présente

Que de fois, au hasard de mes promenades et de mes détentes au bord des lacs sauvages du pays boréal, j'ai eu la joie d'entendre le long cri plaintif et déchirant du huart à collier, en mal d'amour, appelant la femelle. A la tombée du jour, "entre chien et loup", à l'heure où l'horizon s'empourpre, cette longue plainte langoureuse résonnait comme un frisson sur la surface des eaux claires...

Ceux qui entendent pour la première fois la kyrielle des cris et des plaintes du huart à collier confondent ces sons avec ceux du loup!

Le huart à collier, auquel on donne aussi le nom de plongeon huart, est plus gros que la plupart des canards. Son poids peut atteindre près de 5 kilogrammes. Son envergure en vol est d'un mètre et demi. L'été, la tête et le cou sont noirs. Mais, sur le cou, de courtes lignes verticales dessinent un collier blanc. Le dos ressemble à un damier noir et blanc. Le bec est droit et effilé. L'œil est d'un beau rouge rubis,

Cet oiseau des grands espaces sauvages plonge pour trouver sa nourriture. Lorsqu'il nage, il est souvent à demi submergé et tient son long bec à l'horizontale. Pour prendre son envol, il court sur l'eau. Il s'y pose ensuite en glissant sur le ventre. En vol, il a une allure voûtée. Sur la terre ferme, il se déplace maladroitement. Son vrai royaume, c'est l'eau des lacs.

Le huart à collier se retrouve un peu partout au Canada et dans le nord des États-Unis. Au Québec, il niche dans presque toutes les régions, sauf dans la plaine du Saint-Laurent et aux abords de la rivière des Outaouais. Il hiverne sur les côtes atlantique et pacifique.

En période de nidification, le huart à collier recherche des lacs tranquilles, aux eaux claires et d'une superficie d'au moins 5 hectares, comprenant en outre de vastes étendues d'eau libre assez profondes. Son régime alimentaire se compose surtout de poissons, mais comporte aussi des invertébrés, des amphibiens et des végétaux.

Cet oiseau est monogame et s'accouple pour la vie. Le couple installe habituellement son nid sur une île ou sur la grève, près de zones d'eau suffisamment profondes pour pouvoir y plonger en cas de danger. Ce nid consiste en une dépression sans garniture ou en un amas de végétaux aquatiques. La femelle y pond, en général, 2 oeufs de couleur variant du vert olive au brun olive, avec des taches de noir ou de brun.

Les jeunes quittent le nid dès le premier jour. Pendant leurs 3 premières semaines, ils sont souvent transportés sur le dos des parents. Ces derniers se chargent d'ailleurs de les nourrir jusqu'à l'âge de 8 semaines. Les jeunes commencent à voler vers l'âge de 11 semaines et peuvent quitter leur lac natal peu de temps après. Ils atteignent l'âge de reproduction à 3 ans.

Le huart à collier utilise souvent les mêmes territoires, année après année. Pour intimider les intrus, il peut sautiller, tremper son bec dans l'eau, étirer le cou, danser en cercle, plonger en vue d'éclabousser autour de lui, se dresser, ou encore, s'élancer à toute vitesse vers l'intrus en battant l'eau de ses ailes.

Pour communiquer entre eux, les huarts à collier émettent souvent un faible hululement. Leurs trois autres principaux cris (un long trémolo, un roulement guttural inquiétant et un hurlement plaintif rappelant celui du loup) sont toujours très impressionnants.

Le huart à collier qui survit à ses deux premières semaines de vie peut aisément vivre plus de sept ans. Les gros poissons, notamment les achigans et les brochets, les tortues et les grands oiseaux sont ses principaux prédateurs.

Le huart à collier est un migrateur nicheur commun au Québec. On estime sa population à quelque individus. Sa chasse est interdite. Cet oiseau aquatique est extrêmement sensible au dérangement humain, surtout pendant la période de couvaison et d'élevage. Il vaut donc mieux l'observer à bonne distance et se montrer très discret pour éviter qu'il ne déserte et que sa couvée périsse.

La chanson de Solveig - Grieg Mixage audio: F.Bernard Création Florian Bernard Tous droits réservés – 2005

Note: On peut écrire au choix huart ou huard pour désigner cet oiseau aquatique. J'ai choisi l'orthographe huart parce que c'est celle qui a été officiellement adoptée par le Canada sur ses billets de banque à l'effigie de cette espèce boréale.

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