Ce pourrait être le village de la Belle au Bois Dormant. Un bourg endormi, oublieux de son prestigieux passé. Un bourg dont la rue principale compte plus de commerces définitivement fermés que de boutiques encore en activité. C’est pourtant un bourg charmant, avec une atmosphère de douceur et de sérénité, sans doute donnée par l’eau qui ruisselle partout et la verdure omniprésente.
Oui, vous avez bien vu sur la carte postale de la diapo précédente : un splendide château, une somptueuse basilique… Le château, à l’abandon, a été repris par une agence immobilière pour y ouvrir des appartements. Cela préservera le patrimoine et permettra, je l’espère de fixer un peu de jeunes à Châteauneuf. Les commerces aussi devraient y trouver leur compte. Je veux donc oublier ma première impression et être toute au plaisir de vous faire parcourir ce havre de paix.
Imaginez le Cher coulant, se coulant paisible- ment entre les maisons fleuries… D’autres cours d’eau, dont j’ignore le nom… Trois ponts les enjambent, rien que dans la rue principale. Les rives fleuries sont un régal pour les yeux ! Et ce bruit d’eaux vives qui court partout… Bien entendu, tout cela donne beaucoup de verdure, et nous invite encore plus à flâner, d’autant qu’il faisait un temps splendide. Pas de restaurant ou de lieux de restauration au nom barbare. Mais le café du coin offrait un plat du jour délicieux, avec une ambiance familiale et bon enfant qui fut vraiment un plaisir !
La vallée du Cher et les reliefs qui entourent Châteauneuf sur Cher sont occupés dès la Préhistoire. Plusieurs sépultures de l'âge du fer ont été découvertes au 19e siècle. Les seuls vestiges gallo romains connus sont ceux qui ont été mis au jour dans le bras du Cher en 1928, interprétés comme un barrage. Châteauneuf est divisé dès le 13e siècle en deux villes. Celle du promontoire rocheux, ou ville haute, est protégée par l'enceinte de murs et de fossés du château. La ville basse est installée au point de passage à gué sur les îles formées par les méandres du Cher. En outre, le château fait partie de la Route de Jacques Cœur. Je vous le disais : un passé prestigieux pour un chef-lieu de canton qui s’étiole…
Le donjon, qui domine la petite ville, semble nous appeler, et nous voilà en route. De la verdure, jusque sur le haut du donjon, l’empanachant joliment ! Mais bien entendu, on ne peut y pénétrer. Les ouvriers travaillent, et c’est Propriété Privée. Laissons donc travailler ceux qui travaillent… Nous avons juste à nous retourner pour admirer la basilique.
C’est vraiment une merveille, une dentelle du parvis au sommet… L’intérieur se mérite cependant, car il faut monter une belle volée de marches. Pas de rampe pour s’accrocher…
Les nombreux saints qui ornent la façade nous accueillent fort benoîtement. Et nous avons la surprise de lire, sur les documents exposés à l’intérieur que cette basilique est dédiée à "Notre-Dame des enfants". Seule église de ce genre en France… Je furète, et je trouve le renseignement que je cherchais… Une histoire naïve et fraîche comme les enfants eux-mêmes ! En 1861, l’abbé Ducros, nouvellement nommé doyen de Châteauneuf, ne peut que constater l’état de délabrement de la petite église construite contre le mur extérieur du château. Une ruine… Il a alors l’idée d’ouvrir une souscription. Une souscription ? Cela n’explique pas le nom, me dites-vous ?
C’est que, par une lettre adressée aux paroisses, l’abbé demande deux sous à tous les enfants de France. Les dons affluent et, parmi les nombreuses lettres, celle d’une petite fille de Semur-en-Brionnais évoque pour la première fois Notre-Dame-des- enfants, alors que cette dénomination n’avait jamais été évoquée ! Mais l’idée est adoptée d’emblée. Les travaux ont commencé en 1869, et dix ans après l’église est ouverte au culte. Elle est com- plètement achevée en Le couronnement de Notre-Dame-des-Enfants eut lieu lors d’un pèlerinage, le 26 août 1823… devant pèlerins ! (Sur la diapo précédente, remarquez bien toute la verdure accrochée à la moindre aspérité de la façade !!!)
Notre-Dame des Enfants trône en bonne place derrière le maître-autel. La dévotion régionale est très vive, et les castelneuviens se sont souvent tournés vers la Vierge dans les grandes difficultés. Ils affirment avoir toujours été protégés et exaucés.
La chapelle des fonts baptismaux, avec un dais aérien…
Une chaire toute sculptée, absolument somptueuse.
Une vue de la nef et du chœur, donnant une faible idée de la légèreté de l’architecture. Personnellement, je n’avais jamais vu d’orgue ainsi placé dans une église.
J’ai quitté à regret Châteauneuf-sur- Cher… Peut-être aurais-je l’occasion d’y retourner un de ces jours… Je le souhaite !
Photos : Yvonne Ollier Texte : Jacky Musique : Michel Pépé – Stella Solaris Diaporama de Jacky Questel, ambassadrice de la Paix