Le Pont Valentré Le Pont Valentré Le Pont Valentré

La France est un pays d’eaux : rus, ruisseaux, rivières, fleuves, torrents, gaves, cascades, chutes, lacs, étangs, Dombes… Et combien d’autres mots de notre vocabulaire pour désigner cette eau vivante et généreuse. Anna de Noailles a eu un mot très juste : "… paysage vivant aux veines bleues des eaux"… Oui, ces eaux sont le sang de notre vie. Mais, tout aussi divers sont les mots qui dépeignent les moyens de passer cette eau : passerelle, pont, ponton, bac… La France a des ponts célèbres. Le plus célèbre mondialement est sans doute le pont d’Avignon, immortalisé par une chanson enfantine, et sur lequel, pourtant, personne n’a jamais pu danser ! Les bals musette se tenaient SOUS le pont !

Beaucoup plus proche de nous, le Pont de Millau, qui enjambe toute une vallée, dont la construction a posé de nombreux défis, et a permis de nombreux records…

Et puis, il y a le Pont Valentré ! De passage à Cahors, je suis tombée amoureuse de ce pont, que nous avons photographié, malgré la pluie, sous tous ses aspects, et j’ai eu envie de connaître et de vous faire partager un peu son histoire. Respect lui est dû ! C’est un vénérable ancêtre… Sa construction fut décidée par les consuls de la Ville de Cahors en 1306, et la première pierre fut posée le 13 juin 1308. C’était aux temps des guerres franco-anglaise. Le pont Valentré, par lequel on pénètre, toujours dans la ville de Cahors mais seulement à pied, constitue un exemple rare d'architecture militaire française de cette époque, et l'un des plus beaux ponts médiévaux fortifiés subsistant encore.

N’est-il pas beau dans son habit d’automne N’est-il pas beau dans son habit d’automne ? Et voyez le pont de l’autoroute qui se profile au loin… Deux époques qui se rencontrent…

Il avait une fonction de forteresse, destinée à défendre la ville contre les attaques en provenance du sud. Toutefois, ni les Anglais, ni Henri IV ne l'attaquèrent. En dos-d'âne, long de 138 mètres, avec six grandes arches ogivales gothiques de 16,50 mètres, ce pont est flanqué d'avant-becs crénelés et surmonté de trois tours carrées à créneaux et mâchicoulis dominant l'eau de 40 mètres. Deux barbacanes protégeaient son accès, mais celle du côté de la ville a disparu. La construction devait entraîner la création d'un second axe commercial est-ouest, qui était jusqu'alors nord-sud. La ville subit ainsi une importante modification qui allait se répercuter sur toute la cité. Le pont était protégé spirituellement par une chapelle dédiée à la Vierge dans le châtelet occidental

Imaginez-vous devant cette entrée de pont Imaginez-vous devant cette entrée de pont ! Vous croyez pénétrer de plain-pied dans un conte de fées ! Que va-t-on trouver, der-rière cette porte ? Une princesse à délivrer, un beau cavalier venu combattre un dragon, ou une Belle à éveiller de son sommeil de cent ans ? Car ce pont a sa légende !

La légende du pont Valentré La construction en s'éternisant sur plus d'un demi-siècle (le pont a été commencé en 1308 et achevé en 1378), fit naître la légende que chaque cadurcien se plaît à raconter. Exaspéré par la lenteur des travaux, le maître d'œuvre signe un pacte avec le Diable. Selon les termes de ce contrat, Satan mettra tout son savoir-faire au service de la construction, et s'il exécute tous ses ordres, il lui abandonnera son âme en paiement. Le pont s'élève avec rapidité, les travaux s'achèvent, le contrat arrive à son terme. Pour sauver son âme, car il ne tient pas à finir ses jours en enfer, il demande au diable d'aller chercher de l'eau à la source des Chartreux, pour ses ouvriers, avec un crible. Mais même un démon ne peut porter de l’eau dans un crible ! Satan revint naturellement bredouille, l'exercice étant impossible, et perdit son marché. Décidé à se venger, le diable vient chaque nuit desceller la dernière pierre de la tour centrale, dite Tour du diable, remise en place la veille par les maçons.

En 1879, lors de la restauration du pont, l'architecte Paul Gout fait apposer dans l'emplacement vide, une pierre sculptée à l'effigie du démon qui depuis, reste désespérément accroché, les griffes prisonnières du ciment. Nous avons, dans le Pays Basque, une légende semblable, toujours au sujet d’un pont. Mirenchu, fille du pays, fait aussi un pacte avec le diable. Si le pont est fait dans la nuit, dès que le démon aura appris le Basque, l’âme de Mirenchu lui appartiendra. Le mont fut construit dans la nuit, mais le diable n’a jamais réussi à apprendre le basque et, fou de rage, il a définitivement renoncé à ce marché de dupes !

Plusieurs timbres de la Poste française représentent le pont : l'un, émis le 15 octobre 1955, et réédité le 19 juillet 1957, et un autre, émis le 26 avril 2008 pour fêter le 700e anniversaire du début de sa construction. La Poste andorrane a également émis, le 24 août 1974, un timbre représentant le pont, en dessous des armoiries de l'Andorre : il commémore une rencontre des coprinces d'Andorre ayant eu lieu à Cahors un an auparavant. Le pont est par ailleurs reproduit dans le parc France miniature. (visite ludique et culturelle de l'ensemble du patrimoine français en miniature. Elancourt, Yvelines (78), Ile-de-France) Voilà quelques photos, quelques détails, sur ce pont célèbre ; je ne sais pas si le diable revient parfois… J’ose espérer qu’il est définitivement prisonnier du ciment, et que le pont coule une vieillesse tranquille. Le Lot, respectueux, coule tout aussi tranquillement, pour laisser somnoler le pont Valentré…

Texte : Jacky. Documentation : Wikipédia Photos : Yvonne Texte : Jacky. Documentation : Wikipédia Musique : Sur le pont d’Avignon – Florian Bernard au Synthé Diaporama de Jacky Questel, ambassadrice de la Paix