Du traumatisme crânien aux traumatismes psychiques Intérêt de la thérapie EMDR pour aider les aidants des blessés cérébraux à « digérer » leurs vécus traumatiques 3ème journée de communication du RATC Cénac jeudi 23 mai 2013 Olivier Garcia SAMSAH de St-Jean de Luz
EMDR L’EMDR (eye movement desensitization and reprocessing) est une approche psychothérapeutique, découverte aux USA en 1987 par Francine SHAPIRO et pratiquée depuis dans le monde entier. Cette psychothérapie est reconnue efficace et préconisée comme traitement de choix dans les états de stress post traumatique par la HAS en 2007 et l’OMS en 2012.
TRAUMATISMES PSYCHOLOGIQUES 1 Il peut s’agir de traumatismes « évidents » avec un grand « T » et un stresseur catastrophique qui entraîne un état de stress post traumatique (ESPT)... Définition de l’ESPT selon le DSM-IV : la personne a été exposé à un événement traumatique dans le quel les deux éléments suivants étaient présents : La personne a vécu, a été témoin ou a été confronté à un ou plusieurs événements durant lesquels des individus ont pu mourir ou être très gravement blessés ou bien ont été menacés de mort ou de graves blessures ou bien durant lesquels son intégrité physique ou celle d’autrui a pu être menacée. La réaction de la personne à l’événement s’est traduite par une peur intense, un sentiment d’impuissance ou d’horreur.
TRAUMATISMES PSYCHOLOGIQUES 2 Les symptômes centraux de l’ESPT sont : La reviviscence caractérisée par des images intrusives, cauchemars, flash-back et des réactions physiologiques et physiques à des déclencheurs. L’évitement des pensées, conversations liées au trauma, des déclencheurs mais aussi amnésie, alexithymie, intérêts réduits… L’activation neurovégétative élevée avec troubles du sommeil, de concentration, irritabilité…. Le diagnostic se fait si problématique > à 1 mois
TRAUMATISMES PSYCHOLOGIQUES 3 Il peut s’agir de traumatismes avec un petit « t » suite à un stresseur douloureux comme les événements de vie difficile qui entraînent des émotions ou des comportements inadaptés ou excessifs dans la vie quotidienne. Ces perturbations émotionnelles (angoisse, irritabilité, isolement…) apparaissent quand notre cerveau est dépassé par un choc traumatique et n’arrive pas à digérer les informations comme il le fait de manière ordinaire en restant bloqué sur l’événement sans que nous en ayons conscience.
Traumatismes des aidants des TC Un évènement traumatique peut faire sortir d’une zone optimale d’activation avec des phases d’hyperactivation/se figer et d’engourdissement/dissociation. Le vécu de détresse et d’impuissance totale et la dissociation péri traumatique sont les meilleurs prédicteurs de développer un ESPT, il faut donc les identifier chez les aidants même si la plupart se rétablissent spontanément d’un ESPT. La capacité à exprimer ce qu’on ressent et le soutien familial et social font partie des facteurs réducteurs de risques. Un lieu d’écoute doit exister dans les institutions.
Traumatismes des aidants des TC 2 Les aidants des TC semblent ne pas pouvoir échapper à des vécus traumatiques pour diverses raisons : L’annonce de l’accident qui peut entrainer des troubles dissociatifs péri traumatiques. « Quand un ami chirurgien est venu m’annoncer l’accident de scooter de ma fille je suis restée pendant une demi journée sans pouvoir décliner mon identité et mon adresse ». L’annonce ou pronostic de handicap : « on m’a dit qu’il ne marcherait plus je ne l’ai pas digérer » Les paroles blessantes involontaires des soignants: « Pourquoi il bouge pas le bras? Beh il est hémiplégique » « Vous êtes d’accord pour donner les organes de votre fille »
Traumatismes des aidants des TC 3 Le fait d’être témoin de l’accident ou de retrouver le proche blessé. « Je ne l’ai pas vu tomber mais allongé dans une mare de sang, heureusement qu’un ami était là car j’ai pas pu réagir ». La vision du proche très amaigri après le coma ou très assisté par les machines, sangler, le regard vide... « Ce bip bip de la machine, je l’aurais toujours dans la tête » Les troubles du comportement et cognitif du blessé (violence, désinhibition, amnésie, agressivité….). « Il a agressé sa fille pour un gâteau, je ne l’ai pas supporté » -Tous les événements de vie douloureux : problèmes financiers, avec la justice, passer Noël sans le proche…. Et Tant d’autres…………..
EMDR = TRAITEMENT ADAPTATIF DE L’INFORMATION Le protocole de la thérapie EMDR repose sur les capacités d’auto-guérison propres à chacun. C'est donc le cerveau du patient qui "travaille", et en aucun cas le thérapeute qui induit le processus. Lorsqu'un traumatisme survient, il peut se retrouver bloqué dans le système nerveux avec le souvenir de l'événement et les émotions d'origine qui y sont associées. Le traitement EMDR permet alors d'accéder aux éléments non traités lors du traumatisme (images, pensées, sons, émotions, sensations physiques, croyances...). La désensibilisation du souvenir négatif et son retraitement vers une solution adaptée, qui n'avait pu être trouvée à l'époque, impliquent ensuite des modifications plus générales dans le présent, et dans la perception de soi même.
DÉROULEMENT DES SÉANCES Protocole très rigoureux en 8 étapes mais en résumé : Préparation pour mise en confiance et identifier les souvenirs traumatiques Le patient se concentre sur l’événement perturbant avec les pensées, ressentis…puis le praticien commence les stimulations bilatérales alternées. Le patient remarque ce qui lui vient à l’esprit, l’événement se retraite spontanément. Les stimulations s’arrêtent quand le souvenir de l’événement n’est plus source de perturbation mais associé à des ressentis calmes ainsi que des pensées positives et constructives.
POUR ALLER PLUS LOIN www.essentia.fr www.emdr-France.org