Sarkozy et Dieu
Sarkozy à Rome, 20 décembre 2007: •« C’est pourquoi j’appelle de mes vœux l’avènement d’une laïcité positive, c’est-à-dire d’une laïcité qui, tout en veillant à la liberté de penser, à celle de croire et de ne pas croire, ne considère pas que les religions sont un danger, mais plutôt un atout... Il s’agit en revanche de rechercher le dialogue avec les grandes religions de France et d’avoir pour principe de faciliter la vie quotidienne des grands courants spirituels plutôt que de chercher à le leur compliquer »
Sarkozy, La République, les religions, l’espérance, 2004: •« Le fait religieux est un élément primordial en ce qu’il inscrit “la vie” dans un processus qui ne s’arrête pas avec la mort... Je crois donc en une laïcité positive, c’est à dire une laïcité qui garantit le droit de vivre sa religion comme un droit fondamental de la personne » (15) •« Partout en France, et dans les banlieues plus encore qui concentrent toutes les désespérances, il est bien préférable que des jeunes puissent espérer spirituellement plutôt que d’avoir dans la tête, comme seule « religion », celle de la violence, de la drogue, ou de l’argent » (18)
R é ponses critiques •« L'inspiration peut-être la moins contestable est celle qui prête à M. Sarkozy un rêve de « religion civile » à l'américaine. La Constitution des Etats-Unis sépare nettement la religion de l'Etat, mais une « religion civile » existe bien, qui exclut toute suprématie confessionnelle, mais place sans complexe la religion au cœur de sa sphère publique » (Henri Tincq, Le Monde, le 26 janvier 2008) •« Le discours de Nicolas Sarkozy porte atteinte à la laïcité dans la mesure où il n'est pas philosophiquement neutre, mais privilégie les convictions religieuses au détriment d'autres convictions, au lieu de respecter toutes les croyances, toutes les convictions, comme cela est dit dans le préambule de la Constitution française. » (Jean Bauberot, Le Monde, le 26 janvier 2008) •“L'erreur du ministre n'est pas, comme le dénoncent ses opposants, de se prendre pour Napoléon régulant les religions; elle n'est pas non plus dans la prise en compte pour son destin personnel des 2 millions d'électeurs musulmans - c'est son métier. Elle est dans l'installation du religieux au cœur du politique.... Nommer des préfets parce qu'ils sont musulmans, juifs ou bouddhistes, ce serait adapter la République au fait religieux, alors qu'il faut, le cas échéant, faire évoluer les religions au nom des exigences républicaines” (Christophe Barbier, L’Express, 20 novembre 2003)
•« Nicolas Sarkozy part d'un constat que beaucoup partagent... [ce] qui est un certain désenchantement par rapport aux Lumières » (Jean Bauberot, Le Monde, 26 janvier 2008) •« Lorsque [Sarkozy] dit que l'abandon des religions traditionnelles a suscité de nouvelles formes d'aliénation, je pense qu'il a raison, mais est-ce à lui d'intervenir en personnesur ces questions ? Nous avons élu un homme politique, non un moraliste » (Jacques Julliard, Le Figaro, 10 mars 2008) •« La laïcité est devenue une sorte de « bien commun » de la nouvelle Europe » (Henri Tincq, Le Monde, 26 janvier 2008) •«... it might appear ironic that the practice of Islam could be perceived as threatening to a nation-state seemingly bereft of religion, with a largely non- practicing Catholic majority and an officially secular public sphere. However, French laicité des not imply the absence of the sacred in public life, but rather, as Etienne Balibar has argued, the ‘sacralization of the state’ » (Paul Silverstein, Algeria in France, 2004). •«... French laicite operates much like a religion, with the nation operating as the moral symbol of collective solidarity. It is not because the church and state in France are separated that public expressions of [religion] remain a sticking point for French republican ideology. Rather, it is because they are functionally one and the same; the state is, for all practical purposes the church of republican France » (Paul Silverstein, Algeria in France, 2004).