la cour des babouins, un paon se promenait. Les couleurs se mariaient telle une soirée d’été Dans la palette d’or que sa queue dessinait. Observant le manège, un corbeau tout pelé, Se mit à comploter pour sa célébrité. Du paon vola des plumes, et l’allure imita. Voilà notre oiseau mis, pareil à l’histrion Qui frétille des ailes et remue du croupion. Se faisant obséquieux, le noiraud copina. Roucoulant, flagornant, faisant le paillasson. Les babouins applaudirent et crièrent au génie : Savants en simagrées, les singes n’ont pour seul don
’on devait en ces temps nommer le Grand Voleur Celui qui pour sept ans pourrait tout à loisir Piller, voler, tricher, dérober et mentir. Notre Maître Corbeau, toujours plein de candeur, Se demandait vers qui tomberait son suffrage. Notre Renard revint lui servir un fromage. « Rebonjour Monseigneur, que vous êtes joli, Que vous me semblez beau ! Sans mentir mon ami Vous êtes de ces bois, l’hôte le plus chanté ! » « Me prends tu pour un sot » lui répondit l’oiseau Il y a trop peu de temps que tu m’as pigeonné Pour que je puisse encore avaler tes propos. » « Mais plus rien n’est pareil » s’indigna le matois « Je reviens pour t’offrir de quoi raser gratuit. » « Au sujet du gruyère que tu me dérobas ? » Questionna le corbeau. « Je ne te l’ai pas pris, Juste un peu emprunté. Si tu votes pour moi C’est mille et cent fromages que je vais te donner Camembert onctueux, pyramide cendré, Livarot au lait cru, comté au goût de noix » Et la voix du corbeau dans l’urne du flatteur S’ajouta aux bernés qui l’avaient déjà cru. On décompta les votes ; le mystificateur, Goupil le beau parleur, se retrouva élu. Promesses s’envolèrent ; Corbeau toujours cocu Jura toujours trop tard, qu’on ne l’y prendrait plus...