L’ICÔNE DU BON SAMARITAIN
Et voici qu’un docteur de la Loi se leva et mit Jésus à l’épreuve en disant: “Maître, que dois-je faire pour avoir en héritage la vie éternelle?” Jésus lui demanda: “Dans la Loi, qu’y a-t-il d’écrit? Et comment lis-tu?” L’autre répondit: “Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton cœur, de toute ton âme, de toute ta force et de toute ton intelligence, et ton prochain comme toi-même”. Jésus lui dit: “Tu as répondu correctement. Fais ainsi et tu vivras”. Mais lui, voulant se justifier, dit à Jésus: “Et qui est mon prochain?” Jésus reprit la parole: “Un homme descendait de Jérusalem à Jéricho, et il tomba sur des bandits; ceux-ci, après l’avoir dépouillé et roué de coups, s’en allèrent, le laissant à moitié mort. Par hasard, un prêtre descendait par ce chemin; il le vit et passa de l’autre côté. De même un lévite arriva à cet endroit; il le vit et passa de l’autre côté. Mais un Samaritain, qui était en route, arriva près de lui; il le vit et fut saisi de compassion. Il s’approcha, et pansa ses blessures en y versant de l’huile et du vin; puis il le chargea sur sa propre monture, le conduisit dans une auberge et prit soin de lui. Le lendemain, il sortit deux pièces d’argent, et les donna à l’aubergiste, en lui disant: “Prends soin de lui; tout ce que tu auras dépensé en plus, je te le rendrai quand je repasserai”. Lequel des trois, à ton avis, a été le prochain de l’homme tombé aux mains des bandits?” Le docteur de la Loi répondit: “Celui qui a fait preuve de pitié envers lui”. Jésus lui dit: “Va, et toi aussi, fais de même”.
La charité du Samaritain et l’expérience du prochain La communauté évangélisatrice, par ses œuvres et ses gestes, se met dans la vie quotidienne des autres, elle raccourcit les distances, elle s’abaisse jusqu’à l’humiliation si c’est nécessaire, et assume la vie humaine, touchant la chair souffrante du Christ dans le peuple… Elle accompagne l’humanité en tous ses processus, aussi durs et prolongés qu’ils puissent être. Elle connaît les longues attentes et la patience apostolique. L’évangélisation a beaucoup de patience, et elle évite de ne pas tenir compte des limites (EG, 24). Aujourd’hui et toujours, «les pauvres sont les destinataires privilégiés de l’Évangile», et l’évangélisation, adressée gratuitement à eux, est le signe du Royaume que Jésus est venu apporter. Il faut affirmer sans détour qu’il existe un lien inséparable entre notre foi et les pauvres. Ne les laissons jamais seuls (EG, 48). Ce n'est pas toi le centre, c'est l'autre vers lequel tu dois te diriger. Observe ce samaritain: il est une icône de l'altérité et de la gratuité, fait à image et ressemblance de Dieu lui-même".
De la main du Samaritain Sortir vers les autres pour aller aux périphéries humaines ne veut pas dire courir vers le monde sans direction et dans n’importe quel sens. Souvent il vaut mieux ralentir le pas, mettre de côté l’appréhension pour regarder dans les yeux et écouter, ou renoncer aux urgences pour accompagner celui qui est resté sur le bord de la route (EG, 46). Notre engagement ne consiste pas exclusivement en des actions ou des programmes de promotion et d’assistance; ce que l’Esprit suscite n’est pas un débordement d’activisme, mais avant tout une attention à l’autre qu’il «considère comme un avec lui». Cette attention aimante est le début d’une véritable préoccupation pour sa personne, à partir de laquelle je désire chercher effectivement son bien (EG, 199). Si le Samaritain nous prenait par la main, que nous dirait-il, où nous conduirait-il?
L'homme à moitié mort Plus que la peur de se tromper j’espère que nous anime la peur de nous renfermer dans les structures qui nous donnent une fausse protection, dans les normes qui nous transforment en juges implacables, dans les habitudes où nous nous sentons tranquilles, alors que, dehors, il y a une multitude affamée, et Jésus qui nous répète sans arrêt: «Donnez-leur vous-mêmes à manger» (Mc 6, 37) (EG, 49). N'aurions-nous pas besoin que le grand Samaritain, Jésus, s'approche de nous, soigne nos plaies et verse sur elles l'huile de sa consolation et le vin de sa force? Ne serait-il pas devant nous le kairos à découvrir dans notre fragilité, "un nouveau chemin" dans lequel la force se manifeste dans la faiblesse et la vie dans la mort? N'est-elle pas arrivée l'heure de faire totalement confiance à ce Dieu qui est en train de faire quelque chose de neuf avec notre pauvreté et même avec nos pertes?
À l'auberge J’invite chacun à être audacieux et créatif dans ce devoir de repenser les objectifs, les structures, le style et les méthodes évangélisatrices de leurs propres communautés (EG, 33). Comment faire pour que ces structures que nous avons créées soient "auberges" au service de la vie, espaces dans lesquels nous nous sentions accueillis, nous offrant stabilité et permanence et capables de nous refaire pour que nous puissions repartir sur les chemins?
De la main du docteur de la Loi L’impératif d’écouter le cri des pauvres prend chair en nous quand nous sommes bouleversés au plus profond devant la souffrance d’autrui… Jésus nous a enseigné ce chemin de reconnaissance de l’autre par ses paroles et par ses gestes. Pourquoi obscurcir ce qui est si clair? (EG 193-194). Si le docteur de la Loi nous prenait par la main que nous dirait-il et où nous conduirait-il?