La mort en peinture : memento mori Les Vanités au fil des siècles

Doc 1 : Une vanité baroque Peter Claesz, Vanité (1630), huile sur toile (39 cm – 56 cm), Mauritshuis museum, La Haye, Pays-Bas Qu’est-ce qu’une vanité en peinture ?

Une vanité est une nature morte qui a pour but de rappeler le caractère éphémère et vain de la vie terrestre.

Enumérez les objets représentés et trouvez leur sens symbolique Observez le tableau : Enumérez les objets représentés et trouvez leur sens symbolique

On peut voir sur la table :   Une tête de mort Un os Une chandelle qui vient de s’éteindre Un verre renversé Une plume Un livre Un encrier Une clé

Le sens symbolique est : Pour la tête de mort, l’os et la chandelle : la brièveté de la vie humaine Pour le verre renversé : la fin des plaisirs terrestres Pour la plume, l’encrier, le livre la vanité de l’érudition humaine Pour la clé : la vanité des secrets qui comptent peu après la mort

  Doc 2 : Crânes en séries Andy Warhol, Skulls, 1976, Tate Gallery, Londres Cette œuvre vous semble-t-elle triste ou joyeuse ?

L’aspect triste des vanités baroques apparait dans le motif du crâne avec les dents apparentes et la noirceur des orbites Les couleurs vives et la sérialité insistent sur l’aspect esthétique et joyeux de l’œuvre.

Andy Warhol (1928- 1987) est lié au mouvement du Pop Art intégrant à l’art l’idée de consommation de masse. Son œuvre la plus connue est le portrait de Marylin Monroe.   SA technique favorite était de peindre le fond d’une toile à l’aide d’acrylique et d’y imprimer une photographie sérigraphiée, en répétant parfois le même motif.

Doc 3 : Un crâne flou Gerhard Richter, Schädel (1983), huile sur toile (95,5 – 90 cm), musée d’art moderne de Saint-Etienne Pourquoi ce tableau est-il flou ? Que veut-il suggérer ?

Ce tableau est volontairement flou, ce qui permet la représentation picturale du crâne et sa mise à distance, comme s’il était déjà mis à distance par la mort ou alors on peut voir dans ce flou la volonté de montrer la mort et de la masquer.

Comparez les deux vanités. Que remarquez-vous ? Peter Claez, Vanité (1630) Gerhard Richter, Schädel (1983)

Le crâne se suffit à lui-même pour signifier la vanité en peinture. Le tableau de Gerhard Richter est dépouillé et privilégie le crâne au détriment des autres objets allégoriques de la Vanité de P. Claez. Le crâne se suffit à lui-même pour signifier la vanité en peinture.  

Quelle impression est donnée par les trois rectangles de couleur Quelle impression est donnée par les trois rectangles de couleur ? Comparez avec le tableau de Warhol. Gerhard Richter, Schädel (1983) Andy Warhol, Skulls, 1976, Tate Gallery, Londres

Le crâne se trouve au croisement de trois rectangles : un gris, un noir et un gris clair . Cette absence de couleurs vives - à la différence du tableau de Warhol – a peut-être un sens allégorique : la vie et la mort : le blanc et le noir, aucune fioriture, aucun divertissement possible.

  Du XVII° au XX° siècle, un élément est demeuré identique dans les vanités : la présence du crâne, au détriment des autres éléments symboliques. La volonté des artistes n’est plus de représenter une image réaliste, mais une vision esthétique et personnelle du crâne.

Comment a évolué le traitement des Vanités au fils des siècles ?

D’après vous, ces artistes cherchent-ils à faire passer le même message ?

Le message est le même mais sous des formes différentes : Chez Peter Claez, les éléments allégoriques rappellent la brièveté de la vie et la vanité du savoir humain Chez Andy Warhol, la multiplication des crânes semble représenter une suite de portrait d’un mort ou de plusieurs morts, dans une logique de culture de masse. Chez Richter, le flou et l’absence de couleurs vives peuvent suggérer la vie absente et la mort entrevue.

« Vanitas vanitatum et omnes vanitas » signifie « vanité des vanités et tout est vanité ». Elle se situe au début de l’Ecclésiaste, l’un des livres de l’Ancien Testament de la Bible. Elle insiste sur la vanité de la vie humaine et rappelle aux hommes qu’ils doivent aimer leur femme, concentrer leurs pensées sur la vie après la mort et obéir aux commandements de Dieu.

Cette tradition a inspiré toute la peinture occidentale. Memling, La vie terrestre et la salvation divine (triptyque), 1485, musée des Beaux-Arts de Stasbourg

Holbein le Jeune, les Ambassadeurs, 1533, peinture sur huile, Londres, National Gallery

Philippe de Champaigne, Vanitas, 1644, musée de Tessé, Le Mans

La Madeleine à la veilleuse, 1644, LE Louvres, Paris

Charles Allan Gilbert, All is Vanity, 1892

Déjà, chez les Grecs … Ce précepte : « Gnauthi seauton » : « connais-toi toi- même » ornait le temple de Delphes et Socrate l’avait fait sienne. La connaissance de notre mortalité est la base de toute philosophie. Les stoïciens faisaient un jeu de mots : « sôma, séma » : « le corps est un tombeau ».

Chez les Romains … lors des triomphes des généraux vainqueurs, un esclave, chargé de tenir leur couronne de laurier, leur répétait à voix basse : « Memento mori ».

Pour les Romains, l’expression : « Memento mori » signifie : « Souviens-toi que tu vas mourir » On la trouve sur les coupes à boire pour rappeler aux convives de profiter de l’instant présent en référence au « Carpe diem ! »  d’Horace.

Même dans leur salle à manger … Cette mosaïque ornait le triclinium d'une maison de Pompéi. Elle évoque l'ironie de la mort, indifférente à la condition de ceux qu'elle fauche : sous le niveau et le fil à plomb du charpentier, à gauche, le sceptre et le manteau de pourpre des puissants à droite le bâton et la besace du miséreux. Sous le crâne grimaçant de la mort, le papillon de l'âme et la roue de la fortune... Memento mori, I° siècle avant J.C. sous Auguste, musée archéologique de Naples

Ces traditions nous inspirent encore … Damien Hirst, For the love of God, 2007 Nicolas Rubinstein, Mickey is also a rat, 2006

FIN