LES ACTES DES APOTRES Actes 9, 22, 26 LES ACTES DES APOTRES Fresco, 625 x 661 cm Cappella Paolina, Palazzi Pontifici, Vatican La vocation de Paul
Comment répondre aux questions Comprendre la vision de Luc Lecture historico-narrative Confronter la vision de Luc avec ma vision Trouver quelques mots clés dans la lecture qui sont en rapport avec la question posée Comment vivre aujourd’hui la vision de Luc Utiliser son expérience pour donner des exemples La vocation de Paul
OBJECTIFS DE LA FICHE n°5 Découvrir comment un même événement peut être « lu » de façons différentes S’interroger sur la relation entre la conversion et la vocation pour chacun(e) d’entre nous La vocation de Paul
LES ACTES DES APOTRES Découvrir comment un même événement peut être « lu » de façons différentes Lexique * Damas : importante communauté juive. Des judéo-chrétiens s’y trouvaient avant la conversion de saint Paul. A l’époque romaine, Damas faisait partie de la province de Syrie, mais elle connut à l’époque de la conversion de saint Paul un temps de contrôle nabatéen (arabe), sous le roi Arétas IV (mort vers 39/40). C’est dans ce contexte que Paul, après sa conversion, eut maille à partir avec les nabatéens (2Co 11, 30-33) ; * Saul : les Juifs de la Diaspora portaient souvent un double nom : un nom juif et un nom grec ou latin. C’est le cas de saint Paul. Né de parents juifs, il a reçu lors de sa circoncision le nom de = Désiré, demandé à Dieu dans la prière. C’est le nom du premier roi d’Israël, Saül, qui était de la tribu de Benjamin, comme le sera aussi Paul (Ph 3, 5). Comme Juif de la Diaspora et comme citoyen romain, il a pris le nom latin de Paulus (= Petit) Dans le récit des Actes, Luc lui conserve son nom juif jusqu’au moment de son premier voyage missionnaire qui l’amène à convertir Sergius Paulus, proconsul de Chypre (Ac 13, 9). Pour Luc, le juif Saul s’appelle donc aussi Paul comme missionnaire inculturé dans le monde gréco-romain. Dans ses lettres, Paul ne se donne toujours que son nom de citoyen romain. La vocation de Paul
Découvrir comment un même événement peut être « lu » de façons différentes Lexique (suite) * Tarse : capitale de la Cilicie, dans l’angle nord-est de la Méditerranée, actuellement en Turquie ; patrie de saint Paul, où il a passé une grande partie de son enfance et de sa jeunesse ; d’où sa désignation de « Paul de Tarse ». Il est possible (selon des informations fiables qui nous viennent par Saint Jérôme) qu’il soit né à Giskhala en Haute Galilée, et qu’il ait été déporté tout enfant avec ses parents lors des troubles qui avaient suivi la mort d’Hérode (survenue en 4 av JC). Il serait donc né quelques années après Jésus. Tarse était une ville universitaire renommée. Paul a dû en profiter, avant d’aller étudier plus tard à Jérusalem (où il avait aussi de la famille selon Ac 23, 16). * Nom : invoquer le Nom (du Seigneur), expression classique de la Bible pour dire : invoquer Dieu tel qu’il s’est révélé ; en Ac 9, 14 l’invocation du Nom s’adresse à Jésus en tant qu’il est le Seigneur ; signe de la foi chrétienne Jésus, Fils de Dieu. « Porter mon Nom » (Ac 9, 15) : à la fois être responsable de la confession publique de la foi envers le Seigneur Jésus (cf. Ac 3, 16) et souffrir pour mon Nom (Ac 9, 16 ; cf. Lc 21, 12) La vocation de Paul
LES ACTES DES APOTRES Découvrir comment un même événement peut être « lu » de façons différentes Lexique (suite) * Voie : « la Voie » est une désignation ancienne de l’Eglise, particulière aux Actes des Apôtres ; elle est « la Voie » par excellence : 9, 2 ; 19,9.23 ; 22, 4 ; 24, 14. Dans cette communauté se rend visible la Voie du salut (16, 17) ; la Voie du Seigneur (18, 25) ; la Voie de Dieu (18:26). La métaphore du chemin est classique dans les Ecritures pour dire la manière de vivre en conformité avec la révélation du Dieu de l’Alliance (marcher dans ses voies, suivre ses chemins, cf. dans le NT : 2Jn 1, 4.6). Elle désigne à la fois le chemin de Dieu vers les hommes et le chemin des hommes vers Dieu ou selon Dieu Pour Paul (1Co 12, 31), la voie par excellence est l’amour (agapè), celui de Dieu pour nous et celui de nous pour Dieu. Dans les écrits johanniques, Jésus est la voie (cf. Jn 14, 6 ; cf. He 10, 20) ; les vrais disciples marchent dans la même voie que Lui (1Jn La vocation de Paul
LES ACTES DES APOTRES Découvrir comment un même événement peut être « lu » de façons différentes Quelques remarques sur le texte De manière inattendue, le Christ se choisit le persécuteur le plus acharné de son Eglise pour en faire l’apôtre des nations. La conversion de Saul* prépare la mission future de Paul* qui couvrira toute la seconde partie du livre des Actes (13-28). L’événement est donc de première importance. Luc y attache une si grande importance, qu’il le répétera encore deux fois (Ac 22 et 26) en le mettant dans la bouche de Paul, qui est alors censé raconter lui- même l’événement, et cela devant des auditoires différents - ce qui entraîne des variantes dans le récit. Saul ne tombe pas de cheval (il n’y en a pas dans le récit). C’est au Moyen-Age, quand les chevaliers étaient devenus l’orgueil de la société qu’on a voulu représenter Saul le fier, l’orgueilleux, désarçonné de sa monture. « Je suis Jésus » peut évoquer aussi le fameux « Je-Suis » qui désigne le Seigneur dans l’AT La vocation de Paul
LES ACTES DES APOTRES Découvrir comment un même événement peut être « lu » de façons différentes Dans le second récit, Ananie sert même d’intermédiaire pour annoncer à Saul à quoi le Dieu le destine : « être témoin devant tous les hommes de ce que tu as vu et entendu » (22, 15). Luc n’écrit pas « apôtre », car il veut réserver ce titre aux Douze apôtres qui ont vécu avec Jésus durant son ministère public (cf. Ac 1, 13-26). Saul échappe lui aussi au complot des Juifs de Damas : « ses » disciples le descendent de nuit dans une corbeille par les remparts et il parvient à Jérusalem Paul rapporte le même épisode dans la 2ème aux Corinthiens (11, 30-33), mais il attribue la menace aux autorités nabatéennes de Damas, qui devaient contrôler au moins une partie de la ville. Luc l’attribue aux menaces des Juifs. Il faut préférer la version de Paul. Luc fait jouer dès le début son modèle d’écriture de la mission paulinienne : Paul commence par les synagogues ; mais il encourt régulièrement l’hostilité d’une partie des Juifs. La vocation de Paul
LES ACTES DES APOTRES Découvrir comment un même événement peut être « lu » de façons différentes Luc choisit de nous raconter la conversion de Saint Paul de trois façons différentes (Ac 9, 1-30; Ac 22, 1-16; Ac 26, 11-18), insistant chacune sur un aspect particulier de l'événement spirituel. A titre d'exemples, on observe que: En Ac 9, 1-30, les compagnons de Paul perçoivent la voix de Jésus mais ne voient rien (v. 7); Paul devient aveugle; l'épisode qui fait ensuite intervenir le disciple chrétien Ananias est très développé (vv. 10-19) et comporte le récit d'une vision de Paul inclus dans la vision d'Ananias (vv. 11-12). En Ac 22, 1-16, contrairement à ce qu'on lit dans le récit précédent, les compagnons de Paul perçoivent la lumière mais n'entendent rien (v. 9). L'épisode d'Ananias est plus bref (vv. 12-16) qu'en Ac 9 et Ananias est présenté comme "fidèle à la Torah". En Ac 26, 12-18, les compagnons sont enveloppés par la lumière comme Paul, mais on ne sait ni ce qu'ils voient ni ce qu'ils entendent (v. 13); Paul ne devient pas aveugle comme en Ac 9, mais au contraire, Jésus l'envoie ouvrir les yeux des païens (v. 18). La vocation de Paul
LES ACTES DES APOTRES Découvrir comment un même événement peut être « lu » de façons différentes Le premier récit (Ac 9, 1-30) est mené à la troisième personne du singulier par un narrateur qui se situe hors des événements. Il se déroule selon un schéma de mort-résurrection (il reste aveugle pendant trois jours, v. 9) où l'on nous montre l'Apôtre jeté à terre, aveuglé, contraint de se laisser guider par la main, bref anéanti avant d'être reconstruit puis illuminé par Ananias le disciple. Paul part alors en mission, au risque d'être lui-même persécuté (Ac 9, 23): le retournement est complet puisque le persécuteur, après avoir été comme mort, devient un missionnaire lui-même persécuté. En développant l'intervention d'Ananias, le narrateur montre le rôle capital de l'Eglise dans la conversion et l'illumination de Paul. La vocation de Paul
LES ACTES DES APOTRES Découvrir comment un même événement peut être « lu » de façons différentes Le deuxième récit (Ac 22, 1-16) se situe dans un contexte tout différent: il s'agit d'un discours de Paul, à la première personne du singulier, face à un auditoire juif devant lequel il est amené à justifier sa foi chrétienne. On comprend donc pourquoi, dans ce récit, Paul insiste sur la continuité de sa foi avec la foi juive; On comprend aussi pourquoi Ananias est présenté comme "fidèle à la Loi", et pourquoi il mentionne "le Dieu de nos Pères" (Ac 22, 14) et non "le Seigneur" comme en 9, 17; et, pour comble, on remarque que ni la voix du Seigneur ni Ananias n'envoient Paul en mission chez les païens. Ananias, dans une courte intervention, se contente d'enjoindre à Paul de témoigner "devant tous les hommes" (Ac 22, 15). La vocation de Paul
LES ACTES DES APOTRES Découvrir comment un même événement peut être « lu » de façons différentes C'est tout le contraire dans le troisième récit (Ac 26, 12-18) qui est aussi inclus dans un discours de Paul: Ananias en disparaît complètement car Paul cherche cette fois à convaincre le public gréco-romain de Césarée qu'il est directement envoyé chez eux par le Ressuscité: adieu Ananias, et adieu l'Eglise qu'il représentait dans le premier récit ! Il ne s'agit plus ici d'un récit de conversion selon le schéma mort- résurrection, mais d'un récit de vocation. La vocation de Paul
Découvrir comment un même événement peut être « lu » de façons différentes De manière très synthétique, les trois récits de conversion des Actes indiquent que Paul a découvert soudainement : Qu’en Jésus-Christ puis en son Eglise s'était manifestée la parole de Dieu – C’est la conversion Et que le Seigneur l'envoyait annoncer cette découverte à tous les hommes, sans renier la foi de ses ancêtres et animé par la puissance du Ressuscité.- C’est la vocation Un élément remarquable de la vocation de Paul est rarement souligné: sa foi soudaine en Jésus ressuscité et son envoi en mission auprès de tous les hommes sont rapportés simultanément dans les trois récits de Luc et dans l'épître aux Galates: comme s'il allait de soi que la foi en la résurrection Jésus-Christ ait pour conséquence de la proclamer au monde entier. La vocation de Paul
Découvrir comment un même événement peut être « lu » de façons différentes Paul, qui n'a pas connu Jésus pendant sa vie terrestre, est d'emblée envoyé en mission dans le monde entier par Celui en qui est inaugurée l'ère messianique, prémice du Royaume à venir c'est à lui que nous devons la première réflexion théologique sur le caractère universel de la promesse de salut pour tout homme qui croit en Jésus-Christ. En Jésus-Christ ressuscité, Dieu a accompli les promesses faites à Abraham et à sa descendance (Ga 3, 16; 4, 4), de sorte que tout homme qui adhère par la foi à Jésus-Christ, entre dès aujourd'hui dans le temps messianique. Cette vie nouvelle, tendue vers le salut à venir, se caractérise précisément par l'abolition des inégalités ethniques, sociales et des inégalités entre les sexes. La vocation de Paul
S’interroger sur la relation entre la conversion et la vocation pour chacun(e) d’entre nous Cette libération de l'humanité engendrée par la fidélité à la Parole de Dieu incarnée en Jésus-Christ est en germe dans le monde et ne passe dans la réalité qu'en fonction du comportement des hommes. Le chrétien vit dans son temps avec ses soucis, ses difficultés matérielles, relationnelles, psychologiques; mais son appartenance à l'ère messianique, anticipation présente du Royaume par la foi en Jésus-Christ, l'incite à prendre du recul par rapport aux événements malheureux ou heureux de sa vie terrestre. Le croyant appartient à deux mondes, au monde des hommes et au Royaume de Dieu. Son adhésion à Jésus-Christ (sa foi) l'entraîne à œuvrer sur terre pour faire régner l'amour et la justice et faire ainsi coïncider les deux mondes dans lesquels il vit (sa vocation). . La vocation de Paul
S’interroger sur la relation entre la conversion et la vocation pour chacun(e) d’entre nous En conclusion, le point de départ de la mission de Paul est la révélation du Christ ressuscité. On comprend donc que la résurrection soit au centre de sa prédication car la résurrection donne tout son sens à la croix de Jésus et à la vie du chrétien, quelle que soit son origine ethnique ou sociale et à travers tous les temps. Paul a, le premier, clairement exprimé le message de salut universel en Jésus-Christ pour nous aujourd’hui La vocation de Paul