BIO CARBURANTS L’IMPOSTURE
En France, le gouvernement prévoit d’introduire un plus grand pourcentage d’huile de colza et de tournesol dans le carburant noir. De plus, 500 pompes de bioéthanol E85 doivent être implantées dans l’hexagone d’ici la fin 2007. L'E85 pompeusement surnommé Bio-Ethanol, n’est pas un carburant 100 % agricole, puisque composé de 85 % d'éthanol et de 15 % d'essence. La consommation d'E85 réduit les émissions de CO2 de 70 %.
Ces biocarburants présentent indéniablement des atouts non négligeables : leur faible taux d’émission de gaz à effet de serre, leur rendement supérieur à celui de l’essence, leur impact positif sur la pollution locale de l’air font d’eux des produits favorables à la fois à l’environnement et à notre santé. De plus, ils sont potentiellement créateurs d’emploi, puisque 5,75% de biocarburants devront être incorporés dès 2008 dans les carburants distribués. Ils permettraient par ailleurs de valoriser la jachère imposée par la politique agricole, et contribueraient à maintenir une activité dans les zones rurales, véritable ballon d’oxygène pour l’agriculture.
Ajoutons que les huiles végétales pures présenteraient un meilleur bilan énergétique, puisqu’elles sont peu consommatrices en énergies intermédiaires (elles n’engendrent pas de réaction due à la raffinerie). Cependant, leur coût actuel (aux environs de 0,45 à 0,55 euro le litre), auquel il faut rajouter le prix de la distribution, du transport (pas de recours aux pipelines pour les biocarburants) et du stockage, rendent au final leur coût plus élevé que celui des carburants pétroliers à l’heure actuelle. Mais avec le prix du baril toujours plus cher, les énergies renouvelables pourraient devenir concurrentielles à court terme, objecteront certains.
Cela Suffit-il à faire des biocarburants des produits “ miracles ” capables à eux seuls de remplacer le pétrole, ou de s’en présenter comme une alternative crédible, tout en répondant aux engagements communautaires des 21% d’énergies renouvelables en 2010 ? Les conditions de culture des terres en jachère nécessiteraient l’apport d’engrais en quantité importante, ce qui aurait pour conséquence d’accroître encore la pollution des sols et des eaux, contrebalançant du même coup le bilan jusque-là globalement positif des biocarburants.
Il faut ajouter que si nous voulions assurer notre consommation uniquement grâce aux biocarburants, il faudrait pour cela plus d’une fois la totalité des surfaces cultivables en France : le manque de terres cultivables est un premier obstacle et met en lumière l’incapacité des biocarburants à amortir à eux seuls la pénurie annoncée en pétrole.
"Selon certains experts, il faudrait planter l'équivalent de la surface de la France en oléagineux pour faire rouler toutes les voitures du pays" Antoine Sciandra, directeur de recherche du CNRS au laboratoire de Villefranche.
Aspects environnementaux Selon la plupart des gouvernements occidentaux et de nombreux experts, les biocarburants produisent moins d’émission de CO2, l’un des principaux gaz à effet de serre et responsable des pluies acides. En effet, lorsque l’on utilise du pétrole, on libère du carbone qui était enseveli profondément dans le sol depuis des centaines de milliers d’années. Ce carbone provient de la décomposition de la faune et de la flore qui y avaient vécu auparavant. Par contre, les biocarburants émettent autant de carbone dans l’ atmosphère que les plantes ont absorbé durant leur croissance.
Le bilan est nul : les plantes absorbent du CO2 pour croître puis sont brûlées, elles libèrent alors du carbone qui sera à nouveau absorbé par les plantes qui sont à nouveau produites. Néanmoins certains professeurs d’université comme Tad Patzek ou David Pimentel pensent que le bilan est négatif : l’émission de carbone est supérieure à la consommation car, selon eux, d’autres facteurs ne sont pas pris en compte ou sont négligées. Parmi celles-ci citons, le carbone nécessaire à la fabrication des engrais, l’énergie nécessaire aux outils agricoles, à l’irrigation et à la fabrication des biocarburants.
La production de biocarburants peut aussi s’avérer non "écologique" ou non durable, si les matières premières sont produites grâce à une agriculture intensive qui entraîne un épuisement des nappes phréatiques et pollution des eaux par l’usage d’engrais et pesticides. De plus, certaines personnes considèrent comme dangereux l’usage de plantes OGM qui permettent d’obtenir de plus hauts rendements. Il n’y a pas que les plantes qui peuvent être modifiées génétiquement. Par exemple, dans la fabrication du bioéthanol, l’ADN des levures sont aussi souvent modifiées pour permettre une transformation plus rapide du sucre en éthanol.
En outre, la fabrication de biocarburants signifie souvent qu’il faille consacrer davantage de terres à l’agriculture, cela peut entraîner dans certains pays le défrichement de forêts vierges et la réduction de la biodiversité, lorsque ces terres n’étaient pas auparavant cultivées. D’aucuns estiment que les biocarburants, en incitant les agriculteurs à consacrer des terres aux besoins énergétiques de nos machines et appareils électriques, réduiraient la quantité de nourriture produite par les sols et accentueraient la faim et la sous-alimentation qui touchent 800 millions d’habitants. (chiffre de l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture pour 2005)
Manger ou conduire... La tentation de recourir aux OGM et de manière générale à une agriculture intensive pour faire face à cette difficulté ne pourrait qu’avoir des conséquences pour l’environnement. De plus, n’oublions pas que la production de ces biocarburants engendre des rejets en polluants, gaz, etc, L’énergie dépensée par le processus de fabrication du bioéthanol étant même, selon une étude américaine, de 29% supérieure à l’énergie contenue dans ce bioéthanol.
Les biocarburants ne peuvent pas être considérés comme une solution à long terme. Leur développement restera probablement limité. En effet, il a été estimé que sur la base des consommations de 2004, il faudrait des surfaces de production couvrant six fois la surface terrestre si l’on voulait remplacer tous les carburants fossiles par des biocarburants. Par ailleurs, de nouveaux problèmes écologiques apparaissent. Les surfaces agricoles dédiées à la production de biocarburants ne remplacent pas l’agriculture existante mais empiètent sur les espaces naturels, et notamment la forêt, particulièrement dans les pays de l’hémisphère sud.
En Malaisie par exemple, on estime que 87% de la déforestation est liée à la production d’huile de palme condamnant l’Orang-Outan à disparaitre avant 2020, et les forêts défrichées sont brûlées (rejet supplémentaire de CO2 dans l’atmosphère, qui n’est pas compensé par les palmeraies arbustives). Enfin, l’agriculture intensive utilise une quantité d’énergie énorme (29 % supérieure à l’énergie contenue dans ce bioéthanol) et rejette des polluants nocifs pour l’environnement.
L’expérience brésilienne Un vaste plan pro-alcool a été mis en place au Brésil pour diminuer la pollution au soufre notamment et améliorer l’autonomie énergétique. Cela n’a pas été sans conséquence sur la déforestation. Dans ce programme, la Canne à sucre servait de matière première. Parmi les critiques contre ce programme, outre le coût, figure la demande de terres arables qu’elle représente, aux dépens des forêts et des cultures vivrières.
La vogue des énergies vertes dans les régions développées a un effet pervers : elle encourage la destruction des forêts tropicales. Des réserves d’orang-outans de Bornéo à la forêt amazonienne du Brésil, on rase les forêts vierges pour y faire pousser des palmes à huile et du soja qui servent de carburant pour les véhicules et les centrales électriques d’Europe et d’Amérique du Nord. De plus, une hausse des prix va probablement accélérer cette destruction.
« Oui, on peut mettre un petit peu de cet “ or vert ” dans l’essence ou le gazole. “ L’impact de la filière éthanol sur l’effet de serre est en effet environ 2,5 fois inférieur à celui de la filière essence. L’impact du Diester est 3,5 fois inférieur à celui du gazole. ” Mais, au delà d’un certain pourcentage (qui reste à définir) on priverait tout simplement des hommes de nourriture. Nous avons en effet tous grand besoin du terroir pour notre alimentation.
Et raser les forêts tropicales restantes, pour y faire pousser des oléagineux qui alimenteraient nos voitures, n’est pas une solution viable! C’est pour cela que nous ne pouvons pas vraiment classer l’huile de tournesol ou de colza (éthanol ou diester) parmi les énergies propres. Dommage pour ceux qui y voyaient là LE remède miracle à la pénurie de pétrole et au réchauffement climatique. » Michel Walter pour Terre sacrée le 20 septembre 2006
"Une bonne nouvelle, la déforestation s'arrêtera en 2050 "Une bonne nouvelle, la déforestation s'arrêtera en 2050 ... lorsqu'il n'y aura plus de forêts".
La réalité elle est là : 7 terrains de foot à la minute en Amazonie et 2 terrains de foot à la seconde dans le monde ! Comptez.
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