Daniel Libeskind « Après les cataclysmes politiques, culturels et spirituels qui ont marqués le XXème siècle, peut-on vraiment aspirer à une réalité aseptisée ? A-t-on sincèrement envie de s’entourer de bâtiments neutres et sans âme ? Ou préférons-nous affronter nos histoires, les complexités et les désordres de la réalité qui est la nôtre, nos émotions les plus pures, afin d’inventer une architecture pour le XXIème siècle ? » « L’architecture ne résiderait donc pas dans sa réalisation, mais dans sa conception, dans le fait d’imaginer, de concevoir, de dessiner, de penser à un possible bâtiment, en tenant compte des effets extérieurs, des contraintes et des possibilités. Libeskind, à qui le symbole du bâtiment est très cher, voit l’architecture d’une toute autre manière que nous la percevons, pour lui, le terme d’architecture ne désigne pas le bâtiment, il considère que c’est l’art de le concevoir, tout le travail préalable à la réalisation, voilà ce qu’est l’architecture ».
Présentation Architecte polonais et étatsunien, Berlin et New York Daniel Libeskind, né le 11 mai 1946 à Łódź, Libeskind est un architecte américain (naturalisé en 1965). Ses parents étaient des juifs d'origine polonaise survivants de la Shoah.
Biographie Après avoir étudié la musique en Israël, Libeskind part aux États-Unis où il étudie à la Bronx High School of Science jusqu'en 1965 puis s'intéresse de plus près à l'architecture à la Cooper Union School de New York. Il complète ses études d'architecture par deux années passées à l'université d'Essex (Royaume-Uni). En 1985, Libeskind gagne le premier prix Leone di Petra à la Biennale de Venise (Grande exposition d’Arts Contemporain ayant lieue tous les deux ans ). En 1988, il participe à l'exposition d'architectes déconstructivistes à New York au Museum of Modern Art. Cette exposition appelée « Deconstructivist Architecture » est organisée par l’architecte américain Philip Johnson et le théoricien et architecte néo-zélandais Mark Wigley. On découvre lors de l’exposition d’importants architectes aujourd’hui mondialement connus, regroupés ici sous le terme de déconstructivistes dont nous développerons la définition plus bas : Frank Gehry, Peter Eisenman, Zaha Hadid, Bernard Tschumi, Rem Koolhaas, l’agence autrichienne Coop-Himmelbau, et bien sûr Daniel Libeskind. Puis, de 1988 à 1999, il s'occupe de la réalisation du Musée juif de Berlin. Il s'occupe de différents projets dont certains encore en rapport avec le judaïsme et la Shoah (musée juif de San Francisco, centre de la Shoah à Manchester). Daniel Libeskind est à plusieurs égards un architecte original, voire marginal ; ce qui est le plus frappant et le plus étonnant dans sa carrière, c’est qu’il n’a construit aucun bâtiment avant le musée juif de Berlin, alors âgé de 43 ans lorsqu’il remporte le concours. Daniel Libeskind a été retenu pour la reconstruction du World Trade Center à New York. Il est élu membre de l'Académie des arts de Berlin en 1994 Influences : Il a eu 2 célèbres architecte comme professeurs : Il rejette Richard Meier (les lignes épurées, blanches et géométriques) Se trouve en accord avec Peter Eisenman (l’homme d’aujourd’hui est instable, perdu, fragmenté et complexe)
Le déconstructivisme contre la linéarité , partisane de la fragmentation L’architecture ne résiderait donc pas dans sa réalisation, mais dans sa conception, dans le fait d’imaginer, de concevoir, de dessiner, de penser à un possible bâtiment, en tenant compte des effets extérieurs, des contraintes et des possibilités. Libeskind, à qui le symbole du bâtiment est très cher, voit l’architecture d’une toute autre manière que nous la percevons, pour lui, le terme d’architecture ne désigne pas le bâtiment, il considère que c’est l’art de le concevoir, tout le travail préalable à la réalisation, voilà ce qu’est l’architecture. Référence au philosophe Jacques Derrida: C’est un mode de pensée et d’analyse tirant évidemment ses bases de la linguistique, de l’analyse formelle des mots, cependant, Derrida ne s’arrête pas à cette analyse formelle puisqu’il tient également compte du contexte, de l’histoire. Aussi, la déconstruction n’est pas une destruction, elle ne vise pas à réduire à néant ce qu’elle analyse en soulevant uniquement des contresens ou des inepties, mais elle aspire à être la pratique révélatrice de la structure réelle d’un texte.
Musée juif de Berlin
Analyse formelle Ce musée n'est pas seulement un local mais lui-même un élément de l'exposition. Son architecture très particulière répond au but de l'existence du musée. Libeskind, par exemple, tracera notamment dans le bâtiment ce qu'il appellera la ligne du vide, composée de six vides traversant le musée sur toute sa hauteur, afin de symboliser l'absence dans l'histoire allemande (représentée par le Blitz) des personnes disparues pendant la Shoah. Ce bâtiment est chargé de symbolisme.
Analyse formelle (suite) Cette désorientation se veut symbolique, Libeskind veut ici montrer l’éclatement provoqué par la guerre, tout en le réunifiant sur un même site. Nous constatons ici la démarche de l’architecte qui désire montrer l’histoire et ses horreurs tout en créant un nouvel espoir.
Analyse formelle (suite) Libeskind nous propose une architecture où les angles droits sont proscrits, où les lignes ne sont jamais ni vraiment horizontales ou verticales, où les inclinaisons de plafonds et de sols ne permettent plus une orientation habituelle.
One World Trade Center ou Freedom Tower 285 Fulton Street (quartier financier) Manhattan, New York 10007, United States Début de la construction April 27, 2006 Ouverture 3 Novembre 2014 Durée avec projet 11 ans Coût total 3.9 milliard de dollars Hauteur 541 m Etages 104 Surface au sol 325 279 M2 Usage / destination Bureaux, observation, communication Structure 45000 tonnes d’acier
Rappel historique Rappel historique : Le 11 septembre 2001, des terroristes, en détournant 4 avions de ligne, les ont dirigés vers les tours jumelles du World Trade Center à New York, ainsi que vers le bâtiment Département américain de la Défense à Washington DC. L’attaque terroriste a tué environ 3000 personnes. Lire la suite: http://french.ruvr.ru/news/2014_11_04/New-York-la-Freedom-Tower-souvert-sur-le-site-des-anciennes-tours-jumelles-1004/
Rappel historique Libeskind raconte dans sa biographie l’émotion intense qu’il a ressenti lorsqu’il est descendu dans le cratère causé par l’effondrement des tours, il s’est senti personnellement touché et c’est au fond du Ground Zero qu’il comprend qu’il ne doit pas y avoir un World Trade Center 2 mais un mémorial où chaque new-yorkais pourra se rendre (pour la mémoire) ainsi qu’un bâtiment symbolique qui refléterait l’espoir et la volonté d’une ville de se reconstruire. Ainsi va naître son projet de la Freedom Tower, une tour de 1776 pieds renvoyant à la date d’indépendance des Etats-Unis, surplombée par une flèche de 82 mètres qui fera écho à la flamme de la Statue de la Liberté, et Libeskind imagine une structure telle qu’elle laissera une lumière sans encombre sur les deux emplacements des tours chaque 11 septembre aux heures des attentats. D’autres structures seront également développées sur le site, le mémorial sous terre, trois tours d’envergure gigantesque et une quatrième à ce jour terminée.
Choix du projet Le choix : les New-Yorkais consultés Après une première vague de six plans proposés afin de remplacer le World Trade Center (WTC) rejetés par la population new yorkaise pour leur manque d'ambition et de modernité, sept autres grands architectes internationaux ont été sollicités. En février 2003, le projet de Daniel Libeskind, l'architecte qui a conçu le Musée Juif à Berlin, a été retenu par le LMDC (Lower Manhattan Development Coopération). Cet organisme a été créé après le 11 septembre pour organiser la reconstruction du quartier. Un deuxième architecte interviendra aussi sur le projet : David Childs
Choix d’un projet et d’un architecte Son projet veut à la fois rappeler la tragédie du 11 septembre mais aussi donner espoir. Le souvenir et le devoir de mémoire sont symbolisés par la préservation de « Ground Zero » en sous-sol (les Memory Foundations) tandis que l'espoir en l'avenir est représenté par une tour en flèche (One World Trade Center) qui atteint plus de 541 mètres de hauteur (c'est la plus haute tour habitée au monde et la plus haute tour d'Occident). Autre point remarquable et hautement symbolique du projet : tous les ans, le 11 septembre, le site sera éclairé par le soleil sans aucune ombre de 8h46 (premier crash) à 10h28 (effondrement de la deuxième tour). L'architecte : un choix symbolique Né en 1946, l'architecte berlinois Daniel Libeskind a été rendu célèbre par ses musées dédiés aux victimes de la guerre et des nazis, notamment son Musée juif à Berlin.
Plus qu’un gratte-ciel ! Le projet : la deuxième tour la plus haute du monde D'emblée, la proposition de Daniel Libeskind fut l'une des plus remarquées. Les infrastructures incluent un jardin suspendu, un mémorial, un centre culturel ainsi que six tours, dont la "Freedom Tower". C'est à la dernière minute que Larry Silverstein, détenteur du WTC (il a signé quelques mois avant la catastrophe un bail de 99 ans) a décidé de s'adjoindre les services d'autres architectes pour retravailler le projet. Ensemble, ils revoient l'architecture de la plus haute tour. La "Tour de la liberté", qui s'élevait à une hauteur symbolique de 1776 pieds (541 mètres), en référence à la date de l'indépendance des Etats-Unis, atteint, après révision du projet, la hauteur de 2000 pieds soit 657 mètres. Elle deviendra ainsi l'une des plus hautes tours de la planète après le Burj de Dubaï (entre 700 et 800 mètres), actuellement en construction. 71 étages seulement seront habitables. Le reste sera occupé par des éoliennes et des antennes. L'édifice sera surmonté d'une flèche de verre et de métal. Les badauds pourront également découvrir le "parc des héros" ainsi qu'un "coin de lumières" qui accueillerait, chaque 11 septembre, entre 8h46 et 10h28 (heure de la collision du premier avion et de l'effondrement de la seconde tour) les rayons du soleil.
Contrastant avec le projet initial de Libeskind, sur le plan final, la tour devient octogonale et se rétrécit au fur et à mesure qu'elle monte. Ses concepteurs spécifient que la tour doit être une « structure monolithique de verre reflétant le ciel et surmontée d'une antenne sculptée ».