EN VERS ET CONTRE TOI STEPHANE TOURNAT
Tu es ma respiration, tu m’inspires et puis j’expire…
DOLORES A vie, je te laisse Ma vie, ma jeunesse J’en ai fini avec elles Sans amour, elles sont vaines Ici, je te délaisse Je t’en fais la promesse C’en est fini des querelles Des cris d’amour et de haine Dans nos moments de détresse Tu as joué de mes faiblesses Je ne suis pas immortel Je vais soulager ma peine Pour ma dernière maladresse Epargne-moi ta tristesse J’emporterai sous mon aile Ton sourire de porcelaine Va, quand la vie t’oppresse La mort n’est qu’une caresse Bien plus douce et sensuelle Que ta beauté d’Hélène Je t’en prie, démon ou déesse Je prie pour que tu me blesses Une dernière fois, sois cruelle Je n’ai pas peur, je vois l’Eden
Je n’en croyais pas mes yeux. Mais je n’avais plus qu’eux. UN AMOUR AVEUGLE Je n’en croyais pas mes yeux. Mais je n’avais plus qu’eux. Pour la pleurer. Pas de pourparlers : je la regardais, immobile. Un battement de cœur. Un battement de cil. Pas de gestes inutiles. Puis elle a fermé les yeux. Je ne voulais pas l’aveugler. Seulement que mon amour lui crève les yeux. Les deux.
PAF, POUF ET VOUS Paf et Pouf pouffent de rire. Pouf a froid, Paf a chaud. Paf a chaud parce qu’il pouffe mais Pouf, Pourquoi a-t-il froid ? Lui aussi pouffe ! Ils ont pourtant commencer à pouffer en même temps. Paf ne comprend pas. Il s’arrête de pouffer. Pas Pouf. Paf ne pouffe plus. Il commence à avoir froid. Pouf continue à pouffer mais il a toujours froid. Il ne comprend pas. Ca fait rire Paf. Ils ont tous les deux froid. Pouf a compris. On n’a pas forcément chaud quand on pouffe. Mais on a froid quand on ne pouffe plus. Paf et Pouf décident de ne plus pouffer. Ils n’auront pas plus froid, se disent-ils ! Paf et Pouf ne pouffent plus. Pouf a de plus en plus froid. Pas Paf. Paf et Pouf ne comprennent pas. Paf en a marre. Pas vous ?
MEMOIRE DES MAUX Penché sur mon existence J’ai plongé dans l’amer Pour lui trouver un sens J’ai remué ciel et terre Je ne peux plus croire Ce qu’on a lu dans vos mains A force de mémoire Je ne croix plus en demain On veut prier l’Eternel En vain pour s’échapper Mais on la sait cruelle Cette triste épopée Peu d’années de lumière Nous séparent de l’éternité Puisse cette invention damnée Que fut la vie sur terre Reposer en paix
HISTOIRE D’EAU Il est né un jour de pluie, Elle n’est pas née de la dernière pluie. Il n’aime pas la pluie, Elle chante dessous. Elle a des dessous charmants, Pas lui. « De qui parlez-vous ? De celui qui n’aime pas la pluie. Pourquoi n’aime t –il pas la pluie ? Parce qu’il est né un jour de pluie. Pas elle ? On n’en sait rien. Que savez-vous d’elle ? Elle a des dessous charmants. En êtes-vous sûr ? C’est lui qui me l’a dit. Comment le sait-il ? Il n’est pas né de la dernière pluie. Je croyais que c’était elle ? Lui aussi croyait que c’était elle ! Et avait-il tort de croire cela ? Non. Se peut-il, comme lui, qu’elle n’aime pas la pluie ? Parce qu’elle chante dessous ? Tout juste ! Et pourquoi n’a t-il pas des dessous charmants ? Parce que c’est lui qui les porte. Non, elle n’en porte pas. Vous avez raison, c’est charmant… »
PEINTURE A L’EAU Profitant d’un courant d’air J’ai jeté ma peinture à l’eau Toutes les couleurs primaires Ont déserté mon tableau Je leur ai bien dit Que je ne voulais plus les voir Que la peinture et la vie Me semblaient illusoires Je les ai rendues tristes Mais c’est pour leur bien Chez les Impressionnistes Elles font de si beaux grains Depuis, je peins tout en noir Arc-en-ciel et humains Du mouvement désespoir Je suis le témoin
AMANDINE Au milieu d’une rue sans âme Je l’ai trouvé au bord des larmes Un tramway dont j’ignore le nom Nous emmena loin du vague à l’âme L’espace d’une nuit, corps et âme J’ai cru à notre amour Un amour de rêve Qui ne fut pas à même De survivre à la réalité Un amour de trop A l’odeur d’ammoniac Les yeux qui piquent jusqu’à l’amaurose Amnésique par habitude On oublie vite son amertume On n’oublie pas l’amour Dans la solitude de l’âme La camarde rôde L’âme en peine Laminé par l’existence Je me lamente encore Sur ma vie calamiteuse Amnésique par habitude On oublie vite son amertume On n’oublie pas l’amour Au creux de la main Il me reste la lame Couleur amarante Allongée contre moi, amoureuse enfin Ses yeux amandes grands ouverts Elle me regarde à jamais Ni la mort La mort de l’être aimé Que l’on vient de tuer