Je viens rajouter au diaporama initial, ces quelques lignes à la demande de Mino. Elles vous feront mieux comprendre son acharnement pour « le droit de mourir dans la dignité. «

Subrepticement, elle se glisse dans votre corps, et vous donne envie de hurler.

Personne ne la voit, personne ne se doute qu’elle est là.

Mais moi je la connais bien cela fait quarante cinq ans qu’elle m’habite. Je sais qu’elle ne me quittera pas.

Je la tais pour qu’on ne me prenne pas en pitié, mais elle me ronge, les médicaments ne sont pas assez puissants pour la faire cesser.

Quand elle se calme quelques instants, c’est pour mieux se cabrer le moment d’après. Nul ne peut la supporter. Elle s’appelle la SOUFFRANCE, elle mérite ses deux « F «. MINO

« Parler de l’euthanasie ! Mais t’es pas folle ! Tu fais de la peine à tes parents ! « Combien de fois ai-je entendu cette phrase dans mon entourage ? Il est vrai que ça fait des années maintenant que cette bataille _ briser l’un des derniers grands tabous de notre société_ me tient à cœur : je suis une convaincue depuis l’âge de 10 ans.

Ce livre qui raconte mon histoire et les raisons de mon combat …. Un livre cela permet tout de même d’en dire plus qu’une minute à la télé ! Or prendre le temps d’expliquer est absolument nécessaire pour évoquer un sujet aussi complexe, aussi grave, aussi mal compris et malmené que peut l’être l’euthanasie.

Qu’on se le dise, je ne lâcherais pas prise. Plus on me refusera ce que j’attends, plus je m’accrocherais. « Je t’interdis de monter dans les autotamponneuses « ……il ne m’en fallut pourtant pas plus pour qu’à la première occasion …

Et, n ’ayant aucune maîtrise sur mes muscles du fait de mon handicap, étant par ailleurs dépourvue de tout sens de l’équilibre et donc dans l’incapacité d’amortir le moindre coup, je me fis très mal, en effet.

… l’opacité qui enserre le suicide assisté en France est d’une épaisseur telle que je veux la percer. Car si mon handicap m’empêche de faire le moindre geste seule, si, pour manger, pour boire, pour me coucher ou me laver, j’ai besoin de quelqu’un pour m’aider, il y a une chose que je sais faire par moi-même : penser, et parler. Avec difficulté, certes (mon élocution est laborieuse ), mais enfin, cela, j’y arrive.

Sur la question de l’euthanasie en particulier, je ne me sens guère soutenue …. … craint qu’à cause de mes coups d’éclats intempestifs l’opinion publique n’associe « handicap « et « euthanasie «.

L’ADMD ( L’association pour le Droit de Mourir dans la Dignité ) préfère des expressions plus politiquement correctes telles que « la mort douce « ou « la bonne mort « ( qui renvoie au sens étymologique du mot ), quand elle ne choisit pas de parler d’ interruption Volontaire de Vie ( IVV ), l’ADMD a cet inconvénient, selon moi, de ne compter parmi ses adhérents que peu de monde qui veuille mourir dans le court terme. Au fond c’est toujours la même histoire : les parents sont morts dans la souffrance, et leurs enfants qui ne veulent pas subir la même chose rallient l’ADMD.

A l’heure actuelle, je dois bel et bien être une des rares adhérentes à me sentir directement concernée. D’où peut- être la fougue que je mets à me battre …

Mais moi, je vis au présent. C’est aujourd’hui que je demande le droit d’en finir … Ce que je demande c’est une loi, c’est-à-dire la possibilité du choix.

Les …. n’empêcheront jamais la question d’euthanasie de se poser, encore et encore sous des formes aussi contrastées. Parce qu’elle est liée à la condition humaine, qu’elle n’a jamais été autant d’actualité …

Et pourtant, j’aime la vie …

Il est vrai que si l’on faisait chaque chose, chaque jour, en se disant que c’est la dernière fois, on apprécierait sans doute davantage l’existence …

J’aime la vie et c’est pour ça que je veux mourir. Parce que je n’admets pas que l’on vive mal.

Si nous ne sommes pas considérées comme des personnes à part entière, il faut surtout, en toute cohérence, nous donner le droit de partir. ….. On nous interdit de vivre tout en nous interdisant de mourir.

Et puis, il y a la souffrance. Si je veux mourir, c’est pour y échapper, ce n’est pas pour fuir la vie. J’ai déjà dit à quel point je la trouvais belle, mais quand elle se mêle de douleurs impitoyables, alors je n’en veux plus.

L’euthanasie n’est pas le désir de mourir, mais la volonté de ne plus souffrir « ( Marcelle Ruiz )

Pour moi, la mort n’est pas triste. C’est la paix et c’est la vraie liberté. … ….. Si, à ma naissance on ne s’était pas acharné à me faire vivre, je n’aurais jamais vécu le calvaire de ma vie. L’excés de science détruit …

Pour toutes ces raisons, je me bats pour l’euthanasie Parce qu’elle est interdite.

Dans un cas comme dans l’autre, il s’agit d’une liberté laissée à l’individu. D’une décision qui ne se prend d’ailleurs pas à la légère.

… ( mes parents ) j’ai eu le temps de leur expliquer, de leur en parler, je leur ai dit et répété que c’était mon choix … Aujourd’hui, je voudrais terminer ma vie dans la sérénité … Mino Mino est maintenant au ciel Elle nous a quittés le 26 Septembre 2012 Ce diaporama que je vous présente est un hommage à son grand courage. Merci Mino d’avoir été mon amie.