Diverses visions de l’agroécologie et nécessité d’inclure les aspects sociaux et l’emploi V. Beauval – RNDA - Août 2014 Plan : Bref historique de l’agroécologie.

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Transcription de la présentation:

Diverses visions de l’agroécologie et nécessité d’inclure les aspects sociaux et l’emploi V. Beauval – RNDA - Août 2014 Plan : Bref historique de l’agroécologie et développement dans 4 pays (diaporama réalisé avec C. Naudin – ESA Angers - 2013) Diversité actuelle des visions de l’agroécologie Nécessité de prendre en compte les sciences sociales et l’emploi et non plus seulement l’environnement et l’agronomie Réflexions concernant les incidences sur l’emploi des pratiques agroécologiques

I.1. Brève analyse historique (source : Wezel & Soldat, 2009) Emergence de l’agroécologie: 1930s - 1960s 1928 : Ouvrage de Bensin (agronome russe) = début de l’histoire de l’agroécologie = « Application des méthodes de l’écologie à la production agricole ». 1967 : Stéphane Hénin (agronome français) : « Une écologie appliquée aux peuplements des plantes cultivées et à l’aménagement des terrains agricoles » (cf. son livre, « une écologie du champ cultivé »). Développement d’une agroécologie scientifique: 1970s - 1980s Concept d’ “agroécosystème” (Odum, 1969) = “écosystème domestiqué”, intermédiaire entre naturel et artificialisé Nombreuses publications sur l’agroécosystème: Conway (1987); Altieri (1983); Gliessman (1981); Altieri & Anderson (1986); Hecht (1995) Aspects techniques, socio-techniques et/ou politiques (Cox et Atkins 1979)

I.1. Suite analyse historique (Années 90- 2000) Institutionnalisation et consolidation de l’agroécologie Beaucoup d’écrits sur l’agroécologie et l’agriculture durable dans les années 90 : Agroécologie : Altieri 1995; Carroll, 1990; Gliessman, 1990, 1997) Agriculture durable (nombreux écrits dans plusieurs pays et, en France, docs de la FRCIVAM, du RAD et charte de l’agriculture paysanne de la Confédération Paysanne). Depuis les années 2000, prise en compte des aspects socio-économiques et du concept de « système alimentaire » Définition agroécologie de Francis et al. (2003): « Etude intégrée de l’écologie des systèmes alimentaires dans leur totalité, englobant les dimensions écologiques, économiques et sociales » = “the ecology of food systems” Définition agroécologie de Gliessman (2007) = “La science de l’application des concepts et des principes écologiques à la définition et au pilotage de systèmes alimentaires durables”. 3

I.2. Exemples dans différents pays USA : Agroécologie d’abord étudiée par les scientifiques en lien avec : La dégradation de l’environnement liée aux productions agricoles Analyses des pratiques traditionnelles. Extension vers des “mouvements agroécologiques” Durabilité Développement rural Diminution des impacts environnementaux négatifs Promotion de pratiques “agroécologiques” Source : Wezel et al., 2009

I.2. Exemples dans différents pays Brésil : L’agroécologie paysanne/familiale est portée par de nombreuses organisations paysannes et ONG (MST, FETRAF, AS-PTA ….). Les références à Altiéri et Gliessman sont dominantes et la majorité des acteurs insistent sur l’importance des transitions agroécologiques (cf. 4 niveaux de Gliessmanen incluant le développement des circuits courts). L’agroécologie est considérée comme une discipline scientifique incluant les dimensions sociologiques. Près de 200 chercheurs de l’Embrapa ont signé un manifeste en faveur de l’agroécologie. On note d’importants appuis de l’Etat fédéral à des pratiques agroécologiques (par exemple, lignes de crédit agroécologie du PRONAF et soutiens financiers du programme Faim zéro). Nombreuses aides des Etats locaux et des collectivités territoriales. 5

Suite des exemples dans différents pays Allemagne : Quasiment exclusivement considérée comme une science, dès le début et encore aujourd’hui. Des approches allant du champ au paysage, principalement basée sur des approches scientifiques issues de l’écologie et de la biologie. France : D’abord une voie alternative de pratiquer l’agriculture en refusant le productivisme (cf. RAD, CIVAM, ARDEAR). En parallèle, les sciences agronomiques françaises évoluent en se saisissant des dimensions et des problématiques propres à l’agroécologie dans d’autres pays. Récemment, une agroécologie reconnue comme une discipline scientifique émerge avec des interprétations proches de l’agroécologie allemande. Création de plusieurs Masters d’agroécologie (ISARA, ESA, …)

I.3. L’agroécologie: une diversité sémantique Discipline scientifique Pratiques Mouvement Développement rural Approche à la parcelle Environmentalisme Nombreuses références techniques Écologie de l’agroécosystème Ecologie du sytème alimentaire Agriculture durable Wezel et al., 2009

II. Diversité des visions actuelles de l’agroécologie Pour mémoire, définitions de Bensim, Hénin, Altiéri et Gliessman citées dans les diapositives précédentes J-F Soussana (Directeur environnement de l’INRA – Revue Projet 02-2013) : « Nous revendiquons le droit de parler d’agro-écologie (avec un tiret), une science au croisement de l’écologie, des sciences de la biodiversité et des sciences agronomiques ». M. Griffon (brochures AEI 2011 et 2012) : «L’agriculture écologiquement intensive doit s’appuyer sur les fonctionnalités de la nature ». « Les mécanismes naturels décrits par l’écologie peuvent être amplifiés jusqu’à devenir dominants en termes de pratiques agricoles ». « L’AEI cherche à réduire ses effets négatifs sur l’environnement sans s’interdire d’utiliser des techniques conventionnelles ». « L’écologie scientifique doit être séparée de l’écologie politique ».  s’inspirer de la nature (cf « mimic theory ») afin de mieux intégrer l’activité agricole et ses impacts dans les cycles biogéochimiques (et ce, à différentes échelles) et rechercher la production de services écosystémiques en plus de la production de biens agricoles.

Suite diversité des définitions de l’agroécologie (2) Tomich et al., 2011 : « L’agroécologie est un ensemble disciplinaire alimenté par le croisement des sciences agronomiques (agronomie, zootechnie), de l’écologie appliquée aux agroécosystèmes et des sciences humaines et sociales (sociologie, économie, géographie) ». Wezel et Jauneau, 2011 : « L’agroécologie peut recouvrir un sens plus large en considérant les dynamiques territoriales et les acteurs sociaux portant les fondements d’une agriculture durable, écologiquement saine, économiquement viable et socialement juste ». Francis et al. (2003) et Gliessman (2007) s’intéressent à « l’écologie des systèmes alimentaires dont les composantes techniques, économiques, sociales et politiques se déclinent à différents niveaux d’organisation ».

Suite diversité des approches agroécologiques (3) P. Rabhi : « l’agroécologie se situe au delà d’une simple alternative agronomique. Elle est liée à une dimension profonde du respect de la vie et replace l’être humain dans sa responsabilité à l’égard du vivant ». H. Rouillé d’Orfeuil - Revue Projet 02-2013 : « Pour des agricultures intensives en travail afin de ne pas mettre au chômage 1,5 milliards de personnes ». En conséquence, « Les agricultures de demain devront être productives et à haute valeur sociale et environnementale ». S. Le Foll – Revue Projet 02-2013 : « L’agroécologie combine l’autonomie et l’usage rationnel des ressources et des mécanismes naturels avec la viabilité économique ». « Le XXIème siècle devra allier production, préservation de l’environnement et question sociale ».

III. Pourquoi affirmer la place des sciences sociales et de l’emploi dans l’agroécologie ? Rappels : Un agroécosystème résulte de l’action d’une société humaine dans un environnement physique particulier. Les règles de fonctionnement de cette société humaine comme, par exemple, son rapport à la nature, ses modes de gestion du travail, du foncier, de l’eau et des territoires favorisent ou défavorisent des pratiques agroécologiques vertueuses. * A titre d’exemples pour la gestion du foncier : Dans de nb pays du Monde, sur des terres en location, l’agroforesterie et des travaux de conservation des eaux et des sols (CES) peuvent être interdits. Les investissements favorisant l’amélioration de la fertilité des sols ne sont rentables que s’il existe un cadre légal favorisant un minimum de sécurisation foncière (si non, ce seront d’autres qui bénéficieront des investissements réalisés). Le manque de foncier peut rendre plus difficile dans les petites fermes la mise en place de systèmes plus autonomes et économes (cf. dans l’UE, systèmes basés sur l’herbe et des protéagineux locaux en substitution du système maïs/soja importé).

Pourquoi affirmer la place des sciences sociales et de l’emploi dans l’agroécologie ? (suite) * A titre d’exemples pour la gestion de l’eau : Sur le plan quantitatif, le mode d’accès à la ressource eau et son mode de gestion autorisent ou non la pratique de certaines cultures et rotations pouvant s’inscrire dans des démarches agroécologiques. Sur le plan qualitatif, les normes retenues pour restaurer la qualité de l’eau de bassins versants pollués peuvent avoir des conséquences concrètes sur les possibilités de pratiquer des semis directs reposant sur un usage important d’herbicides (et parfois d’insecticides protégeant les semences). * A titre d’exemples concernant la prise en compte des territoires : La réduction de l’érosion se raisonne certes au niveau des parcelles mais aussi au niveau des bassins versants grâce à des investissements collectifs de CES. La protection d’un captage et l’amélioration de la ressource en eau se raisonnent aussi collectivement au niveau d’un territoire (cf. CLE d’un SAGE). Lorsque les règles de vaine pâture sont encore dominantes (cas de nb sociétés paysannes des PVD), les semis directs sur couvertures végétales, les enclosures ou l’agroforesterie se diffusent très difficilement.

Quelques exemples incitant à inclure les sciences économiques et sociales parmi les disciplines de l’agroécologie (3) Des règles de fonctionnement spécifiquement socio – économiques des sociétés sont également à prendre en compte : * A titre d’exemple concernant les problématiques économiques : Les modes d’accès aux crédits, aux intrants et équipements, la fixation et régulation des prix, le mode d’octroi des aides (cf. deux volets de la PAC UE), … favorisent ou défavorisent des pratiques agroécologiques vertueuses. * A titre d’exemple concernant la prise en compte de l’emploi : Dans les pays ayant une agriculture très motorisée, certains itinéraires de semis direct reposent sur des équipements coûteux mais très performants sur le plan de la productivité du travail. Plusieurs études montrent que ces équipements contribuent à réduire l’emploi dans les zones rurales. * A titre d’exemple concernant la prise en compte de la santé humaine : Dans plusieurs pays se sont diffusés des itinéraires de semis direct comprenant des pesticides interdits ou en débat dans de nb pays développés (cf. insecticides systémiques de type carbofuran, fipronil, imidacloprid). La conservation des sols n’a-t-elle pas primé sur la santé des hommes ? (mais aussi celle des abeilles et d’autres organismes vivants comme la microfaune des sols).

IV. Réflexions concernant les incidences sur l’emploi de certaines pratiques agroécologiques EXEMPLES OU LES INCIDENCES SONT POSITIVES ET INDENIABLES: Lutter contre l’érosion avec des diguettes, bandes enherbées et terrasses nécessitent beaucoup de travail (=> Investissements pour le moyen et long terme souvent réalisés dans le passé par diverses sociétés paysannes du monde). NB : Pour nourrir 9 milliards d’habitants, il faudra nécessairement mieux préserver voire réhabiliter des sols actuellement fragilisés par l’érosion (problème mondial et pas seulement de certaines régions agricoles européennes). Réduire ou éliminer les pesticides contribue à accroître les quantités de travail au niveau des fermes => Incidences très positives sur l’emploi (cf. exemples en maraîchage, éclaircissage manuels des pommiers, binages mécaniques en grandes cultures, etc…). Réduire ou éliminer l’usage des engrais chimiques n’est possible que si l’on recycle les biomasses, produit des fumiers et/ou composts, toutes pratiques exigeantes en travail et donc positives pour l’emploi.

IV. Réflexions concernant les incidences sur l’emploi de certaines pratiques agroécologiques (suite) Diversifier les cultures et les rotations se traduit souvent par des temps de travaux supérieurs à l’hectare (sachant qu’accroître la biodiversité cultivée est une des clefs de l’agroécologie). Privilégier les haies, les mares et autres éléments de la biodiversité non cultivée et contribuer à l’aménagement des paysages accroît forcément le travail (mais celui-ci n’est pas forcément rémunéré ou économiquement valorisable à court terme par les paysans). Transformer à la ferme et/ou commercialiser soi-même sa production accroissent le travail au niveau des fermes et des territoires ruraux (mais peuvent le réduire chez d’autres acteurs de l’aval). AUTRES EXEMPLES POSITIFS PROPOSÉS PAR LES PARTICIPANTS :  L’agroécologie paysanne favorise la création d’emplois « vivables » et en harmonie avec la nature (= emplois valorisants et agréables à pratiquer, renforçant l’estime de soi, …).

IV. Réflexions concernant les incidences sur l’emploi de certaines pratiques agroécologiques (suite) Selon d’autres participants « L’agroécologie paysanne peut permettre de partager le travail, ce qui engendre de meilleures conditions, génératrices de coopération et de convivialité au travail ». Pour d’autres (cf. Exemples donnés par un arboriculteur, JL Luthier), « Elle génère du lien social au niveau des territoires ». L’agroécologie induit le besoin d'outils de désherbage mécanique, ce qui favorise la création d’emplois pour la recherche et la production de ces outils (idem pour les méthodes biologiques de lutte se substituant aux insecticides et fongicides). Une agroécologie paysanne basée sur la biodiversité cultivée et l’aménagement des territoires facilite le développement de l’écotourisme, lui-même favorable à l’emploi local (à l’inverse, les monocultures industrielles sont défavorables au développement de ce type de tourisme).

IV. Réflexions concernant les incidences sur l’emploi de certaines pratiques agroécologiques (suite) L’agroécologie est un mode de production favorable à la production de plantes médicinales et aromatiques, ce qui peut engendrer le développement de nouvelles filières (ou la non délocalisation de filières existantes, cf. Chemillé, Maine et Loire). Pour permettre aux savoirs agroécologiques d'être accessibles à tous, le développement de formations sera nécessaire et cela constitue un vrai potentiel pour la création de filières d'enseignement. Contribution d’un participant brésilien : « Dans l’Amazonie brésilienne, la pratique de l'agroforesterie réduit l’usage des produits chimiques, ce qui limite les dépenses de santé pour les humains et pallie au manque de médecins ».

IV. Réflexions concernant les incidences sur l’emploi de certaines pratiques agroécologiques (suite) EXEMPLES OU LES INCIDENCES SONT MOINS EVIDENTES : Pour les systèmes fourragers à dominante d’herbe, les pointes de travaux sont souvent moindres que dans les systèmes intensifs Maïs/Soja. Par contre, pour une même quantité de lait produite, la quantité de travail nécessaire sur l’année est un peu supérieure vu la diversité des productions fourragères pratiquées (cf. Denis Gaboriau, données FRCIVAM Pays de Loire). En comparaison des itinéraires avec labour systématique, les techniques de semis direct (SD et SCV) ou avec un travail réduit du sol (TCS) présentent quelques avantages agroécologiques (conservation des sols, réduction de l’érosion, …) mais ils réduisent le travail nécessaire à l’ha et donc globalement l’emploi sur les fermes.