Formation ZAP – 2014 Elaborer une tâche complexe L’exemple de Charlemagne Classe de sixième Thierry Labarthe, collège Berthelot, Bègles Laurent Le Roux, collège Montesquieu, La Brède

Formulation de la tâche complexe Un jeune cinéaste, passionné d’Histoire, a décidé de réaliser un documentaire historique sur Charlemagne dont la sortie en salle est prévue fin 2015. Pour cela, il veut s’entourer d’une équipe de jeunes conseillers historiques pour lui faire une présentation de Charlemagne. Vous décidez de lui proposer vos compétences afin de combler ses lacunes. Il espère que votre production sera de qualité.

Corpus documentaire pour les élèves Diapositive 4 : Généalogie des Carolingiens Diapositive 5 : Statues équestres de Charlemagne et de Marc Aurèle Diapositive 6 : Une carte des conquêtes de Charlemagne et une frise chronologique Diapositive 7 : La christianisation de la Saxe Diapositives 8 à 13 : Une image et au choix un des textes sur le couronnement de Charlemagne Diapositive 14 : Les symboles du pouvoir impérial Diapositive 15 : Monnaie à l’effigie de Charlemagne Diapositive 17 : Reconstitution du palais d’Aix-la- Chapelle Diapositives 18 et 19 : La chapelle palatine (vues extérieure et intérieure et trône de Charlemagne) Diapositive 20 : L’organisation de l’empire de Charlemagne Diapositive 21 : Eginhard, Vie de Charlemagne, IXème siècle Diapositives 22 et 23 : Lire et écrire : la minuscule caroline

Doc. 1 : Généalogie simplifiée des premiers Carolingiens Les Carolingiens sont les descendants de Charlemagne. Pépin le Bref (741-768) roi des Francs Charles dit le Grand : Charlemagne (768-814) roi des Francs puis empereur Louis dit le Pieux (814-840), unique survivant de ses fils, devient empereur Charles dit le Chauve Louis le Germanique Lothaire (840-855) empereur Louis II (855-875) empereur Louis V (986-987) dernier empereur carolingien …

Pas de questions Doc 2A : Statuette équestre dite de « Charlemagne » Doc 2B : Statue équestre de l’empereur romain Marc Aurèle, Place du Capitole, Rome Doc 2A : Statuette équestre dite de « Charlemagne » Original en bronze doré, 24 cm, IXe siècle Musée du Louvre, Paris Provenance : Trésor de la cathédrale de Metz. Pas de questions Doc 2A. Ce bronze s'inspire de statues équestres antiques comme celle de Marc Aurèle à Rome (Doc 2B). La figuration de Charlemagne (ou de son petit-fils Charles le Chauve) sous les traits du cavalier souligne l'intérêt des empereurs carolingiens pour l’Empire romain. 5

Doc 3 A : Carte des conquêtes de Charlemagne (Nathan 6ème, 2009, page 154) Doc 3 B. Frise chronologique des empires chrétiens (Source : Belin 6ème 2009, page 147)

Extrait d’un capitulaire de 785 (destiné à être appliqué aux habitants de la Saxe conquise par Charlemagne) Quiconque, par mépris pour le christianisme, refusera de respecter le jeûne du Carême sera mis à mort. Quiconque livrera aux flammes le corps d'un défunt suivant le rite païen sera condamné à mort. Tout Saxon non baptisé qui refusera de se faire administrer le baptême, voulant rester païen, sera mis à mort. Quiconque complotera avec les paiens contre les chrétiens sera mis à mort. Quiconque manquera à la fidélité qu'il doit au roi sera puni de la peine capitale. Tous les enfants devront être baptisés dans l'année.

Le couronnement de Charlemagne Miniature du IXème siècle, Annales Laureshamenses.

Le couronnement de Charlemagne selon le Liber Pontificalis Vint le jour de la Nativité de Notre Seigneur Jésus-Christ et ladite basilique du bienheureux apôtre Pierre les vit tous à nouveau réunis. Alors le vénérable et auguste Pontife, de ses propres mains, le couronna d’une très précieuse couronne. Alors l’ensemble des fidèles romains, voyant combien il avait défendu et aimé la Sainte Église romaine et son vicaire, poussèrent d’une voix unanime, par la volonté de Dieu et du bienheureux Pierre, porteur de la clé du royaume céleste, l’acclamation : « A Charles très pieux auguste, par Dieu couronné grand et pacifique empereur, vie et victoire ». Ceci fut dit trois fois devant la Sainte confession du bienheureux apôtre Pierre, tout en invoquant plusieurs saints, et par tous il fut constitué empereur des Romains. De suite après, le très saint évêque et pontife oignit d’huile sainte le roi Charles, son très excellent fils, ce même jour de la Nativité de Notre Seigneur Jésus-Christ. Liber Pontificalis, II, éd. et trad. par Mgr L. Duchesne, Paris, 1892, p. 8. Document adapté pour les élèves Le jour de la Nativité de Notre Seigneur Jésus-Christ, dans la basilique de Saint-Pierre de Rome, le Pape couronna Charles d’une très précieuse couronne. Alors l’ensemble des fidèles romains, voyant combien il avait défendu et aimé la Sainte Église romaine l’acclamèrent ainsi « A Charles très pieux auguste, par Dieu couronné grand et pacifique empereur, vie et victoire ». Ceci fut dit trois fois et il fut constitué empereur des Romains. Le très saint évêque et pontife de Rome appliqua l’huile sainte sur le front le du roi Charles. Source : Liber pontificalis.

Document adapté pour les élèves Le couronnement de Charlemagne selon les annales de Lorsch (IXe siècle) « […] Et parce qu’à cette époque, dans le pays des Grecs, le titre d’empereur n’était plus porté et qu’une femme chez eux tenait l’Empire, il parut et au successeur des Apôtres Léon et à tous les Saints Pères qui assistaient au Concile, ainsi qu’à tout le reste du peuple chrétien, que Charles, roi des Francs, devait recevoir le titre d’empereur, lui qui tenait Rome elle-même, où de tout temps les Césars avaient eu coutume de résider et qui tenait les autres résidences en Italie, en Gaule non moins qu’en Germanie. Car Dieu tout-puissant avait consenti à mettre en son pouvoir toutes ces résidences et il leur paraissait juste que, avec l’aide de Dieu et à la demande de tout le peuple chrétien, il ait lui aussi ce titre [d’empereur]. Leur demande, le roi Charles ne voulut pas la rejeter, mais se soumettant humblement à Dieu et à la demande des prêtres et de tout le peuple chrétien, à la Nativité de Notre Seigneur Jésus-Christ, il prit le titre d’empereur avec la consécration du seigneur pape Léon. » MGH, Scriptores, I, éd. Pertz, 1826, p. 38 ; trad. Ch. De La Roncière, R. Delort, M. Rouche, L’Europe au Moyen Âge, Paris, I, p. 168. Document adapté pour les élèves Comme à cette époque, chez les Byzantins, le titre d ’empereur n’était plus porté, il apparut au pape Léon et à tout le peuple chrétien que Charles, roi des Francs devait recevoir le titre d’empereur. Charles possédait Rome, la ville où tous les Césars avaient résidé, mais aussi l’Italie, la Gaule et la Germanie. Le roi Charles, ne voulant pas rejeter cette demande et se soumettant humblement à Dieu et à la demande des prêtres et de tout le peuple chrétien, prit, le jour de la Nativité de Notre Seigneur Jésus-Christ, le titre d’empereur avec le couronnement du pape Léon. Source : Les annales de Lorsch, IXe siècle

Document adapté pour les élèves Le couronnement de Charlemagne selon les annales Royales (IXème siècle) « Au commencement du mois d’août, le roi vint à Mayence d’où il dirigea ses pas vers l’Italie […] et il se rendit à Ravenne avec l’armée. C’est là que fut organisée une expédition contre les habitants de Bénévent ; après une pause de huit jours, il se dirigea sur Rome et envoya l’armée avec son fils Pépin sur le territoire du Bénévent pour le piller. La veille du jour où il devait arriver à Rome, le pape Léon, accompagné des Romains, vint au-devant de lui jusqu’à Nomentum […] et il le reçut avec beaucoup de respect et d’égards […]. Ceci se passe le 8 des calendes de décembre. Sept jours après, le roi convoqua une assemblée où il fit connaître à toute l’assistance pourquoi il était venu à Rome ; ensuite il s’occupa tous les jours des affaires pour lesquelles il était venu. La plus importante et la plus difficile, et ce fut celle par laquelle on commença, était une enquête sur les accusations portées contre le pape. Personne n’ayant voulu faire la preuve de ces accusations, le pontife gravit l’ambon en portant l’Évangile, devant tout le peuple assemblé dans toute la basilique de saint Pierre l’apôtre et, après avoir invoqué la Sainte Trinité, il se disculpa par serment des accusations portées contre lui. […] Et il célébra la Nativité du Seigneur à Rome, et l’année changea et pris le numéro 801. Ce même jour très sacré de la Nativité du Seigneur, alors que, avant la messe, le roi, devant la confession du bienheureux apôtre Pierre, se levait, sa prière dite, le pape Léon posa la couronne sur sa tête et tout le peuple l’acclama : « A Charles auguste, par Dieu couronné grand et pacifique empereur des Romains, vie et victoire ». Et après les Laudes, il fut adoré par le successeur des Apôtres, à la manière des anciens princes, ; et ayant abandonné le titre de patrice, il fut appelé empereur et auguste. Peu de jours après, il fit comparaître ceux qui, l’année précédente, avaient déposé le pontife. » Queilen zur karolingischen Reichsgeschichte, I, Berlin, 1960, p. 74 trad. Ch. De La Roncière, R. Delort, M. Rouche, L’Europe au Moyen Âge, Paris, I, p. 165. Document adapté pour les élèves Arrivé à Rome le roi Charles convoqua une assemblée où il fit connaître à toute l’assistance pourquoi il était ici, dont une enquête sur les accusations portées contre le pape Léon. Le pontife portant l’Evangile, devant tout le peuple assemblé dans toute la basilique de Saint-Pierre, célébra la Nativité du Seigneur. Le roi se leva et le pape Léon posa la couronne sur la tête de Charles et tout le peuple l’acclama : « A Charles auguste, par Dieu couronné grand et pacifique empereur des Romains, vie et victoire ». Il fut adoré à la manière des anciens princes et fut appelé empereur et auguste. Source : Les Annales royales , IXè siècle

Le couronnement de Charlemagne selon le chroniqueur Eginhard, IXème siècle « Le dernier voyage qu’il fit eut encore d’autres causes. Les Romains ayant accablé de violence le pontife Léon - lui crevant les yeux et lui coupant la langue - l’avaient contraint à implorer le secours du roi. Venant à Rome pour rétablir la situation de l’Église, qui avait été fort compromise par ces incidents, il y passa toute la saison hivernale. Et, à cette époque, il reçut le titre d’empereur et d’auguste. Il y fut tout d’abord si opposé qu’il affirmait ce jour-là, bien que ce fut celui de la fête majeure, qu’il ne serait pas entré dans l’église, s’il avait pu savoir à l’avance le dessein du pontife. Quant à la jalousie inspirée par le titre qu’il avait pris et l’indignation qu’en conçurent les empereurs romains *, il les supporta néanmoins, avec une grande patience et il eut raison de leur mauvaise volonté grâce à sa magnanimité **, qui mettait en évidence sa grande supériorité. Il parvint, en leur envoyant de nombreuses ambassades et en leur donnant le nom de « frères » dans ses lettres, à vaincre finalement leur résistance […]. » * c’est-à-dire byzantins ** clémence, bienveillance, bonté Éginhard, Vie de Charlemagne, Editions L. Halphen, Paris, 1938, p. 80.

(Source : Belin, 6ème, 2009 page 152) Mosaïque de Saint-Jean de Latran, Rome, IXème siècle (Source : Belin, 6ème, 2009 page 152)

Les symboles du pouvoir impérial (Belin 6ème, 2009, page 159)

Une pièce de monnaie à l’effigie de Charlemagne Denier de Mayence, 812-814, Cabinet des Médailles, BNF, Paris. Avers : KAROLVS IMP AVG. Buste drapé, diadémé et lauré de Charlemagne. Sous le buste, la lettre M pour Magnus Revers : XPICTANIA RELIGIO. Temple surmonté d'une croix. Au centre du temple, une croix.

Reconstitution du palais de Charlemagne construit à Aix-la-Chapelle (Nathan 6ème 2009, page 157)

Photographies de la chapelle du palais Vue intérieure de la chapelle (Source : Belin 6ème 2009, p. 144) Vue extérieure de la chapelle (Source : Wikipédia) A A : Trône impérial depuis lequel Charlemagne assistait à la messe.

Le trône de Charlemagne dans la chapelle palatine de son palais à Aix Placé au 1er étage, il est constitué de plaques de marbre blanc. C’est sur ce trône qu’il s’asseyait, entouré de sa cour, pour assister aux cérémonies religieuses.

Bible manuscrite, vers 845, BNF. Charlemagne et sa cour à Aix-la-Chapelle 1Charlemagne 2 Missi dominici 3 Comtes et évêques Source : Hachette 6ème 2009, page 176 Source : Bordas 6ème , 2009, page 155

Eginhard nous parle de Charlemagne Charles était gros, robuste et d’une taille élevée et qui n’excédait pas en hauteur sept fois la longueur de son pied (1) Il semblait toujours de bonne humeur et fut constamment en bonne santé sauf les quatre dernières années de sa vie où il souffrit beaucoup. Durant ses années de souffrance, ils se mit à détester ses médecins qui lui interdisaient de manger des viandes dont il raffolait et qui l’obligeaient à manger des viandes bouillies. Il s’appliqua beaucoup à étudier les langues étrangères et apprit si bien le latin qu’il s’en servait comme de sa propre langue. Il eut pour maître Alcuin, l’homme le plus savant de son temps qui lui fit étudier la rhétorique et la dialectique (2) et surtout l’astronomie. Charlemagne essaya même d’écrire, mais il réussit peu dans cette étude commencée trop tard. Le roi voulut que ses enfants tants fils que filles furent initiés aux études que lui-même cultivait. Charlemagne aimait beaucoup l’équitation et la chasse, c’était chez lui une passion de famille. Il avait aussi la passion des bains d’eau chaudes et s’exerçait fréquemment à nager. Cela le conduisit à faire construire un palais à Aix où il aimait résider et qu’il habitat constamment les dernières années de sa vie et jusqu’à sa mort Le matin, pendant qu’il s’habillait, si le comte du palais lui parlait d’un procès, il rendait la sentence. Charlemagne pratiqua avec une grande piété la religion chrétienne, aussi il construisit à Aix une chapelle magnifique qu’il orna d’or, d’argent, de chandeliers et de balustrades et portes en bronze. Il fit venir de Rome et de Ravenne des colonnes et des marbres. Il pourvut la chapelle de vases sacrés d’or et d’argent. Il se rendait à cette église matin et soir et il y retournait pour l’office de nuit. A la mort de l’empereur, on s’accorda à reconnaître qu’aucun emplacement ne pouvait mieux convenir à sa tombe que la chapelle qu’il avait fait construire à ses frais à Aix pour l’amour de Dieu. D’après Eginhard, Vie de Charlemagne, IXème siècle (1) Environ 1 m 90 - (2) rhétorique : art de bien parler / dialectique : art de bien raisonner

Lire et écrire Manuscrit en minuscule caroline, Saint-Martin-de-Tours, IXe siècle Source : BNF La minuscule caroline A la fin du VIIIe siècle, les moines de l'abbaye de Corbie mettent au point de nouvelles formes d'écriture qui aboutissent à la minuscule caroline. Petite et cursive, cette minuscule économise à la fois le parchemin et le travail du copiste. C'est une écriture ronde et régulière, d'une grande lisibilité, en usage aussi bien dans les textes sacrés que dans les textes profanes. Dans sa volonté d'unification, Charlemagne impose cette écriture unique et universelle dans tout l'empire. La caroline atteint sa perfection dans les magnifiques bibles produites au milieu du IXe siècle par le scriptorium de l'abbaye Saint-Martin de Tours. Source : Exposition BNF, L’écriture carolingienne http://expositions.bnf.fr/carolingiens/v/31/tv.htm Source : Nathan 6ème, 2009, p. 157

Source : BNF, Milieu du IXe siècle. La copie des manuscrits se fait essentiellement dans les scriptoria des monastères. Le scriptorium est l’atelier où les moines réalisent des copies manuscrites. Saint-Grégoire dictant à ses scribes Source : BNF, Milieu du IXe siècle. Le scribe de gauche note au stylet sur une tablette de cire Le scribe de droite prépare la réglure du parchemin

Plaque d’une rue de Paris Extraits de la chanson « Sacré Charlemagne » interprétée par France Gall http://www.youtube.com/watch?v=H9FdOnp0EM4 Année : 1964 Paroles Robert Gall Musique: Georges Liferman Qui a eu cette idée folle Un jour d'inventer l'école C'est ce sacré Charlemagne Sacré Charlemagne … Ce fils de Pépin le Bref Nous donne beaucoup d'ennuis Et nous avons cent griefs Contre, contre, contre lui … Il aurait dû caresser Longtemps sa barbe fleurie Oh Oh sacré Charlemagne Sacré Charlemagne … Il n'avait qu'à s'occuper De batailles et de chasse Nous n'serions pas obligés D'aller chaque jour en classe … Plaque d’une rue de Paris