VIDER SON SAC !
J’ai lu dans le partage N° 171, la page de Jacqueline de Bruxelles et cela m’a redonné envie d’écrire aujourd’hui à Partage, comme je le faisais à mes débuts. Tout d’abord, j’y trouvais un complément aux partages des réunions, c’est à dire que j’agrandissais par le nombre et par la diversité, des témoignages venant de toutes parts, qui m’apportaient un plus à y croire, que vous, alcooliques, comprenez !
L’esprit de groupe dont on parle devenait plus fort, plus puissant, n’entendant pas leurs voix, ne voyant pas leurs visages ni leurs vêtements, seul leurs témoignages vibraient en moi à chaque lecture comme la corde d’un violon, parfois doux et apaisant aussi parfois, dur et grinçant et de ce fait me renvoyait aux étapes et aux traditions. Ce fut pour moi un outil supplémentaire pour mon relèvement.
Comme Jacqueline, avant de sombrer, j’aimais écrire, pour mon plaisir(frustration d’enfance), depuis mon relèvement, je me suis remis à écrire en psychiatrie, d’abord les mots et les phrases de notre programme et de la littérature en général.
pourtant, beaucoup d ‘échecs mais aujourd’hui, quels résultats ! Ensuite lorsque mon rétablissement physique me l’eut permis, avec la nouvelle compagne, qui devint mon épouse 3 ans après, nous avons repris une petite entreprise et là, je refaisais une chose que je ne savais plus faire, écrire, mais écrire à toutes les administrations, partout et à tout le monde, la machine que je croyais morte s’était remise en marche, lecture, écriture, grâce à notre méthode que les PIONNIERS avaient admirablement construite, avec parfois, pourtant, beaucoup d ‘échecs mais aujourd’hui, quels résultats !
Et dans le monde entier cela continu Et dans le monde entier cela continu ! Verba vola, scripta mane avait dit quelqu’un d’illustre, les écritures faites par et pour les alcooliques sont venues jusqu’à nous, sont la partie que nous ne pouvons transformer ou déformer, qui nous disent nos vérités, celles de chacune et chacun pour notre rétablissement.
Depuis quelles années, j’ai entrepris d’écrire car je me réveillais souvent la nuit avec des morceaux de films de mon histoire qui me tournaient dans la tête et m’empêchaient de dormir, Donc, je me levais et sur un cahier d’écolier, écrivais ces bribes d’histoires et comme soulagé me recouchais et pouvais me r’endormir. Ensuite il m’est venu l’idée de faire un cahier d’ordre chronologique(j’ai noté sur la couverture : Mémoire avant que tu t’en aille !) donc j’ai classifié par période d’age, en tranches, ma mémoire remonte à l’age de 2ans1/2 –3ans environ, j’ai préparé sept cahiers en nommant chaque classification selon mon choix.
Une, ma famille et son histoire, une, mon parcours scolaire et professionnel, mon mariage, mes enfants, mes réussites, mes échecs ETC…Chaque nuit lorsque ma mémoire me réveillait, J’y mettais sur le cahier qui correspondait un peu du sac qui encombrait ma tête et ensuite allais me recoucher et dormir. Hormis la 4 eme et 5 eme étapes que j’ai faites à mes débuts Comme tout le monde, aujourd’hui, il s’agit plus d’écrire ce qui est emmagasiné dans ma mémoire depuis 60 ans, j’ai 63 ans dont 23 avec le A.A.Car j’ai toujours gardé à l’intérieur de Moi mon vécu et c’est avec les A.A. que j’ai appris qu’il fallait « vider son sac » sinon il devenait trop lourd à porter.
Maintenant j’écris avec un grand plaisir le film de ma vie, il y a Parfois des passages irréels, douloureux, il m’arrive de pleurer en écrivant certains passages, Mais immédiatement après je vais mieux dés que ces pages sont écrites. Je ne fais pas ce livre pour le vendre(7 cahiers de cent pages), mais comme une thérapie, comme celle que l’ont fait en réunions ou en partage de parrainage. Le rétablissement qui a fait du clochard que j’étais devenu, plusieurs fois ruinés, vaincu, battu par l’alcool, un être redevenu humain, sociable, Réintégré dans la société, utile à mon prochain a beaucoup plus de valeur que pourrait avoir La vente de mes souffrances.
Je rentre de Paris ou j’ai assisté à la 35 eme conférence annuelle de Chevilly laRue, j’ai le cœur débordant de gratitude pour notre association qui a sauvé tant de désespéré(e)s. Donc chère Jacqueline si ton plaisir est d’écrire, ne t’en prives pas et que ceux qui en ont envie le fasse, cela est tellement libérateur.
Fin. ROBERT DE NICE Noté dans partage comme:" ma longue quête« Musique: moon_far_away_-_volna_shumit_(the_wave_makes_a_sound)