La brocante c’est l’art de refiler aux autres des trucs et des machins complètement inutiles, dont on veut se débarrasser depuis fort longtemps, et de leur faire payer ces objets sans valeur ou démodés!
En France, en Suisse et en Belgique cette joyeuse opération mercantile s’appelle le marché aux puces ou la brocante. Au Québec on utilise parfois ces noms, mais on leur préfère l’expression «vente de garage» ou «vente de débarras». Peu importe le nom, c’est du pareil au même!
Anciennement, au Québec, les gens vendaient leurs «vieilleries» à des «guénilloux» - nom tiré du mot «guénilles». Ceux-ci faisaient de la récupération et revendaient ce qui pouvait encore servir. Personne n’aurait songé à organiser une brocante pour vendre les trucs qui ne servaient plus! C’était ou bien les vidanges ou bien les guénilloux!!!
Tôt le matin les guénilloux passaient dans les ruelles avec leur voiture tirée par un vieux cheval d’un autre âge en hurlant: «Guénilles, guénilles, vendez- moi vos guénilles»! Et nous les enfants, on leur répondait: «Guénilloux plein de poux, plein de poux, va-t-en chez vous»! C’était charmant n’est-ce-pas?
Et puis, un jour, quelqu’un s’est mis dans la tête de vendre ses «vieilleries» comme des antiquités ou des pièces d’artisanat, ou encore des oeuvres de collection au lieu de les refiler aux guénilloux! Malheur! C’en était fait de la noble profession des guénilloux! Du jour au lendemain les revendeurs de guénilles sont devenus des chômeurs...
Mais attendez! Ce n’est pas tout! Les administration municipales ont décidé de réglementer désormais les marchés aux puces et d’imposer l’obligation d’un permis, moyennant des gros sous, évidemment... Du jour au lendemain les gens ont dû se procurer un permis pour se débarrasser de leurs vieilleries!
Chaque ville, chaque village a maintenant son inspecteur en chef de la brocante. On l'appelle le surintendant des ventes de garage! Celui-ci est entouré d’une équipe d’experts en trucs inutiles et en vieilleries. Tous ces gens organisent des rencontres de production et ils élaborent des politiques de brocante. C’est pas beau tout ça? Ce sont les guénilloux municipaux!!!
Les marchés aux puces sont devenus une grosse affaire. On voit partout le long des routes des ventes de garage. Les amateurs de vieilleries se ruent vers ces nouvelles cavernes d’Ali Baba. Mais un problème nouveau a surgi... On manque de vieilleries! L’offre ne suffit plus à la demande. Des propriétaires de marchés aux puces parcourent les villes pour acheter des vieilleries...
- Dites, Madame, vous n'auriez pas quelques vieilleries dont vous aimeriez vous défaire? Je vous en offrirais un bon prix. - Ah! Non, hélas. Si, peut-être; j'ai mon mari...
Une nouvelle classe de guénilloux bourgeois est née, en beaux habits, roulant de grosses voitures, fumant de gros cigares. Leurs gros doigts bagués d’or tripotent avec avidité tous les vieux trucs qu’ils peuvent trouver. Alors les enfants crient maintenant: «Guénilloux, guénilloux plein d’sous, pleins d’sous, viens chez nous»!!!
Photos – M. Mardoli Temptation Rag Joe «Crazy Fingers» Wood Création Florian Bernard – 2004 Tous droits réservés
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