MIROIRS DANS « K/AMOUR/ASKA » Plaisir et Angst
Dis-moi, dis-moi miroir...
Brisé
La théorie lacanienne du stade du miroir rapport du nourrisson (entre 6 et 18 mois) avec le miroir (ou d’un adulte qui n’en a jamais vu... voyez aussi, même si Lacan n’en parle pas, la première entrevue entre un chien ou un chat et le miroir) mythe fondateur de l’origine du sujet image renversée, reflétée : donc, celle d’un autre aliénation primordiale même si l’aspect jubilatoire est présent
Dans Kamouraska la vertu magique du miroir n’est autre que le regard de l’auteur, sa vision du monde déchirée par des forces contraire endroit et envers du miroir (double face/double regard) et ses profondeurs l’envers du miroir représente une infernale altérité Dans la chambre de Jérôme, elle recherche de nouveau le miroir :Elisabeth y aiguise sa séduction : Elle y voit « une image triomphale » (13) / Comme Narcisse, elle y trouve une complicité
Elle se voit comme elle veut être car autour d’elle, ce ne sont que des reflets de désordre, de maladie, de mort. Ce regard amoureux qu’elle jette sur elle-même la lave, lui rend sa beauté. Sa chair est « incorruptible » (10) Il en faudra cependant peu pour qu’un jour s’y reflète son âme moisie, ses fautes, sa peur, sa honte image idéalisée et puis tout se brise : « Un seul éclat persiste au mur... » (87) Dans le cabinet de sa mère. Elle refuse qu’on nettoie la glace... les fantômes pourraient revenir... (130)
car ce serait réveiller des fantômes endormis, voir son double réanimé (et celui des autres) (130). Ses rêves et hallucinations dans la chambre de Léontine (Chez Jérôme) font aussi fonction du miroir et de son envers (cauchemars) : elle risque de redevenir sorcière,malfaisante A Kamouraska, fascinée par (l’envers) de l’IMAGE de la reine Victoria du Royaume Uni, elle vit son infernale altérité, sa fausse représentation et est visitée par les démons 34)
Elisabeth remarque un fragment de miroir (Manoir de Kamouraska), « un petit hublot de tain pur » qui tient encore au- dessus du miroir... Le portrait d’une famille heureuse? (83) « Le morceau de glace ce casse en mille miettes [...] Un seul éclat persiste [cette glace est trop pure. Son éclat ne peut que me percer le coeur. » (84) L’image idyllique s’éparpille en éclats de verre... le miroir entier (harmonie) et brisé (séparation) (176) Aurélie se laisse elle aussi séduire par l’image du miroir (scène ou G et E la séduisent pour la convaincre du meurtre) Aurélie fascinée par sa propre image (séduction) : la mène au crime (176)
L’éclat de verre restant au mur oscille (87). Il devient alors impossible de se débarrasser de cet « oeil miroir »... la preuve, dans une autre scène, au bal de Saint-Ourson, on retrouve Elisabeth se parant pour George (130) (elle a refusé d’y aller avec son mari). Aurélie souffle la poussière de la glace pour pouvoir miex s’y mirer mais Elisabeth se fâche. La glace risque de laisser passage aux spectres. La glace enfin nettoyée, Elisabeth y voit « son port de reine » mais elle ne s’y trompe... elle y voit aussi « une âme de vipère » (339)