FLANERIE dans les PASSAGES COUVERTS PARISIENS 25 mars 2013 durée 23 minutes
1- jardin du Palais Royal 2- passage Vérité 3- galerie Vero-Dodat 4- passage des Deux Pavillons 5-6- galerie Vivienne 7- rue des Colonnes 8- passages des Panoramas 9- passage Jouffroy 10- passage Verdeau 11- passage des Princes
La plupart des passages couverts furent construits dans la première moitié du XIXe siècle, afin d’abriter une clientèle aisée des intempéries et de proposer le plus souvent un ensemble de commerces variés; ce furent les ancêtres des centres commerciaux d’aujourd’hui. La quasi-totalité des passages couverts se trouve sur la rive droite de la Seine, à l’intérieur des limites de Paris avant son extension de 1860, principalement près des Grands Boulevards, c’est-à-dire dans les zones drainant la clientèle aisée à l’époque de leur construction. Vers 1850, la transformation de Paris par le baron Haussmann induit l’abandon des passages couverts. Un certain nombre d’entre eux sera détruit. Puis, dans les années 1860, le développement des grands magasins va fortement contribuer à la mort des passages couverts. Alors que Paris a compté jusqu’à 150 passages couverts au XIXe siècle, il n’en reste aujourd’hui qu’une vingtaine à l’intérieur desquels il fait toujours aussi bon flâner…De façon typique, les passages couverts de Paris sont des galeries percées au travers des immeubles ou construites en même temps qu’eux. Ces galeries sont couvertes par une verrière offrant un éclairage zénithal qui leur donne une lumière particulière; ce sont des voies privées ouvertes aux publics, des espaces piétonniers, des raccourcis entre plusieurs rues et avenues.
Jardin du Palais Royal
En 1781, Philippe d’Orléans, duc de Chartres, plus connu sous le nom de Philippe Egalité, est au bord de la ruine lorsqu’il entreprend un grand projet de spéculation immobilière consistant à lotir le pourtour du jardin du Palais-Royal. Les maisons, larges de trois ou quatre arcades, sont élevées sur sept niveaux: un étage de caves, un rez-de-chaussée destiné aux boutiques et surmonté d’un entresol, un étage noble, un attique, un étage mansardé et un dernier, pris dans les combles, pour les domestiques. .En 1786, les galeries de pierre étaient achevées sur trois côtés. L’architecte avait prévu de fermer la cour d’honneur, au sud du jardin, par une colonnade surmontée d’une terrasse. Faute de crédits, le chantier fut interrompu au stade des fondations. Afin de protéger ces dernières, le duc concéda l’emplacement à un entrepreneur qui y construisit des hangars de planches abritant trois rangées de boutiques desservies par deux allées couvertes. Ce baraquement provisoire (démoli quarante ans plus tard!). servira de prototypes aux passages couverts de Paris.
galerie Valois
galerie Beaujolais
Plusieurs épisodes de la Révolution Française ont eu pour cadre le Palais-Royal. Les deux plus célèbres sont : L’épisode du 12 juillet 1789 où Camille Desmoulins ayant appris le renvoi de Necker appelle les Parisiens à l’insurrection. Un dessin de Prieur le représente haranguant la foule qui prend comme signe de ralliement les feuilles des arbres du jardin. Les bustes de Necker et du duc d’Orléans (très populaires en raison de leurs prises de position libérales) vont être promenés dans le jardin et dans Paris. La cavalerie va charger la foule place Louis XV et la réaction défensive des Parisiens sera la prise de la Bastille.
L’épisode du 20 janvier 1793 où le député montagnard Lepeletier de Saint-Fargeau qui avait voté la mort du roi, est assassiné par un royaliste au sous-sol du restaurateur Février installé au Palais-Égalité, galerie de Valois, n° 114-118. Il devint l’un des martyrs de la Révolution avec Marat et Chalier.
assassinat de Lepeletier Lepeletier sur son lit de mort mort de Lepeletier
Charlotte Corday à son arrivée à Paris a acheté pour 40 sous un couteau de cuisine à manche d’ébène et virole d’argent dans la boutique du coutelier Badin sous les arcades du Palais Royal au 177de l’actuelle galerie de Valois.
Les marchandes de modes, perruquiers, cafés-limonadiers, marchands d’estampes, cabinets de lecture, libraires et autres commerçants se partagèrent les quatre-vingt-huit boutiques, tandis qu’une foule interlope de flâneurs, de joueurs, de pickpockets et de prostituées investirent le lieu et en firent le succès et la réputation. L’endroit était réputé depuis la construction des galeries pour être le rendez-vous des filles publiques qui venaient y exercer leur commerce (elles disaient « faire leur palais »). Les sources de l’époque estiment que 600 à 800 filles habitent au Palais-Royal, auxquelles il convient d’ajouter les « hirondelles » qui n’y résident pas mais qui viennent à la recherche de clients le soir venu. La prostitution était libre mais très organisée : les demi-castors opéraient dans les allées et les galeries de bois, les castors dans les galeries de pierre, et les cocottes de luxe à la terrasse du café du Caveau.
Dès son arrivée au pouvoir en 1830, Louis-Philippe réglemente la prostitution, désormais interdite en dehors des maisons de tolérance. Le Palais-Royal est déserté quand, en 1836, s’ajoutent à ces mesures celles décrétant la fermeture des salles de jeu. Avec les filles de joie et les joueurs, c’est toute la jeunesse qui quitte le lieu pour se replier sur les boulevards.
galerie Palais-Royal vers 1840
La seule transformation architecturale importante au XXe siècle est en 1933 la transformation de la galerie d’Orléans. Cette galerie, qui était l’une des plus belles de Paris, abritait l’administration coloniale. Dans une conception purement décorative, elle fut réduite à ses portiques latéraux en démolissant les boutiques et la verrière qui la couvrait tout en maintenant les deux péristyles qui l’encadraient, apportant sans doute au palais une transparence et une luminosité perdues
En 1959 s’installèrent, dans l’aile Montpensier le Conseil Constitutionnel créée par la Constitution de 1958 et dans l’aile de Valois le nouveau Ministère de la Culture dont André Malraux resta ministre pendant plus de dix ans
Conseil Constitutionnel Ministère de la Culture
Colette a passé une bonne partie de sa vie au Palais-Royal au 9 de la rue de Beaujolais (plaque sur sa maison). Lors de ses obsèques en 1954, un hommage officiel lui fut rendu dans la cour d’honneur du palais. Jean Cocteau vécut longtemps au 36 rue de Montpensier.
L’appartement où Colette vécut de 1926 à 1930 se situe au-dessus du porche
L’introduction de l’art contemporain au Palais-Royal en 1985 à l’initiative du ministère de la Culture dirigé par Jack Lang, avec l’implantation d’une composition monumentale, les colonnes de Buren, dans la cour d’honneur (qui servait alors de parking à quelques privilégiés) déclencha une nouvelle bataille des anciens et des modernes, teintée d’arrières pensées politiques. Elles sont devenues aujourd'hui l’une des étapes incontournables du Paris touristique.
passage Vérité
Construite en 1796 par Philippe d’Orléans, cette voûte mène de la place de Valois à la rue des Bons-Enfants. Une ancienne inscription sur la voûte indiquait qu’il y avait là un cabinet de lecture avec journaux du jour et de la veille.
galerie Vero-Dodat
Cette galerie semble tout droit sortir d'un roman de Balzac Cette galerie semble tout droit sortir d'un roman de Balzac . Elle est la caractéristique même des opérations immobilières spéculatives de la Restauration . Benoît Véro charcutier rue Montesquieu achète l'hôtel de Quatremère d'Antoine de Dreux d'Aubay en 1823, pour le détruire et faire construire à son emplacement le passage actuel avec son associé Dodat, qui sera ouvert en 1826. Il relie la rue du Bouloi à la rue Jean-Jacques Rousseau entre le Palais-Royal et les Halles.
Les entrées de la galerie sont des arcades ioniques fermées par des grilles et sont couronnées d'un balcon. La façade de la galerie sur la rue du Bouloi est décorée de deux statues dans des niches: l’une représente Hermès dieu des commerçants avec son casque ailé et un caducée à la main, et l’autre est le Satyre au repos d'après Praxitèle.
Entrée rue du Bouloi
Hermès dieu des commerçants
Satyre au repos
De style néo-classique, cette galerie est aménagée de façon à donner une illusion de profondeur, par la trame diagonale du carrelage noir et blanc, la faible hauteur du plafond orné de peintures de paysages là où il n'est pas vitré, par l'alignement des boutiques sur un strict plan horizontal, le tout éclairé avec des globes de lumière. Sur une longueur de 80 mètres, les devantures de ce passage en grande partie vitrées, associent le bois sombre avec des ornements en cuivre et fonte qui forment des arcades en plein-cintre avec des miroirs , des peinture , des colonnes .
Cette galerie doit aussi son succès à la boutique des " Messageries Lafitte et Gaillard , située face à l'entrée de la galerie Véro-Dodat rue Jean-Jacques Rousseau. Les voyageurs qui attendent leur diligence pour la France entière, vont flâner parmi les magasins à la mode . Les messageries Lafitte et Gaillard concurrencèrent très sévèrement les messageries Royales qui possédaient le monopole du transport des passagers pour toute la France . Ce quartier était devenu l'un des principaux lieux d'où l'on quittait Paris . L'animation créée par les voyageurs était présente dès cinq heures du matin !!! Les boutiques s'ouvraient, attirant la clientèle des voyageurs en instance de départ.
Parmi les boutiques à succès, l'imprimeur Aubert qui vendait les célèbres journaux " Le Charivari " et la " Caricature « animait le passage. Les dessins de Daumier , Gavarni , Cham ou Grandville attiraient une double haie de curieux à la devanture du magasin surtout pendant les premiers moments du gouvernement de 1830 .
Entrée rue Jean-Jacques Rousseau
passage des Deux Pavillons
galerie Vivienne
La galerie Vivienne est sans aucun doute le passage le plus luxueux de Paris. Elle date de 1825, a une longueur de 176 mètres et une largeur de 3; elle a été inscrite au titre des monuments historiques depuis 1974.
Le très réputé caviste Legrand occupe son emplacement depuis 1880; il dépend de la non moins connue épicerie fine Legrand qui se trouve au 1 rue de la Banque et dont l’échoppe existait déjà avant la construction de la galerie.
Au numéro 13, un imposant escalier mène à l’ancienne demeure de Vidocq, célèbre bagnard français devenu chef de la police.
Au n°45 se situe la librairie Jousseaume (anciennement Petit Siroux fondée en 1826) dont les clients les plus célèbres furent Colette et Aragon.
Les mosaïques du sol ont un fond en « terrazzo »; leur sobriété souligné par la répétition de formes géométriques simples rappelle le style des mosaïques de la rue de Rivoli.
rue des Colonnes
Percée en 1791, cette rue est un des rares exemples de construction de l’époque révolutionnaire par son apparence néo-grecque, ses trottoirs et ses colonnes. Les arcades sont classées.
galerie Colbert
Ce passage Colbert, entièrement rénové, mérite un coup d’œil bien qu’il n’y ait plus aucun commerce à l’intérieur aujourd’hui.
passage des Panoramas
Plus vieux passage de Paris, 1799, sa décoration est faite de vieilles enseignes et de luminaires d’époque qui en fait l’un des plus jolis de la capital. Il est connu pour être l’un des principaux lieux de philatélie de la ville, malgré que peu à peu les fast-food prennent de plus en plus de place…..
Le propriétaire, l’américain William Thayer, fit construire à l’entrée principale du boulevard Montmartre deux grandes tours dans lesquelles étaient exposées des dessins panoramiques. D’où son nom.
passage Jouffroy
Ce passage date de 1846. Il fut le premier a être doté d’une charpente métallique, une révolution architecturale pour l’époque, et le premier également à avoir un chauffage au sol. Rénové en 1987, il abrite un grand nombre de magasins de collectionneurs.
Au début de 1880, Arthur Meyer, fondateur du journal Le Gaulois, s’associe au caricaturiste Alfred Grévin pour créer une galerie de personnages en cire sur un terrain adjacent au passage. Elle est inaugurée en 1882 et a pris le nom de musée Grévin.
La sortie du musée, ornée d’un décor composé de divers personnages, se situe dans le passage et contribue pour une large part à son succès.
passage Verdeau
Ne reliant pas deux boulevards, il n’a jamais été financièrement prospère. Sous une charpente entièrement métallique, cette galerie datant de 1847 regorge de librairies, antiquaires et vendeurs d’art . Sa construction est due à Mr. Verdeau qui inventa la location de linge pour les hôtels, restaurants ou autres réceptions.
passage des Princes
Le passage des Princes fut inauguré en 1860 sous le nom de passage Mirès, fondateur de cette voie piétonne. Il fut le dernier passage couvert édifié à Paris à l’époque d’Haussmann. Long de 80 mètres et large de 3,ce passage possède encore dix façades protégées au titre des Monuments historiques. Propriété dès 1866 de la Compagnie d’assurance sur la vie, devenue depuis les AGF, le passage fut détruit en 1985 pour une opération immobilière mais fut reconstruit à l’identique. Fermé de 1992 à 1995 pour rénovation, le passage prend aujourd’hui des allures factices de décor de théâtre.
C’est la plus ancienne chocolaterie de Paris, fondée en 1761 C’est la plus ancienne chocolaterie de Paris, fondée en 1761. Au début du 19ème siècle, la boutique connaît un véritable succès et sa réputation dépasse vite les frontières du quartier. On raconte que cette épicerie devenue petit à petit une confiserie fait le bonheur des danseuses des Folies Bergères, situées non loin.
FIN