LE B Û CHERON TEXTES ET DESSINS DE MUSE
Il é tait une fois, dans une forêt, dans la plus profonde des forêts, un b û cheron. Ce b û cheron se levait le matin en disant " Une nouvelle journ é e commence, levons-nous", il mettait son chapeau, mangeait un oignon avec un cro û ton de pain, prenait sa hache en ouvrant la porte, descendait les trois marches de la maison, et partait couper du bois au c œ ur de la forêt. Il en é tait ainsi tous les jours. Et aussi le mardi et le mercredi, le b û cheron se levait le matin en disant " Une nouvelle journ é e commence, levons- nous", il mettait son chapeau, mangeait un oignon avec un cro û ton de pain, prenait sa hache en ouvrant la porte, descendait les trois marches de la maison, et partait couper du bois au c œ ur de la forêt. Et ainsi le jeudi, le vendredi et le samedi, le b û cheron, le soir, montait les trois marches de la maison, posait sa hache en fermant la porte, mangeait un oignon avec un cro û ton de pain, enlevait son chapeau et en disant " Une nouvelle nuit commence, couchons-nous " il se couchait et s ’ endormait. Et le soir, il montait les trois marches de la maison, posait sa hache en fermant la porte, mangeait un oignon avec un cro û ton de pain, enlevait son chapeau et en disant " Une nouvelle nuit commence, couchons-nous " il se couchait et s ’ endormait. Il en é tait ainsi toutes les nuits. Le lundi, le b û cheron se levait le matin en disant " Une nouvelle journ é e commence, levons-nous", il mettait son chapeau, mangeait un oignon avec un cro û ton de pain, prenait sa hache en ouvrant la porte, descendait les trois marches de la maison, et partait couper du bois au c œ ur de la forêt.
Et le dimanche, le b û cheron se levait en disant " Voici donc le dimanche, levons-nous ". Il mettait son chapeau, mangeait un oignon avec un cro û ton de pain, prenait sa hache en ouvrant la porte, descendait les trois marches de la maison. Il posait sa hache, l à, à côt é de lui et s ’ asseyait sur la premi è re des trois marches de la maison. Il restait assis sans bouger. Alors, le bruit des oiseaux cessa un instant. Le b û cheron se leva au moment o ù un chariot entrait dans la clairi è re entourant la maison. " Salut l ’ Roger. T ’ as-ti trouv é tout l ’ bois ? " Le conducteur du chariot fit un signe de tête en montrant les troncs à l ’ arri è re de la carriole. " Tiens voil à les oignons et le pain pour la semaine ", Roger lui tendit un gros sac de jute, et reprit son chemin. Le soir, le b û cheron montait les trois marches de la maison, posait sa hache en fermant la porte, mangeait un oignon avec un cro û ton de pain, enlevait son chapeau et en disant " Une nouvelle nuit commence, couchons-nous " il se couchait et s ’ endormait. Et la semaine reprit son cours habituel, le b û cheron se levait le matin en disant " Une nouvelle journ é e commence, levons-nous", il mettait son chapeau, mangeait un oignon avec un cro û ton de pain, prenait sa hache en ouvrant la porte, descendait les trois marches de la maison, et partait couper du bois au c œ ur de la forêt. Et le soir, il montait les trois marches de la maison, posait sa hache en fermant la porte, mangeait un oignon avec un cro û ton de pain, enlevait son chapeau et en disant " Une nouvelle nuit commence, couchons-nous ".
Et le dimanche suivant arriva. Le b û cheron se leva en disant " Voici donc le dimanche, levons-nous ". Il mit son chapeau, mangea un oignon avec un cro û ton de pain, prit sa hache en ouvrant la porte, descendit les trois marches de la maison. Il posa sa hache, l à, à côt é de lui et s ’ assit sur la premi è re des trois marches de la maison. Il resta assis sans bouger. Et, un instant le bruit des oiseaux cessa. En voyant le chariot arriver, le b û cheron vit que ce n ’é tait pas Roger qui tenaient les b œ ufs, " T ’ es qui toi ? O ù s ’ qu ’ est le Roger ? " " Roger est malade, je suis Gallon et je le remplace " " T ’ es pas d ’ ici toi ? Tu parle pas comme un gars du pays " " Oui, je viens du sud, de la mer " " La m è re ? Moi aussi je viens de ma m è re " " Mais non b û cheron, pas la maman, je viens du bord de la mer " " Qu ’ est-que c ’ est qu ’ la mer ? " " Ben t ’ es pas beaucoup sorti de ta forêt toi !, la mer, c ’ est, comment dire, c ’ est de l ’ eau, une forêt d ’ eau " Le b û cheron fut pensif, " Comme dans un marais, il y a de beaux arbres dans un marais, du saule, du peuplier, des aulnes " Gallon l ’ interrompit, " Non, non, il n ’ y a pas d ’ arbres, la mer c ’ est de l ’ eau, des poissons et un bateau pour voyager dessus. " Le b û cheron paraissait ne pas le croire " Pas d ’ arbres ! " " Un bateau ? C ’ est-y quoi un bateau ? " " Un bateau ? Ben tu vois le toit de la maison, et bien un bateau c ’ est le toit de la maison, retourn é avec un beau mât au milieu pour accrocher une voile et avancer avec le vent " Gallon regarda le soleil, " Bon il se fait tard, voil à tes oignons et ton pain, j ’ ai le bois derri è re dans la carriole, je me sauve " Le b û cheron regarda son sac, les oignons, le pain et demanda à Gallon " J ’ ai envie de fromage, t ’ as-t ’ y pas du fromage ? " Mais le chariot roulait d é j à dans la forêt, et disparut.
Le soir, le b û cheron monta les trois marches de la maison, et voulu poser sa hache mais il l ’ avait oubli é dehors, il retourna la chercher et en entrant dans la maison il posa son chapeau sur la table, laissa sa hache sur son lit, et croqua dans son chapeau. Le b û cheron pensait à haute voix, " Je pers la tête, j ’ oublie ma hache, je ne la range pas à sa place, mon chapeau devrait être sur ma tête et je croque dedans. O ù ai-je la tête ? O ù mon bateau, euh mon chapeau " Il remit son chapeau sur la tête. " Un bateau ! La mer ! J ’ aimerai bien voir la mer. Mais il faut un bateau, Gallon disait que c ’é tait comme le toit de la maison renvers é, allons voir ç a ! " Un instant plus tard le b û cheron faisait le tour de la maison en é tudiant le toit avec attention. Parfois le b û cheron murmurait " La mer ; Un bateau ". Il s ’é loigna un peu, prit un charbon dans l ’ appentis et se mit à dessiner quelque chose sur une pierre. Il monta alors les trois marches de la maison d ’ un pas plus l é ger que d ’ habitude. Apr è s avoir mang é un oignon avec un cro û ton de pain, en regrettant de ne pas avoir de fromage, il alla se coucher. Le lundi, le b û cheron se leva le matin, resta pensif, puis il se leva attrapa son chapeau, un oignon avec un cro û ton de pain, sa hache et se dirigea à grand pas vers un grand chêne. Le lundi il coupa le chêne Le mardi il sciait des planches, Le mercredi il cloua les planches en panneaux, Le jeudi, il assembla les panneaux dans la clairi è re devant la maison, Le vendredi, il goudronna le toit qu ’ il avait construit. Mais ce toit é tait à l ’ envers. Le samedi, il installa un magnifique tronc de peuplier au milieu du toit renvers é. Le soir, le b û cheron alla se coucher apr è s avoir mang é un oignon avec un cro û ton de pain et en regrettant de ne pas avoir de fromage.
Le dimanche matin, le b û cheron attendait sur la premi è re des marches de la maison. Le soleil se levait et commen ç ait à d é passer les arbres. Les rayons de lumi è re vinrent colorer son bateau d ’ un or brillant. Il é tait fier de son travail. Le chariot d é boucha dans la clairi è re, et Gallon arrêta ses b œ ufs. Il avait un air ahuri. " Mais tu as construit un bateau ! " Le b û cheron s ’é tait lev é, et en serrant la main de Gallon, il lui dit " Il est beau, tu as vu ? C ’ est comme ç a qu ’ il fallait faire ? Le toit de la maison à l ’ envers, et un beau mât au milieu pour porter la voile, alors regarde " Le b û cheron grimpa dans le bateau en tira une toile qu ’ il monta et accrocha au mât. Enfin, il grimpa tout en haut du mât pour y fixer un fanion. Lorsque ce fanion se d é ployait au vent, on pouvait y voir dessiner une belle hache sur un chêne. Le chêne qui avait servit à construire ce bateau et la hache qui l ’ avait coup é. Gallon avait vraiment une triste mine. " Mon pauvre b û cheron, maintenant que tu es redescendu de ton bateau, assieds-toi et é coute " Le b û cheron s ’ assit et é couta. Gallon paraissait chercher ses mots. " Et bien voil à, le bateau il ne fallait pas le construire dans la clairi è re. Le bateau il faut le construire au bord de la mer. Comment veux-tu traverser la forêt avec cette bâtisse ? Je vais te dire, b û cheron, ton travail n ’ aura servi à rien. " Gallon salua le b û cheron, reprit son chariot et apr è s un signe de la main, disparu dans la forêt. Le b û cheron resta assis à regarder son bateau. Une grosse larme coulait sur sa joue.
Le lundi, le b û cheron se leva, mit son chapeau, avala un oignon avec un cro û ton de pain, prit sa hache en ouvrant la porte, descendit les trois marches de la maison, et, d ’ un pas las, parti couper du bois au c œ ur de la forêt. Il en fut ainsi le mardi, et le mercredi. Et le soir, il montait les trois marches de la maison, posait sa hache en fermant la porte, mangeait un oignon avec un cro û ton de pain, enlevait son chapeau et toujours une grosse larme sur la joue, il se couchait et s ’ endormait. Il en fut ainsi le lundi, le mardi et le mercredi. Le jeudi, le b û cheron se leva, mit son chapeau, avala un oignon avec un cro û ton de pain, prit sa hache en ouvrant la porte, descendit les trois marches de la maison, et, d ’ un pas las, parti couper du bois au c œ ur de la forêt. Le temps é tait agit é, le b û cheron devait faire attention aux chutes de branches. Alors qu ’ il coupait du bois, au c œ ur de la forêt, il entendit des cris, des voix qui l ’ appelaient. " B û cheron ! B û cheron ! Vite allons vite au bateau " Le b û cheron vit Gallon et d ’ autres hommes arriver vers lui en courant " Vite b û cheron, allons au bateau, le vent va souffler en tempête, suis-nous " et le b û cheron sans comprendre, les suivit jusqu ’à la clairi è re et son bateau prisonnier. Gallon regarda le ciel, puis le bateau, " Il n ’ y en a plus pour longtemps, il faut faire vite. Gallon commandait aux hommes, leur indiquant o ù se placer sous le bateau, les plus forts à l ’ avant. " B û cheron, monte dans ton bateau et quand je te le dirai, laisse la voile tomber du mât, et accroche-toi bien au bastingage ".
Les hommes de la forêt, habitu é s aux lourdes charges, dress è rent le bateau de l ’ avant, et le vent soufflait si fort, que la voile se tendit, le tissus r é sista à la puissante pression de la tempête, le mât craqua, mais tint bon. Le b û cheron à la barre, voyait son bateau se soulever. Une derni è re pouss é e des hommes à terre et le bateau grimpa au-dessus de la cime des arbres. Alors, le toit invers é vogua sur la mer d ’ arbre qui s ’é talait devant lui. Il put voir, au loin, derri è re la poupe du bateau, ses amis qui lui faisait un dernier signe de la main. Son bateau fendait les arbres, le vent poussait si fort que son chapeau s ’ envola, et ses cheveux au vent tiraient le b û cheron pour aller de l ’ avant. Le vent soufflait de plus en plus fort, les bois craquait, tout ce qui n ’é tait pas fix é au sol s ’ envolaient. Le bateau lui-même bougeait. Alors, dans le tumulte de la tempête, le b û cheron entendit Gallon lui dire de tout lâcher. Alors la voile se d é plia, se gonfla imm é diatement, le bateau cabra de l ’ avant " Levez ! " commanda Gallon aux hommes sous le bateau. Le b û cheron vit un ruisseau qui le mena à la rivi è re o ù se posa le bateau. La tempête pouvait se calmer, la voile d é pli é e, le bateau suivit le cours de la rivi è re, jusqu ’ au fleuve, puis enfin jusqu ’à la mer. Il devinait qu ’ il s ’ agissait de la mer, parce qu ’ elle é tait comme la forêt, infinie. Plus tard sur la mer, le b û cheron put voir pousser sur son mât de peuplier, un bourgeon. Bien des ann é es plus tard, dans la forêt, un homme qui venait des pays de la mer raconta la l é gende d ’ un bateau dont le capitaine é tait b û cheron. Que ce b û cheron avait fait d ’ un peuplier son mât, et qu ’ aujourd ’ hui les branches avaient repouss é es, et que chaque printemps les feuilles revenaient. F I N