Le prophète Isaïe est né aux environs de 767 avant Jésus-Christ. C’est dire que le texte proposé à la page suivante pose vraiment beaucoup de questions. Et nous comprenons tout à fait que les premiers chrétiens y aient vu tout de suite la figure emblématique du Christ souffrant.
Parole du serviteur de Dieu. Le Seigneur Dieu m’a ouvert l’oreille, et moi je ne me suis pas révolté, je ne me suis pas dérobé. J’ai présenté mon dos à ceux qui me frappaient, et mes joues à ceux qui m’arrachaient la barbe. Je n’ai pas protégé mon visage des outrages et des crachats. Le Seigneur Dieu vient à mon secours. C’est pourquoi je ne suis pas atteint par les outrages, c’est pourquoi j’ai rendu mon visage dur comme la pierre : je sais que je ne serais pas confondu. Il est proche, celui qui me justifie. Isaïe, 50, 5-8
Donc, voilà le texte qui nous sera offert dimanche en première lecture (24 ème dimanche du temps ordinaire) Je n’épiloguerai pas sur cet écrit pour savoir si Isaïe a vraiment perçu la venue et l’image d’une Parole de Dieu entièrement livrée aux hommes, bafouée et meurtrie, ridiculisée et reniée. Mais, si nous réfléchissons, nous faisons la même chose, tout au long de nos jours. Oui, nous les chrétiens. Consciemment ou inconsciemment. Ou avec les meilleures raisons du monde. La Parole de Dieu, nous nous arrangeons toujours pour l’esquiver et ne pas la mettre en pratique. Et à chaque fois recommence la Passion de cette Parole devenue homme, devenue Fils de Dieu.
Je veux simplement revenir sur cette phrase : "Le Seigneur Dieu vient à mon secours". Comment Dieu vient-il au secours de ce serviteur bafoué ? En le soustrayant à ses ennemis ? En lui permettant de les terrasser ? En lui enlevant toute souffrance ? Continuons la lecture d’Isaïe : C’est pourquoi je ne suis pas atteint par les outrages, c’est pourquoi j’ai rendu mon visage dur comme la pierre.
Donc, l’aide que le serviteur souffrant attend de son Dieu, ce n’est pas une mise à l’écart, ce n’est pas la suppression de sa souffrance. C’est la force d’y faire face et de la supporter. Avec l’aide de Dieu, il a durci son visage, les outrages ne l’ont plus atteint. Souvent, nous disons : "mais pourquoi Dieu permet-il cela ?" Ou, pire encore, dans nos moments de pire découragement : "si Dieu m’aimait… Ou si Dieu existait… cela ne m’arriverait pas !"
Voilà l’erreur que nous faisons ! Dieu n’intervient pas pour changer le cours de nos vies. Le serviteur d’Isaïe ne s’est pas révolté, Dieu lui a ouvert l’oreille, lui a permis de supporter l’épreuve, et d’en tirer bénéfice, de l’accepter au lieu de la subir et de la maudire. Toute épreuve porte en elle la possibilité de nous donner à avancer un peu plus sur la route de notre propre vie. Mais cela dépend uniquement de la façon dont nous la vivons : comme une calamité, ou comme une marche à franchir pour grandir ?
Pour résumer, je pourrai dire que Dieu n’est pas un distributeur de miracles, il est un distributeur d’amour, et il nous offre l’Esprit-Saint pour que nous ayons toujours le courage nécessaire à bien vivre notre vie. Mais combien de fois par jour appelons-nous l’’Esprit d’Amour à notre secours ? Car, de même que Jésus est la Parole de Dieu tellement forte et puissante qu’elle est devenue personne incarnée, de même l’Amour de Dieu pour les hommes est si puissant qu’il est devenu une personne à part entière, l’Esprit-Saint… Du moins, c’est ainsi que je comprends la Trinité, un seul Dieu en trois personnes…
À nous, devant les épreuves ou les outrages, de durcir notre visage, et d’accepter ce qui nous arrive en sachant que, de toute façon, Dieu nous aidera à retirer le bon du mauvais, et que, si nous acceptons cette épreuve, nous en sortirons grandis…
Que ce texte, tout simplement, nous apprenne à faire confiance !!! TRINITÉ1