Les Castes en Inde Le terme caste vient du portugais casta, pur, non mélangé, à rapprocher du français « chaste ». Il regroupe deux concepts liés, mais différents et parfois antagoniques dans la société indienne : le varna et la jâti. La discrimination selon la système de castes est désormais interdit selon la constitution de l'Inde Dans la conception traditionnelle, telle que décrite dans les Dharma Shastra, l'appartenance d'un homme à une varna donnée dépend de sa naissance : un fils de Brahmane naît Brahmane. Cette appartenance est intangible pour la durée de cette vie. S'il est né dans une basse caste, Sudra, par exemple, il ne pourra améliorer son statut qu'au cours d'une incarnation ultérieure par l'effet des bons karma accumulés au cours de la présente vie. Pour l'Hindouisme, cette division de la société est naturelle et correspond aux tempéraments et prédispositions de l'être humain. Telle personne avec une grande force de caractère et de la bravoure est Kshatriya par nature. A l'époque moderne, le Mahatma Gandhi restait fermement partisan de cette subdivision de la société en quatre catégories. Cependant, quelques rares textes anciens laissent entendre que le passage d'une varna donnée à une autre est possible au cours d'une même vie. Un enseignant (Brahmane) peut ainsi devenir commerçant (Vaishya). Mais l'on ignore si cette facilité était exceptionnelle ou la règle à certaines époques. La courte durée de la vie, la sédentarité dans les villages, l'absence d'éducation de la grande majorité des gens, expliquent aisément et justifient cette conception des varna. Les mythes rapportent que la race humaine est issue d'un Etre divin géant, à forme humaine, Purusha. De sa bouche, sont venus les Brahmanes, de ses bras les Kshatriya, de ses cuisses les Vaishya et de ses pieds les Sudra. Dans cette conception, il est bien évident que nul n'est supérieur à l'autre. L'humble artisan n'est pas inférieur au puissant guerrier ni au prêtre intercesseur des divinités. Il leur est complémentaire et indispensable. De tous temps, ont existé des intellectuels et des Sages d'une part, des gens de pouvoir et d'action d'autre part, des hommes d'argent et de commerce aussi et enfin des ouvriers et des serviteurs. L'asservissement de certains par d'autres est une faiblesse humaine, non une loi naturelle.
Les Varnas les kshatriya (qui a le pouvoir temporel, aussi - râjanya), roi, princes, administrateurs et soldats les brâmhanes (lié au sacré), prêtres, enseignants et professeurs les vaishya (lié au clan, aussi - ârya), artisans, commerçants, hommes d'affaires, agriculteurs et bergers les sudra (serviteur), serviteurs
Dans l'hindouisme primitif, est venue se constituer une autre classe de personnes qui n'ont aucune position dans l'un de ces quatre varna, et qui par conséquent, a été associée aux travaux les plus dégradants. Les classes supérieures, qui sont censées maintenir la pureté rituelle et corporelle, sont venues à considérer ces dernières comme des intouchables, constituant une sorte de cinquième varna, que certains indiquent comme provenant de nulle part. Ces personnes sont également appelées : les Dalits (« opprimés ») ou les Harijans (« enfants de Dieu »). L'apparition de l'intouchabilité au cours histoire de l'Inde s'explique probablement par les deux facteurs suivants : D'une part, certains métiers (vidangeurs, équarisseurs, etc.) sont par nature très sales. Les gens excluaient ceux qui manipulaient des substances pouvant propager des maladies. D'autre part, certains délits graves étaient punis d'une proscription sociale totale et définitive : meurtre d'un Brahmane ou d'une vache, mariage de grave mésalliance. Reste à savoir si les métiers "sales" n'étaient pas justement les seuls qui restaient accessibles à des gens exclus du corps social... Ce phénomène de l'intouchabilité s'est développé au cours des siècles au point d'atteindre un pourcentage significatif de la société (160 millions de personnes actuellement) car l'intouchabilité, comme d'ailleurs l'appartenance à n'importe quelle caste, est une donnée héréditaire. Les Intouchables étant des hors castes, il apparaît logique que les non-Hindous soient également considérés comme des Intouchables. Ainsi en est-il des populations tribales(Adivasi) des régions reculées du pays. Ainsi en est-il également des minorités religieuses.
Le docteur Ambedkar Ambedkar est né à Mhow (État du Madhya Pradesh) le 14 avril 1892. Il est originaire du groupe des intouchables mahars qui a donné son nom à l'État du Maharashtra. Le mahârâja de Baroda remarque son esprit brillant et paie ses études. Il intègre ainsi le Elfinstone College à Bombay en 1912, puis obtient un doctorat d'économie à la Columbia University, aux États-Unis. Il entre ensuite à la London School of Economic et devient membre du barreau de la Gray's Inn de Londres. Mais, de retour en Inde, il est confronté de nouveau à la discrimination et à l'humiliation des hautes castes. Il est en désaccord avec Gandhi sur la question d'une assemblée séparée pour les Dalits ou intouchables et sur le principe d'une loi électorale de discrimination positive les favorisant. Il lance des mouvements de désobéissance civile pour faire valoir les droits des intouchables, dont plusieurs consistaient à permettre aux intouchables de rentrer dans des temples ou boire de l'eau dans les fontaines, ce qui leur était interdit car des brahmanes considèrent que les intouchables souillent l'eau et polluent les temples. Nehru le nomme Ministre de la Justice dans le premier gouvernement de l'Inde indépendante et le charge de rédiger la constitution du pays. Il y inclura la prohibition de toutes formes de discrimination, tant envers les intouchables hors-castes qu'envers les femmes, et la liberté de religion. Il lança des mesures destinées à améliorer la condition sociale des femmes et instaura un système destiné à permettre aux personnes des classes basses de faire des études et de trouver un travail en rapport avec leur qualifications. Il est convaincu, contrairement à Gandhi, que le système des castes est consubstantiel à l'hindouisme, d'où l'échec de ses approches sociales et politiques du changement de la situation des Dalits. Après une étude des grandes religions du monde (ainsi que du marxisme), il devient convaincu que la conversion des Dalits au bouddhisme est la meilleure solution, la meilleure issue possible hors de l'hindouisme. Le 14 octobre 1956, peu avant son décès, il organisera la première conversion en masse de ses compagnons hors-caste : à sa suite, environ 380 000 intouchables rassemblés à Nagpur se convertissent au bouddhisme - fait marquant dans l'histoire du bouddhisme en Inde, le bouddhisme ayant quasiment disparu du sous-continent indien au début du XIIIe siècle.