Je vis, je meurs voidrummer

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Transcription de la présentation:

Je vis, je meurs voidrummer Diaporama sur un un texte de Guillemette de Grissac Durée 5 minutes environ Attendez que la musique commence et cliquez pour avancer

Les personnages sont interprétés respectivement par : Marie Trintignant dans le rôle du « professeur de littérature » Nicolas Duvauchelle dans le rôle de Clément Clémence Poésy dans le rôle de «Lisa la fille du CPE » Léa Seydoux dans le rôle de Ludivine

Il s’appelle Clément. Il s’est installé près de la fenêtre, contrairement à d’autres qui visent plutôt le radiateur. C’est un rêveur.

Nous partageons le même goût pour les levers de soleil. halle-bopp Nous partageons le même goût pour les levers de soleil.

Mon corps est vissé à l’estrade, mon regard sort par la fenêtre :

encore la nuit en décembre et, en ce moment, déploiement d’or et de blanc vaporeux. Brume et flamme.

Suis-je ré-mu-né-rée pour observer les levers de soleil sur le miroir de la Saône ? Dommage. Il y a de quoi rêver.

Certains écrivent des poèmes : ode à l’alouette, demain dès l’aube, etc.

C’est ça, mon job, maintenant, ma vie : diffuser les rêves des autres ou les débiter en tranches discursives.

Clément, lui, il est là pourquoi Clément, lui, il est là pourquoi ? Il a souvent l’air de se poser la question.

Par chance, le lycée est situé sur une hauteur, au milieu d’un parc, autrefois, celui d’un château. Alors, à la première heure de cours, on voit monter le soleil.

Clément regarde toujours ce qui se passe à l’extérieur Clément regarde toujours ce qui se passe à l’extérieur. Cheveux longs, visage lisse, à la fois enfantin et grave, vous savez, le Jeune chevalier dans un paysage, un portrait par Carpaccio, ( reportez-vous, s’il vous plaît, à la page 56 de votre manuel de littérature ou, mieux , baladez-vous au Museo Thyssen, à Madrid).

Au loin, on devine la brume naissant de la Saône. halle-bopp Au loin, on devine la brume naissant de la Saône.

Dans le parc du lycée de très vieux arbres : un gingko ( ça y est me voilà partie au Japon, le gingko, c’est l’arbre d’Hiroshima, l’arbre premier qui clame la survie par-dessus le désespoir et la folie, il faut absolument que je leur en parle )

des cèdres bleus ( l’arbre du Liban, est-ce le moment d’aborder la question avec eux ? ),

des chênes bicentenaires ( regardez … ce symbole de la pérennité …ça c’est quand on abordera les blasons ).

Mes collègues ont raison, je suis trop souvent « absente » du white-board, du rétro-projecteur et de l’analyse sémantico-typologique, une rêveuse. Comme Clément. Passe encore, pour une débutante. La Conseillère souligne dans son rapport me concernant : un déficit en efficacité pragmatique, attachez-vous davantage aux programmes.

Pourtant, je ne vis pas seulement des illuminations du ciel et des peintures de Carpaccio, j’aime bien enseigner la littérature, j’aime le monde clos et ronronnant de la classe, tout ce qui s’y joue d’affrontements, de partage et d’enthousiasme, tout ce qui éclate parfois, crevant la surface lisse de l’indifférence.

J’avoue tout de même, madame la Conseillère, j’ai quelque difficultés avec la littérature du XVI° siècle. A quinze ans, seize ans les garçons vivent encore vissés à leur console de jeux, les filles aussi, quand elles ne sont pas à l’affût de passions romantiques et friandes de films d’horreur.

Ils veulent bien compter les rimes du sonnet : abba abba ccd eed Ils veulent bien compter les rimes du sonnet : abba abba ccd eed ... mais s’émouvoir, impossible. Rassasiés sans doute depuis des années, à force d’ingurgiter Heureux qui comme Ulysse.... L’amertume du sire du Bellay exilé à Rome les laisse de glace, j’abandonne.

Est-ce que je suis rémunérée pour faire compter des syllabes Est-ce que je suis rémunérée pour faire compter des syllabes ? Et si j’avais plus de succès avec Louise Labé ?

Je vis,, je meurs; je me brûle et me noie;  J’ai chaud extrême en endurant froidure... voidrummer

Et voici – ô étonnement, presque au sens fort du terme - que la belle rebelle rencontre une écoute attentive ! Vont-ils, vont-elles, s’identifier à la pauvre âme amoureuse ? Kirsten Duns

Miracle : Clément, le jeune chevalier ( s’il savait que je vois en lui un chevalier de Carpaccio, il se dresserait furieux sur ses Converse), le voilà plongé dans la biographie de Louise, il lit chacun des sonnets, il les interprète à sa manière, sans se soucier de la distance qui le sépare des poètes du milieu du XVI° siècle.

Comment on sait tout ça ? demanda Ludivine, qui a toujours les meilleurs notes en Lecture Méthodique, quand j’explique qu’on appelait Louise la « cortisana honesta » tant sa manière d’affirmer sa sensualité déconcerte ses contemporains.

Savez-vous que les lois des hommes interdisaient aux femmes l’accès à la science et au plaisir ? Et que pensez-vous de cette façon de parler de l’amour ?

C ‘est Folie qui fait Amour grand et redouté... Alannah

Ludivine a les yeux qui brillent Ludivine a les yeux qui brillent. Sans doute, c’est folie aussi pour elle d’aimer Antoine, un garçon de Terminale, qui ne la regarde même pas...

Le lendemain, elle commente avec sensibilité, les vers qui, malgré leur apparence anodine, suggèrent l’absolu du désir :

Tant que ma main pourra la corde tendre  Du mignard luth pour tes grâces chanter... le joueur de luth-carravage

Et Clément. Il ne détache pas ses regards de la fenêtre Et Clément ? Il ne détache pas ses regards de la fenêtre. Le soleil se lève avec une crinière superbe et la brume flotte en lambeaux sur la pelouse.

En déambulant comme font tous les profs dans leur cage, je me place derrière lui, j’observe sa nuque immobile, ce n’est pas aux pages du manuel qu’il est attentif.

Suivant son regard, je m’égare un peu en direction du parc et de la terrasse, sur laquelle se tient quelqu’un (attention, le proviseur n’aime pas que les élèves traînent dans le parc quand les cours sont commencés ).

Tiens, des rires peu discrets me ramènent du côté du premier rang Tiens, des rires peu discrets me ramènent du côté du premier rang. Ludivine et Pernette ont découvert dans leur livre ce vers divin de Louise qui commence ainsi :  Baise m’encore ... voidrummer

Il me faut apaiser la houle et revenir ( à ma grande joie) sur l’histoire du langage amoureux, son évolution, les mots cryptés, les allusions, l’art de dire à demi-mot. Que nous reste-t-il de cette habileté et de ces raffinements ? Niktamère, dit quelqu’un, les autres prennent des notes

Je montre sur Internet le visage de Louise, son front haut sous le béguin, ses paupières un peu lourdes, sa bouche fine.

« La meuf » « ringard » « moche » - ça fuse – Voilà un portrait qui les déconcerte : trop sévère, trop convenu pour une femme qui dit sans cesse son « aise », son plaisir et son contentement. Entendez par là : volupté.

Allons, c’est un portrait, pas un instantané Allons, c’est un portrait, pas un instantané. Madame, on pourrait la reconstituer en numérique ?

Ainsi amour inconstamment me mène;  Et quand je pense avoir plus de douleur,  Sans y penser je me trouve hors de peine... voidrummer

Sonnerie. C’est la « fin de l’heure », comme on dit, encore une heure enfuie, faisons honneur à la suivante. Encore une tranche.

Dois-je faire remarquer à Clément qu’il n’a « pas suivi » Dois-je faire remarquer à Clément qu’il n’a « pas suivi » ? Ou le féliciter d’avoir suivi sa rêverie ?

Le lendemain, il n’est pas là. Moi, je fais lire encore un poème Le lendemain, il n’est pas là. Moi, je fais lire encore un poème. Sans y penser, je déambule en direction de la fenêtre.

Il y a encore quelqu’un dans le parc, sous le gros chêne où s’attardent des écharpes de brume. C’est la forme entrevue la veille, une longue robe, une coiffure étrange qui contraste avec les cheveux libres des lycéennes. Clément est là lui aussi.

Il s’approche très près de la femme à la robe de brume et lui tend ses bras ou peut-être il se laisse prendre par elle, va-t-il s’agenouiller ?

On reprend au début, madame On reprend au début, madame ? C’est sur un ton exaspéré qu’elle me parle, la jolie Pernette.  Eh bien quoi, on reprend à partir de : Je vis, je meurs... C’est bien ça ? Hilary-Duff

Oh, mais attention, chers élèves. Un peu de respect pour la magicienne Oh, mais attention, chers élèves ! Un peu de respect pour la magicienne !Voilà que j’ai réussi à faire surgir des fantômes, à redonner vie et chair amoureuse à un spectre, réussi à faire pénétrer un garçon d’aujourd’hui dans la dimension amoureuse du XVI° siècle, que peut-on rêver de mieux ? Isild Le Besco

Donner corps au poème ! rendre une âme sensible au sortilège des mots amoureux ! Et je suis entrée dans le rêve que j’ai initié ! O mes collègues ! O madame la Conseillère ! Pourquoi ne regardez-vous pas plus souvent par la fenêtre les cèdres bleus ? Pourquoi pas plus souvent par les rêveries des adolescents ? Est-ce que vous êtes fâchés avec vos fantômes ? voidrummer

Tiens, chuchote Ludivine, y a Clément sur le lac, encore en retard, t’as vu il est avec Lisa, la fille du CPE, vont se faire engueuler grave, mais non, Clément, personne lui dit jamais rien et surtout pas la prof de français …

Eh bien, Ludivine. Pernette. Finis les commérages Eh bien, Ludivine ? Pernette ? Finis les commérages ? Bien sûr, on reprend, voici un texte qui appelle davantage de sentiment, voulez-vous? Un poème d’amour c’est le jaillissement du désir, c’est plus fort que la mort, écoutez :

Je vis, je meurs; je me brûle et me noie;  J’ai chaud extrême en endurant froidure:  La vie m’est trop molle et trop dure  J’ai grands ennuis entremêlés de joie..... voidrummer

Texte de :Guillemette de Grissac Musique: JS Bach - Concerto pour violon BWV 1056 - Largo Photos: Internet Daniel 20 novembre 2008 danielvillaperla@gmail.com Ce diaporama numéro 55 est strictement privé. Il est à usage non commercial.