noir qui vit en Occident. Lieu/époque où se situe l’action : de l’Occident vers l’Afrique et du présent vers le passé. L’élément perturbateur : Un camarade blanc demande à l’enfant noir de lui raconter l’histoire de son pays pour mieux le connaître. 2.2. Réflexion-débat à partir de la problématique qui est posée. Réflexion historique sur l’esclavage, le commerce triangulaire, la colonisation et des formes plus modernes de l’esclavagisme...

3. Les étapes de l’histoire 3.1. Entrevoir l’évolution et la résolution de la problématique à travers des étapes-clés de l’histoire: schéma narratif. On progresse dans l’histoire d’un paragraphe à un autre, chacun contenant une information nécessaire à la compréhension du suivant. 3.2. Etude de la situation finale ou résolution du problème. Connaître l’autre c’est connaître son histoire et son pays. 3.3. Interpréter le texte, croiser les sens.

4. Etude détaillée d’un passage significatif 5 4. Etude détaillée d’un passage significatif 5. Liens avec d’autres textes

Une nuit, ces Blancs et ces Noirs-là, armés de chaînes et de fusils, enlevèrent tous les hommes, toutes les femmes et tous les enfants du village où vivait le père de l'arrière-grand-père du grand-père de mon père, qui était un génie. A la place, ils laissèrent dans le village des mouchoirs de coton et quelques fausses perles de verre.

Ces Blancs et ces Noirs-là volèrent aussi d'autres hommes, d'autres femmes et d'autres enfants dans d'autres villages. Quand ce fut le matin, les quatre vents du ciel de mon pays d'Afrique se levèrent et se mirent à souffler de colère. Rien n'y fit. Tous ceux qui avaient été volés, la nuit, s'éloignaient, prisonniers dans un grand bateau. Ils étaient perdus à tout jamais. Esclaves à tout jamais.

Enlevés avec cruauté dans leur village, quinze millions d'Africains furent échangés par des Européens contre du tissu, des armes ou de la verroterie. Durant trois siècles, ces riches commerçants français, hollandais, portugais ou anglais revendaient les esclaves dans les plantations du continent américain. Ils firent fortune en ramenant en Europe coton, tabac et sucre.

200 millions d'enfants sont aujourd'hui contraints de travailler dans le monde. Privés d'école, de sécurité, de droits et d'affection, bon nombre d'entre eux connaissent l'esclavage le plus brutal.

Une chanson antiraciste : Lily – Pierre Perret (1977) Au début des années 1960, la France prend conscience de l’existence du racisme et commence à lutter contre lui. Cette découverte se fait notamment à travers l’exemple américain et la lutte des noirs pour les droits civiques. On continue néanmoins à créer des chansons contenant des stéréotypes plus ou moins racistes : Serge Gainsbourg, Sacha Distel, Marcel Amont («un mexicain basané »), Nino Ferrer (« je voudrais être noir») Cette dernière chanson est pourtant antiraciste mais on y retrouve le cliché du noir au sens du rythme affirmé. La conscience antiraciste a du mal à accoucher de chansons efficaces. Pierre Perret déclare qu’il a mis quinze ans à écrire « Lily».

On la trouvait plutôt jolie, Lily Elle arrivait des Somalies, Lily Dans un bateau plein d'émigrés Qui venaient tous de leur plein gré Vider les poubelles à Paris. Elle croyait qu'on était égaux, Lily Au pays de Voltaire et d'Hugo, Lily Mais pour Debussy, en revanche Il faut deux noires pour une blanche Ça fait un sacré distingo! Elle aimait tant la liberté, Lily Elle rêvait de fraternité, Lily Un hôtelier, rue Secrétan, Lui a précisé en arrivant Qu'on ne recevait que des blancs.

Elle a déchargé les cageots, Lily Elle s'est tapé les sales boulots, Lily Elle crie pour vendre les choux fleurs Dans la rue ses frères de couleur L'accompagnent au marteau-piqueur. Et quand on l'appelait Blanche-Neige, Lily Elle se laissait plus prendre au piège, Lily Elle trouvait ça très amusant Même s'il fallait serrer les dents... Ils auraient été trop contents! Elle aima un beau blond frisé, Lily Qui était tout prêt à l'épouser, Lily Mais la belle-famille lui dit: "Nous N’ sommes pas racistes pour deux sous, Mais on veut pas de ça chez nous..."

Elle a essayé l'Amérique, Lily Ce grand pays démocratique, Lily Elle aurait pas cru sans le voir Que la couleur du désespoir Là-bas aussi ce fût le noir. Mais dans un meeting à Memphis, Lily Elle a vu Angela Davis, Lily Qui lui dit "Viens, ma petite sœur, En s'unissant on a moins peur Des loups qui guettent le trappeur." Et c'est pour conjurer sa peur, Lily Qu'elle lève aussi un poing rageur, Lily Au milieu de tous ces gugusses Qui foutent le feu aux autobus Interdits aux gens de couleur.

Mais dans ton combat quotidien, Lily Tu connaîtras un type bien, Lily Et l'enfant qui naîtra un jour Aura la couleur de l'amour Contre laquelle on ne peut rien. On la trouvait plutôt jolie, Lily Elle arrivait des Somalies, Lily Dans un bateau plein d'émigrés Qui venaient tous de leur plein gré Vider les poubelles à Paris

La France est une vieille terre d'immigration La France est une vieille terre d'immigration. La proportion d'étrangers par rapport à la population totale y a d'ailleurs assez peu varié entre 1900 et aujourd'hui. Jusqu'aux années 1950, les immigrés sont très largement d'origine européenne (Italiens, Belges, Polonais, Espagnols). L'origine des immigrés se diversifie au lendemain de la guerre: Maghrébins, Africains, Portugais, Espagnols, Italiens contribuent à la reconstruction de la France.

Ces immigrés ont souvent fui leur pays pour des raisons économiques Ces immigrés ont souvent fui leur pays pour des raisons économiques. Ils tentent leur chance dans un pays qui manque de main d'œuvre. Or, ils restent souvent cantonnés dans les emplois les plus difficiles ("dans un bateau plein d'émigrés / qui venaient tous de leur plein gré / vider les poubelles à Paris") et lorsque les trente glorieuses (1949-1975) s'achèvent et que la crise pointe le bout de son nez, avec l'apparition d'un chômage de masse, ces populations immigrées sont souvent rejetées et accusées de tous les maux.

Le Front national utilise jusqu'à la nausée les vieilles rengaines stupides et scandaleuses affirmant que les étrangers viennent voler le pain des Français, oubliant au passage à quel point cette main d'œuvre immigrée était vitale pour le pays dans un contexte de croissance. Cette chanson très célèbre de Pierre Perret sort en 1977, alors que les "vingt piteuses", les deux décennies de crise économique, qui succèdent aux trente glorieuses, pointent le bout de leur nez. La désindustrialisation massive entraîne le licenciement de nombreux ouvriers. Le chômage devient bientôt un phénomène de masse.

Le chanteur nous livre ici une chronique du racisme ordinaire Le chanteur nous livre ici une chronique du racisme ordinaire. Lily, originaire des Somalies, subit la bêtise des racistes ("quand on l'appelait Blanche-Neige"), le rejet de sa "future ex" belle famille ("Mais la belle-famille lui dit nous / ne sommes pas racistes pour deux sous / mais on veut pas de ça chez nous"). Bref, loin de l'accueil attendu dans un pays qui se prétend celui des Droits de l'Homme ("Elle croyait qu'on était égaux Lily / au pays de Voltaire et d'Hugo Lily").

Lily, dépitée, tente sa chance aux Etat-Unis où elle est confrontée, là encore au racisme. En effet, l'auteur fait référence à la ségrégation qui continue de sévir dans le sud du pays ("au milieu de tous ces gugus / qui foutent le feu aux autobus / interdits aux gens de couleur".)

Elle trouve du réconfort auprès de ceux qui se battent pour faire rendre gorge aux racistes. Il fait ainsi référence à Angela Davis. Dans les années 1970, cette Afro-américaine symbolise la rébellion face à un système raciste et injuste. Elle brandit souvent le poing en signe de ralliement à la cause des Afro-américains.

Perret termine tout de même sur une note d'espoir: "Mais dans ton combat quotidien Lily / tu connaîtras un type bien Lily / et l'enfant qui naîtra un jour / aura la couleur de l'amour / contre laquelle on ne peut rien". Que faire d’une chanson? Chanter juste, compréhensible, accompagner, jouer, mettre en scène, illustrer, observer, comprendre, trouver sa propre manière de l’interpréter et de la donner à entendre, éprouver et partager des émotions.

Sitographie http://pedagogie.ac-toulouse.fr/lotec/spip/journal-litteraire/article.php3?id_article=32 http://www.youtube.com/watch?v=ArrOQYO-IEU&feature=player_embedded# http://lhistgeobox.blogspot.com/2008/09/92-pierre-perretlily.html Contact: gilles.bierry@ac-aix-marseille.fr