COURS DE BASE DE FORMATION MISE EN COMMUN DES THÈMES 5 ET 6 DANS LE CHARISME MISE EN COMMUN DES THÈMES 5 ET 6
5. ANDRÉ COINDRE ET LES ENFANTS ABANDONNÉS LE PÈRE ANDRÉ COINDRE FONDATEUR 6. LE DERNIER VOYAGE
Chers amis SC, De toutes les matières que j’étudiais au Séminaire, celle qui me plaisait le plus, c'était la Sainte Écriture et c'est avec dévouement et constance que je l’étudiais. Mais Quand je fus affecté à Lyon, un autre « livre sacré » s’est ouvert devant mes yeux ébahis: les traits et les visages des enfants et adolescents qui erraient sans but dans les rues de la ville ; les jeunes qui peuplaient les prisons et les hôpitaux sans que personne ne se soucie de leur donner la moindre éducation. Cela supposait un changement dans ma vie. Je continuais à penser que ma vocation était d'être prédicateur et missionnaire, mais une « nouvelle vocation» prenait forme peu à peu à l'intérieur de ma vocation. J'entendais l'appel de ces enfants et cela aussi était Parole de Dieu. Dans le thème 5, vous avez passé rapidement ma vie en revue, depuis le moment que j'ai rencontré les filles et garçons qui vagabondaient dans les rues de Lyon sans que nul ne se soucie d'eux, jusqu’à mon «dernier voyage» à Blois.
C’est dans le thème 6 que vous avez pu comprendre ce qu’a été ce “dernier voyage”. En début de l'année 1826, j'ai rejoint Blois où je venais d'être nommé Supérieur du Séminaire. Dans la première quinzaine du mois de mai, j'ai eu de violentes attaques de fièvres accompagnées de cauchemars qui me faisaient perdre la tête. J'étais constamment sous surveillance. Le 30 mai, la fièvre a repris et ma raison s‘est complètement obscurcie. Sans être conscient de ce que je faisais, je me levai du lit, me dirigeai vers la fenêtre et tombai dans le vide. C'est par cette fenêtre-là que la folie m'arracha à la vie ; c'est par une autre fenêtre, celle de l'espérance, que le Seigneur me conduisit jusqu'à la Vie. À 39 ans, j'avais eu, aux yeux du monde, une mort honteuse, pris de folie et me jetant par la fenêtre, mais aux yeux de Dieu, une mort glorieuse car je mourais pris de la « folie de l'amour ». C'est cela l'héritage que je vous laisse à vous tous : la folie de l'amour et toute l'espérance du monde. Acceptez-vous être mes héritiers?
EN MÉDITANT LA PAROLE DE DIEU AVEC L'AIDE DU PÈRE ANDRÉ COINDRE On lui présentait des petits enfants pour qu'il les touchât, mais les disciples les rabrouèrent. Ce que voyant, Jésus se fâcha et leur dit : "Laissez les petits enfants venir à moi ; ne les empêchez pas, car c'est à leurs pareils qu'appartient le Royaume de Dieu. En vérité je vous le dis : quiconque n'accueille pas le Royaume de Dieu en petit enfant, n'y entrera pas." Puis il les embrassa et les bénit en leur imposant les mains. Marc 10,13-16
En chemin, on présente à Jésus des enfants En chemin, on présente à Jésus des enfants. Les disciples, qui désirent diriger et imposer leur autorité, essaient de les empêcher de se rapprocher de Jésus. Pour eux, Jésus ne doit pas perdre son temps, il ne doit pas abandonner ses plus importantes missions pour se consacrer aux enfants, tâche qui, à leurs yeux, manquait de dignité car c’était une affaire de femme. Leur rêve est de former un groupe puissant, contrôlé par eux-mêmes. C'est la raison pour laquelle ils veulent que Jésus s'occupe des affaires importantes et qu'il ne perde pas son temps avec les enfants. La réaction de Jésus est immédiate. En colère, il réprimande ses disciples : «Laissez venir à moi les enfants, ne les en empêchez pas, parce que le Royaume de Dieu est à ceux qui leur ressemblent. Je vous le dis en vérité, celui qui n'accueillera pas le Royaume de Dieu comme un enfant n'y entrera pas. » Le Royaume de Dieu appartient aux enfants, tout simplement parce qu'ils sont les plus vulnérables et les plus nécessiteux..
Quand j'ai commencé à m'occuper des enfants du Pieux-Secours et, plus tard, des écoles des villages, les curés de Lyon me disaient que je perdais mon temps dans ces "petites œuvres". Ce qui était important à leurs yeux, c'était la prédication. Etre maître et être frère, c'était faire partie d'une catégorie inférieure. Et, cependant, l'éducation était si importante ! Quand je préparais mes frères à la mission, je les invitais à contempler Jésus au milieu des enfants, à graver dans leur cœur les propres paroles de Jésus : « Laissez venir à moi les enfants ! ». Je voulais qu'ils prennent sans peur dans l'Église une place au milieu des enfants, parce que cette place était aussi celle de Jésus.
Réfléchis attentivement sur ces paroles que j'ai écrites dans la première règle : «Laissez venir à moi les petits enfants, vous direz-vous souvent avec Jésus-Christ, le Royaume des cieux est pour ceux qui leur ressemblent. Vous vous trouverez infiniment honorés de remplir une vocation qui vous fait participer autant que possible au but que s'est proposé Jésus-Christ en se faisant homme.» Oui, de par ta vocation d'éducateur, tu permets à Jésus de continuer à répéter ces mêmes paroles aux enfants et aux jeunes d'aujourd'hui. Oui, « ton dévouement désintéressé et bienveillant peut révéler aux enfants et aux jeunes le cœur compatissant du Seigneur et les attirer à lui ».
… mais ceci n’est pas un conte! Le père André Coindre et Stéphanie Simon (Fanny)
J'ai connu les sœurs Simon à Bourg-en-Bresse, dans ma première expérience pastorale comme prêtre. Les quatre sœurs étaient, dès leur enfance, orphelines de père et de mère. Leur oncle et tuteur légal ne voulait rien savoir d’elles. Elles avaient survécu comme elles avaient pu. L’aînée déménagea à Lyon, les deux suivantes étaient devenues religieuses, mais la petite Fanny (elle était de 8 ans la cadette de celle qui la précédait) était vraiment problématique. À quatorze ans, elle commence un véritable pèlerinage à travers différents établissements d’éducation. Mais Fanny ne les supportait pas ou, plutôt, on n’y la supportait qu’un petit laps de temps, la mettant tout de suite dehors. Enfin, un oncle maternel l'emmène chez sa sœur Joséphine pour qu’elle s’en occupe parce qu’il n’y avait rien à faire.
J'ai essayé, par tous les moyens à ma portée, de la suivre dans ses va-et-vient et de l’aider de mon mieux. Elle me répondait avec de belles lettres de remerciement: « Monsieur, je ne pourrai jamais vous témoigner toute ma reconnaissance pour toutes les bontés que vous avez eues à mon égard. Je suis indigne de votre attention. Je vous prie d'agréer mes très humbles respects et de me croire toujours votre fille soumise » Fanny
Sa sœur Joséphine lui trouve finalement un emploi dans un magasin de mode. Fanny, comme d'habitude, m'a demandé conseil: « Joséphine m’a trouvé un emploi. Je laisse à votre volonté: si vous ne voulez pas que j'y entre je n'y entrerai pas. Ce sera comme vous voudrez... Je suis, en attendant votre réponse si j'ose encore le dire, votre fille soumise et obéissante. » Fanny
C’est à ce moment-là que ses sœurs religieuses m’ont demandé de les aider: « C'est avec un étonnement incroyable que nous apprenons que notre sœur cadette se dispose à entrer dans un magasin où cette petite qui est encore si jeune peut se corrompre. Cela nous fait trembler. Nous vous prions, monsieur, de vouloir toujours vous intéresser à elle car elle a toujours besoin de vos bontés. » Sœur Marie des Anges
Et donc je me suis retrouvé coincé dans une affaire qui, comme vous allez voir, s'est avérée être très compliquée. Je suis allé au magasin et j’ai dit à Fanny ce que ses sœurs m’avaient demandé et que j'allais donc la faire sortir du magasin. C’est alors que l’obéissante Fanny a changé complètement d’attitude. Tout l’amour qu’elle avait dit me professer jusque là s’est changé en opposition frontale.
J'ai été accusé d'enlèvement, de tentative de corruption de mineurs, de tout ce que vous pouvez imaginer. Fanny a témoigné contre moi et elle est devenue mon premier accusateur en disant que je l’avais forcée, avec dol, à quitter son emploi et que je voulais l’obliger à devenir religieuse. Elle m'a accusé d’être une personne dure et intransigeante. On a entamé alors une procédure judiciaire contre moi ; on a déclenché une enquête pour trouver dans ma conduite des abus sur des enfants et des comportements similaires.
Enfin, les juges ont donné raison à Fanny qui est retournée à son magasin, mais ils n’ont rien trouvé contre moi. Toute cette affaire a été très dure pour moi, mais je ne regrette pas ma façon d’agir avec Fanny. Et, n’en doutez pas, je serais prêt à recommencer encore si c’était nécessaire.
RAPPEL DU DOCUMENT DE LECTURE
ALBUM DE SOUVENIRS SA RENCONTRE AVEC LES ENFANTS ET LES JEUNES ABANDONNÉS
La misère régnait dans les foyers des ouvriers de la ville de Lyon.
Les enfants abandonnés traînaient dans les rues.
Le père André trouve des fillettes et les accueille.
Au début, il leur trouve un logement dans une cellule de l’ancienne Chartreuse de Lyon.
Il laisse les filles sous la protection de Claudine Thévenet, avec qui il fondera plus tard les Dames des Sacrés-Coeurs de Jésus et de Marie (Religieuses de Jésus-Marie).
Ensuite, il accueille des enfants de la rue et des jeunes garçons qui étaient en prison.
Il achète pour eux une maison afin qu’ils puissent y vivre et se former: le Pieux-Secours.
Il cherche des éducateurs auxquels ils proposera plus tard de se réunir en congrégation religieuse. Le premier à y répondre, c’est Guillaume Arnaud, le frère Xavier.
Neuf autres se joindront à lui et alors le père Coindre décide de commencer avec eux sa petite congrégation.
C’est sous la protection de Notre-Dame de Fourvière que l’aventure commence.
Peu de temps après, commencent les problèmes… La moitié des frères retournent avec le curé de Valbenoîte. Les vicaires de Lyon ne veulent pas reconnaître la congrégation.
UN NOUVEL APPEL: L’ÉCOLE 30
La situation de l’école rurale était déplorable et André Coindre y entend un nouvel appel: désormais, les frères s’occuperont d’éduquer les enfants dans les écoles.
Il quitte Lyon et s’en va à Monistrol.
Il y fonde la congrégation des Missionnaires du Coeur de Jésus et prend la direction du Collège de Monistrol.
Au fond, le Collège de Monistrol (ancien couvent des Capucins) Internat (ancien palais épiscopal) Le noviciat et l’école primaire (maison Pagnon)
Les écoles se multiplient: Le Monastier, Pradelles, Saint-Symphorien-de-Lay, Montfaucon, Neulise, Cailloux-sur-Fontaines, Murat. Au moment de sa mort, il avait prévu de fonder encore trois autres.
LE DERNIER VOYAGE
Mgr de Bonald, évêque du Puy, choisit les meilleurs Missionnaires du Coeur de Jésus pour les placer comme curés des paroisses du diocèse. De ce fait, la nouvelle petite congrégation est blessée à mort.
Le père André Coindre présente sa démission comme supérieur des Missionnaires. Plusieurs évêques demandent alors sa présence, parmi eux l’administrateur apostolique de Lyon, Mgr de Pins.
Finalement, il répond à l’appel de l’évêque de Blois, Mgr de Sauzin, qui lui offre la direction du grand séminaire
Le père André prend congé de sa famille, des frères et des sœurs de Lyon et en février 1826 se rend à Blois, qui se trouve à plus de 500 km de Lyon.
Il est débordé de travail Il est débordé de travail. Lui, un homme d’action, doit passer beaucoup d’heures enfermé dans son bureau pour préparer ses cours et répondre aux articles de la presse qui attaquent l’Église. Sa santé prend le coup.
Des symptômes de maladie se déclarent: fièvre, isolement, paroles incohérentes, allucinations, perte de la conscience… des attaques de folie de plus en plus fréquents…
Pinacles de Saint-Nicolas, abbaie Saint- Laumer Pinacles de Saint-Nicolas, abbaie Saint- Laumer. Pendant la Révolution, ses anciennes salles conventuelles sont devenues des salles d’hôpital. C’est ici que le Père André Coindre est mort le 30 mai, selon l’acte civil de décès.
Tous les membres du chapitre de la cathédrale participèrent à ses funérailles et signèrent l’acte d’inhumation. Il fut enterré à Blois, mais, étant donné que le cimetière fut plus tard déplacé, on a perdu la trace de sa tombe.
Le conseil des frères, réunis à Lyon le 14 et 15 juin, commence par une douloureuse prière de soumission à la volonté de Dieu: Notre digne père supérieur vient de nous être ravi, le mardi 30 mai dernier. Ah! qui pourrait assez déplorer cette perte!
Il nous reste son souvenir, ses lettres et la grâce qu’il a reçue pour s’occuper de l’éducation des enfants et des jeunes. Aujourd’hui, c’est nous qui devons maintenir vivante sa mémoire.
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TRAVAIL EN GROUPE, MISE EN COMMUN Relevez trois traits du père André Coindre en tant qu'éducateur. Qu'est-ce que le père André Coindre nous dirait aujourd'hui au sujet de notre action éducative ? Qu'est-ce qui le surprendrait ? En quoi ferait-il notre louange ? En quoi nous corrigerait-il ? Faites la synthèse des leçons d'André Coindre : soulignez les deux plus importantes des cinq propositions (thème 6) et ajoutez encore une autre.